Révélations | Séides

Valka était assise au milieu du Creux au Loup, les oreilles droite, le pelage bien lissé et le regard serein.

Il était temps de faire part aux Séides de ses découvertes. C'était la décision qui avait été prise après le rassemblement entre les dirigeants Séides et Brethens, et elle. La louve brune avait eu toutes les peines du monde à se focaliser là-dessus après ce qui s'était passé avec Raw. Elle l'avait laissé rentrer de son côté, et était allée prendre un bain de rivière, alors que la lune irradiait la surface de l'eau de sa lumière cristalline. La morsure glacée des flots l'avait saisie, mais cela avait permit de faire le tri dans son esprit. Et aussi, de se débarrasser de toute effluve qui aurait pu l'incriminer. Elle s'était ensuite appliquée à faire une méticuleuse toilette, et avait attrapé un jeune lapin avant de rentrer au camp. Là, elle avait pu constater que le tas de gibier était presque intégralement vide. Un jeune soldat lui avait alors confirmé ses doutes en lui expliquant que tout avait été volé, même les réserves de plantes médicinales. Elle eut une pensée pour Lisabeth, avec qui elle avait reconstitué les réserves au plus fort de l'hiver. Mais elle ne pouvait pas s'attarder là-dessus pour l'instant.

Elle avait ensuite passé une courte nuit, à sa place habituelle, ne trahissant rien. Puis elle s'était levée, et n'avait pas touché à la viande restante, préférant la laisser pour ses semblables. Elle s'était à nouveau lissé le pelage, et avait prit place ici. Elle attendit que Raw lance l'appel au rassemblement, comme il était sensé le faire : très peu de temps après, la meute se rassembla autour de lui. Valka, un peu à l'écart, attendit qu'il ne l'invite à le rejoindre. Elle s'avança, s'inclina et s'assit à distance respectable de son Alpha. Rien dans son attitude ne changeait de l'ordinaire. Après avoir jeté un bref regard circulaire à l'assemblée, elle commença son récit.

- Séides ! Nous avons des révélations à vous faire. Depuis plusieurs années, je mène une enquête en solitaire sur les origines de notre territoire, et sur nos propres origines. En découvrant des traces de langages et de cultures différentes dans les ouvrages de la Bibliothèque, ma curiosité m'a poussé à chercher si Punk Wolf n'avait pas connu une autre ère que la nôtre. A en croire Cronos, nous sommes un peuple très récent, puisque notre alpha Raw est lui-même descendant direct du Créateur. Or, Punk Wolf a bel et bien connu des peuples avant nous, et cela, Cronos s'est bien appliqué à nous le cacher depuis le début.

Elle se dressa d'un geste sur ses pattes, fit face à l'assemblée une seconde, puis se retourna pour sortir ses ouvrages de leur cachette, et les disposa face à tous dans un ordre logique, comme elle l'avait fait lors du rassemblement.

- Toute notre histoire est retracée ici, ainsi que le grand arbre généalogique de notre race, dans ces parchemins que j'ai trouvé dans des endroits impossibles. Cachés dans le marbre, à même le bois des étalages, dans les ruines des statues. On ne voulait pas que tout cela soit trouvé. Les Séides ne sont pas la meute ancestrale : ce sont les Acids et les Toxics qui sont à la base de tout. Chaque meute était dévouée à trois divinités précises, les premiers à Moiro, Kiro et Ao, les seconds à Dairo, Aka et Mido. A cette époque, personne ne connaissait Yurai, ou même Cronos. Pourtant, ce sont bel et bien nos ancêtres, qui ont toute une histoire, et tout un héritage, que nous portons en nous aujourd'hui, mais que l'on nous a forcé à oublier.

Elle se rassit et ramena sa queue autour de ses pattes d'un geste très lent. Ses oreilles remuèrent avant de se remettre en place.

- Je vous épargnerai l'histoire détaillée de Punk Wolf, car il s'agit d'un très, très long récit. Je l'ai retranscrite sur ce parchemin, avec l'aide des jeunes Archivistes qui ont bien voulu se dévouer à ma cause. Si elle vous intéresse, n'hésitez pas à la lire. Notez qu'il y demeure de nombreux trous, car malgré tous mes efforts, je n'ai pas pu reconstituer tout notre passé avec mes seules recherches.

Valka désigna le parchemin en question du bout de la patte.


Spoiler:


- Voici les faits. Cronos nous a dissimulé toute notre histoire et nos véritables origines, car il a détruit l'ancien monde pour en créer un nouveau. Pourquoi l'avoir détruit ? Car il déviait de la soi-disant bonne trajectoire qu'il avait espéré le voir suivre. Comment cela s'est-il produit ? En détruisant toute forme de vie existant alors sur Punk Wolf, c'est à dire en annihilant tous les loups vivant. Et ensuite ? Il a façonné une nouvelle génération de loups, la nôtre, qui a finit par se reproduire, et en engendrer une seconde, puis une troisième, et ainsi de suite jusqu'à ce que toute trace de l'ancien Punk Wolf soit disparue à jamais. Si je vous parle de cela aujourd'hui, ce n'est pas pour monter une guerre contre Cronos. Ce que j'ai découvert à fini par me dépasser. Je ne voulais pas que l'on vous cache quelque chose d'aussi important. Alors, j'en ai parlé à Raw, qui a jugé bon de vous en informer. Faites ce que vous désirez de cette information. Sachez seulement que si vous voulez retrouver vos souvenirs, nous pouvons vous y aider. Nous pensons que Cronos ne maintient pas le blocus sur nos mémoires, du moment que nous avons conscience de ces faits-là. Se souvenir est à notre portée : moi, j'ai bien réussi, alors vous aussi. Du moment que vous le désirez un minimum. Si cela vous est indifférent, qu'il en soit ainsi. Il était juste de mon devoir de vous relater les faits.

Elle se tut, et attendit les réactions, le coeur battant. Elle savait pertinemment qu'elle devrait faire face à des accusations, et sûrement à de la haine pour perturber leur quotidien. Mais n'était-il pas déjà fort ébranlé de toutes façons ? Elle ne pouvait tout simplement pas leur cacher tout cela, c'était impossible. Elle ferait face à l'adversité, comme elle avait dû le faire face à Raw.

Elle n'allait pas s'arrêter en si bon chemin.

Tequeela s'efforçait de cacher toute la souffrance qui la terrassait. Bien sûr, ses prunelles couleur topaze bleu ciel, rougit par les larmes versées témoignaient de son chagrin. Après tout, elle avait perdu un fils. Personne ne pouvait le lui reprocher. Mais il y avait bien plus que la mort d'un bébé derrière ces yeux transpirant la detresse d'une mère endeuillée. Il y avait aussi la révoltante et supposée trahison de son compagnon qui avait préféré être ailleurs, avec une autre, tandis que la meute se faisait violée. Ainsi Tequeela avait dû faire face seule aux vols de nourritures et aux pillages des réserves des Savants, au meurtre d'un de leur companion, et pire que tout, au décès de son enfant. Sans Raw. Elle avait promis d'être à ses côtés pour le soutenir. N'était-il pas censé lui rendre la pareille ? Sans doute que non. Tant de colère, de rage et de douleur animait la louve anthracite. Elle ne cachait pas son mépris et sa haine pour les deux loups sur le promontoire. L'Alpha femelle se tenait en retrait, fixant Valka. Peu lui importait en cet instant les révélations de la louve. Tout en elle était fureur. Son échine hérissée, ses oreilles dressées, sa queue droite et haute et surtout, son regard meurtrier. Mais elle ne bougeait pas. Telle une statue de marbre, elle se contentait d'observer. Déversant sa rage à l'intérieur de son propre cerveau. Elle n'avait pour seule preuve l'odeur de la femelle brune sur le pelage bordeau de son companion, mais suspicieuse et sans doute rendue paranoïaque par les derniers évènements et son cruel manque de sommeil, pour elle, il n'y avait aucun doute. Elle s'efforçait de faire bonne figure devant le reste de la meute. Elle ne voulait pas subir l'affront de la honte en plus de tout le reste. Ces dernières vingt-quatre heures avaient été terribles. Cela suffirait sans doute aux autres pour expliquer son comportement hostile envers Raw et Valka. Après tout, n'avait-elle pas du sûbir les dégâts de la meute, le meurtre de leur congénère et la mort de son fils seule ? Oui, cela suffisait à expliquer pourquoi Tequeela en voulait à Raw et Valka, respectivement Alpha et Gamma qui aurait dû être là pour la soutenir. Et cela convenait bien à la louve grise au regard pâle. Elle esperait que cela soit la pensée générale, car même si elle s'efforçait de se contrôler, il était parfois très difficile d'être impassible. La disciple d'Ao essayait d'intégrer les informations émanant de Valka, quand bien même elle la haïssait plus que tout en cet instant. Il sentait qu'il s'agissait là d'un sujet important et délicat, même si sa hargne l'empêchait de se concentrer parfaitement. Il était question de mensonge. Un sourire narquois étira les babines de Tequeela. Valka devait s'y connaître en cachoterie non ? Ainsi le passé n'était pas ce que tous pensait qu'il était. La femelle sombre en aurait bien rit si les paroles de la Gamma brune ne trouvait pas un écho au plus profond d'elle-même. Préférant laisser cela à plus tard, elle cessa d'écouter, observant vaguement le reste de la meute. Trop de choses pour si peu de temps. Tequeela allait craquer.

Leemoncello ne comprenait pas pourquoi Mère semblait soudainement aussi fâchée contre Père. Il comprenait qu'il avait été dur pour elle de devoir s'occuperde tout pendant l'absence à Père, mais ce n'était qu'une coïncidence. Il pensait aussi que la mort de son frère atteignait énormément Mère, plus que ce qu'elle ne voulait bien le montrer, et que pour ça, elle s'énervait contre le monde entier. Leemoncello cessa de fixer sa Mère, se lova entre ses pattes rapidement, et ne la voyant pas réagir, il s'éloigna pour rejoindre la foule, là où était sa place, avec Adèle, pour l'instant du moins. Car il comptait bien remplacé Père un jour au sommet de ce promontoire. Ses prunelles vertes feuille de vignes saupoudrées d'étoiles dorés et grenat se posèrent sur sa soeur et il allait se blottir contre elle. La mort de leur frère les atteignait évidemment tout les deux, mais si jeune, Leemoncello avait encore du mal à saisir l'ampleur de la signification. Aussi son chagrin à lui se résumait à l'idée qu'il ne pourrait plus jouer, faire le fou et découvrir de nouvelles contrées avec son frangin. Mais il se doutait que si Mère et Père était aussi affligés, c'était parce que c'était plus grave que ce qu'il en pensait. Il fit la moue et écouta Valka, surpris de ce qu'elle racontait. Comment pouvait-on avoir un faux passé ? Les souvenirs de Mère et Père étaient-ils tronqués alors ? Père était un enfant des Dieux ?! Cette révélation la laissait ébahit. Il était donc le petit-fils de Cronos, le petit-fils d'un dieu créateur, et ça, c'était vraiment classe ! De loin, il aperçut Paprika et discrètement la rejoignit puis chuchota :

« T'as vu comme je suis plus légitime que toi pour être Alpha, je suis le petit-fils d'un Dieu, moi ! 8D »

Il bomba le torse et dressa la queue. Fier comme un paon.

L'appel avait été matinal ce jour-là.
Anthem avait observé le lever aux aurores de Valka. Depuis son retour, l'anthracite avait choisi un petit repli de roche un peu en surplomb du camp, pour lui servir de couche. Les grottes ne lui inspiraient plus que de la nostalgie, et remuaient des souvenirs mal enterrés et des douleurs encore présentes. Il était temps qu'il tourne la page pourtant. Cela faisait tant de lunes déjà. Il avait donc suivi du regard la louve sable lorsqu'elle était venue autour du promontoire, attendant de toute évidence l'alpha. Lorsque celui-ci se montra, alors que quelques rayons de soleil ricochaient sur les pierres, il appela au rassemblement.

Le loup sombre secoua la tête, faisant cascader sa longue tignasse sur ses épaules, puis se leva et, en deux bonds, descendit au coeur du Creux aux Loups. Il se fondit dans la masse des présents et vint s'asseoir, non loin des silhouettes d'Hylda et de Tequeela. La femelle sombre semblait morose, et sa mine demeura fermée lorsqu'elle vint se placer près de son compagnon. Le gris accrocha un instant son regard bicolore à ce visage assombri, avant de le reposer sur Valka, qui avait pris la parole. Au vu des récents évènements, il y avait de grandes chances que les hautes instances leur parlent d'actions pour remédier aux vols qui avaient eu lieu. Toutefois, il était étrange que ce soit la gamma qui s'en charge.
Et pour cause.
Il ne s'agissait absolument pas de ça.

Ses paroles captèrent de manière insoupçonnée l'attention de l'anthracite. Elle parla d'un monde ancien, de loups créés et d'autres qui ne le seraient pas. Et ses mots firent remonter des souvenirs du mâle une valse d'images qui vinrent s'épingler à ses pensées. Des souvenirs flous. Ses parents. Il se souvenait de son père, grand, sombre, et de sa mère, aux couleurs éclatantes et au regard doré. Vaguement. Incertainement. Et les propos de Valka firent l'effet d'une tornade au milieu de tous ces solides piliers de son enfance. Cela pouvait donc être faux ? Il réalisa soudain une chose. Une chose qui fit vaciller ses certitudes. Ses parents avaient disparu sans explication aucune lorsqu'il était enfant, le laissant lui et sa joyeuse fratrie sur les pattes d'une maternelle.

Sans explication aucune.
Il y eut comme un grincement dans ses méninges. Comme une vieille machine qui se remettrait en marche, le crissement de quelque-chose qui ne s'était pas révélé au grand jour depuis bien des années. Il réalisa que lui, qui désirait tout comprendre et qui comprenait beaucoup, n'avait jamais cherché cette damnée explication. Jamais. Et ce n'était que maintenant qu'il le réalisait. Il se sentit un instant un louveteau, devant quelque-chose de plus grand et de plus inconnu.

Non loin, quelqu'un prit la parole, un oméga. Et souleva une question. Dès qu'elle atteignit les oreilles d'Anthem, il fut certain que c'était là une remarque qu'il n'aurait absolument pas fallu laisser entendre. Pour lui, cela n'avait pas de sens. Les loups étaient les créations des dieux, pas leur fils. Ceux qui avaient été créé à l'aube des temps, dans l'ancien, ou ceux de ce monde-là, il n'y avait aucune différence. Mais cela ne sonnerait certainement pas ainsi aux oreilles de certains.

"Il est étrange de confondre enfant et création." Fit-il donc remarquer en posant le regard sur le loup brun.

Et dans son côté bavard éternel - ceci était bine entendu ironique - il laissait là son propos, à bon entendeur. Puis il releva le regard vers Valka.

"Comment peut-on se souvenir, dans ce cas ?"

Il n'y avait aucune animosité dans sa voix. Seulement, et il n'était certainement pas le seul dans son cas - enfin, peut-être... mais mettons que non car ç'aurait été bine long à développer -, il désirait savoir si ces images lointaines n'étaient que fiction, créée de toute pièces par ces dieux dont les pions étaient bien gentils et ouverts à toute possibilité.
Ou s'il y avait quelque-part, dans ces profondeurs troubles, une étincelle de vérité.

En ce moment, les conseils se multipliaient. Quand il ne s'agissait pas des Alphas, c'était un membre presque vétéran de leur clan qui s'y mettait. Ainsi, Valka avait convoqué tout le monde, pour faire part de ses recherches et découvertes.
Par politesse, parce que la louve était une lointaine connaissance et qu'il n'avait à priori rien contre elle, Caïn ne broncha pas et décida de l'écouter. Elle parla alors de peuples survenus avant la remise à zéro de Cronos, car les loups ne suivaient plus le chemin convenu. Cool le dieu. C'était un peu comme s'il jouait à un jeu de simulation, faisant évoluer tous ces petits personnages avant de rebooter sa ville pour en créer une nouvelle, lassée de la précédente.
Au final, Caïn n'était que très peu concerné par tout cela. En effet, il était fort possible que sa famille ait été créé par le dieu en lui-même, étant donné que ses parents n'avaient jamais vraiment évoqués ses grands-parents, qu'il n'avait par ailleurs jamais vu malgré le fait qu'il vivait tous en une petite meute familiale composé de ses parents, et de ses frères et sœurs. Du coup, ce qu'il s'était passé avant ne le concernait que trop peu.
Le gris fronça tout de fois le museau, quelque peu amusé.

« Il est sympa Cronos, il façonne ce monde et laisse des documents à disposition afin de savoir ce qu'il s'est passé avant son caprice de dieu. »

Caprice de dieu, comme le fromage ahah. Pardon, c'était trop tentant.
Quoi qu'il en soit, il voyait en cela une preuve que le dieu ne voulait peut-être pas tout leur cacher -sinon, il ne serait pas fait chier à glisser ça dans la bibliothèque-. Il voulait peut-être juste les pousser à rechercher par eux-même, pour qu'ils aient une autre vision des choses. Après tout, les aïeuls déformaient souvent les faits historiques pour les tourner en leur faveur, du moins en y glissant des modalisateurs qui trahissaient leur avis et influençaient leurs descendants.
Ainsi, leur peuple pouvait obtenir un avis neutre, sortant de la gueule de Valka elle-même.

Valka avait eu peur que la pression et l'appréhension de faire face aux seins de la sorte ne la mette à bout de nerfs : mais finalement, c'était leur ingratitude qui la transperçait telle une lance fuselée.

Les regards meurtriers et pleins d'accusations de certains et de certaines ne passaient pas inaperçus aux yeux de la louve brune. Elle ne faisait que véhiculer des découvertes, mais à voir comment certains la massacraient du regard, c'était comme si elle en avait été la cause. Elle sentit sa fourrure se hérisser dans son dos, mais ça n'avait rien de la peur, c'était de la colère froide. Fort heureusement pour elle, faisant face à la foule, personne à part éventuellement Raw ne pouvait remarquer que son échine se dressait. Elle prit une grande inspiration à travers ses narines pincées. Non. Il était hors de question de se laisser démonter. Son acte était entièrement juste.

Ses oreilles pivotèrent néanmoins sur le côté et sa queue claqua d'un geste sec. Il était grand temps qu'elle se reprenne, et qu'elle s'affirme : et par la même occasion, qu'ils apprennent à la respecter. Tous. Elle était Gamma, après tout. Peut être pas aussi importante que les Bêtas et très loin des Alphas, mais elle avait mérité et obtenu une place dans la hiérarchie. Elle commença donc par rendre un regard plus qu'égal à Tequeela puis à Hylda, sans ciller, avant de poser ses prunelles sur Anthem. Elle choisit d'ignorer superbement Caïn et fit glisser ses iris pâles sur Zeno, dont la question intelligente méritait la meilleure des réponses.

- Tous les documents n'ont pas été retrouvés tels quels. J'en ai recréés quelques-uns, dont l'arbre généalogique, en tirant profit de toutes les recherches que j'ai pu faire, par souci de compréhension et surtout de lisibilité. Certains parchemins étaient si vieux et si abîmés que je les ai presque entièrement détruits en les extirpant de leurs cachettes. Après réflexion, nous avons bel et bien toutes les raisons de croire que des loups vivants aujourd'hui n'ont pas été façonnés par Cronos, mais qu'ils descendent bien de loups ayant existé. Erreur de calcul de la part de Cronos, faute dans le processus d'éradication ? Ou acte délibéré ? Je n'en sais hélas pas plus que vous là-dessus.

Elle marqua une pause et rejeta la tête en arrière, l'air pensif.

- Cela expliquerait sans doute pourquoi certains ne se sont jamais sentis à leur place chez les Séides. Et pourquoi des Solitaires que nous soupçonnons de vivre sur cette île semblent n'avoir aucune attache particulière vis à vis d'un clan ou de l'autre. Pourtant, ils viennent forcément de quelque part ... Nous assumons qu'ils viennent d'ici, qu'ils sont nés ici, mais nous ne nous sommes jamais vraiment posé la question. Eux non plus, d'ailleurs.

Elle baissa la tête et observa Anthem intensément.

- Se souvenir d'une phase qui a été complètement effacée de notre mémoire est compliqué. Pourtant, j'y suis parvenue. C'est à la portée de quiconque en aura la volonté, j'en reste persuadée. Cela dit, encore une fois, je ne suis pas là pour vous obliger à quoique ce soit. Vous pouvez très bien tourner le dos à ces révélations, ça ne changera rien à ma vie. Seulement, si vous aviez appris cela plus tard, par d'autres personnes, éventuellement plus ou moins bien avisées, vous auriez sûrement été très contrariés. Après moi, après la hiérarchie ... Dans nos esprits, il était plus intelligent de jouer cartes sur table dès maintenant. Au moins, vous savez à quoi vous en tenir.

Elle le fixa longuement, attendant une nouvelle pique, puis finit par rompre le contact visuel pour balayer la foule du regard. Son pelage retombait lentement mais sûrement sur ses épaules.

- Nous ne vous demandons rien, Séides. Simplement de recevoir cette nouvelle et d'en faire ce que bon vous semblera. Ceux qui souhaiteraient tenter de retrouver leurs souvenirs perdus peuvent toujours venir vers moi si cela les intéresse. Et si vous avez d'autres questions, il est encore temps de les poser.

Lord ~
Chevalier Servant...

Le cris de rassemblement du mâle Alpha résonna à des kilomètres à la ronde, ainsi que dans le Creux au Loups. Lord dormait encore, oui, encore, mais le Soldat avait une raison. Le vieux loup avait patrouiller de nuit, cherchant encore celui qui les avaient dépouiller de leurs vivres et avec un peut il aurait pu trouver un indice sur les assassinats. Mais rien, rien de rien. Pas d'odeurs suspectes, pas de traces de vagabond, rien... C'est recherche n'étaient enfaite rien d'autre qu'une routine banal, une ronde quelconque, vu qu'il revenu bredouille. Lord était revenu à l'aube, le soleil lapait déjà les premiers nuages dans le ciel. L'appel de Raw le tira de son sommeil réparateur.

C'est donc bougons et mal brosser que le loup clair sortit de la grotte. Ici et là le peuple se rassemblait, tout le monde n'était pas encore arriver. Lord n'était pas dans les derniers à arriver, c'était rare. Le créteux se trouva une place près de la foule mais du moins à bonne distance de l'agitation. Le vétéran était de meilleur humeur ses temps ci, enfin de meilleur humeur, c'était relatif. Mais au moins sa mine était neutre ou à l'en devenir. La petite sortie avec Tequeela lui avait remonté le moral, bien qu'il n'y rien de bien palpitant lors partie de chasse. Lord ne se doutait pas que l’annonce qui aller suivre aller le chambouler. Valka était assise sur le promontoire près de Raw, Tequeela était assise plus loin seule. L'Alpha mâle avait encore changer de femelle ou quoi? Se moqua-t-il intérieurement. Bien sur Lord, n'était au courant de rien pour les relations qu'avaient ses trois derniers. Simple hasard. La louve sombre était dévastée par la perte de son enfant, il y avait de quoi. Lord ne pouvait pas la comprendre, mais avait e la peine pour elle. Pas de la pitié, mais une tristesse pour cette femelle. Le discourt commença et détacha le mâle blanc de ses pensées. Il écouta la louve brun clair parloté. C'était sérieux.

La vérité de sa vie n'était que mensonge!

Des qu'il eu bu les mots de la Gamma, Lord sentit de largues gouttes couler sur son corps. Tout se qu'elle venait de dire venait de contredire toute sa vie. L'Alpha à qui il avait prêter allégeance, le père de Raw... Il n'a jamais excité ? Tout se troubla dans son esprit. Il n'écouta pas les autres et alla se plongeait dans les parchemins près de Valka. De toute manière cela ne semblait pas les perturbé plus que cela les autres loups de la meute. Sous le choc il décrypta les lignes. Cela ne le gênait gère que les dieux est tuer les meutes avant eux, bien qu'il ne voulait pas subir le même sort. Quoi que il aurait bien aimer disparaitre à se moment même pour ne pas être ici. Ses yeux tricolores se levèrent vers la femelle.

"A partir de quand? Quand est que tout cela est devenu vrai? Quand est ce qu'on à réellement commencer à vivre? Raw est le premier Alpha de la meute, donc? Son père na jamais réellement excité? Ce n'était que de faux souvenirs?" Le loup marqua une pause puis reprit: "Et pourquoi tant de preuves d'un génocide? Cronos aillant tout détruit, comment ses documents on pu être rédiger? Et qu'est qui nous prouve qu'ils sont vrai? Hein?"

Ils ne pouvaient pas comprendre le chamboulement que le loup vivait. Toute sa vie était vouer à une loyauté. Loyauté pour le père de l'Alpha actuel qu'il n'avait pu servir et donc payer sa dette à son fils. Mais si cette personne était finalement que factice, qu'avait-il à payer en fin de compte? Et à qui?

Tapi dans l'ombre, il écoutait.

A mesure que l'assemblée s'étendait, le sourire carnassier accroché à son visage en faisait de même. Il ne les voyait pas, soucieux de ne se montrer qu'au meilleur moment, mais pas un seul mot ne lui échappait. Être à ce point à côté de la réalité, c'était tellement risible ... Tellement drôle, et en même temps, si affligeant ! Ses oreilles pivotèrent sur le côté et ses mâchoires se serrèrent, alors que son sourire se transformait peu à peu en pure expression de haine et de dégoût.

Pourquoi étaient-ils si peu nombreux à avoir compris ?
A savoir où était la vérité ? Qui était légitime, et qui ne l'était pas ?

Le grand mâle brun tourna la tête et fixa un point invisible, concentré sur ce qu'il se disait. Certains avaient soulevé des questions, et la femelle y répondait comme elle pouvait. Brave petite. Si seulement elle savait ce qui attendait derrière la montagne ! L'excitation du combattant grimpa en flèche alors qu'il s'imaginait faire irruption dans l'assemblée. Ses oreilles s'agitèrent de nouveau. Lorsque la voix d'un mâle, rendue aigue par l'incompréhension lui vrilla les tympans, il se hissa d'un bond sur ses pattes solides. Il tourna la tête pour jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule, s'assurant que ses deux acolytes étaient sur ses arrières. Il y avait là Edan, le plus jeune de la troupe, mais aussi le plus cinglé, ainsi que Sigrid, l'aînée. Rengar, lui, était leur chef à tous, et il n'y avait pas besoin de réfléchir longuement pour le comprendre. Krilla était partie avec Zerfall et Papol en terres Brethens, afin que la meute puisse frapper aux deux endroits en même temps.

Lorsque son instinct lui souffla que la synergie était parfaite, il agita la queue, et les deux autres lui emboitèrent le pas. Alors qu'ils se frayaient un chemin dans les roches, ils entamèrent un chant étrange : un hurlement très grave, mais aussi très bas, qu'une oreille distraite aurait eut tôt fait de manquer. Cette fois, plus personne ne parlait, plus personne n'osait s'épancher un peu plus dans le blasphème, et il se sentit sourire à l'intérieur. Puis, d'un seul et même bond, ils se dévoilèrent à la lumière, Rengar au milieu, et les deux autres sur ses côtés. Il jeta un rapide regard circulaire, tout autour de lui, et sentit chacun de ses poils se hérisser sur tout son corps. Se retrouver aussi près d'eux le mettait mal à l'aise, dans le sens où il avait beaucoup de mal à réprimer la pulsion sanguinaire qui lui commandait de leur ouvrir la gorge, à tous, tout de suite. Il se redressa de toute sa hauteur, les oreilles droites, la poitrine bombée et la queue dressée. Une expression sardonique déformait son visage balafré.

- Salutations, Séides.

Sa voix grave roula comme le tonnerre.

- Permettez-moi de me présenter. Je suis Rengar, chef suprême des Precursors.

Il fit une nouvelle pause et se pourlécha les babines, savourant leur inquiétude et leur incompréhension totale.

- Je suppose que vous n'avez pas la moindre idée de qui nous sommes. Ca ne me surprend pas. Nous sommes les véritables héritiers de Punk Wolf. Nous sommes les descendants légitimes des anciens, et surtout, ce qui nous différencie de vous et de vos copain Brethens, c'est que nous nous souvenons.

Il étira ses pattes, se dressant le plus possible, puis se mit à décrire des cercles autour de l'assemblée, louvoyant entre les corps comme s'il était chez lui.

- Lorsque Cronos a eut l'excellente idée de rayer nos ancêtres de la surface du monde, il est passé à côté de quelques fortes têtes. Comme le dit si bien votre jolie poupée, il y a eu comme qui dirait quelques petites bévues. Après tout, Cronos est sensé être l'essence même du monde, non ? Alors, s'il voulait s'amuser à gommer la mémoire de tous les caractères qui constituent la grande esquisse de la vie, pourquoi serait-il passé à côté de quelques traces ? Je vais vous le dire, moi : parce que Cronos n'est pas celui que vous croyez. Cronos n'est pas tout-puissant. Et surtout, Cronos vous manipule, Cronos vous ment, et Cronos se fiche pas mal de ce qui pourrait vous arriver. La preuve : il nous a laissé parvenir jusqu'à vous.

Il s'arrêta de nouveau au centre et pencha la tête sur le côté à la manière d'un louveteau.

- Nous nous sommes éveillés en même temps que vous tous, après l'Annihilation. A la différence de vous autres, nous n'avons jamais perdu la mémoire, ou alors, très peu de temps. Nous n'avons pas complètement oublié notre passé et nos origines. Elles se sont éveillées tout de suite, ou quelques semaines après. Peut-être vous souvenez vous de Krilla, qui vous a brièvement rejoint après s'être très vite rendue compte que vous étiez complètement à l'ouest des réalités ? Ou de Sigrid, la maternelle ? Je me fais sûrement des idées, vos capacités intellectuelles ne vous permettent pas un tel exploit ... Se souvenir ... C'est tellement au-dessus de vous.

Il se redressa et retroussa les babines, dévoilant chacun de ses crocs.

- Si nous sommes venus vers vous aujourd'hui, c'est pour vous prévenir. Vous ne vous êtes pas rangés du bon côté. Alors sois vous ouvrez les yeux, et vous nous rejoignez, soi votre joli petit train-train va s'en trouver sévèrement ébranlé, je vous le garantis. Chaque jour où vous continuerez à vous détourner du droit chemin, du vrai chemin, du SEUL vrai chemin, nous continuerons nos sévices. Meurtres, vols, destructions, tout cela deviendra votre quotidien, jusqu'à ce que le moindre de vos os ait été réduit en poussière. Ceux qui se détournent des Anciens ne méritent pas de vivre. Et à l'heure actuelle, vous entrez tous dans cette catégorie. Réfléchissez-bien, les gars. Cronos a réussi à buter tout un monde. Aujourd'hui, vous lui prêtez allégeance complète, en refusant de juste, ESSAYER de vous souvenir. Et demain ? Si vous faites le moindre faux pas, qui vous dit qu'il n'agira pas de même que dans le passé ? Et votre si cher Alpha ? Ca ne vous perturbe pas qu'il porte en lui l'essence même de ce monstre ?

Il plissa les yeux.

- Réfléchissez bien.

Un grondement guttural lui échappa, puis il se tut, posant alternativement son regard sur chaque visage, en s’attardant sur le mâle brun au béret. Puis, patient, il attendit que les premières réactions ne se manifestent.

Des questions aussi futiles qu'ininteressantes. Tequeela se fichait royalement du pourquoi. Après tout, il avait tous la chance d'êtreen vie actuellement, savoir d'où l'on venait oui, c'était important, mais tous avait des souvenirs de parents. Donc venait de quelque part, même si c'était fictifs. Dans un soupir, l'Alpha allait se détacher de tout cet attroupement pour aller expulser sa colère contre un arbre ou un rocher, quand de drôles et d'inquiètants intrus s'invitèrent à la réunion en mode " on est la cause de vos misères et on est les vrais de vrais ". Le sang de la femelle sombre ne fit qu'un tour, enragée et n'ayant principalement entendu que le " on continuera les vols & ect " ne se laissa pas même le temps de réfléchir aux paroles de ce salaud. Ils étaient la cause de leur misère, des pillages, des meurtres. Donc de l'assassinat de son bébé. Ses glandes à venin se gonflèrent sous ses coussinets, la brûlant presque elle-même. Tout crocs dehors, elle bondit vers eux en hurlant :

« Assassins ! Monstres ! Tueurs d'enfant ! »

Sans hésitation aucune, avec toute la hargne d'une mère blessée, elle se jeta sur celui qui avait discourut, goguenard. Mettant toute son énergie dans ses pattes, elle chercha à le mordre à la gorge, tout en essayant d'appuyer ses pattes sur lui pour poser de ce liquide noir et visqueux que produisait ses coussinets et qui pouvait inffliger d'atroces brûlures, notamment lorsqu'elle était dans cet état là !

Hylda ~
La ronce dansante...

Ici et là des questions et des réflexions sortaient de la gueule des Séides. Valka prit grand soin de répondre à tous. Les loups de la meutes ne semblait pas si choqué que cela, tant mieux, Hylda n'allait pas sans plaindre. La Bêta avait eu peur que cela affole la petite vie de certains. Le seul qui est vraiment réagit d'une drôle de manière, ou du moins de manière différente faut Lord. Le vieux Soldat semblait avoir du mal à concevoir que Raw était en réalité le seul et premier Alpha de la meute. Sa réaction était loche, ne lui était-il pas dévouer? La femelle crème garderait le mâle à l’œil.

Tout ce passer plus ou moins bien, aucun désagrément n'était en vu. Finalement la journée ne commençait pas si mal que cela.

- Salutations, Séides.

La voix inconnue coula dans les oreilles de la louve comme un filet de cire chaud puis trois odeurs étrangères lui imprégna les narines. Sans avoir eu encore le temps de se retournait vers la source de mots, la louve arborait déjà un pelage hérissait. Doucement le Bêta pivota vers le loup qui se présentait alors. L'animal se représenta, "Rengar, chef suprême des Precursors", rien que ça. S.U.P.R.Ê.M.E. Encore un qui à était berçait trop près du mur... Le chef se trouvait accompagner de deux autre loups. Une femelle agée, elle était mal soigner et semblait être de fort cratère. L'autre était un mâle, plus jeune que les deux autres, il semblait être plus discret mais pas moins redoutable que ses ainées. Hylda écouta l’intrus d'une oreille particulièrement attentive.

Quand le discourt se fini tous s'enchaina autour d'Hylda, sur le cou elle ne comprit pas le courant d'air qui l'avait lapé. Tequeela aussi vive que la tempête, c'était lever avec une rapidité sauvage pour se jetait sur le Precursor en criant "Tueur d'enfant". Aussitôt Raw la rattrapa par la peau du coup avant qu'elle ne fasse l’irréparable. C'était donc eux qui leurs causer tant de maux. Hylda observa la scène un bref instant, tant dis que Raw leur criait dessus de partir.

Délicatement la louve crème se leva et comme toujours ses mouvements étaient doux et léger. Son postérieur quitta le sol alors devenue chaud, sa longue queue d'épines danser dernière son postérieur, tel un serpent. La femelle s'approcha de ses Alphas, elle pouvait sentir alors rage émaner de leurs corps. Sa proche présence n'était peu être pas la bienvenue mais elle se devait de glisser deux trois mots à la louve sombre. Elle pencha son crâne en avant et fit tomber ses cheveux devant son visage. Personne ne pouvait savoir se qu'elle aller chuchotait à Tequeela, hormis Raw surement assez proche pour deviner quelques mots. Il était impossible aux autres de savoir se qu'elle disait:

"Reprenez vous, ce n'était certes pas facile mais ne perdez pas cette première guerre. Tous le monde vous regarde et compte sur vous. Cet créature n'attends que cela, et se délectera de vos peines."

La louve sombre ne devait pas tomber, bien au contraire. Les Séides devaient bomber le torse et leurs faire comprendre que leurs petit jeux ne serviraient à rien. Une fois fini, sa chevelure noir se souleva en un mouvement pour laisser paraitre un largue sourire luisant, une belle rangée de dents blanches et parfaitement allégeaient illuminait son visage. Hylda fit un pas vers le chef SUPRÊME puis s'assit. Elle plongea son regard pâle dans celui du mâle. Un nouveau sourire s'étira ses lèvres avant de parler de façon audible:

"Bonjour à toi, Rengar, chef suprême des Precursors. Je suis Hylda, Femelle Bêta des Séides..."

Son attitude était loin d'être hostile, cela pouvait en déplaire à certains, mais ne soyez pas trop naïf. La louve voulait juste faire une autre approche moins brutal, moins stupide. C'était bien beau de leurs dire de dégageaient et qu'ils pouvaient crever comme tout le monde. Ça ils le savaient déjà très bien.

"Un... Deux... Trois... Vous n’êtes que trois c'est bien cela?" Hylda fit mine de rechercher d'autres têtes puis elle reposa son regard sur le mâle clair. Son sourire banal prit une couleur bien plus malsaine:" Et bien, on dirait que oui. C'est peu, très peu... C'est dangereux... Soit vous êtes de sacrément prétentieux pour estimer que d'être trois suffira à vous protéger d'une meute de plus de trente têtes. Soit vous n’êtes pas beaucoup, et vous avez donc diviser pour mieux régner... Je pense que vous êtes les deux, arrogant et peu nombreux... Alors un petit conseil, juste un conseil, vous êtes libre de le suivre ou non, hein! Vous feriez mieux de partir et de disparaitre à jamais."

Même la glace la plus pure n'était rien face à la louve couleur sable. Son pelage avait beau lui donnait des airs chaleureux, sa façon d'être était devenue encore plus froide que pôle nord en lui même. Son sourire avait disparue et laissait place à une grimace de dégout. Sérieusement, comment il était possible que se genre d’individu soit arriver jusqu'ici sans que l'on ne se rende compte de rien.

"Par ailleurs, je me permet de vous dire ceci. Nous avons bien entendu VOTRE point de vu sur Cronos. C'est bien, on en a prit note. Par contre vous pouvez penser, prier ou même chier au nom de qui vous voulez cela ne nous regarde pas. Mais là vous êtes sur les terres des Séides, VOUS N’ÊTES PAS CHEZ VOUS! Rien, ni personne ne vous autorise à faire se que bon vous semble ici. Espionner, piller ou même tuer, ici ce n'est pas comme cela que ça se passe. De plus c'est bien beau de crier que vous êtes les héritiers légitimes... Mais sans preuve vous ne valait rien. Tout se que vous dites ou représentez, ne vaux rien sans preuve. Vous pourriez très bien être de simples solitaires, et quand bien même que cela soit vrai ou non. Je ne vois pas en quoi cela vous donne le droit d'agir ainsi. Le droit chemin c'est nous qui le chosions, pas vous. Tout comme nous pourrions choisir de vous tuer sur le champs."

C'était typiquement le genre de personne qu'elle détestait. Et puis c'était louche, cette histoire de droit chemin. Peut être qu'ils savaient des choses qu'eux ignoraient. Dans tous les cas, leurs motivations n'était pas claire.

Les hurlements l'avaient trainée au dehors de sa couche, quand bien même la fièvre et l'épuisement n'avaient de cesse de la terrasser.

D'une démarche saccadée et raide, la chamane sortit du Creux, jusqu'au plateau où le soleil dardait ses puissants rayons. A contre-jour, elle n'y voyait pas grand-chose, sinon des dizaines de silhouettes rassemblées là. L'odeur de la peur lui chatouilla les narines, ainsi que des effluves très fortes et inconnues. La peur lui serra la poitrine : des intrus avaient trouvé leur repaire ! La fourrure hérissée, elle attrapa Tatsu par la peau du coup, qui l'avait suivie. Elle la recoucha sur leur tapis de mousse et lui somma de rester là. Le louveteau l'observa avec de grands yeux de biches, mais la zélote y fut insensible. Après un dernier regard par-dessus son épaule, elle retourna à l'entrée du repaire, attendit que le courage d'en sortir ne guide ses pattes, et rejoignit les autres, un peu à l'écart.

En boitillant, elle s'approcha du dernier rang. A quelques mètres de là, elle vit Tequeela bondir sur un mâle brun immense et totalement inconnu, avant de se faire intercepter par une louve rousse qui semblait être d'un âge déjà avancé. Terrorisée, Valka ne put réprimer des tremblements, la queue rabattue entre les pattes. Raw s'avança à son tour et se positionna devant sa compagne, bien qu'elle devina qu'il mourrait d'envie de faire comme elle. Puis, un dernier énergumène, brun foncé, railla la Bêta de la meute avant de tourner la tête vers Valka. Il lui adressa un clin d'oeil goguenard. Ses paroles ne prirent d'abord aucun sens à l'esprit de la louve, puis le temps que tout se mette en place, elle comprit.

Ces trois loups étaient comme elle : ils se souvenaient de tout.
Sauf qu'eux n'avaient pas eu besoin d'un pouvoir octroyé par un glowstick pour cela, ils n'avaient pas été aidés par les esprits des défunts : ils s'étaient souvenus parce qu'ils avaient survécu à l'apocalypse. C'était plus incroyable encore que tout ce qu'elle s'était imaginé. Nulle haine et nulle colère ne venait ternir le visage de Valka. Elle acceptait les choses avec le plus grand sang-froid. La zélote fendit alors la foule de sa démarche claudicante. Dans le silence, sa respiration rauque semblait assourdissante. Elle se stabilisa dans un équilibre précaire face au jeune loup brun, à une large distance de sécurité, encore derrière ses Alphas.

- ... Vous m'avez espionnée.

Ce n'était même pas une question. Elle le savait. Et elle n'avait rien vu venir. Elle réprima difficilement une quinte de toux avant de reprendre.

- Vous êtes aussi à l'origine de certains des ouvrages que j'ai trouvé, n'est-ce pas ? Et vous êtes ceux qui m'ont dérobé l'arbre généalogique que j'ai reconstitué ?

Sa voix se brisa. Était-ce donc elle qui avait amené ces démons à leurs portes ? Et le pire, c'était qu'elle comprenait leurs raisons. Après tout, elle s'était battue pour les mêmes. Mais de là à porter autant atteinte à une meute ? A lui dérober toutes ses ressources vitales ? A tuer ses membres ? A tuer un enfant ? C'était au-delà de toute la compréhension dont Valka pouvait faire preuve. Non, ce qu'elle avait en face d'elle était bel et bien un ennemi. Et un ennemi qu'il fallait à tout prix éliminer. Néanmoins, dans son état, Valka n'était capable de la moindre animosité. Tout ce qu'elle pouvait essayer de faire, c'était comprendre, et garder la tête la plus froide possible.

L'heure viendrait où elle retrouverait l'intégralité de ses forces.
Et alors, à ce moment-là, pourrait-elle rejoindre les siens dans la lutte.

Car même si cela lui répugnait, elle comprit en un éclair que l'ombre de la guerre glissait peu à peu sur Punk Wolf.

Ce fut brutal et douloureux. Raw l'avait attrapé par le collet et stoppée nette dans son élan. Elle ne retint pas le grondement sourd qui explosa dans sa poitrine. Ses prunelles bleues pâles n'avaient pas quitté ces salopards des yeux et leur lançaient des éclairs meurtriers. Si seulement elle avait eu un pouvoir à longue distance, elle les aurait terassés sur place. Dans le même temps, la seule femelle du groupe -non mais quelle salope-, s'était jeté en avant en l'injuriant, se posant en protectrice du soi-disant chef de groupe. Etait-il si faible que ça qu'il fallait que sa pute tente de le protéger ? Mais fallait pas qu'lele s'inquiète, si elle voulait jouer d'abord, tequeela se ferait une joie de la dépecée, pour aller ensuite jouer avec les organes de l'assassin de son bébé. Enfin de tous. Dans le doute, elle les tuerait tous. Ses connaissances en médecine lui serait un atout formidable pour trouver les points faibles et disloquer les corps dans la plus grande souffrance. Ces idées morbides firent remonter des paroles, la voix de sa mère, qui lui donnait des détails sur ses propres ascendants mais qui résonnait de manière étrange, comme si... Comme s'il s'agissait là d'aveux. Elle les balaya sans plus de cérémonie, ce n'était pas le moment de réfléchir à s'ils avaient raison ou tort. Ils avaient tort, parce qu'ils avaient tué leur enfant, à Raw et elle. Ils avaient osé toucher aux poil de l'un de ses trésors.

Le pelage de l'Alpha anthracite avait gonflé, doublant presque son volume habituel, ses coussinets la démangeaient, car produisant en masse ce liquide visqueux, noirâtre et âcre. Elle aurait bien mis une raclée à cette poufiasse brune. Les paroles de la Bêta, Hylda, eurent un écho apaisant sur la louve aux toiles d'araignées violines. Si son corps montrait encore cette agressivité croissante qu'elle ressentait pour eux, elle cessa de montrer les crocs et de grogner. Tequeela se redressa, le port altier, pleine de morgue et ses prunelles pâles fières. Elle ne les laisserait pas s'en prendre aux siens, peu importait la légitimité supposée ou non de leur groupe de terroriste. Lorsque l'un deux, celui aux cheveux bonbons, sans doute le gay de la bande et le plus machiavélique, s'adressa à Valka, et que cette dernière répondait d'une voix faible, l'Alpha se retourna pour aller soutenir la Chamane au poil beige. Elle était tout autant la supérieure que la soignante de Valka, et se souciait de son état. S'asseyant contre le flanc de la femelle malade, pour que cette dernière puisse s'appuyer et tenir debout sans efforts, elle regarda à nouveau ce groupe de malade mentaux. Pas plus que son arrière-grand père. Elle fronça les sourcils, ravalant l'image de sa mère, un jour d'hiver lorsqu'elle et Asmmodee se chamaillait pour savoir lequel des deux étaient le plus fort, Manzanee avouant ces dernières informations concernant leur lignée. Non. Ca ne s'était pas passé ainsi, ce n'était pas cela que Manzanee avait raconté avant de disparaître, simplement, sans laisser de traces. Pourquoi ses souvenirs changeaient ? Pourquoi voyait-elle ces images tronquées ?

La louve sombre aboya sur son fils, Leemoncello, dont la musculature de jeune mâle élancé permettrait à Valka de se reposer contre lui. Obéissant avec vivacité et déférence, il vint remplacer sa génitrice, qui put retourner aux côtés de son compagnon, face à la menace, en avant de la meute. Eux se posaient en protecteur parqu'ils étaient les dominants, eux n'avaient pas besoin d'une pimbêche comme garde du corps. Les yeux de Tequeela se plissèrent, tandis qu'elle cherchait à relier ces loups inconnus à d'autres, qu'lele aurait pu rencontrer. D'où venaient-ils réellement ? Qu'est-ce qui prouvaient qu'eux n'étaient pas jouets de Cronos ? En quoi étaient-ils plus légitimes ? De plus... A la base du monde, il avait bien fallu un dieu créateur pour donner naissance aux loups. En quoi cela différait-il de maintenant ? Et surtout pourquoi se posait-elle toutes ces questions maintenant alors qu'elle avait à peine écouter la Chamane et Gamma ? La disciple de la Dragonne roula ses épaules endoloris par les crocs de Raw. Elle savait qu'il n'avait pas voulu lui faire de mal, mais elle avait prit tant d'élan en courant contre les intrus qu'automatiquement un arrêt aussi brutal lui avait été douloureux. Contenant avec peine la rage de mère atteinte et endeuillée qui brûlait son abdomen, elle piaffait, la queue droite et fouettant l'air. Qu'on lui donne une seconde occasion de bondir sur eux et déchiqueter leur chair de cafards et elle leur ferait leur fête. Salopards.

« Nous n'avons pas besoin du soutien de nos dieux pour vous mettre en pièces. »

Siffla l'Alpha entre ses crocs, les assassisant de son regard glacé et glacial. Il n'y avait là ni blasphème, ni défis aux dieux. Mais Tequeela savait que les divinités n'intervenaient pas dans les conflits des mortels. Le seul soutien que les dieux leur offraient venaient de leurs glowsticks, qu'ils portaient de jour comme de nuit. Jamais les dieux ne les abandonnait. Pour la louve aux toiles d'araignées violines, la possession d'un glowstick formait l'évidence que les dieux étaient avec eux. De leur côtés.

Rengar la vit venir de loin. Pour autant, il ne manifesta aucun signe de défense ou d'agression, et demeura parfaitement impassible, comme à son habitude. Un petit sourire en coin, il l'observa se ruer sur elle, se propulsant à l'aide ses solides pattes postérieures.

Dans la seconde qui suivit, Sigrid avait bondit face à lui dans un pur geste de protection, tandis que l'Alpha Séide retenait sa compagne. Rengar jeta la tête en arrière et partit dans un rire railleur. Les oreilles plaquées contre son crâne, il passa une langue râpeuse sur les babines. Sa queue dressée battait d'amusement.

- Tu as mal dressé ta femme, on dirait !

Un grondement très sourd dans la gorge, il s'approcha de Sigrid et l'effleura de son flanc, avant de déposer une brève lèche sur le sommet de son crâne. Il se tînt ensuite bien droit, collé contre elle, et pencha légèrement la tête sur le côté en avisant la femelle anthracite bouillonnante de rage. S'ils se laissaient tous autant dépasser par leurs émotions, ce serait beaucoup plus facile que prévu de les briser. Le reste de l'assemblée paraissait plutôt calme - la surprise, sûrement, et l'incompréhension. Il jeta un coup d’œil entendu à Edan et fit brièvement glisser ses yeux sur la chamane, avant de s'adresser à l'ensemble.

- Il n'y aura pas de combat aujourd'hui. Nous sommes venus vous prévenir. Contrairement à ce que vous semblez penser, les Precursor ne disposent pas que de trois membres. A votre place, je ne serai pas aussi sûr de la victoire dans un tel cas de figure, alors si c'est dans vos capacités, réfléchissez-bien, je vous le redis.

Ses oreilles se redressèrent légèrement lorsqu'un corbeau passa au-dessus de la foule en croassant. Le grand mâle décharné souffla entre ses narines et agita la queue d'un geste sec.

- Nous prendrons n'importe quelle réponse. Que vous soyez assez fous pour vous lancer dans une guerre contre nous, pour apprendre ce que nous avons à transmettre, pour vous allier à notre cause : nous prendrons tout. Nous saurons répondre au moindre de vos gestes.

Il recula d'un pas, puis d'un autre, avisant alternativement les deux Alphas.

- Sur ce ...

Il rallia ses deux acolytes à lui d'un nouveau geste de la queue, puis pivota lentement pour glisser dans les mêmes ombres qui les avaient retenus cachés durant le rassemblement, leurs griffes cliquetant à peine contre la roche lisse. A mesure que les trois combattants disparaissaient, leurs rires sourds ricochèrent contre les parois de grès, s'amenuisant petit à petit, alors qu'ils se dirigeaient vers leur repaire caché.