Juste un peu d'eau - prio Azura

L'air était affreusement lourd aujourd'hui. Le printemps n'en était pourtant qu'aux prémices, mais la chaleur pesait sur le loup blanc, l'incitant à se déplacer pour trouver de quoi se rafraîchir. Un orage allait bientôt éclater, c'était sûr mais Abélard tenait absolument à dénicher une rivière.

Le voilà qui arpentait les plaines Brethens implorant silencieusement l'eau d’apparaître. Sa raison lui disait que c'était peine perdue. Une flaque au moins, il se contenterait de se rouler dans un flaque d'eau.
Bientôt, il repéra un endroit où la végétation se faisait plus dense, et s'y engouffra avec espoir. Il levait bien haut les pattes continuant son avancée jusqu'à s'empêtrer dans une roncière.

Merde !

Abélard voulut bouger, ma sa longue queue le retenait prisonnier. Il lâcha un nouveau juron et tira en vain sur les liens épineux qui le maintenait prisonnier.

Bonjour Printemps.

Des papillons dans le ventre, Azura se sentait excitée. En cette douce matinée, elle avait remarqué les radieux rayons de soleil qui réchauffaient la pierre en dehors de sa petite tanière. En s’étirant lentement et en appréciant la détente de chacun de ses muscles, elle inspira, et expira longuement. Elle n’avait pas très bien dormi pourtant – d’où ces petites courbatures et la nécessité de s’étirer de bon matin – mais elle était de bonne humeur, rien qu’en voyant le soleil. Aujourd’hui, il allait faire chaud, bon. En sortant, elle se dit même qu’il allait faire lourd.

Trottinant sur les terres Brethens, Azura se rendit au Dolmen de perdus. Tout le long de son trajet, elle remarqua que son pelage s’humidifiait de transpiration – glamour, vraiment. Mais la chaleur était vraiment pesante et, même si Azura l’appréciait, elle commençait vraiment à manquer d’air.

L’été était proche.

Elle admirait le paysage en exposition aux forts rayons du soleil, quand elle entendit… Un juron. « Merde ! »

S’approchant vivement de la source du bruit, la jeune femelle découvrit un de ses congénères Brethens, coincé dans les broussailles. Il tentait de se libérer en tirant comme une forcenée alors que sa queue était retenue dans les ronces, et qu’il aggravait son cas plus qu’autre chose.



« Salut. » avait-elle dit alors timidement.


De ses grands yeux bleus, ses interminables oreilles pointues en avant, elle regardait avec amusement le jeune loup. Elle lui sourit avant de s’approcher.



« Attend, laisse-moi t’aider. »


Elle s’approcha du loup blanc et, à l’aide de ses griffes et de ses crocs, elle démêla les ronces et retira celles qui étaient plantées sur le mâle. Bien vite, il fut relâché de cette nature.



« Ça va ? »

Abélard s'apprêtait à lâcher un "Putain fait chier!" lorsque l'air printanier lui apporta l'odeur d'une femelle et l'on ne jure pas en présence d'une dame. Il se contenta d'un grognement tandis des épines se fichaient dans ses pattes. Il serra les crocs, sentant les larmes lui monter aux yeux.
La nouvelle venue était une lanterne de son Clan, de ce fait ils partageaient déjà deux choses. Il ne lui avait jamais vraiment parlé mais Abélard eut le plaisir de constater que son côté altruise n'était pas mort. Lui dans la même situation, face à un gars empêtré dans des ronces il aurait probablement fait un snap.
Il lui adressa un regard plein de soulagement pendant qu'elle coupait les branches qui le maintenait captif.

Il fit quelques pas, adressant un regard mauvais à la roncière, puis un sourire à Azura.

Ca va. puis il ajouta : Merci de d'être taillée un sourire de l'ange pour moi.

Il brûlait d'envie de se lécher compulsivement les pattes. Mais a) le gout du sang le répugnait et b) il avait déjà perdu assez de virilité comme ça.

Le loup blanc lui adressa un large sourire de remerciements. La louve aimait les loups souriant, alors cela la rendait d’autant plus de bonne humeur. Elle sourit alors d’avantage, les yeux se plissant (^^) suivant ce sourire sincère.

« Tu es la bienvenue. »

Sans qu’elle s’en rende compte, ses pattes s’étaient légèrement soulevées du sol, et la louve lévitait littéralement au-dessus du sol. Elle remarqua ses pattes abîmées de sang et son museau légèrement déformé par la douleur. Fronçant des sourcils, elle s’approcha du loup pour examiner ses pattes.

« Tu permets ? » se risqua-t-elle.

La lanterne ne savait pas trop encore vers quelle voie se diriger. Mais la médecine des plantes l’attirait étrangement, et, altruiste qu’elle était, elle aimait énormément aider les autres.
Elle l’interrogea donc du regard pour qu’il lui permette ou non de l’examiner.

Pour son plus grand plaisir, la louve lui rendit son sourire. Mais Azura aurait peut-être du s'abstenir, car la femelle se mit à léviter au dessus du sol, sous le regard surpris d'Ab.
C'est pas moi. se défendit-il immédiatement en pensées.
De toute manière, il n'aurait jamais été capable à l'heure actuelle de faire décoller du sol quelqu'un chose d'aussi gros d'un loup.

Abélard se laissa tomber sur le postérieur observant la femelle qui se rapprochait avec un regard qu'il jugea inquiet à l'attention de ses pattes. Le blanc suivit son regard pour observer lui aussi ses pattes dont le sang coulait par minces filets. Il détourna la tête, légérement dégouté.

Ben, euh .. t'y connais quelque chose en médecine ?

Il était un peu suspicieux et pencha la tête sur le côté. Il n'avait pas envie de servir de cobaye à Azura. Et puis il ne voyait pas très bien ce qu'elle pouvait faire. D'un autre côté elle s'était montrée charmante depuis le début de leur rencontre et Abélard doutait qu'elle puisse être mal intentionnée. Il décida donc de lui faire confiance et étendit ses antérieurs devant lui.

J'imagine que tu peux jeter un coup d'oeil.

Il secoua légérement la tête, faisant tinter ses anneaux pour se dégager la vue et se donner une contenance.

« Ben, euh… t’y connais quelque chose en médecine ? »


Azura lui sourit franchement, à la fois amusée de sa méfiance, et à la fois qui se voulait un tant soit peu rassurante. Puis, il étira ses antérieurs devant lui.

« J’imagine que tu peux jeter un coup d’œil. »

Elle jeta un dernier regard amical au jeune loup avant de reporter son attention à ses pattes. En soit, rien de bien grave. C’était que des ronces qui ne s’étaient pas encore extirpées de sa peau, mais il ne fallait pas laisser ça là, sinon, cela pouvait s’infecter.

« Serre les dents ! » dit-elle sur un ton gai.

Puis, délicatement, elle vint retirer les restes de ronces avec ses crocs, et, à sa grande surprise, son glowstick se mis à briller d’autant plus. En effet, l’air semblait l’aider à apaiser les plaies de son camarade par un souffle doux qui retiraient certaines poussières. Puis, rapidement, elle rassembla quelques plantes qu’elle forma en cataplasme et l’appliqua sur ses antérieurs qu’elle sécurisa avec de la mousse et quelques lianes pas trop serrées.

« Ça ira ? Au fait, je m’appelle Azura. »

Puis elle lui adressa un sourire immense et franc, non peu fière de son travail.

Merci Azura. répondit simplement Ab' en lui rendant son regard.

Il cila et ajouta après quelques instants :

Tu sais, j'en serais pas mort, mais merci.

Abélard reporta son attention sur sa patte. Quelques gouttes de sang perlaient contrastant avec le blanc de sa fourrure. Il l'agita, pour ne plus y penser.

Oh et moi c'est Abélard ! ajouta t-il rapidement, se rendant compte qu'il ne lui avait pas rendu son salut.

Lui pourtant connaissait le nom de la jeune femelle et un peu vexé, il espérait que c'érait réciproque. Les Brethens étaient une petite meute, et Ab pouvait y identifier tout les visages .. A defaut d'y associer un nom à chaque fois. La plupart des membres de la meute l'indifférait. Mais les jeunes de son âge, il les connaissaient.
Ab se rendit compte que le silence maintenant pouvait paraitre gênant et il se hâter de lui poser une question, dans l'histoire de faire repartir la conversation.

Que fais-tu par ici au fait ? Tu chassais ? Parce que c'est bien ce qu'il y a ici à défaut d'eau.
marmonna t-il.

Spoiler:

"Tu sais, j'en serais pas mort, mais merci."

Ben, elle savait, en fait.
Qu'il n'allait pas en mourir j’entends.

Une chose que le dénommé Abélard n'aurait jamais dû dire à notre très très trèèès émotive et susceptible Azura.
Elle se crispa, vexée.

"Fallait me le dire avant si tu voulais pas que je t'aide. J'voulais juste être sympa."

Elle baissa les yeux et, par le même moment, le vent se leva, à la lueur du glowstick bleu de la jeune louve. C'est une erreur, de contrarier l'instable femelle. Il allait très vite comprendre pourquoi d'ailleurs.

"Oh et moi c'est Abélard !"

Lui aussi, il avait l'air vexé. Ils étaient bien partis, tous les deux, dites donc. Deux lupins susceptibles, ça allait donner. J'aurais presque envie d'écrire lol, mais je ne l'ai pas fait.
Elle hocha la tête, signe qu'elle l'avait entendu.

"Que fais-tu par ici au fait ? Tu chassais ? Parce que c'est bien ce qu'il y a ici à défaut d'eau."

Elle leva les yeux pour lui répondre :

"Nan, je me promenais parce que j'étais dans l'humeur, et rencontrer des loups sur mon chemin aurait été super dans mon idée de départ, mais bon, apparemment, je dérange."

Elle se retourna avant de s'assoir dos à lui.

Oui. Susceptible est le mot juste.
Tout dans l'excès, aussi.
Azura, quoi.
Azura et ses émotions.

Eh ! EEEH ! lança Abélard en enjambant en quelques foulées la distance qui le séparait de la louve. Enfin de son dos.

Il n'était nullement fâché par sa réaction, amusé peut-être de ces femelles qui prennent la mouche pour un rien. D'ailleurs il restait dans son dos, un sourire plein de crocs sur le visage.
Il devait choisir : la charrier sur sa mauvaise humeur, ou s'excuser platement pour entrer à nouveau dans ses bonnes grâces ?

Mhhh. Oui je crois qu'ici c'est pas le bon endroit pour rencontrer des gens sympa.

Il se balançait d'une patte sur l'autre, dans un tintement de breloques, le sourire toujours aux babines.

Je connais un endroit beaucoup mieux. Où rencontrer plein de loups sur ton chemin et les déranger.

Il n'avait jamais été doué pour choisir.

« Eh ! EEEH ! »


Le cri de son confrère Brethen lui crissa dans les oreilles d’une façon assez désagréable.

« Mhhh. Oui je crois qu'ici c'est pas le bon endroit pour rencontrer des gens sympa. »

Tu l’as dit le génie.
Elle se retourna quand même, l’observant intensément de ses yeux bleus, le jaugeant.

« Je connais un endroit beaucoup mieux. Où rencontrer plein de loups sur ton chemin et les déranger. »

Elle n’était pas trop sûre de comprendre le sens de la phrase du loup, mais, de toute façon elle ne faisait pas beaucoup d’effort depuis qu’elle avait joué sa grosse bipolaire.
Elle soupira, presque consciente de sa réaction un peu exagérée.

« Où ça ? »

Faible sourire. Sourire quand même ?

Elle se retourne. Pas très contente à en juger par ces yeux bleus qui le regardait trop intensément.
Mais Abélard était content qu'elle ne ce soit pas barré et d'avoir réussit à réobtenir son interêt. Peut-être qu'elle s'en voulait de s'être comportée de façon aussi lunatique.

Quoi qu'il en soit, la situation était à nouveau à son avantage. Content, le loup blanc s'avança vers elle en se dandinant légérement, un bout de langue verte et pointue sortant d'entre ses crocs.

Eh bien .. il s'approcha d'elle, baissant le volume sonore de sa voix, avant d'ouvrir la gueule .. Puis de la refermer. Naah tu vas probablement pas aimer ce que je vais te dire.

Air sérieux. Fesses posées sur le sol. Queue formant comme un mur devant ses pattes.
Il reprit son air désinvolte habituel, ses muscles s'affaissant soudainement.

J'aime beaucoup trainer sur les terres Seides. Tu sais, l'herbe plus verte chez le voisin. Et eux ils ont de l'eau. De la nourriture. Des coins d'ombres. Des rochers chauds ou faire la sieste. Et puis c'est très amusant de les faire chier aussi. ajouta t-il en son fort intérieur.

Il perdit un instant son regard dans le vague, se rémémorant ces doux instants. Malgré son air béat actuel, le mâle blanc n'était pas stupide. Il imaginait très bien que ce qu'il pouvait dire pouvait être intérprété comme une infidélité criante à son Clan voire même une trahison en faveur des Seides. Il visualisait très bien Azura péter un câble une nouvelle fois et s'insurger contre lui.
Mais doux Jésus, il s'en moquait éperduemment.
Il n'avait - et ne voudrait - pas la réputation de faire du zèle au sein des Brethens. Il passait son temps à dormir, à manger et à aller chez les voisins, avec ce je m'en foutisme exaspérant, collé à sur peau.

Alors, on y va ? ajouta t-il pour l'achever.

Azura écouta son camarade Brethen parler tout en l'observant. En fait, elle n'écoutait qu'à moitié, sentant une vague de fatigue s'emparer d'elle. Eh oui, cela n'était pas simple, de se laisser emporter par ses émotions. Elle déboursait tellement d'énergie avec ce vent qui ne cessait de siffler autour d'elle partout où elle passait... On pourrait la confondre avec une âme torturée cherchant sa lumière pour le royaume d'en-haut. Non mais, sans déconner, ça partait vraiment loin dans sa jolie petite tête de Lanterne.

"Alors, on y va ?"

Elle le regarda quelques secondes, avant de répondre :

"Je te suis !"

Savait-elle vraiment ce qu'elle acceptait ?
Abélard pencha la tête sur le côté, surpris malgré tout.

La femelle avait eu l'air absente pendant sa courte tirade mais sa réponse était malgré tout assez enthousiaste.
Beeh. Elle était de toute façon assez grande pour répondre de ses actes. Si il lui arrivait malheur, il se désegageait de toute responsabilité.

Alors c'est parti. Il pivota dans la bonne direction et commença à marcher avec sa nonchalance habituelle. Suivez-le guide ~

Il agita sa longue queue avant de la laisser retomber derrière lui comme une traine. Il secoua ensuite ses mèches de cheveux pour se dégager la vue. Enfin, il huma l'air pour s'assurer de la bonne direction.
Abélard était fin prêt pour l'expédition chez les Seides et s'y dirigeait avec enthousiasme.

Spoiler: