Beds are burning | Ft. Mecha

Cela allait faire 6 mois que Mecha avait arpenté PunkWolf à la recherche d'écritures anciennes et pourtant il n'avait rien trouvé de bien concluant. Il avait déchiffré la quasi-totalité d'un mur du Palais, une bonne partie des écrits du Sanctuaire Souterrain et maintenant il avait pu comprendre une vingtaine de lignes des pierres du Dolmen des Perdus. Mais rien... Toujours rien... Aucun écrit ne mentionnait ne serait-ce qu'un seul loup banal qui aurait pu revenir à la vie. Les seuls qui avaient visiblement eu ce privilège étaient d'illustres combattants ou bien de grands chefs, reconnus et aimés de tous. Il espérait tant trouver un récit, que dis-je, une phrase qui évoquait cette possibilité mais toutes les traductions qu'il avait réalisé lui montraient que ce genre de cadeaux des dieux était extrêmement rare et ne survenait qu'en cas de crise. Alors il se remémora les textes du Sanctuaire, ces textes qui non content de changer selon leur lecteur racontaient parfois leur passé et leur histoire. Il se remémora l'histoire qu'ils lui avaient conté, l'histoire d'un jeune loup qui après une année de mauvais traitements avait fuit et s'était fait tuer par un des chasseurs qui l'avait poursuivit. Le grand loup mécanique ne comprenait pas cette histoire là... Elle ne pouvait être son passé car comme il s'en était rendu compte durant ces six derniers mois, seul les puissants de ce monde peuvent espérer avoir la chance de revenir d'entre les morts et ce jeune loup n'était de toute évidence pas fait pour vivre.

C'est là, assis dos à une de ces immenses pierres qu'il méditait, la tête entre les pattes, le regard planté dans le sol. A côté de lui, son fidèle livre de traduction était encore ouvert et avait probablement subit les assauts répétés des coups de crayons de son détenteur si on pouvait en croire les nombreuses ratures, annotations et accolades qui venaient noircir un peut plus ses nombreuses pages. Assis dans cette posture, le loup au pelage sombre semblait usé, fatigué de tout ce travail qui avait probablement été vain. Dans sa quête de vérité devait il croire ou douter une fois de plus des écrits du Sanctuaire ? Il se sentait mal. L'idée d'avoir un instant pu être ce louveteau battu puis tué froidement le repoussait vivement. Il avait toujours idéalisé sa famille et dans cette histoire, même les parents du jeune loup s'étaient ligués contre lui. Ça ne pouvait pas être possible, ça ne pouvait pas être son passé qui était fermement gravés dans le roc. Une fois de plus, Mecha se sentait perdu et dans l'espoir de trouver un quelconque signe de réconfort ou de bienveillance de la part des Dieux -ou même de Yurai en personne- il leva les yeux au ciel. Et quelle ne fut pas sa stupeur quand il observa une traînée de lumière strier le magnifique ciel de cette journée d'hiver . On aurait dit qu'elle jouait dans le ciel et même qu'elle était vivante. Après avoir longuement virevolté dans les cieux l'objet piqua rapidement vers le sol et disparu derrière l'une des nombreuses pierre qui composaient ce lieu mystique.

Profondément intrigué, Mecha se releva promptement, ramassa son livre et se mit en route vers le lieu ou la boule de feu avait l'air d'avoir atterri. Le loup mécanique marcha d'un pas soutenu vers le possible lieu d'impact et chacun de ses mouvement étant accompagnés d'un lourd bruit de ferrailles il ne passait pas inaperçu dans ce lieu ou d'habitude règne un silence religieux.

Au détour d'une des immenses pierres du dolmen, Mecha apperçut une tâche rouge sur la neige qui semblait venir dans sa direction. Plus elle se rapprochait et plus il pouvait distinguer sa véritable apparence. C'était un loup d'un pelage rouge sombre. Il avait des strilles jaunes sur la queue et une longue chevelure tressée. Le loup mécanique aurait reconnu cet individu entre mille. C'était Esterno, une des lanternes des Brethens. Comment le connaissait-il? Eh bien disons qu'Esterno est un membre éminent du clan et que bien que les Brethens n'avaient désormais plus de chefs, beaucoup d'entre eux voyaient en lui le prochain dirigeant du clan. Il était donc connu et respecté de tous.


Il était encore éloigné mais il l'avait pourtant reconnu. Mecha qui était plutôt discret passait souvent pour l'inconnu du clan. Celui qui est là mais que personne ne voit jamais et dont personne ne se souvient, mais il ne s'en plaignait pas. C'était mieux ainsi!
Le loup au chapeau lui répondit de sa voix grave:


Ravi, il ne l'était pas vraiment. À vrai dire Mecha n'était jamais "ravi" mais il savait qu'exprimer de la joie à ses congénères améliorait les relations sociales et bien que la haine des autres ne le touchait nullement, il tenait à son image.

Le loup aux cheveux rouges s'avançait toujours vers le sombre. Son allure semblait quelques peu affaiblie et cela pouvait se comprendre car celui-ci avait fait preuve d'un grand courage face à EverBloom. Chaque loup qui peuplait l'île avait eu vent de ses actes et de sa bravoure. Cependant il ne semblait pas vouloir afficher son état actuel et faisait bonne figure. Il n'y avait pas à dire, ce personnage avait réellement la stature d'un chef.

Avançant toujours en direction du loup de fer, il confirma lui aussi son identité puis leva la tête vers le ciel, un aigle les survolait et avait laissé un cri s'échapper de son bec. Ce cri résonnait dans tout le dolmen et était venu lui aussi briser le silence qui y régnait il y a quelques minutes. La vie avait commencé à effacer les traces qu' EverBloom avait laissé derrière lui et tout semblait vivant de nouveau. La faune commençait à refaire surface et les chasseurs revenaient moins souvent la gueule vide. La flore avait presque retrouvé son état normal et désormais, presque seule la passe ventue comportait les stigmates de cette agression passée qui aurait pu emporter tout PunkWolf dans sa tombe.

Le loup au chapeau qui avait lui aussi levé la tête suite au cri du rapace l'avait rabaissée un peu plus tard que son interlocuteur qui avait laissé s'échapper un murmure presque inaudible dont il ne comprit pas la signification. Mecha ne pu s'empêcher de noter que mal grès la fatigue visible de son corps, Esterno grattait ce qui semblait être une racine. Comme si il se battait encore contre l'immense plante qui avait emporté bon nombre de leurs semblables, Brethens comme Séides. Le lupin mécanique toujours sur ses pattes observait son congénère qui se releva et lui lança :


Avant qu'il ne puisse lui répondre, il vit son interlocuteur passer à côté de lui et il fit un léger écart en chuchotant :


Un petit arc électrique s'était brièvement formé entre les fourrures des deux animaux mais il n'avait pas semblé attirer l'attention du plus âgé. Quelques centimètres de plus et le bougre aurait probablement finit au sol et le loup de fer s'en serait voulu toute sa vie... Après s'être écarté, il tourna la tête dans sa direction et vit qu'il l'incitait à le suivre. Tournant donc les talons, il le suivit en lui répondant par un simple et sobre :