Avenir incertain [RP Défi]

Le vent s’engouffraient parmi les crocs du grand Castel. Il sifflait, frappait la pierre, réveillant les loups au sommeil léger. Gloriel était de ces derniers. Il se leva avec peine, regardant le reste de sa famille endormie. Il ne dormait plus contre le ventre de sa tendre mère, il ne se chamaillait plus avec son frères Alys pour une histoire de meilleur lit moussu. Tous ses souvenirs n’étaient que le fruit d’un passé qui s’était effondré le jour où le damoiseau avait pris la fuite. Il s’en souvenait comme si cela datait d’hier. Il se revoyait marchant entre les herbes hautes des Plaines Savanes. Il avait fui un entraînement de son père, préférant l’école de la vie au cours barbant d’un sage guerrier ainsi qu’il quêtait une chaleur que l’automne allait lui arracher prochainement. Gloriel soupira, chassant cette scène tandis qu’il s’extrayait de l’alvéole réservée à sa famille. Il bailla sans retenu, ne voyant personne pour lui en tenir compte. Il soupira puis il décida de suivre l’appel du vent. Il parcourut le château de roc, cherchant la sortie où le vent le frapperait le plus. Loin de lui l’idée de se faire mal. Il ne désirait que sentir le souffle humide et cinglant de l’air pour mieux se réveiller. Il n’était plus un enfant … Elle avait pris fin physiquement il y a peu mais son âme, elle, avait changé. Il grogna contre lui-même. Quoiqu’il fasse, son esprit convergeait toujours vers cette scène du passé. Il ne cessait de se voir sauver un lapereau aujourd’hui défunt. Il se revoyait fuir tandis qu’un monstre canin le poursuivait. Ce cauchemar réel n’avait pas cessé d’amplifier, pourrissant jusqu’à ses rêves.

Gloriel trouva la sortie qu’il désirait. Il leva les yeux vers le ciel, découvrant que le petit matin venait seulement de zébrer la reine nocturne. Il soupira. La nuit avait été courte. Elles étaient toujours courtes après tout. Il n’arrivait pas à calmer ses pensées. Il avait certes grandit mais son esprit demeurait pour l’instant le sot enfant qu’il était, prisonnier dans un passé que son corps ne cessait de lui rappeler. Le jeune guerrier aurait pu tout oublier. Feindre qu’il n’avait jamais été poursuivi par un solitaire tandis qu’il protégeait une proie des crocs cruels du poursuivant. Oui il aurait pu reprendre sa vie comme si rien ne s’était passé mais son corps n’était pas de cet avis. Gloriel était marqué à vie des tortures qu’il avait subi ce funeste jour. Son poil avait cessé de cacher les cicatrices qui le recouvraient. Il ne passait pas inaperçu, tout le monde devait savoir qu’il était le rejeton de Méléagant. Ce même rejeton qui avait osé défié Cronos. S’il s’en était sorti indemne contre la déité, cela n’avait été le cas contre un mortel. Il était amoché et la fin de son enfance avait été conclue dans le sang et la cicatrisation de ses plaies. L’enfant turbulent était mort pour un jeune adolescent qui ne voyait que souffrance dans la vie.

Un long soupire s’échappa du loup gris et caramel. Une nouvelle journée venait se peindre, il devait se ressaisir car bientôt il devrait tourner la page et demander un glowstick. Il chassa tant bien que mal ses souvenirs macabres et il s’en alla du Grand Castel. Si autrefois l’édifice naturel avait été sa prison pour le soigner et l’empêcher de retrouver le solitaire, ce n’était plus le cas. Gloriel avait retrouvé sa liberté. Il pouvait désormais renouveler ses explorations. Il restait cependant sur les terres Ethelkrus, fuyant les terres Libres, évitant les autres royaumes. Il ne tenait pas à déclencher une guerre dans un monde à peine reconstruit comme il ne désirait pas retrouver le cauchemar noir sur les territoires neutres. Et aujourd’hui, le grand mâle se dirigea vers les falaises littorales. Il suivait la provenance du vent, luttant contre lui dans les zones dégagées. Le jeune guerrier avait une stature imposante qui ne cessait de se développer. Il devenait un fier soldat qui pour le moment ne voyait pas d’avenir plus loin que le bout de sa truffe. Il était une âme perdue après tout.
Il soupira et il marcha pendant un bon moment. Le ciel laissait place à une matinée bien entamée. La rosée du matin avait depuis peu disparue mais elle marquait encore le canin aux poils des pattes trempées. Il boitait un peu d’une patte avant, une petite douleur à son ergot manquant qui ne cessait de lui demander d’arrêter de poser cette patte malade au sol. Il ne l’écoutait pas. Il se refusait de croire qu’il n’était plus qu’un être mutilé. Il se refusait à l’idée qu’il pourrait passer pour un faible. Il voulait être fort tout comme ses ancêtres et ses frères et sœurs. Gloriel ne désirait pas devenir un boulet pour sa chère sœur Elaine. Autrefois sorcière, il avait fini par la voir comme une véritable guerrière depuis le combat contre la déité déchue. Un fin sourire éclaira le visage du jeune mâle. Aujourd’hui la vile sorcière était une alpha au côté d’un parfait inconnu à la mine effrayante. De plus, Elaine n’était pas la seule à être devenue une descendante de Méléagant importante. Il y avait aussi Anastasia qui était devenue l’Alpha des Lazulis. Les deux sœurs se retrouvaient d’une certaine manière ennemie et au milieu, la famille qui se retrouvait majoritairement Ethelkru. Sans doute que cela était vu comme une traîtrise aux yeux de la louve grise Lazulis mais cela n’empêchait pas son jeune frère de s’inquiéter pour elle. Il n’avait pas énormément de lien avec elle mais il l’adorait comme il l’admirait. Anastasia avait convaincu les Raeders de se joindre à la bataille contre Cronos et ça lui avait valu un profond respect de la part de Gloriel.

Le vent devint plus fort et plus mordant. Le mâle fixa l’horizon, admirant l’éclat de la mer qui scintillait de milles feux sous les rayons à peine chaud du soleil. Le spectacle coupa un instant la respiration du jeune loup. Il avait toujours été un explorateur et il admirait toutes choses de ce monde nouveau. Il esquiva un tendre sourire à la belle bleue encore endormie qui s’étendait au-delà des rochers sur lesquels il était posé. Il ferma un instant les yeux, profitant puis lorsqu’il parvint à calmer les pulsions de peur qui lui revenaient, il se mit en quête des escaliers qui menaient à la Crypte. Il était désireux de rendre visite à la Renarde. Il manqua plusieurs fois de chuter de l’escalier reconnu pour sa dangerosité. Il soupira de nombreuses fois mais Gloriel parvint à rentrer à l’abri du vent et d’une chute mortelle. Il s’ébroua, se décidant enfin à chasser les quelques gouttelettes qui s’acharnaient à rester sur lui depuis la rosée matinale. Il s’étira, détendant ses muscles jusqu’alors bien tendus pour la descente jusqu’au lieu divin. Levant les yeux après cette brève toilette, il s’avança vers la fontaine. Le jeune mâle s’émerveilla une nouvelle fois de découvrir les magnifiques ornements qui teintaient les murs. Il se posa près de la source, souriant jusqu’aux oreilles. Il se sentait calme en ce lieu. Le vent sifflait à l’entrée, comme l’invitant à un nouveau défi mais cette fois, le canin l’ignora. Il avait besoin de remettre de l’ordre dans son esprit et cet endroit l’aidait bien plus qu’il n’avait pu un jour y songer.
Gloriel leva les yeux vers l’immense statue faite en l’honneur de la déité. Dairo était magnifique, véritable renarde à la fourrure aux couleurs du crépuscule orange. Bien que la ruse la suivait comme son ombre, le jeune mâle voyait en elle un être relativement sage. Il l’idolâtrait sans aucun doute. Il ferma un instant les yeux. Il devrait bientôt se décider pour un glowstick. Il avait un an. Il avait l’âge où les jeunes demandaient aux dieux de devenir leurs disciples et représentants dans ce monde mortel.
Le mâle soupira une nouvelle fois et il se remémora ses voyages. La question du présent divin le suivait depuis qu’il fut en âge d’écouter et de comprendre les mots de sa mère. Winnifred avait conté de belles histoires, elle avait été celle qui l’avait initié à la religion. Lorsqu’elle avait commencé, PW était encore divisé par les Séides et les Brethens. Toute la famille du jeune guerrier avait appartenu à ce dernier clan. Son père en était même l’un des lieutenants avec son oncle Agravain. C’était le bon vieux temps même si au moment où lui grandissait, la menace Précursor amplifiait. Il était né sous le couvert de la Guerre et la Mort. Il avait assisté à la mort d’un monde pour en découvrir un nouveau. Il s’en était émerveillé enfant mais aujourd’hui, il commençait à regretter. Il se retrouvait séparé de sa famille. Tiraillé entre deux camps qui finiraient bien par s’affronter. Sans doute que les conflits n’exploseraient pas tout de suite mais ses descendants subiront sans doute le choix de se battre contre leur propre sang. Les dieux avaient été bien cruels de diviser ainsi les liens de chair. Gloriel ne comprenait pas cette initiative mais il ne pouvait détester les déités. Elles en avaient sans doute longtemps discuté depuis leur royaume céleste. Elles avaient sans doute décidé ainsi pour une raison qui échappait encore aux canins. Il était possible que si cela ne leur était pas arrivé, cela se serait posé des années plus tard. Bizarrement, pour le perdu qu’il était, Gloriel appréciait un peu ce sort. Il se retrouvait séparé de sa sœur Anastasia mais au moins il avait le choix de son chemin. Il pouvait changer de clan pour suivre sa voie. Tous les disciples se recherchaient dans les nouvelles factions. Ils abandonnaient leurs dieux pour d’autres, ils se pliaient à la vie de solitaire. Les Séides et Brethens étaient cassés et de nouveaux liens pouvaient se créer. Il préférait voir ce monde sous ce jour que celui de la séparation et des pleurs.

Un fin sourire éclaira son visage qui disparut bien vite. Il n’était pas là pour songer à la séparation mais pour faire une introspective de son avenir. L’épreuve d’un glowstick approchait à grand pas. Il devrait s’y soumettre s’il ne désirait pas devenir un solitaire. Il y avait songé mais il ne pouvait s’y résoudre. Il appréciait la solitude à petite dose. Il savait qu’il ne pourrait jamais se résoudre à la côtoyer à chaque instant de son existence. Il savait qu’elle finirait par le bouffer, le rendre fou. De plus, il avait besoin de protéger des gens. Personne n’avait pu le protéger du monstre noir qui l’avait mutilé alors il avait décidé qu’il deviendrait le guerrier qui aiderait la veuve et l’orphelin. Hors la vie de solitaire ne l’aiderait pas dans cette voie. Certes il pourrait errer sur les territoires mais après ? Il serait mal vu. Il serait en quelque sorte un paria. Il ne le voulait pas comme il ne désirait pas devenir comme son tortionnaire. Il voyait en la vie de solitaire une mort d’esprit vers la folie meurtrière dont était atteint ce Delduwath. Et cela, Gloriel ne le pouvait pas. Il se retrouvait donc à devoir choisir entre l’un des sept dieux. Il soupira profondément et pendant un bon moment. Il n’aimait pas trop faire des choix, craignant de toujours prendre le mauvais. Jusqu’à présent, son unique bon choix avait été celui de protégé le feu lapereau des griffes du canin noir. Le reste n’avait été que mauvais. Fuir les cours, se disputer avec sa famille, ne pas beaucoup parler à ses aînés dont Anastasia. Il regrettait sa petite existence et il ne désirait pas que cela se reproduise. Il leva les yeux vers la statue, une larme perlant de son œil salement amoché mais toujours voyant.

« Qui choisir …

Il baissa la tête et Gloriel se plongea pour de bon dans les souvenirs de ses excursions. Il se remémora la fois où il était tombé truffe à truffe avec un disciple du dieu Kiro. Le jeune mâle Ethelkrus était encore bien jeune et loin d’être mutilé. Il avait fait face à ce canin inconnu, partageant comme unique lien leur appartenance au même clan. Ils avaient discuté pendant un bon moment de tout et de rien. Le loup sage et surtout patient avait répondu à de nombreuses questions de bon enfant puis seulement après des réponses convaincantes, l’enfant s’était lancé dans celles concernant le Dieu Kiro. Il se souvenait que l’Anaconda était un être vif et taquin mais il apprit bien plus encore du disciple. La déité aimait bien se jouer de ceux qui lui prêtait serment, leur faisant des blagues parfois malaisantes. Il ne fallait pas avoir peur d’être pris pour cible de ses jeux saugrenus. L’enfant que Gloriel était avait trouvé cela drôle puis la discussion finie et le loup sage voulant le ramener à ses parents, il avait filé sans demander son reste, usant sans doute des qualités pour passer l’épreuve du Dieu. Il s’était alors rendu dans ce temple, traversant le marais avec une moue de dégoût. Il n’avait pas gardé de bons souvenirs de cette exploration où il s’était retrouvé sale des pattes jusqu’aux oreilles, ce qui lui avait valu un bon sermon de sa mère. Les dangers marécageux franchis, il s’était tenu près de la fontaine, détaillant le lieu saint. Il s’était attendu à recevoir quelque chose, comme une petite décharge qui lui intimerait qu’il avait trouvé son dieu mais rien de tel ne se produisit. Penaud, il était retourné à son clan pour y être puni et lavé à son retour. Aujourd’hui, le mâle savait qu’il n’était pas fait pour l’Anaconda. Il avait grandi et avait perdu aussi bien de l’agilité que de la rapidité.
Peu de temps après, se montrant forte teigne et surtout doté d’une grande force physique, des Ethelkrus le guidèrent vers le temple d’Aka. Ils voyaient en lui un futur disciple du Grizzly car l’enfant ne cessait de se développer, prenant une apparence forte et pleine de muscles. Lorsque les adultes l’avaient mené à cet endroit sacré, Gloriel n’avait rien senti de particulier mais il s’était mis en tête qu’il convoiterait la lumière rouge de la déité et qu’il lui vouerait allégeance. Il n’avait plus cherché très loin, répétant qu’il deviendrait le meilleur des disciples d’Aka mais cette illusion se brisa bien vite. Il demanda des informations à Méléagant, son père qui en était disciple. Le dieu écarlate n’était pas reconnu pour sa patience ou même sa clémence. Il était une brute, une forte tête et bien ce que l’enfant partageait ce dernier point, il ne se reconnaissait en rien dans la description du grizzly et à ce moment là, il s’en détacha. Il savait qu’il n’était pas fait pour cet être divin.
Gloriel n’en parla pas à ses proches mais un beau jour, séchant une nouvelle fois les cours donnés par des anciens, il s’était éclipsé pour aller affronter le danger des falaises littorales. Il s’était faufilé dans les escaliers, descendant jusqu’à la Crypte. Il avait utilisé le même trajet qu’en ce jour mais à l’époque la difficulté était plus palpable. L’enfant s’était tenu à la même place que son lui actuel, fixant la statue de la déesse. Il se remémorait les paroles de sa mère, se rappelant de la manière dont elle avait décrit la Renarde. Aimable, juste et fière, elle aurait pu lui convenir. Gloriel aurait pu plier l’échine devant elle, demandant à devenir l’un de ses disciples mais même aujourd’hui, il n’en ferait rien. Il appréciait ce lieu mais il n’y ressentait rien qui pouvait le lier à Dairo. Elle était le symbole de la ruse et de l’imagination. Il débordait de la dernière mais de la première, non et cela n’avait jamais été son cas. Il savait qu’il ne pourrait se lier à elle et pourtant, il n’avait pas cessé de venir chercher calme et quiétude au sein de la Crypte. Sans doute espérait il qu’il finirait par trouver … Qu’il finirait par rentrer dans le moule orange mais en vain.

Ne sentant guère de lien envers les Dieux Ethelkrus, il avait mis le cap sur ceux que chérissaient les autres clans. En premier lieu, il s’était rendu chez les Nakhus. Il avait visité le temple, il avait assiégé le pauvre Oracle par milles et une question sur l’apparence et surtout le regard noir de ce dernier. Il était aussi semblable que celui des corneilles et l’enfant avait trouvé que la déesse et le disciple étaient bien accordés. Bien évidemment, il demanda si tous les disciples recevaient un lavage des yeux … Cette pensée arracha un rire à Gloriel. Il était bien niais à ce moment là encore. Il se calma et se concentrant sur cette scène, il se remémora les paroles du dénommé Sarcan. La déesse violette était pleine de sagesse et de justice. Elle lui correspondait dans sa manière de voir et d’agir. Il était certes encore turbulent mais il se battait souvent pour le bien des siens, n’hésitant pas à braver des dangers pour les secourir. L’enfant s’était reconnu mais une part de lui demeurait insatiable. Il se dit alors qu’il verrait après s’être entretenu pour avoir des informations sur les autres dieux.
Lorsqu’il s’était rendu sur les terres Lazulis, il avait suivi un disciple du dieu Vert jusqu’au temple. Il l’avait harponné, lui posant de nombreuses questions sur le Dieu qui avait érigé sa source sous les berges d’un lac magnifique. Il avait eu du mal à écouter dans la totalité les paroles du disciple vert. Il ne retint de Mido qu’un être qui aimait se pavaner fier comme un paon pour l’intelligence qu’il possédait. Gloriel doutait de ses capacités. Il était souvent distrait et il avait du mal à retenir pas mal d’éléments. Il ne se sentait pas bête mais pas non plus un être comme les appréciait le Raptor et ce fut le cinquième échec du louveteau.
Ne perdant guère la foi, il avait fini par se retrouver proche du temple d’Ao un beau matin. Il avait suivi une luciole puis cette dernière disparue, il avait marché près du fleuve jusqu’à tomber sur la prêtresse de la Dragonne. Le jeune mâle lui avait posé de nombreuses questions sans pour autant demander le caractère de la déesse. Il n’y avait pas pensé, songeant qu’elle n’était pas pour lui à ce moment là car Neït l’avait informé de l’épreuve. Affronter sa plus grande peur. A l’époque le mâle craignait les femelles plus que tout et ne se sentait pas près à leur faire face. Qu’en est-il aujourd’hui ? Gloriel se posa cette question et il souriait. S’il se présentait à la louve bleue, il affronterait ses peurs plus ou moins avec brio mais il se sentait capable de leur tenir tête. Le combat avec Delduwath l’avait changé. Il n’appréciait et craignait encore ce passé mais les louves demeuraient son pire adversaire. D’ailleurs il doutait être aussi insouciant s’il recroisait la disciple d’Ao. Il y avait des chances qu’il reste loin d’elle et à éviter qu’elle ne s’approche trop de lui. Il pouffa de rire. Il n’était pas bien courageux mais il y ferait face s’il le fallait.
L’enfant était parti sans même demander de plus amples informations à la prêtresse. Il voulait découvrir le temple de Moiro mais il avait été ramené au Grand Castel et aujourd’hui, il savait qu’il ne pourrait plus se montrer devant la Tigresse. Il n’avait pu demander des informations avant le terrible jour qui lui avait laissé comme marquage ceux de cicatrices. Gloriel savait qu’il n’était pas beau et qu’il ne pouvait prétendre à un glowstick du côté de la déité rose. De plus, elle était superficielle et lui non. Il savait au fond de lui qu’ils n’étaient pas faits pour s’entendre.

Levant les yeux une nouvelle fois vers la statue, le jeune guerrier poussa un profond soupire. Il se sentait en accord en cet instant avec deux divinités. La première était Yuraï et la deuxième, Ao. La déesse bleue l’avait marqué depuis son entrevue avec la prêtresse comme il se souvint avoir vu de nombreuses fois un dragon azur lorsque la fièvre et le sang de ses plaies le clouaient dans son lit de mousse. Il y avait vu comme un signe pour la déité alors que plus il songeait à Yuraï, plus il ne sentait pas en symbiose avec elle. Ils se ressemblaient mais il doutait être digne de sa sage parole. Il se connaissait, fonçant dans le tas et regrettant ses gestes. Il n’était pas le loup posé que les disciples de la Sagesse semblait être. En soit, il lui restait donc au final qu’un choix. Il grogna contre lui-même. Il aurait préféré que tout soit plus facile. S’il rejoignait la déesse bleue, il abandonnait sa famille Ethelkru, sa mère, son père … Korra et Alys. Il deviendrait l’ennemi sans doute futur de ceux qu’il aimait. N’était-il déjà pas l’ennemi de sa sœur Anastasia ? Si. Il se sentait perdu, tiré dans les deux camps comme une vulgaire poupée de chiffon. C’était la raison pour laquelle il avait gardé le choix de Yuraï car les Nakhus étaient la neutralité, ils veilleraient donc sur les deux camps en plus du leur. Il appréciait cette manière de faire mais il savait qu’il finirait par s’en détacher. Il n’était pas comme les Nakhus. Il sentait qu’un jour ou l’autre, il basculerait dans un destin qui ne leur correspondrait pas. Il ne pouvait l’expliquer mais il le sentait.

Le mâle fit les cents pas dans la crypte. Ce choix le déchirait. Il poussa un geint et finit par se laisser tomber au sol. Ses cicatrices le lançaient. Il avait bien compris que dès qu’il avait mal psychologiquement, son corps répondait par de vilaines douleurs là où Delduwath l’avait marqué. Gloriel lança un regard désespéré à la fontaine. Il aurait tant voulu trouver un dieu qui lui correspondait parmi les Ethelkrus car s’il partait, il ne trahissait pas que sa famille mais aussi tout ceux avec qui il avait des liens. Il ne savait plus quoi faire.

« Que dois-je faire Dairo ?

Sa voix était enraillée. Il ignorait qui il devrait choisir. La voie de la famille ou celle de son coeur. Il soupira pour la énième fois. Il haïssait ce choix même si au fond de lui, il savait que les Ethelkrus n’avaient plus rien à lui apporter. Gloriel était grand désormais. Il savait se débrouiller, chasser ou encore se battre. Il n’était plus le louveteau fuyard ou celui qui restait dans la tanière familiale, la fièvre le faisait trembloter, des saignements incessants et avec la Mort qui lui rôdait autour. Non il avait bien changé, laissé sa niaiserie dans son passé. Il devait changer et non stagner. Actuellement il se sentait pris au piège comme lorsqu’il s’était retrouvé dans le terrier, se cachant du sinistre monstre noir. Au final, l’enfant avait choisi de foncer dans le tas alors pourquoi le jeune guerrier n’y arrivait-il pas ? Il couina en revoyant une image de sa mère lui souriant. Il ne voulait pas la quitter. Il vit son père parler à d’autres guerriers. Il ne voulait le quitter. Il vit la douce Korra près d’un bosquet de fleurs, s’agitant avec la grâce acquise de leur mère. Il ne pouvait pas la laisser non plus. Il vit Alys qui se moquait de lui, les nombreuses batailles qui enchaînaient pour se prouver qui était le plus fort. Il ne pouvait abandonner son très cher frère. Toute cette famille lui tenait à coeur, comme Athelstan et Elaine qui s’étaient éloignés du cercle par leur grade et devoir. Gloriel toussota et il alla s’asseoir devant la fontaine. Il leva les yeux et là, il songea que la vie de solitaire serait sans doute la meilleure chose à faire. Il serait un traître aux yeux de son clan mais au moins, il ne rejoindrait pas de futurs ennemis. Il pourrait veiller sur les siens et intervenir malgré la damnation qui pèserait sur lui. Oui, tout serait si simple. Mais il ne désirait pas absolument pas de cette vie d’errance.

Gloriel, toujours pas éclairé sorti de la Crypte. Il s’apprêtait à s’en aller, repousser son dilemme une nouvelle fois mais le vent cinglant le rappela. Il faillit défaillir mais il retrouva son équilibre et il regarda le ciel bleu. Il ferma un instant les yeux tandis que ses cheveux voletaient autour de lui, bercés par le souffle chaud du vent. La jeune guerrier savait. Il ne pouvait pas se permettre de repousser l’échéance. Il devait se décider. Il devait enfin prendre ses responsabilités. Il se tourna vers la fontaine et il se mit à sourire. Il prendrait les responsabilités du coeur. Il irait quérir Ao pour un glowstick. La dragonne était celle qui lui correspondait le mieux et puis, elle avait accepté parmi elle le drôle de numéro qu’était Neït, alors pourquoi pas lui ? Quant à sa famille, il doutait que ses parents le retiendraient. Après tout, qui empêcherait ses enfants de suivre leur voie ? Certains ne s’en privaient pas mais ce n’était pas le cas de sa famille. Il la voyait assez ouverte et puis, il ne leur disait pas adieux. Il comptait bien les revoir en douce. Il était temps pour lui de s’envoler et de suivre ce vent au-delà des terres Ethelkrus. Il était temps pour lui de devenir un protecteur et il accomplirait sa mission en s’en acquittant auprès de sa sœur seule chez les Lazulis. Il veillerait sur elle là où ses parents ont échoué.

Déterminé, le mâle commença à remonter les escaliers. Il souriait. Il était heureux. Il avait enfin trouvé quel chemin suivre. Il voyait son avenir s’étendre plus loin que le bout de sa truffe. Il se voyait déjà fier comme un paon parmi les Lazulis, un glowstick pendouillant à son cou, regardant d’en haut cette fois-ci Neït. Il était heureux à l’idée d’échanger les rôles de petitesse avec la prêtresse. Il idéalisait son futur mais le vent le lui rappela, le giflant fortement et le plaquant contre la paroi. Gloriel lâcha un couinement, presque assommé. Il parvint à se ressaisir et il se leva, grognant après le souffle hautain puis dans son esprit, ce petit rêve se brisa. Il voulait quitter les Ethelkrus pour les Lazulis, mais serait-il accepté dans ce clan ? Il espérait bien, priant qu’Anastasia l’aide. Quoique, s’il faisait ses preuves, il serait davantage mieux vu qu’un loup pistonné. Mais comment montrer sa valeur ?
Il ne bougeait plus contre contre la paroi, laissant le vent le taper avec force. Il réfléchissait, cherchant comment faire. S’il acquérait son glowstick en premier lieu, les Lazulis ne pourraient sans doute pas le refuser mais est-ce qu’Ao se montrerait si lui, paria Ethelkru se pointait dans son temple sans faire parti du clan en qui elle octroie son pouvoir ? Gloriel ne savait pas donc ce qu’il devrait faire en premier lieu … Il soupira et reprit son ascension quant une idée germa dans son esprit. Il avait besoin d’informations et cela, il les aurait auprès d’une jeune louve qui avait osé parler de ses noisettes alors qu’il était un enfant. Le mâle allait chercher des informations auprès de la demoiselle égyptienne, Neït. Il s’ébroua après être sorti des escaliers. Et puis, elle l’aiderait sans doute à se préparer. La peur d’échouer à son épreuve était tout aussi présente. Arriverait-il vraiment à vaincre s’il se retrouvait contre un harem de louves hystériques ? Arriverait-il à rester poli et à ne pas les froisser ? Il avait tant de questions. Une telle peur d’échouer qu’il se devait de se préparer. Pas question de se pointer dans le temple de la Déesse sans faire une petite préparation au préalable. Il lança un rapide regard vers le grand Castel. La journée était à moitié entamée, il lui restait donc un après-midi. Il fila vers les terres Lazulis où plus précisément vers le temple de la Dragonne. Il espérait y trouver la prêtresse pour qu’elle l’éclaire une nouvelle fois. Mais cette fois-ci, pas pour des questions niaises de louveteau mais pour un avenir.