Hargne et défoulement [Kat x Mayuri][Violences à venir]

KAT

Ses foulées sont amples, il trottine sans que son esprit n'intègre les images du paysage qui défile sous ses yeux plissés. Il ne sait pas ce qui l'incite à déambuler ainsi sur des terres qui ne sont pas les siennes, mais il continue encore et encore depuis les premières lueurs orangées qui accompagnent la montée de l'astre brûlant. Et puis de son point de vue, il est partout chez lui, pas de limites, pas de meute ni d'obligation. Seule le règne du libre arbitre dessine les contours des endroits où il se rend. Et puis, plus grand chose n'était intéressant à observer sur ces terres désolées, hormis des troncs brisés par la sécheresse et une terre craquelée qui pleure encore les conséquences de la désertification. Alors pourquoi s'inquiéter de territoires qui ne forment plus qu'une seule immensité au yeux de tous ?

Son estomac grogne, réclame son dû alors que son hôte ne s'est pas sustenté depuis la veille. La flemme, fléau des nouveaux temps avait envahi l'âme du solitaire qui malgré le soleil haut n'avait point envie de se lancer dans une course effrénée. Il ruminait, cherchant encore et encore des traces de sa sœur portée disparue. Kit était sa vie, la moitié de son âme, et la boussole qui orientait son âme perdue. Désormais il n'a plus rien, plus que quelques êtres sur ces terres qu'il n'a pas vu depuis bien trop longtemps à son goût. Alors il sent cette lueur d'instabilité monter en lui, lui enserrer la matière grise pour lui susurrer de se défouler et de se laisser aller. Et pourquoi s'en priverait-il après tout ? Il était sot, c'était un fait. Mais l'imposant mâle n'en était pas moins fort et tenace, et l'envie de retourner les terres jusqu'à retrouver sa sœur le guidait désormais.

Son sang danse, lui infuse la mélodie de la traque et l'endurance pour qu'il s'élance en se déchargeant d'une partie de ses émotions. Il avait mal, car une partie de lui savait et avait déjà accepté l'idée qu'il ne la reverrait plus. Jamais. Probablement avait-elle été maltraitée, tuée par un de ces bâtards de loups dressés et obéissants. La haine et le rejet de ces possibilités le maintenaient la tête hors de l'eau. Alors il parcours les terres, ne sachant trop ce qu'il attend au bout de ce périple.
Une chose est sure, c'est qu'il n'imaginait pas croiser le passage de cet être étrange entité, moitié immaculée et moitié souillée. Une âme pure, et qui pourtant en a déjà tant vu et pour qui le bonheur réside dans le sourire de tout un chacun. Non, tout ça il ne le sait pas et pourtant les lignes sont d'ores et déjà écrites, son avenir scellé avant même qu'il ne concrétise ses actions. Pour cet esprit inculte, les choses se déroulent sans destiné, et c'est lui-même qui crée et oriente son parcours et non pas de vulgaires Dieux trop vieux qui se terrent bien loin d'eux, sauf quand il s'agit de leur planter un couteau dans le dos.
Il avait depuis plusieurs années déjà, associé les plus tragiques événements à ces nombrilistes et cupides Dieux dont tant de loups vouaient les mérites. Si stupides. Un renâclement indélicat s'échappe de sa gueule à la pensée de tous ces idiots manipulés. Il cracha un gros mollard sur la terre asséchée en preuve de ses conviction et de toute la dévotion dont il faisait preuve à l’égare de ces indignes puissances divines.

Et lorsqu'il ralentit, ses coussinets chauffés par la longue course, il découvrit autour de lui un environnement qu'il ne connaissait pas jusqu'ici. Une vallée dissimulée au cœur des montagnes, protégée par de hauts pins dénués d'épines. Une brise agressive vient lui harceler ses cours poils, comme pour lui annoncer qu'il n'est pas le bienvenue en ces lieux. L'herbe jaunie et sèche comme de la paille se brise sous son poids, crissement d'agonie de ce lieu profané bien avant son passage. Le loup massif s'arrête au centre de la vallée, un peu surpris de découvrir un tel endroit entretenu alors même qu'il semblait si perdu. Un temple s'élève des tréfonds de la terre pour s'imposer à se vue. Génial, de tous les espaces qu'il pouvait découvrir, il avait fallu qu'il tombe truffe-à-truffe avec un lieu de culte. Sa colère monte, soudaine et incontrôlée, inexpliquée et intarissable. C'est à ce moment précis qu'il la vit, et son regard intense se focalisa sur cette forme fine et délicate.

MAYURI

Elle ne sait pas ce qu'elle attendait de cette visite au temple de son Dieu. Peut-être des réponses aux multiples questions qui s'orientent majoritairement sur les raisons des derniers événements. Mais pas une nouvelle ne lui parvient, plus un murmure ou simplement un signe ne lui est transmis depuis que le cerf magique était tombé. Peu à peu le temple se vidait de ses fidèles, voyait les offrandes se raréfier, alors même que le peuple de cette Déesse pleurait ses pertes. Tant d'âmes s'étaient vues retirer la possibilité de faire battre leur cœur, tant de gibier s'était éteint ou avait simplement fui en de lointaines contrées pour survivre. Elle lâcha un profond soupir, les paupières closes dans ce lieu de culte. Le silence apaisait son esprit troublé, lui permettait de faire le point sur tout ce qui lui faisait des nœuds aux neurones. Et plus que tout, lui permettait d'occulter la douleur constante du manque de sa famille.

La perte de sa mère l'avait impactée au plus haut point, et l'acte de son père avait fini de la convaincre que tout n'était pas obligatoirement joyeux dans cette vie. Le deuil était encore présent en elle cruel et insatiable, mais quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise, la louve blanche mouchetée de noir ne parvenait pas à se sentir sereine. Elle voudrait trouver une solution, voire même l'oubli le temps d'une seconde et redevenir l'enfant qu'elle avait été. Son don la fatiguait, et le poids des années passant se faisait ressentir. Si elle ne pouvait voir que son pelage était marqué de nervures inquiétantes et que certaines zones paraissaient fanées, Mayuri le ressentait. Comme un froid humide qui s'insinue dans le corps, faisant grelotter alors même qu'on ne semble pas trouver de réelles raisons. Mais le mal était là, en elle, ancré dans ses cellules ses muscles et son sang. Si elle ne pouvait prédire l'avenir, son contrat avec la Corneille avait toujours été limpide : son don finirait par la tuer.
Mais elle l'avait accepté, car le bonheur de soulager la douleur d'autrui était la raison qui la poussait à continuer de se lever chaque matin même lorsque son esprit ailleurs, tourné vers les défunts.

Toujours aussi certaine de ce point, elle se releva et se détourna de la fontaine au liquide violacé. Il était temps d'aller prendre l'air et de gonfler ses poumons d'oxygène. D'autant que les heures avaient dû passer plus rapidement qu'elle ne le pensait comme à chaque fois qu'elle venait se recueillir. Se mouvant avec une grâce innée, elle sortit de la structure de pierre où le lierre avait élu son royaume par endroit. Et si elle ne pu deviner l'imposant individu qui se trouvait non loin d'elle, son odorat développé en contre partie de sa grande malvoyance le lui signala. Les effluves musquées et puissantes d'un mâle inconnu vint lui chatouiller les synapses. Alors elle fit résonner sa voix douce dans l'étendue de la Vallée aux Murmures.

« Bonjour jeune inconnu, je suis Mayuri. Ton âme s'est-elle perdue pour que tu te retrouves en ces terres ? As-tu besoin d'aide pour retrouver la voie qui t'es destinée ? »

KAT

Le massif loup au dégradé de brun agrippa la forme svelte et délicate de la nouvelle venue du regard. Il l'écouta d'une oreille distraite, trop énervé par sa propre présence en ce lieu soit disant sacré pour y prêter une réelle importance. D'autant plus que le comportement maniéré de cette Mayuri avait tout de quoi le faire tiquer, lui le loup cru, le malotru. Si âme il avait, il ne s'en souciait guère : vivre libre lui ôtait la réflexion sur de pareils questionnements. Certes les Dieux existaient, peut-être que chaque être vivant sur cette terre avait une âme et partait rejoindre les péquenaud décédés dans un coin de paradis. Mais pour Kat, pour ce roublard aux pattes bien ancrées sur terre, tout cela relevait d'une utopie qu'il ne parvenait pas à envisager.
Aussi ne prit-il point la peine de répondre à la blanche striée d'une couleur violacée sur ce point, et préféra s'arrêter à sa seconde question dans un sourire féroce.

« Penses-tu p'voir m'aider miss donzelle ? J'aimerai beaucoup qu'tu m'montres la voie tiens ! »

Il sentait la frustration des mois passés à errer peser dans ses pattes, et la disparition de sa sœur quant à elle avait laissé un trou béant dans le cœur et l'esprit du benêt. Il était devenu plus hargneux, moins joyeux. Plus virulent et violent. Impulsivité ou encore perte de contrôle, autant d'éléments qui avaient transformé ce gros nounours en bête instable. Le gang s'était disloqué, les membres s'étaient éparpillés ou avaient pris le large sans même prendre la peine de le prévenir. Désormais, il était seul. Les terres Punk wolfiennes n'étaient pas des plus accueillantes et chaleureuses pour un renégat sans compagnie. Sa grande chance était de porter cette carrure imposante qui naturellement évinçait la majorité des potentiels agresseurs. Aussi voguait-il sans but précis à la recherche de nouveaux territoires, et de nouvelles rencontres plus ou moins passionnantes à ses yeux. Et puis qui sait ? Peut-être parviendrait-il à reformer un nouveau groupe avec lequel il pourrait s'amuser et profiter des plaisirs simples de la vie.
Il s'approcha alors de la fine fleur que représentait la nouvelle venue, l’œil torve et les intentions fort peu pacifistes. Il ne savait pas encore ce qu'il allait provoquer, mais Kat avait ainsi décidé que Mayuri serait sa porte de sortie du jour pour oublier. Oublier cette douleur lancinante qui lui collait au corps telle une tique. Un grognement approchant du ronronnement s'échappait de ses cordes vocales sans qu'il ne cherche un tant soit peu à le contenir.

« J'pense même que tu vas m'être d'une grande aide pour m'passer l'temps... »

Et sans prévenir, d'un mouvement brusque et précis, il lança sa puissante patte contre l'épaule de la louve si fine et fragile. Violence gratuite et imprévue. Il avait envie de la secouer un peu cette prétentieuse aristocrate à la voix posée. La brutaliser un peu allait lui permettre d'évacuer son trop plein de hargne du moment. Une lueur malveillante s'alluma au fond de ses yeux bleus, promesse muette des vices à venir. L'innocence qui exsudait de tous les pores de Mayuri, il allait la briser. Oh oui, virer ce sourire agréable de ses traits fins, lui faire découvrir la réalité de la vie en ce bas monde. Sa nouvelle quête décidée il émit un rire rauque, de ceux qui tendent à irriter les tympans. Oui, à n'en pas douter il allait faire d'elle son nouveau jouet, son occupation en prévision de l'hiver qui approchait à grands pas.
Alors que le coup porté avait déséquilibré la malvoyante et l'avait poussé à choir dans les rares touffes d'herbes jaunies, le bourru et bourreau de l'instant s'assura de l'empêcher de se relever en plaçant une de ses grosses pattes sur le corps avachi à ses pieds. La pression qu'il exerçait, il savait qu'elle le ressentirait et ne souhaitait qu'une chose : voir si cette petite souillon allait rester gesticuler tel un papillon à qui on aurait arraché ses ailes. Et il jura intérieurement qu'il valait mieux que ça soit le cas, car si elle se soumettait aussi simplement cela le contrarierait fortement. Et soyez-en sur, elle n'avait pas envie de le contrarier.

MAYURI

La douce et délicate louve aux iris gris sentit un frisson lui remonter le long de l'échine lorsque retentit dans cette zone de repos, la voix abrupte du nouveau venu. Diantre, pourquoi se sentait-elle inquiète alors même qu'il n'avait point tenu des propos incongrus ? Son instinct lui jouait-il des tours ou aurait-elle dû l'écouter sans se poser de question et fuir avant de découvrir si elle avait fait un choix stupide en s'attardant ? Ses oreilles s'agitaient en tentant d'éclaircir ce qui couvait dans les paroles de ce mâle inconnu. La blanche aux stries noircies fit pencher son fin museau, dans une tentative inutile d'augmenter sa concentration. Dans le même temps sa truffe frétilla pour recenser le parfum de son interlocuteur.
En note de tête, de la sauge sclarée. En note de cœur, le cacao. Et en note de fond, l'ambre. Suave, puissante, entêtante et surtout intense. Si son côté primaire n'aimait pas les signaux qu'envoyaient ce loup en s'approchant, son odeur plaisait à Mayuri. De l'étoffe d'un mâle en pleine santé. Mais elle n'avait pas réellement le temps de s'attarder sur son analyse et ses réflexions car il laissa une nouvelle slave de mots s'échapper de sa gueule.

L'occuper ? Comment allait-elle bien pouvoir faire passer le temps à celui qu'elle distinguait vaguement proche d'elle ? Et puis ce rire, à la limite du malsain la fit déglutir. Cette fois-ci la gracieuse descendante de Winnifred perdit de sa superbe, car il n'y avait plus lieu de s'interroger sur les bonnes intentions du mâle. C'est à l'instant même où sa matière grise décidait de lui exprimer cette pensée qu'elle reçu un coup qui la fit ployer sur le côté. La gifle, inattendue autant qu’inappropriée, l'avait cueillie sans que sa vision amoindrie ne lui ait permis de se préparer à l'impact. La brûlure cuisante qu'elle ressentait dans sa joue lui fit monter les larmes aux yeux.
Elle tenta de se relever, mais l'inconnu pesait de tout son poids sur sa cage thoracique, la coupant dans son élan. La longue queue fanée de la femelle fouetta rageusement l'air tandis que son cerveau lui hurlait de ne pas exposer ainsi son poitrail et son ventre. Trop faible, trop offerte à la mort dans cette position. Par Yurai, que se passait-il au juste ? Pour quelles raisons quelqu'un déciderait-il de s'en prendre à elle, alors même que Mayuri était certaine de ne jamais avoir outré une âme pour mériter ce châtiment. Non, il y avait une autre explication à cette attaque emplie de brutalité et de méchanceté pure c'était obligé.

Un grondement sourd lui faisait vibrer les cordes vocales, et elle propulsa ses pattes arrière vers celle de l'inconnu qui la clouait au sol tel un papillon. Ses griffes trouvèrent la chaire, labourèrent ce qu'elles pouvaient au passage. Et sans attendre une seconde de plus que l'imposant mâle ne se reprenne, elle fusa pour se remettre sur patte. Événement plus ou moins réussi puisqu'elle trébucha à la suite pour se retrouver assise dans la poussière. Trop vite, perte d'équilibre classique pour la femelle, sauf que là ça n'arrangeait vraiment pas ses affaires. Fixant le mâle, ou du moins un point dans la masse qu'elle entrevoyait, elle lança d'une voix pleine de remontrances et d'irritation :

« Bougre, mais enfin malotru comment osez-vous me surprendre de la sorte ? Pourquoi un tel déferlement de violence alors même que vous ne me connaissez pas ?! Avez-vous ne serait-ce qu'entendu ce que sont les concepts de bienséances et de protocoles ? Non, impossible sinon vous ne vous seriez pas jetés sur moi de la sorte, non mais enfin on n'a jamais vu ça de nos jours cela ne se fait plus … Mécréant ! »

Son timbre était perçant, plus aigu que d'habitude en réaction à la montée de stress et d'adrénaline. Elle avait peur de ne pas simplement pouvoir fuir, sa cécité étant un sacré frein pour elle dans ce cas malgré sa connaissance du terrain. D'autant plus qu'elle sentait le prédateur en cette bête enragée, et cette solution aurait probablement exacerbé ses instincts. Non, mieux valait camper là et prier très fort la Corneille pour qu'elle s'en sorte. Le cœur palpitant et les muscles contractés, la douce tenta de reprendre assez de contenance pour parler d'une voix plus tempérée et assurée.

« Cessez donc ces enfantillages, si vous voulez passer du bon temps, accompagnez moi plutôt faire une ballade sur mes terres et servez moi de loup guide. Rendez-vous utile à défaut d'être délicat, espèce de brute. »

Sa joue la brûlait, piqûre de rappel sur ce qui l'attendait si son stratagème de distraction et d'apaisement venait à ne pas fonctionner...

KAT

Il hésita entre répondre par la violence, ou saluer le geste de la louve qui se fanait à vue d’œil. Elle faisait peine à voir, mais malgré tout elle avait eu l'audace de tenter de se soustraire à sa masse. Et puis bordel ça piquait ces petites onglettes de bonnes femmes ! Il sentait la langue brûlante de la douleur lui lécher les égratignures plus ou moins profondes que la blanche venait de lui infliger. Hésitant quand à la démarche à suivre pour la suite de son plan, le massif loup crème observa la soit disant dénommée Mayuri.

Mais aussi triste que cela puise paraître, il avait affaire à une véritable buse. Car si tôt fut elle sur ses pattes que son arrière train maigrichon atterrit sans aucune aide extérieure au sol. La surprise refoula un instant la colère qui avait saisi l'âme du guerrier né. Était-ce une blague destinée à lui faire croire quelconque sottise que le mâle ne comprenait pas ? Entrouvrant la gueule pour interroger agressivement son interlocutrice, il n'eut que le temps de la boucler pour l'écouter monologuer.
Il était impressionné de cette capacité, qui semblait innée aux femelles d'ailleurs, celle de parler sans laisser le moindre blanc à combler. Envahissantes, irritantes petites choses qui lui laissaient un goût amer dans la gueule, l'impression cuisante qu'il n'avait pas voix au chapitre. Alors que c'était lui, le grand gabarit, qui lui avait permis d'entamer l'échange.

Plus il croisait des entités féminines, plus il sentait que sa sœur avait été une personne à part. Elle était tout, elles n'étaient rien. Des potiches de décorations fragiles et destinées uniquement à servir de reproductrices ambulantes pour permettre à leur sang de perdurer. Alors qu'elle avait été une leader, une bagarreuse et fouille merde intelligente et puissante. Cela dit, il ne pouvait que concéder que les bécasses qu'il crisait désormais avaient le temps d'aller traîner leur truffe auprès des instruits car à chaque rencontre des termes qui lui étaient étrangers étaient prononcés. Le serpent de l'énervement se faufile en son âme, frustré à l'idée qu'on le prenne de haut de par le vocabulaire. Lui parlait avec ses muscles, c'était beaucoup plus clair et simple que les nombreux sous-entendus qui pouvaient être dissimulés sous des phrases empoisonnées.

Il ne put qu'éclater de rire en entendant la proposition de l'aveugle en face de lui. Elle venait de se faire malmener et ne trouvait rien de mieux que de proposer à son bourreau une petite virée pour s'occuper. Peut-être la louve n'avait-elle aucun instinct de survie, ou bien était-elle trop sonnée par son coup pour réfléchir lucidement.

Et pourtant, le grand mâle se surprit à apprécier ce culot auquel il n'était pas habitué de la part de la gente féminine. Aussi stupide que cela était, il se demandait si la dérangée de service ne pourrait pas réellement lui passer le temps autrement que par la violence et les cris. Un exutoire, une porte de sortie vers ses sombres pensées, l'ouverture sur de nouveaux rires. De ceux qu'il avait connu, qu'il avait laissé échapper de ses poumons jusqu'à suffoquer. Ses amis lui manquaient, sa vie d'antan n'était que lumière qui s'était éteinte au fil des désillusions. Et si cette Mayuri pouvait lui redonner la foi en l'innocence ?
Non, impossible, il était depuis bien trop longtemps englué dans ses machinations malsaines. Alors il s'imagina un nouveau jeu, de nouvelles règles spécialement conçues pour elle, pour eux. Il lui tourne autour, tel un requin prêt à fondre sur sa proie.

« Jouons petite idiote, amusons nous de ma proposition. Je te laisse m'emmener là où tu le souhaites. Cependant si l'endroit ou la ballade m'ennuie, un gage t'attendra à chaque étape de notre périple. Je ne te les dévoile pas, je ne souhaite pas que tu abandonnes cela serait tellement irritant et déprimant. Voyons si tu seras capable d'occuper mon esprit pour m'éloigner de mon objectif premier. Je te suis gente dame, après vous... »

Le sarcasme suintait de ses paroles, persuadé qu'elle ne tiendrait pas deux manches. Mais une pointe, une délicate et discrète lueur d'espoir, le faisait espérer qu'elle réussisse à le surprendre. Et sans qu'il ne s'en rende compte, Kat venait d'être habilement manipulé par la femelle pour repousser l'échéance. Fourbe et maligne ces donzelles très cher...