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 Les fantômes du passé | Roy

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Liliandr!l
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MessageSujet: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptyLun 01 Oct 2018, 18:38

Volstein


Le loup blanc et noir marchait lentement entre les tombes, ses yeux d’or passant tristement d’une pierre tombale à l’autre, alors que ses ailes teintées telle la corneille illuminaient les pierres tombales, creusant leurs noms dans l’ombre après son passage. La figure blanche, trapue, couverte de marquages noirs comme le jais déambulait entre les pierres, la légère brume du matin créant des nuages blanchâtres autour écriteaux, masquant la fin de la ligne lorsqu’on en était encore au début. Ses ailes brillaient dans le paysage gris, semblable au ciel du petit matin, et à ses pattes trottait une jeune louve mauve-brun qu’on devinait jeune adolescente.

Les deux canidés semblaient chercher des yeux quelqu’un en particulier, et ce fut qu’au bout d’un petit moment qu’ils s’arrêtèrent, et que le loup de neige et de jais s’assit devant une pierre, qui semblait des plus fraîches, sur laquelle était gravé : Thyara.

Personne n’avait gravé autre chose pour l’instant, ni sur cette tombe, ni sur celle d’Hyozan, située juste à côté. Celle de Romance, puis de Maisie, à droite de là, avaient, elles, des inscriptions de la part de leur famille. Mais personne n’avait rien marqué sur celles des parents d’Illidan, Fawn, Nil, Mylo, Angelia, Gurebi, Hicham et Teddy. Volstein regarda la tombe de Thyara un instant. Il se souvenait encore d’elle, elle avait été leur nounou à lui et Karigan, lorsqu’ils étaient encore très jeunes, et pourtant, elle était sa nièce. Née avant lui, cette louve se peignait dans ses souvenirs comme une femelle brune à longs cheveux blancs, et aux grandes ailes d’aigle. Il se souvenait encore des histoires d’aventure qu’elle leur avait raconté, à lui et sa sœur jumelle, alors qu’ils se cachaient sous sa grande aile brune, lorsque le héros risquait sa vie pour sauver la jolie louve.
Il se souvenait vaguement des moments ou sa nièce avait regardé par l’entrée de leur grotte, à l’époque ou ils étaient encore chez les Séides, pour regarder le Hyozan d’antan, jeune guerrier avec une touffe de cheveux blancs. Volstein se souvenait surtout des cheveux, objets de prédilection durant sa jeunesse du loupiot chauve. Dans sa famille, tout le monde avait des longs cheveux de neige, tout le monde, sauf lui.

Le Nakhu posa une de ses grosses pattes sur l’épaule de la petite louve mauve aux cheveux blanc-mauves. Maria-Elena était la petite fille de Thyara, ce qui en faisait son petite-petite-nièce. Il était donc arrière grand-oncle. Quel coup de vieux il avait pris, lorsque Teddy lui avait révélé ses parents, et que l’Oracle avait fait le lien avec Angelica et ses petits. Comme les années avaient défilé, sans qu’il ne s’en rende compte.

La petite louve baissa ses oreilles en regardant la tombe, puis releva la tête vers Volstein. Elle n’avait pas connu Thyara, mais elle avait espéré qu’un jour elle rencontrerait ses grands-parents. Il n’en serait rien, ni des grands parents, ni des arrière-grands-parents. Tous étaient allongés côte-à-côte dans le cimetière. Volstein apercevait même le nom de Reno, sur la pierre derrière celle de Maisie. Il se souvenait à peine du grand loup brun à l’épaisse chevelure chocolat, mais il savait que sa grande sœur l’avait beaucoup aimé… Que son grand frère beaucoup moins d’ailleurs.

« Ils veilleront sur toi depuis les cieux. Sais-tu, ta grand-mère veillait sur moi aussi, quand j’était jeune. Elle nous racontait des histoires, comme celle de la malédiction de la bête. Si tu veux, je te la raconte ? »
La petite hocha la tête, alors l’Oracle se lança dans l’historie lupine de La Belle et La Bête, ses yeux pâles de Mel accrochés sur lui, dans chaque mot qu’il disait, et ce fut pour cette raison qu’ils n’entendirent pas le loup qui s’approchait dans la brume, jusqu’à ce qu’une forme leur apparaisse, indistincte, dans la même rangée de pierre tombales d’eux, et que Volstein se redresse.

La brise leur arrivait dans le dos, et l’odeur du loup, ou de la louve leur était impossible à discerner. La petite Mel, avec ses bébés ailes si caractéristiques, et ses cheveux de neige, se cacha entre ses pattes, alors que Volstein se redressait, faisant face à la forme floue.

Qui était-ce donc ? Volstein attendit un instant, puis s’adressa à l’inconnu.

« Qui êtes-vous, qui naviguez dans la rangée de nos aïeux ? »
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptyMer 07 Nov 2018, 07:46

"Quelqu'un avec de semblables aïeux." Répondit une voix alors que son propriétaire sortait de l'ombre.

Roy s'avança hors de la brume à pas mesurés pour faire face à la silhouette de son cadet. Il s'était sensiblement rendu ici pour les mêmes raisons, venir rendre visite à des proches desquels on ne pouvait plus espérer ni chaleur ni réponse, car la mort les avait déjà arrachés à la vie terrestre. Parmi ces pierres froides qui se dressaient dans le brouillard et la pénombre, comme si le soleil leur était désormais interdit puisqu'ils avaient passé la terrible frontière, se trouvait celle de sa compagne Hikotsu. Roy n'avait jamais été un grand familier du cimetière, même s'il savait que c'était là que reposait le reste de sa famille. Il préférait se rappeler d'eux tels qu'ils avaient été plutôt que de peindre sur leur image celle de cette tombe immobile sur laquelle était gravé leur nom. Il leur rendait visite de temps en temps, mais l'apparition de Maisie l'avait convaincu que s'ils se trouvaient encore quelque-part, ce n'était certainement pas ici dans ce lieu de tristesse et de nostalgie empoisonnée. Pour Hikotsu, ç'avait été un peu différent. Elle avait partagé sa vie plus intimement que quiconque, il lui avait ouvert son âme d'une manière véritable et sans égale. La laisser partir était si difficile.

Depuis sa disparition, il comprenait le geste de ceux qui avaient fait rituelle leur visite en cet endroit silencieux. Parfois il se sentait stupide de s'accrocher à cela pour ne pas sombrer dans le chagrin, de tant craindre l'oubli alors qu'il n'oubliait que si peu, de ne pas suffisamment aller de l'avant. Le plus souvent, il se contentait de laisser errer ses pensées dans un grand vide vertigineux et douloureux, en silence, quelques instants, avant de s'en aller. Pour revenir le jour suivant, ou celui d'après.
Il y croisait souvent des silhouettes silencieuses et prostrées, des loups usés par l'âge qui venaient regretter leurs ancêtres partis, leur demander de les pardonner ou leur conter les banalités d'une journée. Etrangement, il n'avait jamais croisé personne de sa propre famille ici, alors que celle-ci était devenue étonnamment grande. les marquages fluorescents qui brillainet sous les noirs bandages de ses pattes arrières et les longs cheveux de neige étaient devenus l'apanage de bien des loups sur et hors du continent. Ce jour-là, il avait fait un crochet en direction des tombes de ceux de son sang, et avait donc été surpris d'y sentir la fragrance familière de Volstein. Il s'était arrêté un instant, sans savoir s'il était préférable qu'il reste lointain, qu'il s'efface à jamais de l'histoire de son cadet qui semblait enfin prendre une bonne tournure, ou s'il devait faire un pas vers lui.
Il s'était promis de le revoir, alors il fit le second choix. Et c'est ainsi qu'il apparut, blanc fantôme entre les tombes, aux yeux de l'oracle Nakhu.

Comme lui, Volstein avait peu changé. Le pelage blanc cachait avec art les marques de l'âge, et leur lignée n'avait de toute manière jamais été très marquée par les années. En revanche, on lisait dans son regard qu'il avait vécu. Le combat avec le cerf chez les Nakhus avait du être un coup dur pour un si jeune nominé, et pourtant il était toujours là et portait toujours le glowstick de Yurai. La meute avait donc surmonté cette épreuve. Auprès de lui se trouvait une petite louve qui faisait sans nul doute partie de leur famille, avec ses ailes courtes et ses cheveux clairs. Son pelage brun lui rappelait Thyara, mais dans une version désaturée et fumée. Mais elle était trop jeune pour être sa fille. Il avait vu apparaître le nom de sa nièce sur l'une des pierres un beau jour, et avait compris qu'elle avait quitté leur monde depuis son île là-bas, restée pirate depuis le jour où elle l'avait renié. Ce devait être sa petite-fille, ou son arri-repetite-fille peut-être. Quelque-chose qui ne le rajeunissait pas en tout cas.

"Ca fait un moment." Lança-t-il simplement en s'immobilisant face au loup bicolore.

La dernière fois que leurs chemins s'étaient croisés, son cadet était ravagé par l'apparition de Spleen dans la vie d'Heever. Il avait jugé son frère coupable de trahison, puis avait décidé de lui pardonner. Mais il s'était résigné à cet instant, et Roy gardait un souvenir bien sombre de cette période et de cette rencontre. Les choses avaient été si compliquées.

A cet instant, la ressemblance était frappante entre les deux frères. Eternels opposés, et pourtant si semblables par certains aspects. Le sang ne pouvait mentir.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptyLun 12 Nov 2018, 15:24

Volstein

Il reconnut la voix avant de reconnaître la figure. Et lorsque son frère de neige apparut, son regard avait déjà légèrement changé, pour laisser place à des vieux regrets. Cela faisait longtemps qu’il ne pensait plus à ce qu’il s’était déroulé entre lui et son frère, il y avait de nombreuses années maintenant. Volstein avait à présent 9 ans et demi, il était toujours célibataire, triste, seul... Et pourtant il était Oracle, il était respecté, il était chef mais il était seul. Quelque chose de la vie de Roy, la vie qu’il avait du avoir semblait transparaître dans la sienne. Et encore, lui, il avait eu Tatsu, puis Heever, et ensuite Hikotsu. Il avait toujours attiré les dames, Roy. Volstein non. Il n’était, quand on y réfléchissait, qu’un petit loup chauve avec des ailes. Rien de très excitant.

La petite Maria-Elena s’était reculée un peu, sans pour autant donner l’impression qu’elle se cachait, comme surprise par la présence de ce loup.

« Oui. » répondit-il tout simplement, en regardant le loup blanc.
La dernière fois qu’il s’étaient vus, Volstein avait découvert que la louve de sa vie avait eu un enfant avec son frère, et avait ensuite laissé place à une profonde fureur… Avant de laisser tomber. De pardonner. Et de laisser Heever.
Il aurait pu rester, peut-être, mais l’idée, l’image de son frère qui avait été intime avec cette louve avec qui il sortait déjà lors… Il ne pouvait rester. Il ne pouvait plus la toucher, la caresser, la tenir contre lui, sans se demander si Roy aussi, l’avait fait. Ca l’avait détruit, alors il avait expliqué à Heever, et il avait quitté les pirates, pour rejoindre les Nakhus. Ne plus jamais les quitter. Il avait donné tout cet amour sans objet à Yurai, et elle l’avait réconforté, elle l’avait guidé dans le noir. Et il était devenu l’Oracle qu’il était aujourd’hui.

Le loup blanc et noir aux ailes pourpres se tourna vers la petite louve brune. Elle avait la démarche de Maisie. Avec ses petites ailes, ses cheveux pâles, et ses grands yeux doux. Tout ce qui tranchait était cet horrifique masque qu’elle mettait parfois pour se cacher, qui pendait actuellement à son cou, à côté d’un crucifix.
« Maria-Elena, voici Roy. C’est mon frère, et ton arrière-grand-oncle. Il est Lazuli. » lui expliqua-il, et le regard pâle de la jeune louve s’emplit de compréhension, alors elle sortit de sa demi-cachette.

Volstein se retourna vers Roy, pour lui donner sa part de l’explication.
« Je te présente Maria-Elena, c’est la fille de l’un des 8 enfants de notre nièce, Thyara. Sa maman, Angelica, ainsi que son oncle Teddy, et sa tante Gurebi vivent parmi les nôtres. »

Il avait remarqué, récemment, que Gurebi avait disparu. Mais tant qu’il n’avait pas d’information qui la confirme comme décédée, il considérait qu’elle était toujours des leurs. Volstein tourna de nouveau son museau vers la jeune louve, et lui sourit. Elle lui rendit son sourire, et Volstein, encore une fois, retrouva se sentiment de chaleur dans le cœur. Qu’est ce qu’il aimait les enfants. Qu’est ce qu’il aurait aimé en avoir, lui aussi.

« Veux tu prier Yurai au sujet de ta grand-mère ? Je vais discuter avec mon frère, nous serons à côté. »


La petite hocha la tête, défaisant le chapelet autour de son cou pour l’enrouler autour de sa patte, s’asseyant devant la tombe pour commencer ses prières. Mel était une louvette particulièrement pieuse et un peu superstitieuse. Mais, douce, c’était facile de bien s’entendre avec cette enfant. Alors Volstein s’éloigna de quelques pas de la petite, pour rejoindre son frère. La brume commençait à se lever, et il resta à une distance respectable de la jeune. Elle avait la place pour prier en silence, et eux l’espace pour parler.
Le loup blanc, dénué de toute forme de chevelure, se tourna vers son frère. Il avait été un peu plus petit que lui, mais maintenant c’était peu vrai. L’âge tournait à l’avantage du loup blanc et noir, et il avait majoré la taille de son aîné.

« Comment se passent les choses, chez les Lazulis ? »
demanda-il courtoisement.
Il ne faisait que commencer la conversation. Ce qu’il voulait vraiment savoir était sur Heever. Comment elle allait ? Qu’est ce qu’elle faisait ? Où était-elle ? Et Spleen, avait elle rejoint les Lazulis ou les Etelkrus ? Volstein avait pressenti qu’elle ne serait pas satisfaite de la vie de pirate.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptySam 17 Nov 2018, 14:50

Son cadet l'accueillit d'un regard étrangement dépourvu de surprise, de colère ou même d'amertume. A peine y lisait-on quelques regrets enterrés sous la poussière des années. Cette espèce de neutralité froide ne ressemblait pas à ce qu'il avait connu de son frère dans leur jeunesse. Mais bien des années avaient passé depuis, tout comme depuis leur dernière rencontre. Ils s'étaient construit une vie sur les restes des tensions qui les avaient séparées, et le destin avait maintenant décidé de les rassembler de nouveau. D'une certaine manière, Roy n'était pas mécontent de le voir ici et maintenant. Il avait remarqué ces derniers temps une chose étrange. Durant la nuit le plus souvent, parfois dans la journée, il sentait son glowstick s'illuminer brièvement, son pouvoir s'agiter. Il avait très rapidement compris que cette fois-ci, c'était pour lui que son don s'inquiétait et grimaçait. Il vieillissait, immanquablement, et la disparition d'Hikotsu n'avait rien fait pour lui donner de seconde jeunesse. Dans l'hypothèse où l'on puisse considérer qu'il en ait un jour vécu une.

Ses prunelles de glace glissèrent jusqu'à la silhouette de bien petite taille qui se trouvait près de lui. Elle lui rappelait par certains airs sa jumelle Maisie - d'autant plus qu'il fallait ajouter à la ressemblance physique une sorte de voix céleste qui lui martelait ça dans l'esprit. En temps bien lointains où ils pouvaient librement courir sur la plage, barboter entre les vagues et où il riait. Il y avait eu une très brève époque où il était possible d'arracher un rire au loup blanc. Une époque très rapidement révolue et destinée à le rester. Une époque où Maisie était encore vivante, et était l'être qui comptait le plus au monde pour lui. Alors le monde avait décidé de le lui arracher, en envoyant Reno puis Everbloom. Ou peut-être dans l'ordre inverse. Mais après tout, c'était là des temps bien anciens, et des choses qu'il lui déplaisait fort de secouer à nouveau. Il était fatiguée de souffrir au fond de lui, d'essuyer le sang de blessures que personne ne pouvait voir. Alors il hocha la tête pour saluer la petite - Maria-Elena, un joli prénom - et détourna les yeux d'elle lorsqu'elle s'en fut.

les deux mâles s'isolèrent légèrement de la louvette, et Volstein entama la conversation d'une manière étonnement normale, banale, en prenant des nouvelles de son clan. Peut-être était-ce une obligation en tant que chef, de se montrer attentif aux mouvements des autres meutes. Roy darda sur lui un regard profond, insondable. Son cadet devait faire un bon meneur, il ne portait pas le glowstick violet pour rien. Sage, avenant, généreux et toujours prêt à aider, il pouvait être l'incarnation de ce que les mortels associaient à la Corneille comme qualités.

"Sans remous depuis l'attaque à la fontaine de Moiro." Répondit le blanc. "Deux nouveaux loups, Gloriel et Astaroth, ont pris la tête de la meute avec la retraite de Morrow et Anastasia."

Il avait fait un gros effort en répondant d'une manière qu'il jugeait détaillée à l'interrogation de Volstein. Ce n'était pas son genre d'échanger des banalités, mais dans cette rencontre il était conscience d'être celui dont le devoir était de faire les premiers pas. Alors il prit sur lui pour atténuer tout ce secret et ce silence dans lequel il vivait. Il s'assit à côté de Volstein, et ses yeux se perdirent dans la brume. Les mots mirent quelques instants à sortir, froids, d'une voix légèrement plus grave et rauque.

"Et Hikostu est morte."

Ses yeux se plissèrent d'une manière infime. Comme il détestait le dire ainsi à voix haute, comme il haïssait ces paroles qui le forçaient à un plongeon tête la première contre le sol de la réalité. Chez les lazulis, il n'en parlait jamais et tout le monde respectait cela, pour ne pas le peiner d'avantage lui ou sa fille. Il fallait qu'il le dise à Volstein car cela faisait partie des nouvelles importantes, des choses qu'il devait savoir pour emprunter correctement le chemin de leur conversation à venir. Mais dieu que ça faisait mal. Il inspira lentement le temps de laisser refluer les émotions qui se battaient pour sortir de leur cage glacée, le temps de quelques battements de coeur. Puis il ajouta :

"Et chez les Nakhus ?"
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptyMar 18 Déc 2018, 11:53

Volstein

Le blanc tracé d’arabesques noires hocha la tête. Ainsi, la relève des Alphas s’était opérée chez les Lazulis. Il avait entendu quelques mots sur celle des Etelkrus également. Donc les dieux s’étaient manifestés pour changer le cours des choses… Il ne savait pas quoi en penser. La dernière fois qu’ils étaient intervenus, c’était à ses souvenirs, chez les Séides, le jour où son frère, Roy, et son ancienne compagne, Tatsu, avaient été nommés. Et quelques jours après, comme par coïncidence étrange, les Precursors étaient arrivés pour détruire l’ordre des choses sur Punk Wolf. Allaient-ils de nouveau assister à un remaniement du monde qu’ils connaissaient ? Les dieux avaient bien tendance à changer d’Alpha au moment d’une crise imminente. De même pour lui, avec l’arrivée des animaux fous.

Il agita ses oreilles. Surement, aux yeux de son frère, c’était une bonne nouvelle, mais les engrenages des esprits divins tournaient par-dessus leurs têtes, et Volstein ne put s’empêcher de froncer légèrement ce qui lui servait de sourcils. Une relève plus jeune pour affronter des calamités ? Était-ce le nouveau moyen des dieux pour les aider à faire face à une menace, ou leur moyen tortueux de les prévenir ? Ils avaient besoin de se refortifier pour faire face ? Chez les Nakhus, Yurai ne s’était pas encore manifestée, alors peut être qu’il ne serait pas encore remplacé ? Il ne pouvait savoir. Il se fit une note de demander à Yurai ce qu’il se profilait pour mériter un tel remaniement des meutes plus larges.

Il baissa la tête et les oreilles, en signe de respect. Ainsi, la compagne de son frère, Hikotsu, était décédée. Il l’avait bien appréciée, elle avait toujours semblé si douce, si mignonne, en contraste si frappant avec son frère froid et distant, et elle avait apporté comme une petite lumière dans le cœur refroidi de son ainé, depuis la désertion et le décès de leur sœur, Maisie. Il espérait que la lumière qu’elle lui avait apporté dans le noir de son âme détruite autrefois surviverait, bien que la louve qui lui avait offert cet espoir s’en était allée vers des horizons où le blanc ne pouvait la suivre. Pour l’instant, car, plus âgé de 3 ans que lui, le blanc se rapprochait de cette suite de vie de manière certaine.

Un jour, il ne resterait plus que lui et Karigan. Karigan, qu’il n’avait pas vu depuis si longtemps. Parfois, il se demandait si elle avait encore ce petit lapin qu’il lui avait ramené, une fois, alors qu’ils étaient encore enfants. Probablement pas, le temps de vie de la petite bête blanche devait être passé depuis longtemps, si le remaniement du monde ne l’avait pas déjà perdu.

« Elle veillera toujours sur toi et vos enfants. Tant qu’elle est dans ton esprit, elle ne t’a jamais quittée. » dit-il tout doucement.

Lui, avait du mal à croire à la vie après la mort, mais il croyait en la vie dans le cœur des autres. Romance Aristote et Maisie marchaient toujours à ses côtés, dans les temps difficiles, lorsqu’il pensait à ceux qui l’avaient aimés pour avoir un peu de force. Et maintenant que Thyara les avait rejoint, pour regarder avec affection le petit loup blanc qu’elle avait baby-sitté, et qui s’occupait maintenant de sa petite-fille. Lorsque Volstein fermait les yeux, il les voyait, tous les quatre. Les parents, sa sœur avec sa fille brune, leurs yeux brillants d’amour et de fierté. Volstein n’avait plus que les souvenirs des loups qui l’avaient aimé, personne, actuellement, n’était habité de ce même amour. Karigan, peut-être ? Mais ils ne s’étaient jamais revus, depuis qu’il lui avait donné ce tout petit lapin blanc, un soir. Roy, peut-être ? Volstein essayait de le croire, mais c’était bien dur, après tout ce qu’il était arrivé entre eux, l’amour et l’admiration d’autrefois s’était ternie en respect mutuel qui ne valait plus la fraternité qu’ils auraient pu avoir.

Les loups du passé s’effacèrent alors que le blanc rouvrait les yeux, juste après avoir prononcé ces paroles destinées à Roy, au sujet de sa chère Hikotsu.

« Nous allons bien. Depuis la fin de la sécheresse, la vie reprend doucement son cours. Nous avons quelques membres nouveaux, dont une mère de deux enfants, dont le père en a tué un. Elle et sa fille sont parmi nous depuis plusieurs mois maintenant. La mère est libre comme le vent, hm, aucune sagesse ne pourrait contenir son désir de s’envoler. Mais sa fille est remarquablement réfléchie pour son âge, elle semble vouloir devenir disciple de Yurai. Je m’en irais discuter avec elle ce soir à ce sujet. » expliqua-il.

Peut être qu’un peu de sa vie de tous les jours ferait oublier à Roy, même pour quelques secondes, la douleur, existante, surement, depuis le décès de sa compagne. Volstein ne pouvait savoir exactement ce que cela faisait, puisqu’il n’avait jamais eu une louve comme ça à ses côtés. Certes, il avait aimé, mais il n’avait jamais eu une compagne. Heever avait disparu de ses horizons depuis des années, et l’amour qu’il avait autrefois ressenti s’était usé en silence, mourant doucement, étouffée par lui-même, après la souffrance de son histoire avec son grand frère.
Mais en tout cas, Volstein imaginait que Roy devait avoir mal, mal comme personne ne pouvait vraiment le comprendre. Alors il tenterait, pendant ces quelques instants que le destin leur avait donné pour discuter, de lui faire oublier cette souffrance qui devait faire son quotidien. Volstein la sentait, prouesse d'oracle, et voulait aider Roy à s'en sortir.

Mais dans cette petite tirade refit surface sur son visage une peine. Celle de n’avoir jamais pu avoir une louve, ou un loup qu’il aimait, qui l’aimait, avec qui il aurait pu faire sa vie, et avoir des enfants. Volstein aimait sincèrement les petits, et avait rêvé, dès son jeune âge d’adulte avoir des petits avec Heever. Et après, elle était partie loin, et avec le temps, il avait perdu ce maigre espoir d’avoir un jour, lui des enfants.
C’était remarquable à quel point il acceptait facilement les jeunes loups, les enfants, chez les Nakhus. Pas par désir de former le plus grand, plus fort clan de tous, mais pour essayer d’abriter des jeunes de la douleur, de les aider à grandir en sécurité parmi les siens, dans un clan qui prônait le pacifisme et la sagesse. Il voulait élever des jeunes. Les enfants, c’était la chose que les dieux lui avaient refusé, et il ne voulait pas des enfants, juste pour avoir des enfants. Non, il aurait aimé des enfants nés d’amour, mais sans cette possibilité, il élevait les jeunes, les enfants des autres si ils en avaient un peu besoin. Ce désir d’aider les petits à devenir grands l’avait conduit à laisser entrer des jeunes loups qui avaient certes besoin d’aide, mais qui n’étaient pas faits pour être Nakhus.

Mais si le clan de la sagesse ne pouvait pas aider un jeune à trouver sa voie de temps en temps, au lieu d’avoir directement un disciple, alors Volstein en serait déçu.
Volstein avait trouvé sa sagesse dans l’amour, l’aide du prochain, et c’était ce genre d’Oracle qu’il faisait.


« Et toi, comment vont tes enfants ? Ta fille Bree, a-elle cessé d’aller vagabonder chez les pirates ? Ton fils, est-il revenu de ses périples ? »

Comment Volstein savait, il ne l’avait pas encore dit, mais le blanc avait gardé un œil d’oncle protecteur sur les deux jeunes loups blancs. Même sur Spleen, parfois, et il avait senti un changement dans le tissu divin il y avait quelques temps. Alors il avait besoin de savoir si son intuition était bonne.

« Et ta fille, Spleen, a-elle rejoint les Lazulis ? » demanda-il.

Sa nièce, qu’il aurait tant aimé avoir comme sa propre fille.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptyLun 07 Jan 2019, 21:57

Il vit du coin de l'oeil Volstein incliner doucement la tête en une sorte d'hommage discret, alors qu'il murmurait ces paroles au but réconfortant. Roy en avait entendu quelques semblables au cours des jours qui avaient suivi la disparition de la louve blanche. Elle avait été fort aimée dans les deux meutes qui l'avaient accueillie, et laissait derrière elle des coeurs attristés et nostalgiques, et l'image d'une guerrière aussi brave que douce. Des paroles sincères, il n'en doutait pas, et à sa manière il apprécia la sollicitude de son cadet. Il était trop las, à l'intérieur, pour essayer de douter de cela comme il doutait de tant de choses. Et il avait toujours eu la plus grande des confiances en lui, comme nombre de leurs congénères sans aucun doute. Il n'y avait aucune raison de douter de ce loup, et l'Herboriste était sans doute le mieux placé pour le savoir. Si lui avait perdu depuis bien des années celle de Volstein, la sienne demeurait intacte, et le serait toujours. Jusqu'à ce jour où son glowstick cesserait de pouvoir réparer les petites choses qui se cassaient en lui, et abandonnerait sa lumière.

Il ne sut quoi dire, et fut soulagé que son interlocuteur n'enchaîne avec la définition parfaite de ce que Roy n'appréciait pas comme conversation, mais qui paradoxalement était exactement ce qu'il désirait à cet instant. Entendre parler de choses qui n'avaient pas le moindre rapport avec la belle louve endormie sous la terre, de choses qu'il retiendrait un peu machinalement malgré leur absence d'intérêt déterminant, parce qu'elles avaient quelque-chose de réconfortant. Presque d'avantage que tous les hommages et toutes les condoléances qu'il avait pu recevoir jusque là. Ecouter les mots de son frère le confortait également dans l'idée qu'il avait été destiné au poste d'Oracle. Roy ignorait les tourments et les raisons qui pouvaient habiter le bicolore - bien qu'une conversation plus longue et un peu plus de curiosité lui auraient sans doute permis d'en découvrir les grandes lignes -, et de son point de vue son destin s'était sublimé en accédant à ce grade. Cela lui ressemblait tant.
Lui qui était parvenu à faire fi de sa colère pour lui pardonner d'avoir mis à sac la relation qu'il entretenait avec Heever. S'il y avait un seul petit regret que Roy devait tirer de cette histoire, c'était sans doute cette chute terrible, qu'aucun des deux fautifs n'avait vu arriver. Les dieux avaient décidé de jouer les petits malins en faisant durer bien longtemps la grossesse de la grise,en la masquant aux yeux les plus avisés - car Volstein avait reçu une formation de guérisseur lui aussi, et pourtant malgré cela il n'avait rien vu venir. Tout juste le temps pour que Roy et Heever aient trouvé une sorte de stabilité, chacun de leur côté, et que cela fasse s'effondrer tout l'édifice.
Il laissa échapper un soupir silencieux, imperceptible. Ces souvenirs là ne cessaient de revenir, comme des vagues sur le rivage, le tourmenter.

Il hocha doucement la tête lorsque Volstein acheva sa tirade sur la jeune louve en affirmant qu'il irait lui parler le soir-même. Un loup plus civilisé, plus habitués aux us de la parole, aurait trouvé une phrase d'encouragement à répondre à cela. Roy n'était pas comme cela, et s'il chercha un peu, il fut de nouveau rattrapé par la voix douce de Volstein. Il tourna son regard de glace vers celui, bien plus chaleureux, du loup bicolore et l'écouta avec attention. Il lui demandait des nouvelles de ses enfants, avec un détail particulier qui le fit tiquer. Il avait remarqué depuis un bon moment déjà l'odeur salée qui recouvrait le pelage de sa fille certains soirs, mais jamais il ne lui était venu à l'esprit qu'elle revenait de Morne-Oeil. Comme si son cerveau avait décider d'ériger un barrage entre son existence, et ceux qui y appartenaient, et la troupe de parias qui avait été menée par Paprika. Il redressa légèrement les oreilles à cette mention, alors que Volstein enchaînait en parlant d'Irwell, puis de Spleen. Il crut voir un éclat plus sombre passer dans les prunelles de ce dernier à la mention de la cadette. Cette fille qui aurait pu être la sienne.

Roy laissa filer un instant de silence, prenant le temps d'une réflexion légère, avant de répondre en laissant son regard s'évader de nouveau dans les brumes alentours :

"Bree a toujours été très solitaire, j'ignore tout de ses expéditions. Je sais qu'elle va près de la mer car elle en porte l'odeur, mais rien de plus."

Il coula un regard bref en direction de Volstein, comme s'il s'attendait à une réponse en particulier. Il n'avait jamais suivi les traces de sa fille ou même cherché à savoir ce qu'elle faisait de ses journées. Il avait pleine confiance en elle, et son tempérament l'incitait à lui laisser la part d'intimité qu'elle souhaitait. Si elle préférait passer de longues heures en solitaire, loin du camp et de sa fébrilité, il n'y voyait rien d'anormal et aucun inconvénient. Depuis la mort d'Hikotsu, elle s'était... rapprochée de lui, d'une certaine manière. L'instinct devait lui murmurer que le temps filait vite, e telle venait souvent partager un repas avec lui, s'enquérir de sa santé, ou simplement lui tenir compagnie dans un silence qu'ils savaient ne pas faire désagréable. Cependant, il était curieux de savoir ce que de quoi Volstein voulait parler en évoquant les "pirates".

"Irwell n'est jamais revenu." Continua-t-il, d'un ton qui avait comme un écho triste.

Les derniers événements laissaient peu espérer qu'il puisse revoir son fils unique avant de rejoindre sa mère, et cette pensée était comme une sorte de poids. Ce fils qui lui ressemblait tant était parti si vite, s'était envolé comme un petit oiseau de leurs vies pour ne plus jamais y reparaître. Il ne reverrait jamais plus sa mère, non plus

"J'ai aidé Spleen à rejoindre les Lazulis lorsqu'elle l'a désiré." Souffla-t-il finalement. "Elle a été choisie par Mido pour être sa Prêtresse."

Oui, Volstein aurait été fier de l'avoir pour fille. Peut-être n'aurait-elle jamais emprunté ce destin, mais la minuscule possibilité qu'elle ait pu le faire laissait planer sur l'évocation de la petite blanche une sorte de lourdeur. Jamais rien ne changerait le passé. les paroles présentes pouvaient décider du futur.
Un futur qui se raccourcissait, souffle après souffle, dans la brume du Cimetière.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptySam 09 Fév 2019, 16:51

Volstein

Il écouta son frère avec attention, malgré son regard, qui se glissa vers Maria-Elena, assise sur la tombe de sa grand-mère, pour vérifier qu’elle allait toujours bien. La petite avait les yeux fermés, semblait prier Yurai. Qu’est ce qu’elle pouvait bien lui demander ? Volstein sentait la tristesse, la curiosité en elle. Peut être aurait-elle aimé connaitre cette grand-mère, avant qu’elle ne meure ? Surement, mais Volstein ne sentait aucun manque en elle. Et effectivement, ce qu’on a jamais eu ne peut que très peu nous manquer.

Ainsi, pensa-il, en tournant la tête vers son frère, Roy ne savait rien des histoires de sa fille blanche come neige, qui allait à l’île des pirates.
Volstein sentait des brides d’émotions de ceux qui passaient sous son regard, depuis être devenu prêtre, et ce qu’il avait vu dans le cœur de la jeune Bree l’avait fait sourire, amusé. A quel point, Roy ne s’imaginait pas, que Bree marchait dans les traces de pattes de sa tante, Maisie, a trouver une histoire d’amour, de désir, dans une famille que Roy haïssait ? Mais son sourire était vite parti, à l’idée de la réaction de son frère ainé à cette nouvelle. De ce fait, il avait voulu demander au père s’il savait quelque chose de ces histoires. Mais si ce n’était pas le cas, alors ça devait demeurer ainsi. Volstein n’était pas sur que, malgré le temps qui était passé, Roy accepterait cette idée que Bree allait voir quelqu’un (même Volstein ne pouvait pas savoir qui) sur Morne Œil avec un tel intérêt dans ses pensées. Non, Volstein tairait cette information, et, de manière plus importante, il devait aller parler à sa nièce de toute cela. Roy ne lui avait surement pas raconté l’histoire de sa tante.
Roy n’en avait surement plus jamais parlé. Seulement pensé. Et eu mal.

Volstein baissa la tête, en entendant qu’Irwell n’était jamais rentré. Ainsi, le loup blanc aux long cheveux raides avait vu sa mère pour la dernière fois. Surement, il croyait qu’il reviendrait à la maison, et que tout serait comme avant. Ou peut être qu’il lui était arrivé quelque chose ? Volstein ne savait pas, mais il prierait Yurai pour le loup blanc, qu’elle guide ses pas vers ceux de sa famille.
Le temps était compté, à présent. Sa mère était partie, et son père se faisait âgé.

Le loup noir et blanc fut alors sorti de ses pensés de prière d’un coup. Car Roy avait parlé de la petite louve blanche et turquoise, qui était passée à rien d’être sa propre fille… Et cette petite blanche, fille de Roy et Heever, était devenue prêtresse ! Un léger sourire vint peindre les babines de l‘Oracle, alors qu’il baissait un peu la tête. Son museau était illuminé par son glostick pourpre, pendant qu’il fermait les yeux, avec un soupir. Ainsi, elle avait trouvé sa voie auprès de Mido. Comme son père, tiens. Et comme sa mère avait pensé le faire, lorsqu’ils étaient encore jeunes… Oui.  C’était bien ainsi. La petite saurait se faire une place et vivre des jours heureux chez les Lazulis, en tant que prêtresse. Hmmm. Oui, Volstein était fière de cette nièce, mais au fond de lui, le craquement de son cœur se rouvrit.
Il ne lui avait plus jamais parlé, après être parti des Raeders. A elle, ni à sa mère. Il devrait. Mais est ce qu’il avait encore le courage de faire ça ? Il ne savait pas.

Le blanc et noir ouvrit de nouveau les yeux, le reflet pourpre des cristaux autour de son cou y luisant un instant, avant qu’il ne redresse la tête. Il voulait dire à son frère qu’il devait être fier de cette deuxième fille, mais il ne réussissait pas à le dire. Comment dire ça ? Peut être qu’il était fier, peut être que non ? Le dirait-il ? Peut-être, peut être pas. Volstein, lui, était fier, et pourtant il ne l’avait vue grandir que de loin, espérant que peut être un jour elle tournerait ce regard si semblable à celui de sa maman, lorsqu’elle avait cet âge-là, vers lui… Mais tout en sachant qu’elle n’avait aucune bonne raison de le faire, et qu’il resterait toujours le spectateur silencieux de la vie de cette petite louve qui ressemblait tant à Heever, lorsqu’elle avait cet âge… Même ses cheveux étaient coiffés presque pareils, avec ses tresses blanchâtres, tracées de fines mèches turquoises.

Comme la jeune Heever lui manquait. Les moments où ils avaient joué ensemble à être les meilleurs apprentis guérisseurs du monde, à chercher leurs herbes ensemble, à élever un petit ours abandonné tous les deux… Les sourires timides qu’il lui avait lancé, auxquels elle avait toujours répondu par un sourire joyeux mais fier. Les heures qu’il avait passés à la regarder faire quelque chose, même si c’était quelque chose de tout bête, en se demandant pourquoi il avait si chaud au cœur, s’il devrait lui dire, peut être… Puis à se secouer, et à se dire que c’était secret, qu’il ne pouvait en parler… Lorsqu’elle lui avait proposé de lui faire des lunettes pour qu’il voit un peu mieux… A quel point il s’était alors senti heureux, qu’elle veuille l’aider ? Qu’elle fasse attention à lui ?

Et puis ce soir dans le champ de prés, où les pétales blanches et roses voletaient autour d’eux, et qu’il lui avait avoué qu’il avait avoué qu’il ressentait quelque chose, a demis mots… Et qu’il lui avait promis qu’il serait toujours là pour elle.  

-Je voulais juste que tu saches que quoi qu'il arrive, si jamais tu as le plus petit besoin, tu n'auras qu'à m’appeler, et je trouverai un moyen de t'aider. Je serais toujours là pour toi, tu as ma parole.
Je ne réitérerai pas ces sentiments qui t'ont dégoûté.

-Ne... Attend ! Je ne... Tu peux déjà m'aider...

-… Comment ? … Dit moi … Je ferais tout ...

-Je ne sais pas.
Tu devras m'apprendre...



C’était une conversation a jamais ancrée dans son cœur… Une conversation qu’il n’oublierait jamais. Et alors qu’il la revoyait, grise et turquoise, illuminée par la lune, dans un champ de fleurs soulevées par la brise. Nette, dans ce monde qui avait toujours été si flou, la conversation qu’ils avaient eu revenait dans son cœur, et Volstein tourna la tête vers la mer, visible entre les pierres tombales, pendant qu’une larme s’échappait de ses yeux, glissant sur sa joue, pour se perdre dans l’herbe qui poussait dans le cimetière de ceux qui avaient été.

Il resta silencieux un instant, laissant à son frère la possibilité de dire quelque chose, de lui demander quelque chose, si il voulait. Mais ce n’était pas vraiment son genre. Il savait bien que son frère était bien mieux à l’écouter parler, et à répondre à ses questions, plutôt que de faire la conversation avec lui. Mais Volstein avait perdu ses mots, pour l’instant. Il n’avait jamais dit à l’oral à Heever qu’il l’aimait. Même la fois où avait eu lieu cette discussion, il s’était contenté d’un regard plein d’affection. Et en y réfléchissant, ça avait été mieux ainsi, mais il aurait tant aimé vraiment lui dire… Avant que tout ne se gâte.

Le blanc soupira, a brise marine lui ébouriffant son épais pelage blanc et noir, pendant que son regard d’or se détachait de la mer, pour se poser sur Maria-Elena. Mais il ne dit rien. Bientôt, lui et la petite devraient rentrer, et Volstein ne savait quand il reverrait son frère de neige… Ils avaient tant de choses à ce dire, surement, qui ne seraient jamais dites.
Et peut être était ce mieux ainsi, de rester dans ce silence que Volstein avait toujours eu en lui, pareil à celui dont son frère était entièrement fait.
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MessageSujet: Re: Les fantômes du passé | Roy   Les fantômes du passé | Roy EmptyDim 10 Mar 2019, 13:03


Fait assez surprenant, ou au moins notable : Volstein ne lui répondit pas. L'herboriste blanc avait pourtant tendu vers lui une perche, une patte bien visible en laissant entendre qu'il ne connaissait rien aux expéditions de sa fille aînée tandis que l'oracle avait clairement affirmé qu'elle se rendait sur Morne-Oeil. Il avait éveillé dans son esprit une once de curiosité qu'il ne savait pas trop comment interpréter lui-même. L'introspection, paradoxalement, n'avait jamais été son fort. Il aurait sans doute eu bien du mal à se dépêtrer de l'épreuve de Mido si elle avait été semblable à celle de Yurai, puisque mettre des mots sur ce de quoi il était fait était un exercice qu'il n'avait jamais pratiqué. Ou si peu. Il ne savait trop s'il se sentait légitime ou éprouvait une pointe de culpabilité avec cette envie d'en savoir plus sur les allers et retours de Bree loin des terres Lazulis. Peut-être serait-il plus simple de lui demander directement. Après tout, il savait que son temps lui était compté, il était temps pour lui de faire un ultime effort pour partir avec une confiance intacte en elle. Oui, il ferait cela en rentrant. Il lui parlerait de cette odeur salée qu'elle portait et qui attisait sa curiosité. Il pourrait lui demander si elle aimait la mer, les promenades solitaires près des vagues.

Alors qu'il songeait à cela, un souvenir fit soudain irruption devant ses yeux, sans qu'il ne s'y attende. Comme un animal gentiment resté de côté depuis des années qui soudain se défaisait de ses chaînes pour bondir alors que personne n'y était préparé. L'image de la plage ensoleillée alors que Maisie et lui couraient dans le sable et entre les petites vagues se dessina sur ses rétines. Souvenir d'embruns salés qui emplissaient ses poumons et emmêlaient ses cheveux, du rire chantant de sa jumelle qui montait dans les airs aussi haut que le chant des oiseaux marins, de l'eau froide qui n'atteignait pas un coeur chaleureux. Il laissa passer un instant, puis ferma brièvement les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, l'illusion s'était dissipée, et de nouveau se trouvaient autour de lui les mornes couleurs du Cimetière. La dure réalité qui faisait de cette image un souvenir bien trop lointain. Et ce petit frère pour qui il n'avait jamais, absolument jamais, joué le bon rôle.

C'était sans doute pour cela qu'il ne répondait pas, devina le blanc. L'évocation de Spleen, malgré les années passées et l'effort qu'il avait fait pour se détacher de cette histoire, devait encore remuer Volstein tout au fond de lui. Roy avait vu sans peine l'affection qui brillait dans son regard lorsqu'il posait les yeux sur Maria-Elena, ou encore quand il avait évoqué la petite solitaire venue les rejoindre. Il n'était pas difficile de deviner qu'il aimait les enfants, leur transmettre son savoir et les guider sur le bon chemin. Mais il n'y avait rien de semblable à le faire avec ceux de son propre sang, et le fait d'avoir failli toucher ce bonheur, de l'avoir frôlé sans que jamais il ne se réalise, devait creuser encore d'avantage le fossé. Le blanc vit le tressaillement délicat de l'Oracle lorsqu'il tourna la tête pour cacher son chagrin et devina qu'il avait vu juste.
D'un côté comme de l'autre, il y avait des plaies qui ne se refermeraient jamais, des regrets qui resteraient pesants sur les épaules, des choses qui auraient peut-être dues être mieux faites.

Le coeur serré, Roy resta un moment silencieux et son regard glissa lui-aussi sur la petite silhouette qui priait non loin. Figure de la jeune génération qui foulerait ces terres après eux, qui poseraient les piliers de ce que serait le monde dans un an, dix ans, cent ans peut-être. Il détourna rapidement le regard, pour ne pas s'imposer cette vision qui lui rappelait bien des souvenirs. Lui aussi, eux aussi avaient été ces jeunes espoirs un jour. Avaient-ils correctement rempli leur mission ? Il était bien difficile de le dire, maintenant qu'une décennie était passée.

Le blanc finit par se lever doucement, sans trop savoir ce qu'il allait dire. Cette conversation le confortait dans la triste certitude qu'il n'apporterait plus rien de bon dans la vie de son cadet, quoi qu'il arrive. Il avait laissé passer sa chance, n'avait sans doute même pas tenté de la saisir. Il arrivait un temps où il fallait affronter le fait qu'il était trop tard pour corriger l'histoire, pour réparer les torts et reprendre une voie plus harmonieuse. Alors on pardonnait, sans oublier, et les choses continuaient ainsi. Il en serait toujours de la sorte.

"Elle a trouvé le meilleur guide qui soit, tout comme les Nakhus." Souffla-t-il en désignant Maria-Elena du museau, son regard de glace posé sur elle. "Tu as de quoi être fier de ce que tu as accompli malgré... malgré tout."

Il n'aurait pas été plus attendu que Roy se mette soudain à danser une gigue. Mais il était déterminé à briser la glace avant de s'en aller. Après tout, peut-être que cela pourrait rendre leur relation meilleure à l'avenir. Qu'il y aurait une prochaine rencontre de ce trio de loups si peu colorés qui serait moins difficile à supporter. Que tous ne resteraient pas à jamais des étrangers pour les autres.

"Moi je suis fier de toi." Murmura-t-il d'une voix rauque.

Des paroles qu'il aurait du prononcer bien plus souvent, bien des années auparavant. Il y avait au moins ça de rattrapable. Peut-être.

"Pardonne-moi, Volstein." Acheva-t-il en se tournant vers lui, et son glowstick luisit un peu plus fort comme pour souligner ses paroles.

La vérité était bien plus sombre, car son pouvoir ne s'activait que pour une seule raison. Il était guérisseur, sa magie avait pour tâche de guérir. Mais il n'était pas temps de songer à cela, et il n'y songeait pas. Il ne voyait que les prunelles dorées de son cadet, les yeux plein d'empathie qu'il avait hérité de leur mère, et dans lesquels il ne se reconnaîtrait jamais.

La rencontre entre les deux frères s'acheva sur ces paroles, qui peuvent sembler bien banales. Il fallait avoir connu les tourments dans laquelle leur relation s'était noyée pour en comprendre l'importance, pour l'un du moins.
Lorsque le loup blanc fit volte-face pour continuer son chemin dans le Cimetière, laissant derrière lui son cadet et sa petite nièce, il ne pouvait se douter de ce que le destin réservait à ses prochains instants. De ce sommeil qui s'emparerait de lui et le ferait arrêter son chemin entre les pierres tombales pour de longs mois.
Que ces quelques instants seraient ses derniers.
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