{Grand Castel} Le roi c'est moi [PV Alys] Fini

Alpha. Le  mot sonnait encore bizarre dans l’esprit d’Alys qui avait encore du mal à réaliser. L’ancien bêta était encore surpris de sa nouvelle promulgation, c’était avec regret qu’il regrettait déjà Ezhekiel et sa soeur, bien qu’il avait eu du mal avec certains de ses choix. Au moins, le disciple de Dairo tenterait d’en tirer de la graine, histoire de ne pas être trop intransigeant. Cependant, restait la question de Cassandre. Le mâle ne connaissait absolument rien de cette louve, notamment son comportement. C’était quelque chose qu’il appréhendait particulièrement. Ainsi, Alys espérait que gérer les Etelkrus aux côtés de la femelle ne serait pas un défi constant… C’est d’ailleurs avec cette idée en telle que le nouvel alpha se rendit à la tanière de Cassandre, une nouvelle clope coincée entre ses crocs. L’entrée de la tanière était dissimulée d’un rideau de végétation, recrachant une bouffée de fumée, le mâle finit par pénétrer dans l’antre, ses prunelles vairons se posant sur la femelle allongée.

L’Etelkrus garda le silence pendant un instant, les blessures de ses pattes avant recouvertes par les bandages le démangeaient. Alys fronça légèrement les sourcils, ne sachant par quoi commencer.

« — Nous voilà donc avec un tas de choses à régler… »

Tant de responsabilités… Sans était presque effrayant, mais satisfaisant d’un côté. Par quoi devaient-ils commencer ? Établir leur relation avec les Lazulis ?

« — Nous pourrions commencer par désigner de nouveaux bêtas ?»

Oui, ça leur était tombé dessus comme ça. Dire qu’Alys n’avait jamais eu une quelconque ambition d’atteindre les « hauts-rangs »… Il faut croire que le destin se foutait bien de sa tronche. La question des nouveaux bêtas laissa le mâle pensif quelques minutes. Un choix s’imposait, mais il leur fallait faire le bon. Beaucoup d’Etelkrus étaient relativement jeunes, certains traînaient encore avec les nourrices, difficile de regarder de ce côté. Le fait de mettre Nachos de côté laissa l’ancien bêta quelque peu interloqué, bien qu’il ne soit pas particulièrement proche du mâle, il n’éprouvait nul ressenti à son égard. Toutefois, mieux ne valait pas contrarier la dame, de plus l’idée du mâle en bêta lui paraissait difficilement concevable. Son oreille frémit à l’évocation de Lucie, oui la louve avait un tempérament calme qui ferait un bon contre-balancier. Comme quoi, il faut croire que les « gênes » de sa famille étaient destinés à monter en grade. Le mâle espérait que son fils ne se rendrait pas compte de cela… Qui sait ce que cette boule de poils serait capable de lui faire faire. Une bouffée de fumée s’échappa de sa gueule.

« — Oui, Lucie serait un choix adapté. Son caractère perfectionniste serait un atout sans compter son caractère calme. Cela ferait un bon équilibre. »

Alys lui lança un regard amusé. Au vu de leur tempérament, des bêtas plus sages ne serait pas de refus. Il avait bien l’intention de prendre à son tour une décision. Ce n’était pas vraiment son genre de s’écraser, en particulier pour une décision aussi importante.

« — Ptah. C’est un loup intéressant, différent de Grimm ce qui je pense est une bonne chose, sur certains aspects. Son cadet fait preuve d’une logique tout bonnement remarquable du moins de ce que j’ai pu observer. De plus, le fait de lui donner des responsabilités pourrait lui permettre d’être moins… « réservé ».  Son duo avec leur Lucie pourrait être prometteur à l’avenir. »

Le nouvel alpha comptait surtout sur la jeune Lucie pour permettre à l’architecte de se développer socialement. Alys secoua légèrement sa tignasse pour remettre en place sa natte qui attendait une longueur capable de rendre jalouse les louves. Sa tignasse s’était sa fierté, même si à côté de l’apparence de Cassandre soigné, il faisait quelque peu « chiffon ». Une lueur amusée vint briller dans les pupilles vairons du mâle en entendant la question de la dame.

« — Personnellement, je resterais sur le fait que nous sommes plus un couple de… collaborateurs. Seul le temps nous dira réellement ce qu’il en ait. Après tout, je crois me souvenir que Ezhekiel et Élaine n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui à leurs débuts. De plus, ce n’est pas mon jour de forcer les dames à s’investir dans une quelconque relation.»

Le mâle étira son cou. Une partie de lui espérait ne pas avoir blessé la louve, mais il refusait de lui mentir. Ce n’était pas vraiment son fort… De plus, Alys ne connaissait pas suffisamment Cassandre pour savoir réellement qui elle était ou ce qu’elle désirait réellement. Si cela n’avait été que l’histoire d’un soir, la présence de la louve ne l’aurait pas dérangé, mais pour une relation sérieuse cela lui demanderait plus de temps, ce n’était pas vraiment un expert après tout. L’image d’une ancienne conquête lui vint à l’esprit, étirant ses babines en un sourire mystérieux. Si tous deux avaient prévu à l’époque ce qui se passerait aujourd’hui… Toutefois avec Cassandre, l’alpha marchait pour le moment sur des oeufs, attendant d’en savoir plus sur l’ancienne guérisseuse et voir comment se passeraient les choses à l’avenir.

« — Concernant nos relations avec les autres meutes quand est-il ? Devenons-nous aller à la rencontre des Lazulis, Nakhus… Raeders ?»

Lucie et Ptah pourraient former un duo prometteur, calmes et attentifs tous deux, ils feraient un bon contre-balancier. Même si le reptilien serait probablement plus distant à ses débuts, si tant est qu’il accepte de remplir cette fonction, Alys ne voulait forcer quiconque, cela pouvait engendrer un travail de mauvaise qualité, ce qu’il voulait éviter plus que tout.

« — Cela peut-être intéressant, de plus, Grimm ressemblait beaucoup à son frère plus jeune. Si c’était quelqu’un d’extraverti qu’il nous fallait, je te proposerais Pepper, cette gamine a du potentiel, dommage qu’elle ne soit trop jeune. »

La gamine bleue avait vraiment quelque chose d’intéressant, nul doute que plus tard elle serait un élément clé du clan. Enfin, pour le moment ce n’était qu’une loupiote qui en faisait voir de toutes les couleurs à ce pauvre Althestan. Un sourire amusé étira les babines d’Alys qui se pencha légèrement.

« — Absolument pas, les louves faciles ont tendance à m’ennuyer…»

Les soirées en compagnie de louve à caractère était beaucoup plus intéressante, mais bon pas trop de caractère non plus. La queue recourbée de l’alpha remua quelque agacé, tandis que les poils de son échine se dressaient légèrement. Les sous-entendus de Cassandre lui déplurent particulièrement. Le fait qu’il ait de la famille chez les Lazulis ne justifiait absolument rien pour lui, d’ailleurs il avait quelques difficultés à se rappeler qui exactement s’y trouvait. Un frère sûr, mais quant-a son physique seule une image floue demeurait dans l’esprit du disciple de Dairo. L’étroitesse d’esprit de la louve ne plus pas au mâle qui cracha une bouffée de fumée par la truffe. Les readers n’étaient pas tous une bande de parjures, certains de leurs membres souffraient de leur isolement sur cette île. Cela, Alys l’avait pris en rencontrant la petite Angelica qui l’avait pas mal interrogé. Que devenait donc cette gamine d’ailleurs ?

« — Si eux vénèrent un dieu de malheur, que pouvons-nous dire de nous ? Ce sont des loups, le fait qu’ils soient reclus sur une île à cause d’une foutue malédiction n’exclut pas le fait qu’ils puissent être des alliés potentiels en cas de conflit. Un vieux proverbe dit : Un ennemi dangereux deviendra un allié si l’on sait s’y prendre. »

Toutefois la blanche demeura fermé à l’idée de traiter avec les Raeders. Le mâle retroussa légèrement les babines en l’entendant lui donner un ordre. S’attendait-elle à ce qu’il soit son petit toutou qui fermerait son clapet ? Si c’était le cas, cette louve était bien loin de ses surprises…

« — C’est une menace, Cassandre ? » Le mâle marqua une pause. « Je pense avant tout à la meute, mieux vaut compter des alliés que des ennemis. Nos relations avec les Lazulis ne sont pas au meilleur de leur forme et les Nakhus n’ont été que trop peu considéré. Je veux que nous soyons près pour la prochaine crise, nous ne devons plus être pris par surprise. »

Elle s’affaira alors à faire une sorte de mixture en se lançant dans une sorte de monologue qu’Alys n’écouta qu’à moitié. L’esprit du mâle était tourné vers la meute et les préoccupations d’alphas qui allaient avec. L’alpha reporta son attention sur la louve en entendant le mot « saignement » tandis qu’elle poussa vers lui une sorte de crème verdâtre. Le disciple de Dairo regarda quelques instants la mixture, son odorat absent l’empêchant de savoir ce que ça contenait. Avant de s’en étaler sur ses plaies, il choisit de répondre à la louve, les sourcils toujours froncés.

« — Ce serait une bonne chose en effet. Ne devrions-nous pas envoyer plus de loups aux dieux afin qu’ils puissent choisir leurs prêtres ? Depuis que Noroi a été déchue, nous n’en avons plus aucun.»

Le règne s’avérait plus compliqué que Alys ne l’avait prévu. Cassandre éveillait chez lui un certain agacement. Les dieux, tendres ? Eh bien, la dame avait du avoir une existence des plus douces pour penser cela. Les créatures les plus dangereuses de ce monde n’étaient autre que les dieux, leurs pouvoirs contraignait les loups à éviter de les contrarier. Les damnés de Pontos en subissait d’ailleurs les effets, maudits, devant rester sur leur île. Dire que tout avait commencé avec la rébellion de Paprika… Le disciple de Dairo se releva, en s’étirant le cou.

« — Tendre avec nous ? Ah, l’ont-ils réellement été un jour ? Le simple fait de leur parler ne nous maudit pas, j’ai déjà eu l’occasion d’en rencontrer, en suis-je mort ? Visiblement pas. Inutile de cherche un bouc-émissaire pour tous les malheurs du monde…»

Du fait de la faible corpulence de la louve, l’alpha n’eut aucun mâle à l’observer de haut. Les sourcils froncés en guise d’avertissement, les babines légèrement retroussées, Alys n’avait clairement pas l’intention de se laisser poser une muselière par la rose.

« — Gardes toi donc tes avertissements, Cassandre. Je veux uniquement montrer aux Nakhus que en cas de problème, nous sommes présents pour leur apporter notre soutien. Quant-aux Lazulis, le fait de mettre au clair les alliances serait une bonne chose, Morrow est une alpha… compliquée. Enfin, j’imagine que nous avons encore le temps de réfléchir à tout cela.»

C’est sûr qu’il y en a plus d’une d’erreurs… S’intéressait-t-elle au moins aux membres de leur clan ? Alys l’avait déjà aperçut avec Ezel, sa nièce et la nouvelle alpha avaient semblé en bon terme… La méfiance d’Alys était éveillée, aussi il ne lança même pas un regard à la pommade, il emporterait la mixture et verrait bien si il choisit de s’en appliquer, pas devant elle en tout cas. L’Etelkrus refusait de retirer ses bandages et permettre à la louve de voir ses blessures sanguinolentes. Cela risquait de le rendre faible aux yeux de la louve et tous deux semblaient engagés dans un rapport de force.

« — À moins que cela ne soit pour détourner mon attention…», bougonna le mâle assez bas.

La confiance. Cela semblait être une qualité clé pour Cassandre. Toutefois, si la confiance n’était pas immédiate, elle pouvait se développer au fil du temps, aussi Alys se moquait bien de savoir si un potentiel candidat leur faisait confiance, du moment qu’il se montrait serviable. L’image de Siam apparut dans l’esprit de l’ancien bêta. Son fils n’avait toujours pas de Glowstick et s’approchait dangereusement de la limite temporelle pour en obtenir un…

« — Certains ignorent quelle divinité choisir, l’on pourrait également expliquer aux intéressés pourquoi choisir tel ou tel dieu, les entraîner dans leur démarche. Des loups comme Siam n’ont toujours pas obtenu de Glowstick car ils ne savent pas quel dieu choisir… Aussi bien certains pourraient se rendre compte qu’ils doivent se tourner vers d’autres dieux. »

Cette louve faisait ressortir le pire de Alys qui se laissait de plus en plus envahir par l’agacement. Jamais encore il n’avait croisé loup aussi emprunt d’arrogance, pensant savoir tout sur la moindre chose. Quelle dommage que la vérité en soit tout autre… Un sourire amusé vint étirer les babines de l’ancien bêta. Un peu de brusquerie ? Eh bien, sa majesté n’avait pas du connaître de réelle scène violente dans sa vie. Enfin, Alys choisi de ne pas relever en lui faisant démonstration de ce qu’était réellement de la brusquerie. L’évocation d’Élaine n’irrita qu’un peu plus l’Etelkrus qui aurait bien voulut laisser son aînée en dehors de tout ça. D’une démarche lasse, l’alpha se positionna à proximité de la sortie de l’antre.

« — Oui, j’ai bien compris que tu ne comptais pas bouger la moindre griffe de ta précieuse tanière, Cassandre, nulle inquiétude sur ce point. J’ose espérer que tu comptes entraîner nos guerriers à être plus ouverts d’esprit, sinon autant emmurer les Etelkrus dans leur antre. »

Ce qui ne tarderait pas à arriver si la femelle continuait à se montrer aussi fermée à toute suggestion. Alys l’observa récupérer son étrange crème, soit, il éprouvait de réelles difficultés à accorder une once de confiance à cette créature rose et blanche. L’absence d’odorat l’empêchait de déterminer la composition de l’onguent et mieux ne valait prendre aucun risque. Tentant de conserver un minimum de calme, il l’écouta proposait son idée qui aurait été judicieuse si seulement les Etelkrus comptaient plus de membres dans leurs rangs. Mais si avoir un ambassadeur dans les rangs adversaires, le revers de la médaille les contraignait à en accueillir un dans leurs rangs, ce qui n’était la plus judicieuse des idées.

« — Ce pas une bonne idée pour le moment. Nous ne sommes pas assez nombreux, nous séparer de trois guerriers — en incluant les readers — serait beaucoup trop contraignant si de nouvelles catastrophes devaient survenir. Nous ne pouvons nous permettre de mettre davantage notre clan dans une situation défavorable.  Je préférerais déjà voir si les autres clans seraient prêts à mettre les choses au clair.  »

Une réunion des dirigeants pourrait être une idée à creuser si le sujet des ententes inter-clans devait revenir sur le tapis. C’était probablement le genre de chose qu’aurait adorer Gloriel. Qu’est-il donc arrivé à son frère depuis tout ce temps ? Alys ne parvenait même plus à se souvenir de son apparence, ni même celle de ses parents. Seules les cicatrices avaient survécu au fil du temps, unique témoignage de ses combats passés, ses erreurs, ses blessures. Reportant son attention sur la louve, le noiraud lui lança un regard vide de toute expression.

« — Nous en avons fini pour le moment, les brebis égarées ont besoin qu’on leur apporte à manger. Amuse-toi bien avec tes plantes…» Le loup marmonna plus bas en se dirigeant vers la sortie. « … Assures toi que cela ne te monte pas trop à la tête. »