Avant d'espérer [Cro]

La savane, à l'aube.
Hilde était tout près du terrier, et admirait le lever de soleil, assise sur un rocher. C'était beau. Les couleurs se mélangeaient avec harmonie, et Hilde ne savait même pas pourquoi sa gorge se serrait à ce spectacle. Ce n'était certainement pas Jo qui lui avait conseillé d'aller voir le lever de soleil -il leur adressait à peine la parole, et n'était jamais présent plus de quelques heures d'affilées depuis qu'elle et Weerow n'avaient plus besoin de lait. Il leur apportait une proie ou deux, qu'elles se partageaient -mais qui ne suffisaient pas à les rassasier vraiment, et disparaissait dans la nuit. Hilde ne s'en plaignait pas, et n'en était même pas triste : elle n'avait jamais connu que ça, et, ne pouvant pas comparer son expérience avec celle d'autres louveteaux, ce système lui semblait parfaitement normal. Elle avait un peu froid, parfois, la nuit, mais se blottissait juste un peu plus près de sa soeur, et tout se passait bien. L'aube finissait toujours par revenir.

La femelle chocolat était partie très tôt ce matin-là. Pour fuir le Squat, lieu qui lui devenait dérangeant car lieu de convalescence, et donc prison pendant plusieurs semaines. Aussi, dès qu'elle pouvait, désormais, Sekmêt partait se promener. Sur le fin de sa rémission, elle n'avait pas le droit à d'autre activité de toutes façon. Donc se ballade rpour ré-habituer ses muscles à fonctionner et à la porter était le meilleur exercice pour sa ré-éducation. La louve aux pupilles fendues faisait de gros efforts, même si constamment la douleur lui rappelait qu'elle n'était pas encore prête. Incapable de sauter, courir, de tout gestes brusques. Sekmêt devait attendre. Alors elle louvoyait tranquillement à droite à gauche, réussissant chaque jour à avaler une ditance plus grande que la veille avant que son abdomen ne redevienne trop douloureux ou que l'épuisement ne la gagne. C'était une petite fierté personnelle. Aujourd'hui, donc, c'était la savane. Là où elle avait, pour la première fois de sa vie, essayer de chasser sans l'aide de personne, puisqu'elle se disait, à ce moment là, que n'ayant pas de père, elle devrait se déboruiller seule pour apprendre. Un sourire éitra ses babines et illumina son regard turquoise. Contournant un troupeau d'herbivore sans trop se hâter, elle pouvait profiter de la sérénité du lieu, au matin, pour observer le paysage et profiter. Dans son champ de vision, une boule de poil blanche et blonde. Tiens ? Curieuse, elle s'en approcha, se demandant qui donc laisser un enfant ici seule ? L'odeur de Jo traînait sur son pelage, d'ailleurs la ressemblance était assez frappante. Pelage blanc, blonde, yeux pâle et luinescents.

« Salut ! Je suis Selmêt ! »

Présenation en premier, histoire de.

Hilde se retourna doucement, et sauta au bas du rocher où elle était placée. Elle n'aimait pas toiser les autres d'en haut, pas même quand ils étaient plus grand qu'elle. Elle aimait qu'ils soient à égalité, et pour elle, cela n'impliquait pas que les têtes soient à la même hauteur, mais surtout que les pattes touchent le sol. En ce qui concernait la taille que lui avait donné la nature pour le moment, elle n'y était pour rien. Mais Hilde ne s'inquiétait pas : elle savait qu'elle était en train de grandir, elle pouvait le remarquer tous les jours : les herbes de la savane paraissaient moins hautes. Il n'empêche que, pour le moment, elle dépassait à peine des hautes herbes.

─ Salut ! Je suis Sekmêt !

Hilde toisa la louve. Elle était étonnée : c'était la première fois qu'elle voyait un loup qui n'était pas blanc. Jo, Weerow et Ska, ses trois seules connaissances pour le moment, arboraient tous des couleurs différentes, mais tous sur une toile de fond blanche. Elle-même était blanche aussi, elle avait pu le voir dans les flaques d'eau -du moins il lui semblait que c'était elle, puisque la petite louve dans les flaques lui rendait ses grimaces.
Mais cette louve là était totalement différente : une couleur chaude, chocolat, des yeux fendus, une épaisse tignasse noire. Hilde s'enticha tout de suite d'elle, ravie à l'idée d'avoir une nouvelle connaissance qui changeait tant des autres.

─ C'est ton prénom ?

Elle voulait être sûre. Ska lui avait expliqué ce qu'étaient les prénoms, qu'ils servaient à différencier les loups entre eux, mais elle voulait tout de même vérifier. Bien sûr, Hilde ne savait pas que Sekmêt attendait un prénom en retour : elle n'était pas au fait de la politesse habituelle, et ne connaissait de toute façon pas encore son prénom à elle. Elle attendait le bon moment pour le trouver.

Sekmêt haussa un sourcil. Ne comprenait pas trop pourquoi la petite boule de poil couleur neige demandait confirmation. Néammoins son sourire resta ce qu'il était : franc et rieur.

« Eh bien oui, c'est le prénom que ma maman m'a donné. »

Penchant la tête sur le côté comme le ferait un chiot curieux, la Brethen aux cheveux de jais méchés de blanc détailla la petite louvette et son environnement inadéquat. Toute jeune, toute claire. Cela dit, elle se fondait à merveille dans les hautes herbes jaunies. Et puis la femelle brune n'était pas au fait des façons de s'occuper des enfants. Elle n'était pas mère et la sienne avait été bien trop surprotectrice -elle l'était toujorus d'ailleurs !- pour que ce soit sain. Sekmêt avait la conviction que d'autres méthodes d'education lui auraient plus apporté pour sa vie d'adulte. Maintenant elle se retrouvait à mal supporter la solitude et à continuellement craindre qu'on la délaisse. Mais bon, elle n'en voulait pas à sa génitrice qui avait fait son possible pour la rendre heureuse. Encore maintenant, même si elle s'efforçait de séparer Khal et Sekmêt. L'hybride ne souhaitait que le bonheur de sa fille. Et Sekmêt ne pouvait lui en vouloir de se tromper sur ce qu'elle ressentait. Mâat avait l'esprit borné, elle ne pouvait pas comprendre pourquoi la jeune louve chocolat faisait encore confiance à Khal. Les histoires d'adultes étaient compliqués et la vie de Mâat l'avait été encore plus. Alors Sekmêt ne disait rien. Préférant dans ce cas unique, s'isoler.

« Tu es toute seule ? »

Bon, c'était quand même dangereux de laisser un môme en plan en pleine savane, non ? La Brethen jeta un long regard alentour, cherchant une autre trace d'un pelage blanc. Peut-être que Jo n'était pas loin ?