Ah, ce qu'on est bien… ~ Ft. La Portée

Sujet: Ah, ce qu'on est bien… ~ Ft. La Portée Mar 24 Nov 2015, 20:47

Il commençait à faire drôlement frais. L'automne était là, avec son vent froid et ses feuilles colorées. Pourtant, la mère menait ses louveteaux pour une séance de baignade au fond de la forêt. On aurait pu croire que cela était idiot, mais c'était sans savoir qu'au fond de la forêt de l'oublie se cachait une source d'eau délicieusement chaude. De plus, la mère avait pris soin de choisir une journée où le fond de l'air était assez chaud afin d'éviter que les petits n'attrapent froid une fois sortis de l'eau.

Le matin, donc, la louve carmin s'était éveillée, ses quatres bambins l'entourant. Comme d'habitude, comme à chaque réveil, elle était paniquée, sortant d'un horrible cauchemar. Elle avait beau avoir tué Edan de ses propres crocs, elle n'arrivait toujours pas à se défaire de ses rêves noirs, de son angoisse, de sa peur. Elle était devenue nerveuse, constamment sur le qui-vive. L'approche des mâles adultes l'angoissait terriblement. Pourtant, elle tentait de faire bonne figure devant ses enfants. Elle ne voulait pas les inquiéter. Ce n'était pas leur faute.

Elle les regarda donc dormir un peu avant de les lever. Joshua, son seul garçon, était tout collé contre elle, l'air serein. Ses trois autres filles venaient ensuite. Sawyer, Insane et Blair. Un léger frisson secoua l'échine de la femelle en regardant cette dernière. Elle était le portrait craché de son géniteur. Mais Fireheart ne pouvait lui en vouloir; ce n'était pas la faute de l'enfant si elle ressemblait au salopard qui avait violé sa mère. Avec un petit soupir, elle avait donné quelques coups de langues aux louveteaux afin de les réveiller. Une fois debout, elle les avait laissé téter tranquillement avant de se lever et de les encourager à la suivre. Ayant toujours mal au cœur à cause de son cauchemar, elle sauta le petit déjeuner et pris la route avec les gamins. Elle avait marché lentement, s'assurant que les jeunes suivaient bien et qu'ils ne se bousculaient pas. Une fois en forêt, elle les laissa prendre les devant, les guidant d'un signe de tête de temps à autres. Ils y étaient presque.

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♫L'appréhension de la première sortie.

Apprentissage.

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«Il était une fois, une forêt.
Dense, plutôt sombre à cause des innombrables patriarches qui jonchaient de leurs troncs le sol meuble et couvraient de leur branchages le ciel sans couleur, ces bois avaient toujours eu leur partie de mystère, leur partie de crainte, et d'émerveillement. Était-ce à cause de son atmosphère ? En toutes saisons, il semblait que la magie s'opérait, et sous toutes ses formes ainsi la nature jouait de ses charmes à travers l'un de ses enfants. Printemps, été, automne, hiver. Perles liquides, émeraudes titanesques, poussière d'or, diamants éparpillés sur le sol. On racontait, mon jeune Joshua, que cette beauté à faire pâlir Aphrodite, aussi simple qu'elle soit, arrivait à faire perdre la tête à n'importe quel imprudent s’aventurant un peu trop loin dans ses dédales forestiers. Était-ce la vérité ? Certains n'en sont pourtant jamais revenus. Quoi ? Que dit-tu ? Ce grand loup bougon et rachitique, dans le coin, là-bas, il en est revenu ? Tu en est sûr ? Regarde bien dans le fond de ses pupilles, on dit bien que les yeux sont le miroir de l'âme, après tout... Qu'y voit-tu ? Rien, absolument rien. Et bien tu as raison mon petit. Ce grand loup bougon et rachitique n'est jamais revenu du Bois de l'Oubli. Son âme y est restée à jamais, attirée comme la pomme sur la tête de ce bon vieux Newton, condamnée à voleter maintenant avec les lucioles et à danser avec les fées pour l'éternité...»

Le vieux loup noir baissa la tête, fermant lentement ses grandes paupières fatiguées sur des yeux brillants de sagesse.

«Mais Grand-Pa, pourquoi est-il allé aussi loin s'il savait qu'il pourrait se perdre ?»

«Joshua, Joshua...» murmura en un souffle l'apparition du défunt, dans un grand sourire plein de bonté. « Tu dois savoir que parfois, face à des moments difficiles, certaines personnes ont tendance à s'éloigner le plus possible de la réalité, espérant ainsi y trouver un échappatoire. C'est ce qu'a fait ce grand loup bougon et rachitique. Il a choisi de se perdre.»

«C'est quoi un.. échappatoire ?»
«Tu le saura en temps et lieu, mon jeune garçon... la seule chose que tu dois retenir, c'est de ne jamais laissez ceux que tu aimes se perde de cette façon. Ne les laisse pas s'effacer... »

L'arrière-grand-père commença doucement à s'évaporer, s'éparpillant dans les étoiles scintillantes de la tête du louveteau.
«Attends, Grand-Pa !»
«Ne... les... laisse pas... s'effacer....»

***

Quelque chose de humide et de chaud lui frôla la joue.
Il ouvrit un œil, puis deux, et les referma aussitôt, la rétine agressée par le peu de lumière qui filtrait par l'entrée de la tanière. Le jeune louveteau brun se blottit un peu plus contre le pelage chaud de sa mère en gémissant, à la recherche d'encore un peu de réconfort avant de se lever et d'affronter le jour qui se pointait le bout du nez... Il enfoui sa tête dans la chevelure de feu de sa génitrice, attiré par la température qui s'en dégageait, en appuyant ses petites pattes sur le corps encore endormi de sa sœur Blair. «Hmphf». En sentant les autres remuer autour de lui, il fini par ramasser ses membres sous lui et s'asseoir, la tête encore embrouillée par les vapes d'un rêve bien étrange...
Fireheart leur offrit de son lait, et Joshua téta sereinement auprès des autres, jetant tout de même un œil à Insane qui ne semblait pas avoir très faim. Peut-être avait-elle fait un rêve, elle aussi.

Il ne fût pas long avant que toute la petite bande de brochettes barbecue se mette en marche. Plan de la journée ? Une baignade, avait dit maman. Josh' était enthousiaste et tout fier de braver la température plutôt frisquette de l'automne pour se trempouiller les pattes dans un endroit encore inconnu. Jetant un œil protecteur sur sa petite famille, il prit les devants, reniflant un peu tout ce qui se trouvait sur son passage, et surveillant fréquemment qu'il ne s'éloignait pas trop de sa mère. «Ne les laisse pas s'effacer» résonnait encore dans sa petite caboche, et incertain de ce que ça voulait vraiment dire, le jeune mâle préférait battre le sentier pour ses sœurs sans se poser trop de questions. «S'il y a un danger je l'anéantirai !» claironnait-t-il en pensée, tout alerte et attrapant toutes les petites feuilles qui virevoltait devant lui comme s'il aurait été s'agit de proies. Suivit de près par Insane, il se retourna avec un air faussement suffisant, sa queue flamboyante frétillant derrière lui en répandant des petits nuages de fumée :
- Reste derrière, princesse, Chevalier Joshua fait son travail ! Il ne t'arrivera aucun mal si tu reste bien derrière moi.

Personne n’avait jamais vu Sawyer à la lumière du jour. Seul les éclats orangés de la famille l’avait éclairé, et les rayons couvé par les racines à l’entré de leur tanière. Mais aujourd’hui c’était un jour différent. Dans ce monde, il y a des êtres qui, de dos, nous promettent un secret. Leur nuque, leur reins, leurs omoplates, on tellement de présence qu’ils nous remplissent d’appréhension. Lorsqu’il se retournent, il nous font vivre un coup de théâtre, avec ses risques : Risque nous soyons enthousiasmés, risque que nous soyons déçus. Mais lorsque Sawyer glissa sa tête dans le vent, ou glissa les doigts de ses pattes sur le roc, les gens furent étonné de voir sa différence. Des voluptés de fumé tournoyais autour d’elle, léger, volatile. On aurait dit des libellules. Elle était donc sortie, fermé dans son monde, mais les pattes bien à terre.

Rien ne pouvait venir troubler le bonheur qu’elle ressentait d’enfin pouvoir sentir la moiteur de la terre sous ces pattes, ou le vent dans ses poils, écouter le craquement des feuilles sous ces pattes. Non, là ou les couleurs se mélangeait, chaude et froide, Sawyer s’y plaisait. Elle savait que se monde aurait beaucoup à lui offrir et qu’elle irait le chercher, s’il le fallait. Aujourd’hui d’ailleurs, la mère de Sawyer et de sa fratrie leur avait donner cette opportunité. Ce n’était pas quelque chose que Sawyer priorisait dans sa liste des petits plaisirs même si sa liste ne s’étendait pas à grande chose, vu son âge, mais…elle n’était pas réellement certaine de vouloir se tremper les pattes. Elle avait eu dans l’idée de résonner sa mère, mais elle savait que Joshua ne la laisserais jamais gâcher cette merveilleuse journée. Dansant des pattes, elle attendit donc avec impatience que tout le monde soit sortit, prêt à partir. Elle jappa sur l’un, puis sauta sur l’autre. C’était une journée spéciale et Sawyer savait en apprécier chaque moment. C’est d’ailleurs par soucis de transmettre son bonheur à sa mère qu’elle resta au près d’elle, collant sa tête sous son museau, avant d’être bousculer par Joshua qui était presser de prendre les devants. Le regard malicieux, Sawyer sourira à sa mère, extasié de pouvoir jeter un gue tapant à son frérot et, se faufilant derrière lui, elle se projeta sur lui, dans un grand vacarme volontaire et, au moment ou il aurait pu s’enfuir de cette attaque sournoise, Sawyer éclata un rire aigüe avant de s’électrocuter le poil et de lui balancer une petite décharge, l’obligeant à être collé à elle.

-Du calme chevalier puceron dit Sawyer retournant son poil à son état normal, tu va te faire du mal à force de t'émoustiller comme ça.

Sawyer lui lécha cette marque rouge éclatante de son visage, avant de faire un clin d’œil à sa sœur et de venir se glisser tout à l’arrière de la file, devant sa mère, restant tout aussi attentive que son frère sur les éléments qui l’entourait, surtout les feuilles qui tombait des arbres parce qu'ils lui offrait un magnifique tableau vivant.

[Sry, c'est court aussi. .__. Je dois m'habituer à jouer un petit. °^°.]

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« Meugneuhmggrrn. »

Blair fut réveillée par les coups d'une langue large et chaude. Elle reconnut d'abord la douce température émanant en permanence de sa mère, talent dont elle avait hérité. Puis l'horrible sensation de bave tiède éparpillée partout dans son pelage court pris à rebrousse-poil. Poussant un grognement qui se voulait menaçant, elle cligna de ses yeux fatigués et montra ses minuscules crocs blancs, avant de se rappeler que c'était sa mère bordel, et que les mamans c'était sacré. Et puis passé le temps de s'habituer à l'idée de se faire recouvrir de salive, c'était pas si désagréable que ça. La mioche adopta son habituel air renfrogné, mais laissa faire Fireheart en cachant du mieux son plaisir.

« HMPHF. »

Joshua lui avait foutu un coup de patte dans la gueule. La rouquine gronda à nouveau, mais ce fut encore un gémissement ridicule qui sortit de sa gorge. Ils verraient bien ces couillons, quand elle serait grande et forte comme sa mère. Pour mieux appuyer ses propos mentaux, elle se fraya furieusement - comprendre : à petits coups de tête faiblards - un passage entre les corps potelés de sa fratrie pour avoir accès à une mamelle. Non mais oh. Le lait ça rendait fort, d'abord. La pouponnière était étrangement silencieuse, entre les bruits mats de succion des nouveaux-nés encore endormis et leur mère qui avait eu le grand privilège d'avoir été faite muette. A se demander comment les marmots avaient appris à parler.

Blair contempla avec curiosité Fireheart lorsque celle-ci se releva, laissant un grand froid sur la litière. Bah, elle allait où ? C'était pas comme si elle allait répondre, trololo. Attendez, ils allaient dehors, là ? Genre, en-dehors du camp ? Pour la première fois ?! L'excitation lui envoya des décharges électriques dans tout le corps. Fébrile, elle se redressa à son tour sur ses petites pattes en spaghettis et suivit la madre à l'extérieur.

L'air frais lui fouetta le visage, et le soleil l'aveugla. Elle cligna bêtement des yeux et tenta du mieux qu'elle pouvait de suivre sa mère, qui les entraînait vers la forêt. Émerveillée, elle regardait tout autour d'elle. Tout était nouveau. Ces odeurs humides, ces couleurs encore vives, les pépiements des oiseaux hivernaux dans les hauteurs... Le museau en l'air, elle manqua de se biter pas mal de fois, mais parvint à camoufler ses étourderies du mieux qu'elle put. La dernière chose dont elle avait besoin, c'était de se ridiculiser devant les autres. Joshua faisait son gros malin, et Sawyer ne trouvait rien de mieux à faire que de l'encourager. Blair grimaça en lui tirant la langue. Il avait beau être son frère, elle le trouvait parfois gonflant à fanfaronner de la sorte.

« Ah ouais ? Et tu fais quoi si y'a un grand méchant Bretin qui arrive genre là maintenant tout de suite ? » lui répliqua-t-elle, l'air défiant.

À la voir sourire ainsi à regarder ses enfants découvrir la forêt, on aurait pu difficilement croire que Fireheart était brisée. Pourtant, celui qui s'attarderait dans son regard y verrait clairement, derrière la lumière temporaire du bonheur, l'éclat terne de la mort. C'était ce qu'elle était, au fond, morte, et ce depuis ce jour horrible. Elle trouvait les forces, quelque part en elle, d'agir normalement, mais seulement pour ses enfants. Elle s'isolait de la meute, elle n'offrait plus le moindre sourire ou le plus simple battement de queue chaleureux à qui que ce soit d'autre que ses gamins. Devoir faire cet effort pour eux l'épuisait et elle n'avait simplement pas la force de jouer le jeu pour les autres Séides. C'était trop difficile.

Mais, là, dans la forêt, c'était plus difficile encore. Les arbres, le petit vent, les fleurs, cela lui rappelait cet endroit, pourtant assez éloigné. Elle n'avait plus remis les pattes dans la forêt humide depuis la fois où elle y avait croisé Edan. Elle avait trop peur. D'ailleurs, depuis le jour où elle l'avait tué, elle n'était pas ressortie du campement. Pour elle aussi, donc, c'était un peu comme une première fois.

Elle s'était imaginée que ce serait facile, une fois qu'il serait mort. Elle avait cru qu'elle se remettrait. Elle avait pensé que cela l'aiderait. Mais rien de plus faux. Si elle marchait derrière les enfants, c'était parce qu'elle pouvait ainsi les garder dans son champs de vision afin de s'assurer qu'il ne leur arrive rien. Elle était nerveuse. Effrayée. Ses oreilles tiltaient au moindre son, son regard parcourant les lieux sans arrêt. Elle fut donc la première à remarquer la vapeur qui s'élevait derrière les fougères dégarnies. Elle eu un sourire et repris les devant de son petit groupe, guidant les enfants vers la source d'eau chaude. Elle-même pourrait s'y baigner, si les jeunots insistaient. La source était peu profonde et isolée, sécuritaire donc. Si elle avait toujours porté son armure, elle aurait simplement refusé de peur que le poids de celle-ci ne l'entraîne, mais elle ne la portait plus depuis peu avant la naissance des enfants. Elle l'avait remplacé par un foulard blanc autour de son cou et quelques bracelets tressés. L'armure ne lui servait à rien. Elle n'avait pas su la protéger du pire des affronts après tout. Et Fireheart ne comptait pas retourner combattre. Plus jamais la violence.

Un sourire doux sur le museau, elle invita ses enfants d'un geste du museau à s'approcher de l'eau.

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♫L'appréhension de la première sortie.

Apprentissage.

- « Oui mère ? »

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N'importe quel badaud ayant posé ses prunelles sur la petite famille en marche aurait été inéluctablement attendri. La mère veillant avec bienveillance sur ses rejetons, les menant à destination, le sourire guerrier de ceux qui ont tout juste la force de continuer à respirer mais continuent à avancer malgré les tempêtes, sur ses babines carmin. Là était l'une des beautés les plus spectaculaires de notre monde : cette force inébranlable qui habite les mères, du plus infime oiseau jusqu'au plus féroce des prédateur, l'amour inconditionnel d'un être pour la chair de sa chair. Un ouragan aurait beau dévaster chaque infime parcelle de terre sur la planète, on les verrait toutes debout, leurs enfants sous l'aile, se dressant devant l'adversité comme autant de rochers bravant l'eau érosive de la mer. À l’intérieur de ce tendre tableau qu'observe le badaud, il y a également un petit garçon plein d'entrain, sautillant de ci et de là, désamorçant le terrible piège que peut représenter une embuscade d'écureuils (alors transformés en monstres sournois) ou servant de protection à ses camarades, une arme légendaire rutilante de gloire coincée entre les dents, qu'il avait ramassé dans un tas de branchages. Le jeune mâle balafré de rouge marchait fièrement devant, un petit panache de fumée le suivant comme un fidèle compagnon, et chatouillant les narines de deux de ses sœurs, une petite femelle au pelage d'hermine et au dos parsemé de larmes de dragon, comme le joyeux chevalier se plaisait à surnommer les braises sur sa frangine, ainsi qu'une petite fille bien plus réservée et tranquille, au pelage bigarré de teintes bien différentes du reste de la petite famille, suivant son frère avec une confiance mignonne et sans faille. Soudain, tache de joie enfantine sur cette peinture que je vous décrit, la blanche bondit sur son frère, et le poil électrifié dont ne sait quel don mystérieux, lui remet l’ego en place d'une décharge qui ébouriffa le visage du petit Joshua telle une hilarante crinière de lion. Des rires fusent, et sourcils froncés, le p'tit gars tire la langue dans la direction de Sawyer, un peu énervé d'être ainsi coupé dans son élan. «Chevalier puceron, dit-tu ?» Le petit au poil chocolat bombe le torse et détourne la tête d'un air à la fois boudeur et bien peu crédible. «Je vais t'en faire, moi, des chevalier puceron !» La langue de la petite viens mouiller le visage de son frère de salive et il s'empresse de l'essuyer du revers de la patte en gémissant, dégoûté.
- BWAAARK !
Bondissant sur ses pattes, le loupiot cherche désespérément un échappatoire du regard, et apercevant un invitant tas de feuilles du coin de ses yeux tricolores, s'empresse de bondir sur la rouquine qui les observait, une grimace pendue sur les lèvres, l'entraînant dans sa course et culbutant avec elle jusque dans le tas, enfouissant sa tête dans les végétaux morts pour se débarrasser de l'oh affreusement dégoûtante bave de soeur collée sur son museau... tout en poussant Blair de ses pattes et la faisant trébucher à son tour dans les feuilles. L’œil brillant de malice, le petit profite de l'occasion et pose ses deux pattes avant sur le torse de la petite grognonne, lui souriant comme seul les enfants savent le faire, oubliant dans l'espace d'un éternuement ce qui le faisait ronchonner il y a de cela à peine un instant...

- Et bah, si un grand méchant Bretin arrive là-tout-de-suite, je t'envoie bouler dans leurs sales tronches, ils vont prendre peur !, claironna le louveteau en gloussant.

Oui, dans ce tableau, même la plus funeste des origines que transportent avec eux les enfants insouciants s'envole et se désintègre dans l'air au son de leur rires clairs comme de l'eau de roche. C'est ce qui est merveilleux, avec les enfants : Nul malheur n'arrive à éteindre complètent leur espièglerie, et au fil de leurs jeunes années, emportent avec eux l'âme en peine des grands aux prises avec leurs doutes et leurs problèmes. Les enfants sont des puits de lumière ; il ne suffit que de savoir sourire et ils vous éclairerons le cœur un peu, l'espace de quelques douces bêtises et d'innocence purifiante.

C'est ainsi que la petite troupe, aussi tonitruante quelle pouvait l'être, arriva près de son but. Un signe de tête vers les volutes vaporeuses qui s'élevait devant, au-delà des végétaux, et des étincelles s'allumèrent dans toutes les petites caboches. C'que c'était cool, comme première sortie ! Il allaient pouvoir se mouiller, s'éclabousser, se réchauffer le bedon dans cette source mystérieuse et encore pleine de secrets à découvrir...

Le petit Joshua s'aplatit sur le sol, le postérieur remuant malgré lui d'une excitation grandissant chaque seconde, sa longue queue rayée et enflammée balayant le sol en rythme avec sa joie palpitante...

- Attention les gens, il y a un dragon derrière ces buissons !!! Je vais vous sauver !!!

Et il s'élança sans plus attendre vers les fougères, les poumons explosant dans un tout petit hurlement de guerre, disparaissant derrière les troncs...

PLOUF.

Un grand silence, puis un petit rire jaillit de la source, invitant ses sœurs et sa mère à venir partager son bonheur...

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DP//

HRP:

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« ERK. »

Elle s'était préparée à répliquer méchamment à la réponse de son frère, pas à encaisser un roulé-boulé impromptu ! La nabote se sentit brusquement basculer en arrière, sa tête percuta le sol mou, puis son cul passa par-dessus sa gueule jusqu'à ce qu'elle atterrisse dans un tas de feuilles mortes. Des étoiles bleues et rouges dansèrent devant ses yeux, avant de se dissiper sur le visage rieur et insolent de Joshua. Elle le fusilla du regard, le visage cuit par la honte de s'être fait avoir.

« Espèce de... de... Espèce... GRAAARRRR. »

Elle avait beau chercher une insulte à la hauteur de son ire, elle ne trouvait rien de convaincant dans sa caboche de marmot. Faute de quoi, elle frétilla avec hargne en donnant des coups de patte faiblards dans le ventre de son frère pour se libérer de son emprise. Est-ce qu'elle avait vraiment réussi à lui faire mal, ou avait-il accepté ses pitoyables efforts comme une reddition et l'avait donc libéré de lui-même ? Qui sait ? Quoi qu'il en soit, quelques instant plus tard, le cortège de mini-Firehearts était de nouveau sur pattes et avait repris la route.

Leur mère les amena au bord d'un étang. Blair écarquilla de grands yeux : c'était la première fois qu'elle voyait autant d'eau d'un seul coup. On aurait dit une gigantesque flaque, comme celles qu'on trouvait au Creux après les jours de pluie ennuyeux à en crever qu'ils passaient enfermés dans la pouponnière - d'ailleurs, quand elle se pencha au-dessus de la surface, elle y vit son reflet aussi clairement que dans les restes d'averse. Mais lorsque la rouquine y posa sa patte, celle-ci s'enfonça brusquement dans le liquide, comme si elle était aspirée dans une dimension parallèle.
La nabote jappa de stupeur et se ramassa la gueule dans l'étang.

Tous les bruits s'étouffèrent pour laisser place à un silence épais qui n'en était pas vraiment un. L'eau pénétra dans ses oreilles, ses narines et ses yeux, et souleva son pelage encore duveteux. Elle eut froid. Autour d'elle, c'était un déluge de bulles mêlées aux volutes de fumée noire qui émanaient de son corps, étonnamment ralenties. Elle ouvrit la gueule pour crier, mais le liquide s'y engouffra à son tour sans merci, gagnant ses poumons de louveteau.
Blair paniqua.

Obéissant à un instinct dont elle était encore à peine consciente, ses pattes s'agitèrent et touchèrent le sol qui n'avait jamais cessé d'être quelques centimètres sous elle. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait, mais elle se propulsa vers la surface, ignorant qu'il lui aurait simplement suffi de se tenir bien droite à la verticale et de redresser la tête et cela serait revenu au même.
Mais pour elle, c'était un miracle.

« BWWAAAAAHHH ! »

La gamine aspira une grande goulée d'air frais avant de vomir toute l'eau qu'elle avait ingérée, continuant de battre désespérément de ses pattes potelées. Les yeux larmoyants et gênés par les mèches bleues plaquées sur son crâne, elle continua de crachoter et de respirer de façon complètement anarchique, se créant deux magnifiques points de côté, tandis qu'elle tâtonnait autour d'elle à la recherche d'un appui. Elle finit par sentir sous ses coussinets la surface froide et humide d'un rocher, et elle se hissa dessus avec l'énergie du désespoir.

Frigorifiée, elle enroula sur lui-même son petit corps tremblotant et contempla avec une sainte horreur les fonds insondables de l'étang qui s'étaient si brutalement emparés d'elle, tel un petit chat rouge. Après quelques minutes, la chaleur anormale qui résidait en elle avait déjà séché son pelage pour le laisser doux et tiède, mais elle resta tout autant figée. Elle n'osait plus lever les yeux de la surface du point d'eau, consciente que bien à l'abri sur la terre ferme, le reste de sa famille devait bien se foutre de sa gueule.
Elle avait eu envie de crier à l'aide, d'appeler sa môman au secours ; mais même au plus dangereux de sa courte vie, elle avait été trop fière pour s'y résoudre.

Elle avait tellement honte.

Blair n'avait encore que quelques mois, mais elle avait déjà réussi à manquer de se noyer dans l'équivalent d'un bassin de pédiluve.

Sujet: Re: Ah, ce qu'on est bien… ~ Ft. La Portée Mer 27 Jan 2016, 23:34

Fireheart se figea, son sang se glaçant dans ses veines. Joshua jouait dans l'eau. Insane ne faisait pas grand chose. Sawyer explorait la berge. Et Blair allait se noyer. La louve carmine avait d'abord observé son enfant avec amour s'approcher du bord, curieuse. Elle était contente de voir qu'au moins deux de ses enfants semblaient être intéressés par la source chaude, comme c'était ce qu'elle voulait leur montrer. Elle s'était approché à son tour, distraite, surveillant les deux femelles qui traînaient derrière du regard. Puis elle avait entendu un grand " PLOUF ! ". Elle avait d'abord cru que la petite était plongée à l'eau comme son frère, mais... Il se passait trop de temps. Et elle avait l'air de ne pas trop apprécier.

Comme dans ses cauchemars, Fireheart se figea face au danger, incapable de sauver son enfant. Mais il ne s'agissait pas d'un cauchemar. Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Il fallait qu'elle aide Blair ! Un éclair traversa son corps et elle bondit dans l'eau au moment où Blair en émergeait, s'accrochant à un rocher et s'y roulant en boule. La mère s'approcha, inquiète, et vint donner un petit coup de langue sur le dessus de la tête de sa gamine, avant de la prendre par la peau du cou, délicatement, et de faire demi-tour. Elle-même avait des problèmes avec l'eau, alors elle était mal placée pour juger. Elle déposa la petite sur la terre ferme et sèche, s'assurant ensuite que la petite louvette était saine et sauve. Elle en fit rapidement le tour pour l'observer sous toutes les coutures, s'asseyant ensuite, rassurée. Elle n'était plus trop sûre que c'était là une bonne idée. Ils devaient peut-être rentrer au creux.

[On peut clore si vous voulez]

» Burning out. [PV La Portée]
» Last Breath [Joshua et la portée]
» Tout ira bien ✡ Tawana
» Tout ira bien [ft Désastre]
» Chey (Quelqu'un de bien ? xD)