Burn them all. ○ Libre !

Il y avant tant de colère qui grondait dans le coeur de l'hybride. Ses pupilles verticales étricies en une fine ligne tranchant de part et d'autre du museau, l'or et la glace, se posèrent sur la tombe qui lui faisait face. Sur la sépulture, le nom de Cassiopée était gravé et à demi recouvert de lierre. Un sourire mauvais étirait les babines de la femelle sable et terre. Ah ces mâles ! Tous des crevards. Les yeux de Mâat se plissèrent et ses larges crocs se découvrirent. Elle repensa à tout les quidams qui étaient apparus dans sa vie. Tout d'abord son père ; Methushela. Absent, disparu, invisible. Les révélations des precursors avaient résonnés dans les souvenirs de l'hybride à la longue queue reptilienne. Son père avait été tué comme tout les pauvres hères que Cronos avait balayé de sa puissance destructrice. Tout comme sa génitrice d'ailleurs. Il y avait Anthem et Egypt. Deux frères qui l'avait abandonné aussi. Partis. Elle avait croisé Anthem de loin, mais ne l'avait pas interpeller. Elle savait donc qu'il était de retour chez les Séides, mais il ne semblait pas vouloir reprendre contact avec elle. Mâat posa une patte sur la dalle funéraire, faisant crisser ses griffes.

Puis il y avait eu Lieutenant. Son ami, le seul à cette époque. L'Ex-Bêta terre et feu avait laissé la semi-louve soupirer, espérer en bonne adolescente fébrile. Puis elle était devenu adulte et il s'était barré, lui aussi. Puis, alors qu'elle pensait à partir, à fuir, il y avait eu Cassiopée. Le Zélote à l'aile unique l'avait remise sur le droit chemin, l'avait persuadée de rester. Elle l'avait aimé, tendrement, réellement. Pas d'un amour de jeunesse comme Lieutenant, mais de celui qui semble fait pour durer. De celui qui semble être invincible. Même s'il ne l'avait pas suivie, elle avait été persuadée qu'il la rejoindrait et qu'eux deux filerait le parfait amour, pour longtemps. Et pourtant... Pourtant. Il l'avait trompée. Remplacée. Et puis il était décédé. Encore une fuite. Elle comptait Noximilien aussi. Arrivé dans sa vie comme un fils en mal de famille. Ce petit, preuve de la haute trahison de Cassiopée, pourtant, elle avait accepté de l'elever avec Sekmêt. Par respect pour feu son compagnon. Du respect... Ce mâle n'avait même pas été foutue de la respecter ! Même au temps où il était ensemble, il n'était là que par intermittence, pour nourir les petits, jamais pour elle. La colère flouait les souvenirs de l'hybride.

Puis le petit marionetiste avait grandit, avait connu l'horreur et s'était éloigné de sa famille d'adoption. Mais ce n'était pas la cerise sur le gâteau. Le pompon, c'était quand même Khal. Ce loup géant aux dents de sabre. Ce monstre. Ce soldat incontrôlable. Cet ignoble salopard qui avait blessé sa fille presque mortellement. Il avait levé la patte sur son trésor. Alors même qu'elle était son apprentie ! Il avait brisé la vie de Sekmêt -oui, Mâat le voyait ainsi, convaincue que jamais sa fille chérie ne pourrait être éclaireuse comme elle le rêvait-, et pire, il venait, maintenant, pour la prendre comme compagne ! Et Sekmêt qui se laissait faire, pire encore que le pire, qui croyait l'aimer en retour ! Syndrôme de Stockolm sûrement, la victime qui se retrouve à aimer son bourreau. Mais Mâat n'allait pas le permettre. Jamais. Ell protégerait sa fille. Envers et contre tous. Contre elle-même s'il le fallait. Un éclat de rage plus fort passa dans ses yeux sournois. L'hybride mi louve mi gavial cracha sur la tombe, avant de la racler de ses longues griffes de crocodile. Rayant le nom autrefois aimer et louer. Traçant de profonds sillons sur la stèle. Je te hais.

Je vous hais. Tous. Salopards de mâle.

Des pas la tirèrent des souvenirs qu'elle maudissaient désormais. Une démarche familière. L'odeur accompagnant le souffle rauque ne rendit l'apparition que plus réelle et Mâat dû se forcer à un calme certain. Elle ne pouvait en vouloir au fils de Cassiopée n'est-ce pas ? Tout ses problèmes avec la gente masculine ne se régleraient pas si elle mettait tout sur le dos du marionnetiste, vrai ? Alors que la tempête bouilonnait avec violence dans son coeur meurtri, l'hybride se tourna vers le mâle à l'aile unique. Elle l'observa finement quelques secondes, eut un élan de compassion pour son état de panique apparente avant que cette émotion douce ne se voit innonder de colère. Un noeud se forma dans la gorge de la louve-crocodile. Elle déglutit péniblement. Puis, décida de saluer l'aveugle. Elle l'avait accepté comme son fils, alors qu'il n'avait que six mois, â peine plus jeune que Sekmêt. Alors même qu'il était l'aveux du désamour de son géniteur, alors même qu'il était la preuve que Cassiopée était aller voir aileurs très très peu de temps après l'avoir mise en cloque. Mais Noximilien restait son fils, par adoption, ou en tout cas, le frère de sa fille. Et puis, envers lui, elle n'avait rien à dire, pour l'instant. Alors elle s'approcha de lui, sur la defensive, mais un peu apaisée. Pour le moment.

« Bonjour, mon grand. Comment vas-tu aujourd'hui ? »

Sûrement pas très bien, vu son état.