Smoke, blood and faith | [AO] [ARCHIVES]

« We listen to the tales and romanticize,
how we follow the path of the hero.

Boast about the day when the rivers overrun,
How we'll rise to the height of our halo.

Listen to the tales as we all rationalize,
our way into the arms of the savior.
Feigning all the trials and the tribulations.

None of us have actually been there,
Not like you...

Ignorant siblings in the congregation.
Gather around spewing sympathy,
Spare me...

None of them can even hold a candle up to you.
Blinded by choice, these hypocrites won't see. »

La grêle.
Sur son corps enforcit au fil des jours, tel un galvanisant défi des Dieux. Sur son âme meurtrie par l'adversité, comme une terrible et dure évidence.

Tac. Tac. Tactactactac.
Il avançait, la tête baissée, le regard épousant les formes de l'horizon tel le ferait un amant avec sa dulcinée. Une lueur dévastatrice aux fond des prunelles, brûlant avec tant de force, tant de rage, mais également tant de calme.
Tant de détermination.

Ce qui avançait ainsi du rythme mécaniquement régulier d'une machine, sans ne jamais détourner son regard de son but, sans ne jamais faiblir, sans ne jamais s'arrêter pour trouver un abri, c'était un jeune loup que la vie avait tenté de briser. Avec tant de détermination. Elle lui avait donné les gènes d'un meurtrier et lui avait dit : intègre-toi, soit gentil et ferme ta putain de gueule, après tout, tu n'est qu'à moitié démon, pas de quoi chialer comme une fillette. Elle lui avait arraché son enfance à coup de rumeurs et de chuchotements proliféré par les victimes, les enfants des victimes que son paternel avait engendré, elle lui avait arraché son enfance et forcé de cheminer seul. Elle lui avait arraché sa mère avec la violence d'une guillotine s'abattant sur la tête des condamnés, la mère était partie, abandonnée aux bras d'un inconnu, le ventre habité par des inconnus, dans un foyer peuplé d'inconnus. Sans se soucier une seule seconde du destin de ses enfants. Avait-elle promis de revenir vous voir ? Avait-elle insisté une seule seconde pour que sa progéniture non désirée la suive vers sa nouvelle vie ? Non, de façon tout à fait évidente. Elle laissait son ancienne vie derrière elle, elle laissait son viol derrière elle et tout ce qui venait avec.
À demi démon Joshua, tu t'en souviens ?
Ce qui avançait ainsi du rythme mécaniquement régulier d'une machine, sans ne jamais détourner son regard de son but, sans ne jamais faiblir, sans ne jamais s'arrêter pour trouver un abri, c'était un jeune loup que la vie avait tenté de briser.
Mais celui-ci avançait sous cette avalanche de grêlons les yeux bien secs et l'esprit immaculé, dénudé de toutes impuretés ou de faiblesse. Autrement dit, de tristesse.
La colère s'entassait quelque part dans un coin de son intérieur, gardée bien au chaud pour le bon moment.
À son tour de laisser tout ça derrière lui. Il avançait vers la fontaine de sa déesse favorite en individu libre de toutes attaches inutiles.
Sa vie maintenant, c'était lui-même, et Blair.
Au diable tout le reste.

Vous vous demandez ce dont a l'air une âme qui a brisé ses propres chaînes, le cœur empli de tant de colère... de tant de détermination, que le monde lui-même autour de cette âme s'est tut dans un profond silence, comme s'il était conscient de ce qui se préparait ? Les yeux secs, l'esprit immaculé, dénué de toutes impuretés. Le poil détrempé de neige fondue se teintant par endroits de taches carmin, l'enveloppe charnelle déchirée par la longue marche qu'il avait entamé sous les déboires incessants d'une météo explosive. Des mèches lui collant au front, cachant l’œil le plus doux, l’œil bleu-vert donné par sa mère. Une tresse se balançant doucement au rythme de pas que rien au monde ne semblait pouvoir arrêter le mouvement. Une longue queue de cheval frappant une veste aux imprimés d'ailes, désormais de plus en plus sombres alors que la poussière détrempée y collait, -tel les ailes d'un ange déchu se consommant dans l'air- à chaque infime mouvement de hanches. Un pendentif d'argent luisant au poitrail, n'attendant que le bon moment pour s'embraser des couleurs de la Dragonne. Et comme en réponse à l'attente de ce minuscule masque à gaz, la fumée s'élevant de l'extrémité de sa queue s'élevait dans l'air, narguant, nullement gênée par les larmes du ciel.
À sa patte gauche, une sanguinolente trace, une longue ligne séparant en deux un tatouage qui avait jadis tout son sens: Family is everything.

L’œil d'un démon luisant de l'incendiaire détermination du soldat se relevant du champ de bataille, fixé sur la fontaine qu'il approchait avec tant d'appréhension.
Tant de détermination.

Vous écoutez les contes et romancez
la façon de suivre le chemin du héros

Vous vous vantez du jour où les rivières on débordées,
de la façon dont vous allez vous élever à la hauteur de votre halo

Écoutez les contes alors que vous rationalisez tous
votre chemin jusqu'aux bras des sauveurs
Passant les épreuves pour votre pouvoir et non pour votre salut

Qui y a déjà pensé de cette façon ?
Qui y a déjà pensé comme lui ?

Ignorants semblables peuplant les Séides
partout aux alentours répandent leur soi-disant sympathie
pour ceux comme lui
Déesse Dragonne, sauvez-le

Aucun d'entre eux ne lèveraient jamais le petit doigt pour lui
Aveuglés par choix, ces hypocrites ne le verront jamais...

Et d'une voix grondante, une voix enrouée par la douleur encaissée, la voix grave d'un jeune loup qui volait désormais de ses propres ailes, n'attendant que le bon moment pour épouser l'horizon avec la seule chose au monde qu'il aimât encore: Blair... Le mâle clama, la tête levée vers la statue de sa déesse avec une admiration froide mais bien réelle, désillusionnée de tout ses rêves d'enfants :

- Déesse Dragonne. Je suis prêt.

Il n'eût pas à attendre longtemps.
À peine quelques secondes s'effilèrent, alors que le son de sa voix résonnait encore dans le temple, avant qu'une divine silhouette bleue s’extirpe de la statue que Joshua fixait. D'abord gigantesque, tel que l'on pourrait s'imaginer n'importe laquelle apparition divine, cette dernière s'adapta rapidement à l'espace imposé par les barrières matérielles de notre monde, restant toute fois d'une taille réellement appréciable. Majestueuse, sévère, les orbites crépitants des millénaires vécus, des jugements posés, de sa biblique magnificence qui ne peut faire autrement que d'imposer le respect, tel avait décidé de se montrer la Dragonne à son jeune disciple.
La poitrine envahie des flammes de l'admiration et d'une certaine émotion, Joshua baissa la tête en signe de respect, les yeux brièvement fermés. La Déesse s'était montrée en personne; l'épreuve n'était même pas encore commencée et cela se déroulait encore mieux que ce que le jeune loup avait pu imaginer en deux ans de spéculations et de rêves. Ce point positif ne pu que le convaincre davantage que c'était ici que le destin voulait qu'il soit à ce jour. Les dernières infimes traces de doutes furent effacées. Il était prêt. Il n'était pas son père, et il méritait sa place parmi les autres âmes de ce monde. Il n'était pas son père. Et il le prouverait à tout le monde.
Pour de bon.

Un vent apparemment sorti de nulle part vint frapper le visage du mâle, agitant dans tous les sens les mèches de ses cheveux humides, le faisant frissonner un instant de la glaciale sensation que cela créa sur son corps, et il rouvrit les yeux. Le visage bleuté de la Déesse le fixait avec calme.

«Bienvenue. Ton Épreuve va commencer. »

Et soudain, le vide.
Joshua vit tout disparaître devant ses yeux. Le temple, la fontaine, Ao, le sol. Progressivement, les ténèbres engloutirent ses pattes, ses membres, son torse, son cou.....
Pris d'une décharge d'adrénaline, le loup aux yeux vairons figea sur place, sans même avoir eu le le temps de réagir, que déjà, il ne possédait plus de corps. Il senti des poumons qu'il n'avait plus se vider sous l'absence d'oxygène.

Un petit brin de panique aurait pris possession du jeune loup si la Rougelande n'était pas apparue soudainement sous ses yeux avant qu'il n'aie eu le temps de dire ouf. Les pupilles dilatées, à bout de souffle, Joshua tourna quelques fois sur lui-même, à la recherche de repères ou de quelque chose de familier. Tout avait disparu. Ao, le temple, la fontaine, tout. Prenant sur lui-même, il abandonna l'idée de trouver quelque chose qu'il connaissait; après tout, rien de tout ça était réel. N'est-ce pas ?... Fronçant les sourcils, il s'aventura à faire un pas devant mais quelque chose d'inhabituel lui hérissa le poil.
Des présences. Partout autour de lui. Il se sentait observer, mais il ne voyait personne.
Un grondement sourd sortit de sa gorge et il plia l'échine, les oreilles plaquées sur son crâne.

- Qui que vous soyez, montrez vous ! , grogna-t-il avec angoisse. Il eût soudainement une démangeaison à l'œil droit, son œil bigarré de deux longues cicatrices, ce qui lui rappela le jour où, étant louveteau, il s'était senti exactement de la même façon juste avant d'être attaqué par la horde de corbeaux. Ce souvenir lui arrachant un frisson désagréable, il passa rapidement une patte sur son museau dans l'espoir de chasser la démangeaison et se risqua à avancer encore, le regard fixé avec intensité sur les brin d'herbes qui se dressaient devant lui.
« Ce n'est que l'épreuve. Même si une horde de corbeaux venaient m'attaquer, ils ne seraient pas réel. Pas réel...»

Mais hélas, il était loin de se douter que ce qui l'attendait au bout de son épreuve de force mentale n'était pas les cauchemars de son enfance. Mais bien pire encore.

Devant lui se dessinèrent des paires d'yeux qu'il connaissait très bien. Ces cheveux enflammés. Cette bouille d'enfant trop sage. Cette tomboy.

Sa famille.

Tous autour de lui, assis en silence, la mine grave.

- M...maman ? Sawyer ?

Il tourna sur lui-même. Il était encerclé.

Ils baissèrent les yeux dans une profonde expression de déception, et firent tous volte-face.
Et s'éloignèrent.

Joshua ne pu s'empêcher de ressentir un vif pincement au cœur. Il se sentait profondément coupable, à la limite du désespoir. Ils s'éloignaient... et il savait pertinemment que jamais ils ne reviendraient. À qui la faute ? À qui la faute, hein Josh ? C'était ton devoir de garder la famille unie. De veiller sur eux. C'était ton devoir et tu a échoué; pire, tu as divisé ta famille.
Le jeune mâle senti sa détermination s'en aller de plus en plus à chaque pas que les membres de sa famille enfonçaient dan la terre meuble de la Rougelande. Ses yeux lui brûlaient.

- ATTENDEZ ! , hurla-t-il de toute ses force. En vain.

Baissant la tête, essayant de contenir sa respiration qui se voulait de plus en plus rapide, Josh serra les crocs, laissant échapper une ou deux larmes. Il les laissaient partir une fois de plus. Et quelque chose dans l'atmosphère lui soufflait que cette fois, c’était pour toujours.
Il failli se laisser abandonner à la tristesse, mais lorsqu'il se rappela les raisons de cette division familiale, ce n'est pas un regard perdu qu'il releva sur l'horizon, mais un regard bouillant de rage. Ce n'était pas lui le problème. Ce n'était pas lui qui les avait abandonné.
C'était elle.
Il eu soudainement envie de courir à la suite de ces traîtres qu'il avait un jour appelé «famille» pour régler la question pour de bon mais quelque chose de beaucoup plus important retint son attention.
Une silhouette, au loin. Les mêmes cheveux ébouriffés, les oreilles molles, la bouille de sale gosse qui le toisait avec son éternelle expression d'ado blasée qui n'attends que vous ouvriez la bouche pour vous sortir une remarque cinglante et pleine de sarcasmes aussitôt.

Blair.

Elle l'interpellait, joyeuse, lumineuse comme cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Elle, elle ne partirais jamais. Il le savait tout au fond de son cœur. Se pourrait-il qu'elle aie également décidé de passer l'épreuve ? En même temps ? Cela semblait presque impossible au mâle chocolat mais elle avais l'air tellement... réelle, tellement vraie, qu'il commença sérieusement à douter de ce qui était une illusion et ce qui ne l'était pas. Poussé par une bouffée de courage que lui apportait cette vision d'espoir, il s'apprêta à courir la rejoindre.
Et comme pour faire écho à ses pensées, Josh se rendit compte qu'il avançait bien malgré lui à la rencontre de sa sœur. Sans qu'il n'aie bougé un seul muscle. Qu'il avançait... et que Blair ne cessait de reculer. Ou du moins... elle lui semblait sans cesse de plus en plus loin.
Comme un cycle infini d'éternel désespoir n'attendant que de l'avaler dans toute sa grandeur.

« Josh ?..... j-.....josh ?........ josh ».

Elle baissa les yeux dans une profonde expression de déception, et fit volte-face.
Et s'éloigna.

Hors de lui, les griffes profondément plantées dans la terre, rageant contre la distance qui le trompait, rageant contre ce terrible sentiment d'angoisse qui lui enserrait la poitrine, contre ce sentiment de culpabilité qui le rendait coupable de tout perdre, tous crocs dehors, Josh hurla à s'en arracher les poumons.

Un cri horrible, qui s'étira en s'éraillant alors que sa puissance faiblissait.
Et lorsque le silence repris de nouveau ses droits sur cette Rougelande fictive, Joshua repris son souffle.
Respira le plus lentement qu'il en était capable.
Ferma les yeux, et répéta doucement, du bout des lèvres:
- Ce n'est pas réel. Ce n'est pas réel. Ce n'est pas... réel.

Il releva la tête, ne cessant de répéter cette petite phrase significative, la tournant dans tout les sens, la répétant jusqu'à ce qu'elle finisse par en perdre son sens. Et alors, le mâle s'assit lourdement sur le sol, son regard tricolore fixé sur l'horizon.

Et alors il éclata de rire. Pour commencer, un petit rire discret, puis, de plus en plus fort.

Il riait parce qu'il avait été faible, et qu'il avait réussi à oublier que tout ceci n'était que le fruit d'une illusion. Ça ne lui ressemblait pas. Il fallait qu'il arrange ça au plus vite.

Poussé par une intuition soudaine, et retrouvant en lui sa bonne vieille détermination à réussir, il se remis sur ses 4 pattes d'un bond, respira profondément, et héla sa sœur à son tour. Pour commencer faiblement, puis de plus en plus fort. Et lorsqu'il eu répété son nom une dizaine de fois, il se mis à appeler le reste des membres de sa famille. D'une voix calme et tout à fait en contrôle.

Lorsqu'il crû que tous l'écoutaient, même s'il ne les voyait pas, il chuchota :

- Vous ne pouvez plus m'atteindre. C'est vous qui êtes partis. Pas moi. C'est vous qui êtes dans le tort... et je ne me plierai pas à vos caprices. Quant à toi... Blair. Tu n'est pas ma sœur. Pas ma vraie sœur, en tout cas. La vraie Blair possède des doutes c'est bien vrai, mais nous sommes désormais des adultes, et si elle décide de se défaire de moi, il s'agira de son choix. Quant à moi... Je n'abandonnerai pas ma mission pour quoi que ce soit au monde. Qu'elle veule de moi ou non, je veillerai sur elle. Jusqu'à la fin des temps.

Et alors, il se sentit en paix.
Il ne se sentirait pas coupable pour des conséquences qu'a entraîné le cauchemar de sa mère, Edan. Il ne se sentirait pas coupable d'être né car il n'en avait rien décidé. Et il ne se sentirait pas coupable d'être resté alors que tout le monde partait, parce que le destin l’appelait ailleurs... et que sa sœur avait besoin de lui.