Underground | Ft. Robyn

Tendô était un loup assez compliqué à déchiffrer. Il n'était jamais très expressif et ne parlait jamais à personne. Il s’effaçait très vite dans l'ombre et ne se faisait jamais remarquer par qui que ce soit. Il faut dire que le contact n'est pas vraiment ce qu'il cherche. L'amour l'a beaucoup trop blessé et il ne souhaite pas s'attacher à quelqu'un si c'est pour ressentir la même douleur qu'il a ressenti lors de la mort de ses parents alors qu'il était si jeune. La même souffrance qu'il a enduré à devoir se débrouiller seul pour survivre, à devoir se surpasser pour trouver ne serait-ce qu'une miette pour se nourrir. Toutes ces choses ont rendu le loup roux bien distant...

Alors qu'il marchait depuis un bon bout de temps sous le soleil cuisant de la Passe Ventue, Tendô découvrit une ouverture vers un long tunnel sombre. Poussé par la curiosité, il y pénétra pour découvrir où cela pouvait bien mener. Dans le tunnel, le jeune Brethen avançait, éclairé par la lumière du soleil qui venait de dehors. Il marchait prudemment à travers ce tunnel, entendant quelques gouttes d'eau s'écraser sur le sol non loin de lui. C'est alors qu'il découvrit au bout une zone plus grande. Une grotte où se trouvait un large lac souterrain. Tendô fut assez surprit, il n'avait jamais entendu parlé d'un endroit pareil. S'avançant vers le bord du point d'eau, il aperçut sur les murs des dessins étranges. Il se questionnait sur leurs sens, se demandant si ils étaient là depuis très longtemps...

C'est alors qu'un bruit de pattes retentit dans le tunnel d'où il venait. Il s'est retourné et a pu voir à travers les murs grâce à ses yeux la chaleur corporelle d'un être vivant qui semblait s'approcher. Tendô plissa les yeux, fixant le tunnel en attendant de voir qui avait eu la même idée de s'aventurer dans ces souterrains.

Sa peau laiteuse l’affligeait de douleur, étant brûlée par le soleil, trop intense pour son phototype de type 1 : pour les roux et les albinos, le soleil s’accompagnait d’inconfort et de douleur plutôt que d’un teint hâlé toujours très flatteur en cette saison chaude. Le canyon en son sillage débouchait sur une cavité sombre et fraîche, où l’eau, condensée sur des parois rocheuses raboteuses, retombait goutte à goutte dans un clapotis régulier. La fraîcheur de la caverne rappelait les caves où l’on entrepose le mil, à la seule différence près que l’on conserve le lieu au sec pour la conservation des céréales, l’humidité favorisant la prolifération de moisissure. La lueur de son glowstick vert pour seule source de lumière, elle chemina lentement dans la faille étroite qui serpentait au cœur-même de la passe ventue. Une lumière crue s’engouffrait dans le tunnel par son embrasure, annonçant que son extrémité donnait sur l’extérieur. La lumière se reflétait sur les parois dans des zébrures irrégulières et dansantes ; leur mouvement évoquait le reflet de l’eau d’un point d’eau, comme un petit bassin. À l’extrémité du tunnel, une figure menue se découvrit. La silhouette, bien que de bonne stature, arborait encore des pourtours juvéniles et une musculature timide, naissante. Ses yeux plissés conféraient un air sévère à son regard, trahissant une note de méfiance, sans, toutefois, une once d’animosité ou de malice. Toujours avenante, Robyn arborait un sourire franc et l’œil pétillant. D’une voix empreinte d’un rire tonitruant, elle s’adressa à son interlocuteur.

« Ben quin, moé qui pensait être t’seule à m’prommener icitte ! »

L’accent de sa mère patrie n’avait en rien été altéré en dépit des années passées à l’étranger. D’humeur joviale comme à l’accoutumée, elle ajouta, à l’intention du jeune homme qui lui faisait face :

« J’m’appelle Robyn et ton p’tit nom c’est ? »

Et ce fut une femelle assez âgée qui fit son apparition. Une louve au pelage blanc immaculé et aux cheveux roux, plus clair que ceux de Tendô. Ce dernier ne bougea pas, laissant la nouvelle venue s'approcher. Elle ne semblait pas hostile, bien au contraire, il n'a donc pas bougé. Le nez de la rousse était décoré d'un piercing vert fluorescent qui semblait être son Glowstick. La grotte était donc maintenant également éclairée par le vert de ce Glowstick et le rouge de celui de Tendô qui se trouvait autour de sa patte arrière.

« Ben quin, moé qui pensait être t’seule à m’prommener icitte ! »

L'accent surpris quelque peu Tendô qui tourna légèrement la tête sur le côté. Cette louve n'était décidément pas d'ici d'origine tout comme lui. Cependant lui n'avait pas d'accent, les loups de son pays parlaient de la même façon les loups d'ici.
Cet accent extérieur a commencé à faire croire au mâle roux qui cette louve était une solitaire qui s'était égarée sur leurs terres, mais une odeur familière venant du côté de cette louve lui a prouvé le contraire : elle portait l'odeur des Brethens et était donc de la même meute que lui.

« J’m’appelle Robyn et ton p’tit nom c’est ? »

Cette façon de parler lui rappelait fortement Evelyne, une louve qu'il avait rencontré il y a peu et qui était à la recherche d'un loup. Il s’avérait que ce loup était en réalité un ancien conseiller Brethen du nom de Khal qui avait quitté la meute avant de Tendô arrive. C'était une drôle de coïncidence, mais pas drôle au point de faire rire le loup aux yeux mauves...

"Enchanté Robyn. Pour ma part on m'appelle Pain. Je suis Brethen, toi aussi je suppose ?"

Les paroles était censé être polies mais le côté monotone et blasé de sa voix apportant une certaine discordance.
Il s'assit sur place, attendant la réponse de son interlocutrice.