Why me? {Both}

Both

Il était entrain de se balader. Bon, dit comme cela, ça ne semblait pas très glorieux, mais bon, il s’ennuyait, il ne pouvait pas parler aux autres, parce qu’ils courraient toujours partout, personne n’appréciait une bonne blague, une bonne devinette, tous les loups étaient inquiets, stressés, silencieux et ennuyants, et franchement il avait besoin d’un peu d’espace. Et trouver quelqu’un à embêter, ou une jolie femelle, ce serait pas mal aussi.
Il venait tout juste d’esquisser cette pensée, lorsqu’une ombre passa en marchant lentement, devant lui, à plusieurs foulés. Ahah ! Une femelle ! Ou un loup travesti, que savait-il, il s’approcha discrètement, lorsqu’il remarqua quelque chose d’anormal, quelque chose qu’il n’avait pas vu avant. Elle, car c’était bien une ‘elle’ avait trois pattes.
Seulement trois.

Il fronça ce qui lui servait de sourcils, et se tapit un peu pour la regarder. Hum, ça changeait tout, ça. Il la regarda s’arrêter, hésiter, et puis partir à l’ascension d’un montagne.
« Mais elle est folle, elle va se casser la figure … » souffla t’il entre ses dents, en la regardant grimper avec difficulté et lenteur. Mais elle s’en sortit, et disparut de son champ de vision.
Bon, tant pis, il irait chercher une louve un peu moins bancale alors ! Il se retourna en baillant, et prit la route du retour au camp. Mais il ne pensait plus à une jolie louve à longs cheveux, et à la voix vivace. Il pensait à la trois pattes aux cheveux d’écarlate, qui lui avait passé sous le nez. Soit, il se sentait un peu seul en se moment mais elle, elle devait être encore plus solitaire que lui. Il ne l’avait jamais vue, jamais entendue, et pourtant, elle piquait sa curiosité, et il voulait en savoir plus sur cette inconnue qui, d’odeur, semblait venir de chez lui, chez les Séides, mais pourtant, elle n’avait rien de familier pour lui. Il s’arrêta dans ses pas, en regardant le sol, le front plissé de faute de sa réflexion sur le sujet amputé féminin. Il soupira, non vraiment, il ne pourrait pas rentrer au camp pour s’ennuyer encore le reste de la soirée comme un rat mort, alors qu’une louve aussi spéciale se baladait, en même temps que lui, et, en plus, au même endroit. Même si ce n’était qu’une louve.
Il souffla, redressant sa tête, et tournant sa tête pour regarder derrière lui, là où l’inconnue avait disparu, faisant claquer son collier d’où traînait un glowstick qui hésitait entre le vert et le bleu, aussi indécis que le loup blanchâtre.
« M*rde … » soupira t’il, en se retournant, et en prenant le chemin de la montagne.

Il se hissa sur la plateforme, et la vit enfin, assise au bord du précipice, entrain de contempler le soleil qui se couchait, et il hésita. Meh, ce n’était qu’une louve après tout.
« Bonsoir » dit-il d’une voix calme, en sautant sur la plateforme, pour s’approcher et s’asseoir non loin de la louve à trois pattes, puis tourner son visage blanc à truffe bleue vers elle, en agitant le bout de sa queue.

Il ne lui demanda absolument pas comment elle allait, et se contenta de bailler, et de s’assoir-allonger, ses pattes pendouillant par-dessus le bord de la falaise, la lumière rougeoyante se réfléchissant sur son pelage de neige, lui donnant un air étrange, ses yeux clairs brillants dans la lumière qui déclinait.
Meh, il avait déjà un peu abusé de sa courtoisie masculine, et posa donc sa tête sur ses pattes, la tournant légèrement, pour pouvoir observer la louve crème aux cheveux rouges comme le soleil. Il ne dit absolument rien pendant un long instant, se contentant de la regarder, après son " ‘Soir." si désintéressé. Mais le tout était de ne pas désespérer tout de suite, alors il ne la quitta pas du regarda pendant un long instant. Il ne pouvait pas jouer le doux loup innocent, jamais de la vie cela ne fonctionnerait avec celle là, elle l’enverrait chier, pour sur. Le charmeur amoureux … Nahhh elle ne semblait pas être d’humeur à se faire charmer, alors il cligna des paupières.
« Comment ce fait-il que je ne t’ai jamais vue ? » Demanda t’il soudain, son regard se refocalisant d’un coup sur la louve crème.

Il se le demandait réellement. D’où il n’avait pas pu l’observer pour préparer une séduction irrésistible, pour savoir ce qu’elle aimait, qui elle était ? Bordel, mais c’était vraiment compliqué, de partir de zéro comme ça. Donc d’où une aussi intéressante louve (bon, il aurait bien aimé qu’elle ait une patte de plus) avait pu lui échapper durant 7 ans ? Ou, s’étaient ils déjà rencontrés dans sa jeunesse, et l’avait il oubliée ? Ce serait inattendu, une louve à trois pattes, ça ne s’oubliait pas.
Son regard se posa donc de nouveau sur elle, ayant vogué sur les montagnes, se concentrant.
Elle lui était si mystérieuse, si étrange et inattendue, lui qui avait son petit ordre manger-femelle-dodo, voilà qu’une apparition à trois pattes perturbait son cycle cynique, et elle l’intriguait franchement, ce qui, pour une femelle, était déjà un point de son côté. D’habitude, c’était lui qui intriguait, et pourtant, il ne voyait pas se déconcertement, cette curiosité se peindre sur son visage rouge et beige, orné d’yeux bleus durs. Il y avait quelque chose dans ses yeux, un sentiment qu’il n’identifiait pas très bien. Comme un mélange de profond dégoût, de douleur, et … un certain abandon. Il se demanda d’où pouvait bien venir ces sentiments. Meh, si elle ressentait déjà tout ça pour lui, elle devait le connaître.
Qui es-tu jolie ? D’où viens-tu ?
Sa curiosité lui noua les entrailles. Il fallait faire attention, un peu plus et ses sentiments paraîtraient physiquement, ce qui pourrait rendre sa quête compliquée, il réussissait tout de même a garder un visage réservé. Pourquoi le troublait-elle ainsi ? Était-ce sa réponse froide ? Pfff, il en avait connu d’autres, et elles finissaient toujours sous son coude.

Enfin, son "coude".

Était-ce son désintérêt ? Ce n’était pas inhabituel, il venait à peine de venir piétiner sa solitude, en rentrant dans sa vie à un moment qui n’était peut être pas opportun. Mais en même temps, d’où aurait-il pu savoir le moment opportun ou pas ? Il ne l’avait jamais vu, bordel.
Jamais ! C’était quand même un franc exploit.

« Comment t’appelles-tu ? »

La question lui échappa, et il se maudit. D’où le piégeur se faisait piéger ? C’était lui qui était censé provoquer la curiosité et l’intérêt, pas l’inverse. Merde. S’il se faisait recaler sa question dans la gueule, il allait être amer, mais comment se rattraper ? Il se serait dit "t’inquiète, mec, tu gères toujours avec les poulettes" d’habitude. Mais cette poulette là, avec son chapeau et son collier pas joyeux-joyeux orné de la lumière jaune de l’Anaconda…

Il se sentit … vexé. C’était nouveau. C’était pas cool. C’était pas cool du tout.
Et surtout, avait-il vraiment eu besoin qu’on lui rappelle ce qui était arrivé à sa sœur ? Quelque chose en lui se ferma. Il essayait de l’oublier, ce qu’avait fait sa sœur. Il aurait tellement dû être à ses côtés, ce jour là, et pourtant il n’y était pas. Et maintenant …

Et pourtant …. Personne ne lui en parlait, on ne disait rien, comme si on avait peur de remettre la douleur d’une sœur qui avait challengé l’Alpha dans la truffe. Sauf que c’était la douleur du ‘plus de sœur’ qui le dérageait réellement. Et ce fut pour cela qu’il ne lui grogna pas à la figure de se taire, qu’elle devrait se mêler de ses affaires, et que de toute façon, à quoi elle servait, trois pattes, et pourtant un seul fardeau. Quelque chose de son insolence, de son agressivité le fit lever les yeux, un petit sourire sincère en coin. Elle avait quelque chose de ce ‘je suis blessée laisse moi tranquille’ qu’il avait eu après l’affaire de Loth, et il n’avait pas pitié. Mais pas du tout. La pitié était pour les pauvres, ses yeux brillaient d’un certain respect. Tout de même, être handicapée comme ça et vivre chaque jour parmi des loups qui courraient partout, ça ne devait pas être facile. Et pourtant elle était là.

Alors, je ne peux donc pas partir, mais tu veux être tranquille … pensa t’il, ses oreilles plutôt basses. Il n’était pas venu pour le cul… enfin si un peu … un peu beaucoup … mmmh-bref. Mais il n’avait pas à se moquer de ça, avec ses histoires familiales, il ferait mieux de se taire, de toute façon.
« Je suis désolé de ne pas avoir inspecté les vagins hauts gradés du coin récemment » posa t’il, ses yeux tombant sur les landes étendues devant eux, quelque chose de triste s’étendant dans sa voix. Il y avait là tant de terres, et si peu d’espace où il pouvait être lui.
Pourquoi se mettait-il à sortir des phrases philosophiques comme ça ? C’était elle qui lui faisait une telle influence ?
« Si je cherchais du cul, je t’aurais déjà tombé dessus. Et ne te dit pas que je ne l’ai pas fait parce que tu n’as ‘seulement’ trois pattes. Si tu es toujours là entrain de te battre pour vivre c’est que tu vaux 3 fois plus que les autres loups là bas … » ajouta t’il d’une voix indescriptible.
« Et au moins, tu ne te cache pas derrière de jolis mots, comme moi » finit t’il, en levant sérieusement ses yeux verts vers elle, vers cette’ poulette’ qui venait tout juste de le balancer par-dessus le bord de la falaise. Même le terme ne semblait plus approprié. Elle avait tout basculé, la crème aux cheveux de rouge, en l’espace de quelques phrases.
Ce n’était pas qu’il lui parlait parce qu’elle l’avait mis à vif, il en fallait plus, heureusement d’ailleurs, mais parce qu’elle … était différente.

« Si je suis ici ce n’est pas pour le cul, ni les vieux vagins, ni les trois pattes. C’était juste pour toi.»
Il détestait cette sincérité qui brûlait tout à coup dans ses yeux, mais c’était plus les trois pattes et l’histoire derrière qui l’intéressaient, c’était elle. C’était la louve qui pouvait lui répondre avec autant de véhémence, et le menace de lui tailler la figure en petites pièces. Alors il détourna le regard. Il devrait partir, il en avait trop dit. Il en avait beaucoup trop dit. Et pourtant il n’arrivait pas à se décider à partir, il se sentait retenu à la roche, comme par des fils invisibles.
Louve de merde.
Il se leva, ouvrant la bouche pour lui dire qu’il la laissait tranquille … Avant de la refermer. Oh la louve de joie. Pourquoi elle …


Hurmpf.

Il hésitait, entre le ‘je la laisse tranquille, elle va me tailler et de toutes les manières, elle va croire que je persiste à la draguer’ et le ‘ et si … ‘. La lumière déclinait, ne touchait presque plus son pelage de blanc. Il voulait lui dire qu’il partait si elle voulait être tranquille, mais … il ne voulait pas. Il se sentait comme piégé, par un mécanisme qu’il n’avait pas prévu, comme une proie par un chasseur.
Quelle ironie. Le piégeur piégé.
Il s’assit.

C’était pathétique.

Both la regarda, il s’attendait à l’orage et la tempête, mais elle semblait en avoir marre, de perdre son temps avec lui, s’étant embêtée à lui remettre les idées en place, elle sembla l’abandonna au monde, dans un style de ‘reprenez donc votre déchet’. Il se sentit encore une fois un peu mal à l’aise, et ce dire qu’il devait partir. Après tout, le camp défait à la bataille ne se retirait t’il pas de la scène misérablement pour aller prôner des mensonges, et ainsi oublier cette même défaite ? Il regarda ailleurs, posant sa tête sur ses pattes avant en s’allongeant en sphinx, sans même se rendre compte qu’il copiait la trois-pattes. Il avait envie d’être partout, mais pas ici. Cette femelle qui le victimisait si facilement, ce n’était vraiment pas quelqu’un de fréquentable. Comme la petite louve là.

Kyonshi.

Il avait repensé aux événements avec la jeune loupiote et finalement trouvait tout ça très amusant, bien qu’il aurait adoré la retrouver pour l’embêter. Elle avait du grandir maintenant, ça se trouvait, elle était devenu moins conne. Ahah, il aurait bien aimé voir ça, pour lui rappeler ce qu’elle était embêtante plus petite. Il sourit, et regarda un oiseau s’envoler, et découper le ciel avec un cri de chouette.

Quoique, ça se trouvait, elle était toujours aussi chiante. Ça, ça ne serait pas très surprenant ! Il avait à présent la tête levée, arquée vers le ciel, ses yeux ayant perdu l’oiseau noyés dans le vide, il se rendit compte que ce n’était que les derniers rayons de soleil qui fendaient le ciel, le soleil ne formant plus qu’une faible aura rouge au bord de l’horizon. Les bruits du soir s’évanouissaient dans le noir, et il lui sembla que le monde avait un peu changé, les étoiles brillant, loin, dans le ciel de bleu profond, éclairé par une certain ombre de la clarté du soleil, et de l’autre côté, la lune, argentée, se glissait de derrière un filament de nuages grisâtres.
Il risqua un coup d’œil vers la trois pattes, avant de regarde promptement ailleurs. Elle était toujours là. Il pensait qu’elle l’engueulerait de nouveau, mais elle ne semblait pas être dans le bon mood. Et pourtant, elle ne disait rien, se risquerait-il à dire quelque chose sans se faire arracher la figure ?

« Je … peux te poser une question et garder la tête intacte ou pas ? » demanda t’il, en tournant la tête vers la louve, embêté. Il ne savait vraiment pas poser cela autrement … Mais c’était drôle, un petit peu, dit comme ça, alors il osa un petit sourire.

Il agita ses oreilles, alors qu'elle acceptait plus ou moins de l'écouter, et grogna, amusé par sa réponse, avant d'agiter le bout de la queue et de regarder les terres. C'était beau, finalement. Il avait bien fait de monter ici, même si ses motivations avaient étés ... autres que le tourisme paysagiste. Il avait bien noté qu'elle voulait pas qu'il soit là, et puis il ne voulait pas provoquer une autre tempête. Alors il se releva. Un bonne fois pour toutes après tout.


"Alors bonne nuit ... Carmen"


Il pensait qu'elle s’appelait comme ça. IL n'était pas sur du tout. Si il se faisait balancer au dessus du bord du précipice, c'était quil s'était trompé. On va dire qu'il se donnait .. 1/25 chances de réussite. Il avait entendu parler d'une Carmen qu'on avait grièvement blessé, lors d'une prise d'otage, mais il l'avait cru morte. Si c'était pas elle, dieux qu'ils allait se prendre une raclée. Sans laisser transparaitre ses pensées sur son visage, il s'efforça d'avoir l'air calme et sur de lui, mais, contracta d'une manière presque impossible à détecter ses muscles en passant près de la louve pour partir. IL était sur qu'elle allait encore lui bondir dessus, pleine de flammes et de haine. Fouhla, les louves de nos jours.

Il bondit sur un cailloux, près de la pente qui l'avait mené jusqu'à la louve à trois pattes, et se retourna, plus ou moins intact, physiquement comme moralement, ce demandant si il voulait vraiment partir comme ça.. Mais il avait suffisamment empiété sur son espace personnel, et tout bon général devait admettre une défaite au champ de bataille. Sinon, comment savourer les victoires ? Il agita ses oreilles. Si il partait, il finirait par revenir. C'était pas commun une louve comme ça.
Elle l'intriguait.