Retour sur terre natale. | Nout

Colère, humiliation, chagrin et solitude formaient un tourbillon violent dans l'esprit de la jeune hybride. Pour calmer toute cette irritation, Nout avait décidée de s'enfuir vers un endroit qui ne lui laisserait pas beaucoup de repis. En effet, elle haïssait le froid plus que tout le supportait mal. La Soldate était incroyablement frileuse. A cause de ses gènes. Son père, enfin oncle, mais père quand même, avait le même trait. Cela la rassurait un peu. Cela la rassurait toujorus de penser à ses parents. Adoptifs. Cette idée la dérangeait. Anthem et Plume Blanche l'avaient elevés, et malgré leur mensonge, ils l'aimaient. Mais maintenant qu'elle savait, cela la taraudait continuellement. Elle soupira. Déjà l'air ambiant raidis son corps. La femelle Séide dût ralentir augmeter l'allure pour garder une température corporelle agréable. Le brouillard était dense autour d'elle, tellement épais qu'on aurait pu le couper à la griffe. Cette absence de champ de vision et l'étouffement des bruits lui fit un bien fou. Cela aida son coeur à s'apaiser un peu, et son esprit à s'alléger. Cela lui permit de relativiser un peu. De réfléchir, et de comprendre, peut-être, qu'il était difficile pour un parent, surtout adoptif, de raconter une histoire aussi sinistre à des enfants, et que peut-être plus on les voyait grandir plus il devenait difficle de dire la sombre vérité. Peut-être en était-il de même pour Deucalion ? Peut-être lui avait-on cacher sa mort pour la préserver ? D'un autre côté, elle n'avait pas été là, elle avait été absente. Partie en mission pendant de longues semaines... Elle déglutit. Sous ses pattes, le crissement de la neige glacée était agréable. Elle ralentit l'allure. Juste à temps pour voir d'un coup se découper une silhouette dans la brume blanchâtre ! Surprise, elle retint un glapissement. Si elle avait imaginé rencontrer un loup ici !

Et quel loup ! Un loup qu'elle avait connu petite et qui avait disparu une bonne année plus tôt. Pour une surprise c'était une surprise. Lui qui était parti sans demander son reste !

« Oh ! Darius ! »

Rencontrer une ancienne connaissance lui changea les idées et raviva un tout petit peu sa bonne humeur habituelle. Un long frisson parcourut son échine. Il faisait drôlement froid !

« Je... Réfléchissais. »

Elle fixa le mâle de son regard doré à la fois chaleureuse et intriguée. Puis, elle fit tourner sa queue dans différente direction du bout de sa longue queue reptilienne.

« Je suis perdue. »

Sourire gêné.

Ses gestes et son ton avenant intriguèrent Nout : elle ne se rappelait pas du loup aussi gentil. Non pas qu'il ai été méchant avec elle ou désagréable, m'enfin, il n'était pas le plus dévoué non plus ! C'était amusant comme l'on changeait, lorsqu'on grandissait. Elle-même se rendait copte qu'lele devenait un peu plus démonstrative, un poil plus expressive. Elle qui avait l'habitude de réserver ses sourires à sa famille, commençait a sourire aussi plus facilement à tous. Bon, pas constamment non plus hein ! Elle restait cette louve froide et effacée pour la majorité des Séides. Elle apprécia beaucoup que Darius lui prête sa peau déjà réchauffée par sa chaleur corporelle à lui. C'était divinement agréable. Elle ne put s'empêcher de le remercier en posant sa truffe sur l'épaule du mâle gris, en guise de gratitude et affection. Il ne pouvait pas imaginer à quel point elle se sentit comprise et en sécurité d'un coup. Se rendre compte qu'il se souvenait de sa faiblesse aux basses température et qu'il avait gagné en galanterie lui donnait pas mal de point ! Nout sentit ses joues chauffés mais n'en montra rien. Décidément, elle était en pleine période d'ébullitions d'hormones ! Déjà chez les Brehtne selle y avait trouvé pas mal de mec sexy ! Ceci dit elle n'avait fait que regarder. Darius lui, avait en prime le caractère sympathique ! Elle le suivit sans broncher. Il semblait connaître le coin bien mieux qu'elle alors qu'il l'avait déserté dpeuis plusieurs lunes. Ah les femelles et la géographie hein ! Le solitaire brisa la silence qui s'était épaissit, rendant la grève gelée plus solenelle.

« Une invasion de plante carnivore et potentiellement toxique. »

En simple. Histoire de sous entendre en une seule phrase que la jungle s'étend de jour en jour, qu'elle gagne du terrain, que ses habitantes sont voraces et a priori porteuse d'un virus qui rend les loups touchés très malades. Trop malades. Au point que les plus atteints se retrouvent à agir de manière complètement incontrôlée et illogique. Un peu comme ces fleurs mangeuse de loup quoi... Mais tout ça, il le verrait bien en temps et en heure s'il revenait pari les siens, non ? Elle ça lui plairait en tout cas, qu'il revienne pour de bon.

« Tu viens de loin ? »

Enfin, elle leva ses yeux dorés vers lui et le fixa.

Une invasion de plantes carnivores, il l'avait bien remarquer mais contagieuse? Voilà pourquoi il voyait très peu de loups depuis qu'il était revenu. Mais contagieuse à quel point? Et d'où vient cette jungle en si peu de temps? Darius tenta de se donner mille questions et d'y répondre. Franchement, ces dernières années, Punk Wolf partait vraiment en couille.

Le mâle se colla un peu auprès de Nout, non pas chien en chaleur mais histoire de garder une température constante et parfaite à la louve-reptile. Darius remercia le gène de ses parents pour les basses températures. Nout lui demanda gentiment d'où il venait. Bien sûr, il était parti sans rien dire, à la sauvette. Mais la liberté l'avait appelé, il devait découvrir le monde du dehors. Dans sa meute natale, il se sentait prisonnier, seul et incompris. Et quand il vit partir sa mère, Darius voulait lui crier "Maman! S'il te plaît, emmène moi avec toi!". Quelque chose l'avait retenu, sûrement les chaînes de l'enfance mais quand il eut atteint l'adolescence, le voilà bondir hors de toutes terres connues. Le solitaire, encore autrefois séide, avait couru sans s'arrêter vers le nord, en espérant de croiser ses parents.

Oui, je viens de territoires enneigés, encore plus froid que la Grève Gelée.

Il s'arrêta un moment. Le loup brun avait foulé des terres qu'il n'aurait jamais su que cela exister. Il aurait voulu que Nout voit ça aussi mais malheureusement, elle était tout aussi reptile que loup et là où il était, il faisait encore plus froid.

Je suis parti à la recherche de mon existence et dans l'espoir de revoir ma mère... ainsi que mon père.

Il avait eu du mal à prononcer ces mots. Il adorait ses parents et ils étaient vieux. Leur dire adieu à été dur mais il sut qu'au moins, Luan et Azmon les aimaient, lui et son frère Arwan.

Depuis que je suis parti, je me sens libre et en sécurité. Alors quand dans la meute, j'avais l'impression de n'être rien qu'un grand de poussière.

Darius aimait sa vie, il n'est pas trop sûr de pouvoir rentrer dans la meute. Comment les séides vont prendre le retour du grand mâle? Surtout en ce moment critique? Il secoua la tête, chassant les images de son esprit.

Et toi? Que deviens-tu?

Des territoires enneigés... Nout aurait aimer voir ça, découvrir le monde, voir d'autres endroits, apprendre d'autres cultures peut-être aussi. Mais contrairement à Darius, la Soldate n'avait pas une excellente résistance au froid. Après si il s'avérait exister des terres plus douces, voir tropicales, la reptile ayrait adoré les parcourir ! Enfin, cela restait du presque-rêve, car elle avait pu avancer dans cet inconnu terreste durant sa mission précédente, néammoins son attachement à la meute et surtout à sa famille, ne lui permettrait pas de s'éloigner autant durablement. Chercher Leemoncello, seule pendant plusieurs semaines avait déjà été une grande épreuve. La femelle à l'épaisse tignasse immaculé écouta attentivement le mâle sablé. Sa quête de lui-même intriguait Nout. Elle fût ravie aussi, qu'il retrouve ses parents. Son frère disparu était déjà une telle douleur -qui se réveilla et ramener les larmes au bord de ses paupières-, que ne plus pouvoir voir Anthem et Plume Blanche l'aurait annéantie. Elle ravala sa tristesse et ce petit reste de colère, sentant ses joues chauffer. Pleurer devant un congénère n'était pas dans ses habitudes : elle força donc ses yeux humides à redevenir secs. Si la louve-crocodile ne pouvait pas en dire autant concernant la liberté, elle pouvait assurer qu'elle se sentait en sécurité auprès des siens. Enfin... dans la mesure du possible. L'invasion de plantes carnivores avait légèrement rendu tout endroit dangereux...

« Je préfère me voir comme une pierre en bas d'un mur... Invisible et noyée parmi les autres, dont pourtant l'absence creuse un vide et ébranle la construction. »

Nout leva le museau vers celui de Darius. Elle avait très peu l'habitude des grands discours. Elle préférait même écouer les autres plutôt que de répondre. Mais étrangement, elle se sentait d'humeur badine, bavarde. Peut-être parce qu'elle se sentait bien prêt de lui. Leur promiscuité apaisait les maux de la femelle. Mis à part le bout de ses pattes, tout son corps avait retrouvé une chaleur agréable, cette espèce de complicité retrouvé avec un vieil ami calmait sa colère, et puis penser à autre chose éloignait son chagrin.

« Chaque loup du peuple fait parti des fondations de la meute. Sans eux, et même si on semble ne pas les remarquer en tant qu'individu, on perd la cohésion, l'unité. J'aime cette idée... »

Le regard ambré de la Séide s'ancra vraiment dans les yeux du grand mâle pendant quelques secondes où le silence revint. A nouveau, elle se laissa aller à lui sourire, la tête penchée sur le coté, les oreilles droites, concentrée sur lui. Elle en oublierait presque le terrain glissant, le vent glaçant et le brouillard ambiant. Finalement, le femelle prit une grande inspiration qui brûla ses poumons et la fit frisonner avant de se redresser. Ses prunelles dérivèrent dans le vague une demi-seconde avant qu'lele ne se reprenne et fouille les alentours de ses pupilles fendues.

« On se console comme on peut, pas vrai ? »

Elle éclata de rire et ses orbes pétillèrent comme de l'or liquide. Elle était l'expression de l'optimisme l'espace d'un bref instant. Comme un trait de caractère commun à ses ancêtres qui chercherait à s'exposer à la lumière du soleil avant qu'elle ne l'enferme à nouveau à double-tour dans sa prison-armure, sous son masque de neutralité simple et vide d'émotion. Nout retrouva son sérieux, son calme et sa mine mystérieuse. Seules encore ses prunelles palpitaient d'une chaleur contenue et refrenée.

Darius pencha la tête de côté, essayant de comprendre les quelques mots de la louve reptile. Comme si il avait entendu un mauvais son. Le solitaire avait du mal à savoir ce qu'était vraiment une meute. C'était vrai, il avait grandi chez les séides jusqu'à ses deux ans, pourtant il n'avait pas vraiment ouvert les yeux à ce qui l'entourer. Enfin... Darius était la plupart du temps ignoré des gens, on le remarquait à cause de sa brutalité afin qu'on tourne les yeux vers lui. Au moins, Awan, son frère jumeau avait toujours été là pour lui. Les deux loups se soutenaient mutuellement, chacun pouvait ressentir ce que l'autre avait en tête. C'était ça le lien de fraternité. Darius se demanda aussi si c'était le cas avec Nout et ses frères.

Le duo s'arrêta dans la neige, le solitaire pouvait sentir que la séide était sur une balance, en quelques minutes, son caractère avait changer plus d'une fois. Pourtant, par pur respect, Darius ne tenta pas de lui poser la question, de peur qu'elle se renferme.

On se console comme on peut, pas vrai ?

Cela confirma ses pensées. La louve s'était mise à rire. Darius prit le temps de mieux l'observer, elle était belle, jamais le loup n'avait été aussi proche de quelqu'un à part sa famille. Il pût observer les yeux d'or de la reptile pétillés, ses cheveux blancs volaient gracieusement dans la brise hivernale du territoire. Pourtant, il pouvait sentir que quelque chose n'allait pas avec la louve, il le savait. Il ne sait pas ce que c'est et pourtant il a vécu cette chose. Il détourna la tête, regardant la neige à ses pattes. Le regard bleuté se plissa doucement, sans expression, le coeur se serra au fond de son pelage épais. Darius souffla longuement et doucement, laissant une buée de chaleur rejoindre les nuages au dessus des deux loups.

Puis, il ferma les yeux et lâcha un grand sourire à Nout avant de reprendre la marche et d'une voix forte lui lança.

C'est drôle comment je me vois en toi. Enfin, presque...

Il rebaissa la tête de nouveau, ses dents se serrèrent, une larme coula sur la joue du mâle avant de reprendre calmement.

Je te protégerai Nout, je ne veux pas que tu souffres, pas comme moi.

Darius lui lança cette promesse en tant qu'ami sincère. Il était pour lui hors de question de revoir quelqu'un souffrir, à chaque fois il se voyait, lui, enfant en train de pleurer en silence.

Nout leva les yeux sur ce micro-nuage de vapeur qui s'évapora en rejoignants ses colosses de grands frères, loin dans la voûte célèste. Le silence les enveloppait d'une couverture rassurante, aussi épaisse que le manteau de fourrure que Darius avait prêté à la jeune hybride. Le mâle clair au yeux bleu offrit un sourire éclatant à sa compagne de route auquel elle répondit sans attendre, mais néamoins plus timidement. Elle se sentait agréablement bien et en confiance avec lui. Ce n'était pas arrivé depuis son dernier moment de paix avec Anthem, plusieurs semaines plus tôt. Elle cala son rythme sur celui du Solitaire et reprit donc la route à ses côtés. L'oppressant brouillard lui semblait soudain plus léger, plus lumineux. Elle ne se sentait plus isolée, enfermée dans ce lourd cocon d'humidité. Darius reprit la parole, et ses mots résonnèrent étrangement aux oreilles de la Soldate. Il y avait comme une résonnance de... tristesse. C'est en tournant le museau vers lui qu'elle comprit la portée de cette promesse innatendue. Une petite larme roulait sur la joue du grand mâle. Il la dépassait de peu, mais elle dû tout de même se hisser sur le bout de ses fines pattes pour déposer une lèche et effacer cette goutte d'eau salée de la tête de son ami. Elle n'avait pas imaginé être aussi transparante, aussi... expressive dans son chagrin. Pourtant certaine de n'avoir montré aucun signe de faiblesse, Nout déchantait légèrement. Mais voir le loup aux yeux bleu pâle laisser aller ses sentiments, elle se sentit moins coupable de s'être trahie aussi facilement. Par ailleurs, en quelques minutes de retrouvailles, Darius avait été synonyme de chaleur, réconfort, sécurité et apaisement. Qu'il l'ai percée à jour si vite lui intima qu'une complicité profonde les liait, malgré sa longue absence. Ils avaient été des amis de jeu, louveteaux, et se retrouvait ami en tant qu'adulte. Peut-être que tout n'allait pas si mal ? L'hybride Séide murmura alors :

« Alors je t'aiderais à cicatriser ces blessures. »

La femelle à la tignasse de neige ne savait pas trop comment réagir au fond. Elle aurait sans doute préféré que personne d'extérieur à sa famille ne se doute de l'immense peine qui la rongeait, du manque de confiance soudain qui s'abbattait sur elle. Et d'un autre côté, elle n'en voulait pas à Darius d'avoir sentit ce mal-être derrière sa mine fermée. Elle ne se sentait pas trop coupable non plus, d'avoir laissé entrevoir ses faiblesses actuelles. Le besoin de serénité et de douceur qu'elle avait ressenti depuis la découverte de son origine et la mort de son frère avait été comblé par le Solitaire sablé très rapidement. Peut-être trop. Mais elle n'avait pas la tête à se questionner du pourquoi ce loup disparu si longtemps lui était aujourd'hui aussi proche que s'il l'avait jamais quitté. Les mystères des amitié d'enfance. Pour cette chaleur qu'il lui apportait, elle voulait le remercier. Et puisque Darius lui avouait avoir subit des souffrances qu'il ne souhaitait à personne -enfin, pas à elle en tout cas !-, l'hybride proposer son aide. Non. Imposait son aide. Pour que lui aussi recoive ce réconfort qu'il offrait. C'était un des enseignements d'Anthem et Plume Blanche que jamais Nout ne pourrait oublier : donner sans condition, et rendre l'affection là où on la prodiguait.

La louve ramasse la larme de Darius d'un coup de langue affectueux comme si elle voulait effacer tout mauvais souvenir dans le coeur du viking. D'ailleurs, celui-ci se sentit beaucoup mieux. Il n'avait pas l'habitude de parler envers quelqu'un autre que son frère mais le fait que Nout et lui puissent se comprendre mutuellement, c'était une très bonne chose qu'il apprécia avec un sourire léger. La reptile semblait touchée et voulait faire de même avec lui. Le grand mâle commencer à aimer cette compagnie chaleureuse, il n'avait pas l'habitude de voir du monde et de discuter avec eux, mais il penserait que si ça aurait été une autre personne, cela se serait passer différemment. Nout était une personne assez spéciale depuis qu'elle était louvette, et cela ne semblait pas avoir vraiment changer. Pourtant, elle était plus ouverte et la voir sourire, même faiblement et timidement, ça avait de quoi réchauffer le coeur de Darius. Le mâle baissa sa tête pour toucher doucement le nez de Nout avec le sien en signe de gratitude. Il était heureux de renouer des liens avec une personne qu'il n'avait pas vu depuis longtemps.

La marche avait durée quelques temps mais les deux compagnons eurent le temps de traverser une plaine enneigée pour y découvrir l'étendu de Everbloom. Le mâle fixa la forêt, il n'avait pas besoin de rentrer à l'intérieur de cette jungle pour savoir que la mort y régner. Il tourna sa tête vers la reptile et d'une voix serein demanda:

Il faudrait mieux faire le tour. L'idée de te laisser rentrer dedans me donne des frissons. Et je ne veux pas être le fautif si une patrouille te retrouve dedans...

Et comme pour montrer son inquiétude, Darius commença à tourner la tête à gauche et à droite pour voir quel chemin serait le plus sûr pour eux. Il avait bien l'intention d'accompagner Nout jusqu'à chez elle, limite revoir au moins les quelques personnes qu'il ait connu. D'ailleurs, y'avait-il des nouveaux, des anciens étaient-ils parti comme sa mère? Et comment allait son frère Awan?

La Soldate savoura ce moment paisible où les seuls sons qui chuchotaient à ses tympans restaient leurs pas feutrés sur la poudreuse éternelle de la grève et leurs souffles s'enfuyant vers la voûte célèste. Nout se rendit compte, dans un demi-sourire, que sa respiration était moins saccadée, moins rauque : le manteau de fourrure de Darius était fantastique. Elle qui craignait le froid semblait ne plus avoir à s'en faire avec ça sur le dos. Oui, plus tard elle demanderait à son ami comment se fabriquer une peau de bête aussi chaude. Pour l'hiver à venir, ce serait top ! Contre son épaule, elle crût sentir les muscles du Solitaire se crisper légèrement. Sous leurs prunelles aux couleurs opposées s'étendait la jungle sournoise et carnassière. L'hybride tressaillit et se serra contre le mâle beige. Darius parla pourtant d'un ton très calme. Nout expira longuement sans cesser de fixer la végétation inhabituelle et très étrange qui s'étendait sur Punk-Wolf comme une épidémie fulgurante. Elle finit par répondre sur un ton légèrement moqueur : elle n'était pas en sucre non plus !

« Ne t'inquiète pas pour moi, je suis fine et rapide. »

La femelle aux yeux de miel leva la truffe pour essayer decapter la piste olfactive qu'elle avait laissé plus tôt dans la journée, mais une fine couche de neige avait recouvert ses traces. Visuellement, elle ne retrouvait pas non plus le passage dégagée qu'lele avait trouvé pour venir. Fronçant le museau, elle redoubla d'effort en fouillant le paysage.

« Il y a un chemin moins dangereux, par lequel je suis venue. Mais je ne sais plus où... »

Sa voix s'éteignit sur une pointe de culpabilité. Elle avait honte de s'être ainsi perdue dans un lieu peu propice à son bien-être... Que ce serait-il passer si elle n'avait pas croisé Darius au coeur de la banquise ?

Darius sentit que la jeune louve avait un peu peur de cette immense forêt. Mais qu'avait-elle fait pour que les gens aient aussi peur d'elle? Toutefois la louve reprit son humeur d'avant assez vite qu'elle semblait rire de l'intérieur. Le mâle comprit son erreur et se vit sous un nuage gris qui lui pleuvait dessus. Bien sûr, Nout n'était plus l'enfant qu'il avait connu à l'époque. Les deux loups avaient bien grandi et pris en expérience, il n'avait pas besoin de s'inquiéter autant pour la belle séide. De plus, si elle serait passer dans cette forêt, elle s'en était bien sortie pour arriver jusque là.

Il y a un chemin moins dangereux, par lequel je suis venue. Mais je ne sais plus où...

Le solitaire vit l'hybride renifler partout, il sentait qu'elle stressait. Elle n'arrivait pas à retrouver son chemin. C'était bien normal, Nout n'était pas dans son milieu naturel en plus, le froid qui y régnait n'arranger pas vraiment. Darius la poussa légèrement du museau, amusé par la situation d'un jeune faon effarouché après avoir quitté son troupeau. Posant un regard doux à la louve, le solitaire voulut la rassurer un peu. Lui, au moins, avait été habitué à ce type.

Ne t'inquiète pas Nout, c'est normal. La neige efface les indices. Le froid gèle notre nez.

Puis il se dirigea vers un bloc de glace et laissa des marques de griffures pour lui indiquer une technique.

À chaque fois que tu croises de la glace ou un arbre, mets lui une entaille. Une signature qui t'es propre. Alors, tu sauras où tu es passée.

Toutefois, le loup savait qu'à certains moments, cette technique ne marchait pas, mais elle était facile en cas de promenade- Puis, il se doutait que Nout ne remettrait pas vraiment les pattes dans un endroit aussi gelé. Elle qui préfère toujours le soleil pour se prélasser dans une chaleur exquise. Au moins, si elle ne l'avait pas croisé avant, la louve se serait transformer en glaçon sans qu'on puisse douter dans quel endroit elle était aller.

Bon, j'espère que tu as pas le cerveau gelé. Je te conseille de fermer les yeux et de te remémorer le début de ta journée jusqu'à ma rencontre...

Peut-être qu'ainsi, elle retrouvera l'endroit où elle était passer?

Nout sursauta lorsque Darius posa sa truffe fraîche contre son pelage, trop concentrée sur le paysage monochrome. Ses joues chauffèrent et elle esquissa un léger sourire qu'elle s'efforça de masquer sous son épaisse tignasse blanche tout en rentrant le cou dans les épaules. La femelle hybride ne put s'empêcher de laisser son regard couleur miel s'accrocher a celui du revenant. Elle y décela comme de la tendresse. Le regard du mâle beige était velouté, charmeur. Elle aimait beaucoup qu'il la regarde ainsi, même si cela la rendait nerveuse et fébrile. Elle détourna les yeux quand il expliqua :

« Ne t'inquiète pas Nout, c'est normal. La neige efface les indices. Le froid gèle notre nez. »

Elle l'observa attentivement lorsqu'il lui offrit un conseil avisé de loup voyageur. Cela lui permit de dissiper l'étrange sensation qui faisait papillonner son ventre pour se concentrer sur leur objectif : rentrer avant la nuit.

« À chaque fois que tu croises de la glace ou un arbre, mets lui une entaille. Une signature qui t'es propre. Alors, tu sauras où tu es passée. »

La Soldate terre et cendre acquiesça redevenue sérieuse, appliquée et vigilante.

« Bon, j'espère que tu as pas le cerveau gelé. Je te conseille de fermer les yeux et de te remémorer le début de ta journée jusqu'à ma rencontre... »

La louve-reptilienne s’exécuta, fermant les paupières. La première chose qu'elle ressentit fût le froid intense qui s'emparait d'elle avec cruauté. La chaleur corporelle du loup au pelage épais lui manquait déjà. Elle était pourtant déjà bien aidée par la cape de peau que Darius lui avait galamment prêtée. Elle n'osa pas mentionner ce fait et tout en inspirant, fit le vide dans son encéphale. Chose impossible évidemment. Trop de pensées fourmillaient constamment dans la tête de la femelle. Et toutes ces idées engendraient tout une suite d'autres associations mentales, et ainsi de suite. Nout ne parvenait pas toujours à suivre le cours désordonné et perpétuel du flot inondant son imagination. Par ailleurs, elle arrivait de ce fait, à rester relativement alerte et attentive à plusieurs schémas de pensées simultanés. Ainsi, sans réussir à chasser l'effet insolite et aussi perturbant qu'apaisant que produisait Darius sur son corps de faible femelle, elle trouva assez promptement le fil des évènements de cette journée. Immanquablement, puisqu'elle repensait au pourquoi elle avait débarqué ici furieuse et blessée dans son amour propre, son humeur s'assombrit et son amertume perça à la surface de son esprit comme une araignée remonte sa toile des profondeurs obscures d'une impénétrable crevasse. Elle se revoyait donc quittant la forêt jouxtant la Cordillère pour contourner la partie contaminée des bois. Elle retrouva partiellement le détour et se souvint qu'elle avait du prendre dans la direction contraire à celle d'où le soleil se levait pour trouver un passage plus ouvert et surtout, où l'excroissance végétal n'avait pas encore mis les pattes. Elle avait marché quelques heures. Puis, avait traversé un morceau de jungle luxuriante et visuellement pas trop inquiétante. Elle estima le temps passé ici. Donc logiquement, pour s'approcher du Creux aux Loups, il fallait aller vers le soleil déclinant.

« Je crois que tu m'as retrouvée assez peu de temps après le début de mon escapade en terre hivernale... »

Donc, comme elle avait marcher au hasard pendant à peu près... Oh allez, moins d'une heure non ? Il suffisait de fouiller toute la lisière de la masse grouillante et carnivore des fleurs d'Everblomm ! Simple non ?

« tu saurais retrouvé la direction de ta venue ? Je crois bien que tu venais de l'exact opposé par rapport à moi... »

Elle était loin d'en être sûre, mais pour l'instant, c'était la seule piste qui lui venait à l'esprit. L'hybride au regard d'or était terriblement visuelle, elle savait donc que tant qu'elle ne retrouverait pas un repère qu'elle avait remarqué à l'allé, elle ne saurait pas revenir sur ses pas. Autant dire qu'elle avait choisis le meilleur paysage pour ça : un beau rideau blanc et brumeux ! Parfait !