Autre monde. ♣ LIBRE

Thème ♫

Le regard d'or illimuné d'étincelles avides, Grimm bavait presque devant ce spectable incroyable. Des rayons immenses de livres poussièreux, des étagères pleines à craquer d'ouvrages à étudier, des milliers de romans dans lesquels se perdrent, d'inombrables histoires et mondes fantastiques dans lesquels voyager... Le louveteau était aux anges. La bibliothèque était son paradis sur terre. C'est là qu'il venait fourrer la truffe durant des heures en oubliant bien souvent de rentrer pour le couvre-feu. Il en oubliait même de dormir et de manger certains jours, tellement il était absorbé dans ses lectures. Ce qui était loin d'être bon pour un petit bout de chou comme lui. Grimm n'avait pas encore six mois, et déjà, ce qu'il aimait par dessus tout, c'était vivre plein d'autres vies passionnantes. Evidemment, il n'avait pas encore l'audace de s'attaquer à d'épais ouvrages, d'une part bien trop lourd à transporter pour un gringalet, et parce qu'il apprenait encore à lire et donc certain mot restaient durs a déchiffrer. Mais il travaillait dur pour améliorer cela ! Il se sentait appelé par ce lieu mystique. Grimm, malgré son jeune âge, savait parfaitement ce qu'il voulait : devenir archiviste, pour pouvoir se lancer à la conquête de cette montagne de livres.

Il n'avait pas encore eu l'occasion de montrer à Maman ce trésor qu'il avait découvert ici, parce qu'elle n'avait pas le droit de quitter sa tanière encore. Elle était faible et se remettait doucement de son duel contre sa demie-soeur. Grimm en avait encore des frissons rien qu'au souvenir des grognements monstrueux des deux louves se battant. Depuis, il avait cependant gagner en assurance et ne se laisser pas martyriser par les filles de Sekmêt, ni par personne. Même s'il était un lecteur invétéré et jouait peu avec ceux de son âge, il n'était pas le petit faiblard à traumatiser. Il était gentil, mais il avait déjà la langue bien pendue et ne se laissait pas faire. Et puis il s'était fait un ami. Jagh l'accompagnait souvent ici, officiellement pour le surveiller, officieusement pour être tranquille et s'isoler. Il avait dit une fois au jeune mâle beige que la louve qu'il aimait était partie. Grimm pouvait comprendre, grâce à ses déjà nombreuses lectures. Alors il le laissait tranquille prêt du grand âtre où crépitaient quelques langues de feu voraces pendant qu'il dénichait un bouquin apétissant. Cet arrangement semblait arrangeait le duo. Ainsi le premier pouvait quitter le campement sans qu'on lui reproche de ne rien faire tandis que le second pouvait vaquer dans la bibliothèque sans se sentir surveiller.

C'est donc son petit plumeau de queue bien haut et la truffe respirant à grandes goulées l'oxygène saturé de poussière qu'il partit en quête d'un bon roman à croquer.

Un bruit fit tourner la tête de Grimm vers le coin opposé aux étagères de livres. Il découvrit avec surprise un autre louveteau comme lui, qui semblait avoir le même âge d'ailleurs puisque il faisait la même taille. Ce dernier avait renversé de l'encre noire sur le gros bouquin. Le louveteau beige fronça les sourcils. Les livres étaient des trésors et lui, il.... Il les... Il osait les détériorer de la sorte ! C'était... Un sacrilège ! Aux yeux dorés du petit Séide, l'insulte était immense ! Ses pupilles fendues, gène tenu de sa mère, s'étrécirent en une très fine fente noire dans un océan de miel sous l'outrage. Mais la réaction démesuré de l'autre gamin lui fit l'effet d'une douche glacée. Il semblait vraiment appeuré et bagayait quelques mots décousus et vide de sens...

« Beeh.... Jvais pas te manger, t'es plus gros que moi ! »

S'exclama l'enfant eu pelage beige alors que l'autre fondait réellement en larmes. Grimm le détailla un peu avant d'hésiter sur la chose à faire. Devait-il appeler Jagh pour qu'il s'occupe de lui ? Ou devait-il essayer de le rassurer ? Il ne voyait même pas de quoi il avait pu avoir si peur. Dans un soupir le louveteau Séide s'éloigna pour attrappr un livre qu'il connaissait déjà et qu'il avait lu plusieurs, parce qu'il était assez facile à déchiffrer. Lire le détendait et lorsqu'un adulte lui racontait une histoire, il était aux anges ! Alors peut-être que s'il le faisait pour l'autre enfant ça irait mieux ? Sans perdre une seconde de plus il commença à dicter les mots qui étaient inscrits sur la page sous sa truffe chocolat :

« Ecoute ça ! Ce te fera du bien !

Il était une fois trois bébés chouettes : Jagh, Heever et Grimm. »

Oui. Le louveteau qui espérait devenir un grand archiviste changeait toujours les noms dans les histoires pour y mettre ceux de loups qu'il connaissait. Une petite manie qui faisait rire sa mère lorsqu'il lui racontait les livres qu'il avait pu lire !

« Ils vivaient dans un trou de tron d'arbre avec leur maman chouette. Dans le trou il y avait des brindilles et des feuilles et des plumes de chouette. C'était leur maison.
Une nuit ils se réveillèrent et leur maman était PARTIE. »

Grimm s'efforçait en plus d'y mettre le ton, tellement il adorait partager ce monde fantastique qu'il découvrait à chaque nouveau bouquin ouvert.

« " Où est maman ? " Demanda Jagh.
" Oh, mon Dieu ! " dit Heever.
" Je veux ma maman ! " dit Grimm.

Les bébés chouettes se mirent à réfléchir, parce que toutes les chouettes réfléchissent beaucoup. -D'ailleurs je pense qu'elles feraient de bon disciple de Mido même si c'est un Raptor et que ça mange les oiseaux les Raptors- »

Intervint-il au milieu de ce qu'il racontait, en ayant presque oublié la présence du pleurnichard. Oui, Grimm se perdait aussi souvent entre tout ce qui se passait dans son cerveau qui turbinait à toute allure.

"Qu'est-ce que vous fabriquez ici, vous deux ?"

Une voix féminine résonna, toute proche, appartenant probablement à la louve qui était arrivée pendant que les deux petits étaientt accaparés l'un par la peur de se faire dévorer et l'autre par son récit dont les noms lui étaient familiers. A la lueur des torches et des chandelles qui éclairaient la bibliothèque, le pelage caramel de Morokei prenait des teintes dorées, ce qui faisait hélas ressortir les larges cicatrices qu'elle portait sur l'extrémité de ses quatre pattes, ainsi que celles qui barraient l'un de ses flancs et l'une de ses épaules. Les cheveux attachés en une tresse négligée, l'Archiviste avait été tirée de son travail par le cri de terreur qui venait de toute évidence du petit loup au pelage blanc. Les gens étaient rarement en détresse dans une bibliothèque, aussi avait-elle songé qu'il s'était débrouillé pour se faire tomber une étagère ou une table dessus. Mais pas du tout.

Elle jaugea d'un regard rapide l'encre qui tâchait le livre - bon sang, mais qui laissait des petits tout seuls dans la Bibliothèque - puis son regard clair revint sur les deux louveteaux. Elle connaissait l'un d'entre eux, Grimm, le fils de Nout. Il ressemblait énormément à son paternel, le grand loup crème qui avait débarqué au milieu du camp lorsque sa compagne était en gésine, mais avec la tignasse épaisse qui était une sorte de signature familiale. Le lien de parenté qui les unissait devait être assez complexe - comme c'était beaucoup le cas dans cette famille cependant.

L'Archiviste avait pleuré discrètement la mort de son mentor Aristote, et prit l'habitude de venir rendre une visite à sa tombe chaque matin avant de se rendre à la Bibliothèque. Elle avait repris ses travaux sur la magie des glowsticks et les machines, retranscrivant sur de nouveaux parchemins les volumes les plus anciens et qui menaçaient de partir en poussière sous le toucher pourtant délicat de ses coussinets. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, ayant passé de longues heures penchées sur le papier. Pour l'heure, l'important était de contrôler un peu les actes de ces deux-là afin d'éviter d'abîmer plus que ça les précieux ouvrages.