Tourments maternels | Kisame

La louve sombre s'était rendue compte du malheur quelques semaines après avoir chassé le mâle de ce qu'elle considérait maintenant comme SON lieu de vie. Pendant quelques semaines, elle s'était calmée, elle avait presque cessé de penser à lui, elle avait arrêter de se tracasser … Et un jour, quelque chose qui devrait arriver n'était pas arrivé.
Elle avait trouvé ça étranger puis elle s'était inquiétée, elle était violemment tombée sur un savant Séide rose qui passait là, et il lui avait confirmé ce qu'elle pensait.
Elle était enceinte.

Heureusement que le savant avait vite déguerpi, elle était d'humeur à lui arracher les yeux. Elle était rentrée dans la caverne en courant, ne sachant quoi faire, grognant de fureur contre ce loup, puis ses grognements se ruèrent vers elle même, de l'avoir laissé faire ça, puisque maintenant, elle avait perdu son pouvoir de glowstick, et elle allait avoir des enfants.
Des ENFANTS.
Elle n'aimait pas les enfants, dieux qu'elle les détestait. La louve grogna de fureur, une nouvelle fois, et frappa le mur, sentant ses coussinets s'écorcher douloureusement, avant de s'écrouler au sol, et de faire quelque chose qu'elle n'avait jamais fait avant.
Une larme coula sur son museau, alors que sa respiration devenait hachée.

Elle aurait du rester avec lui. Ils auraient trouvé une solution a deux.
Quelque chose la poussait à aller le voir, à aller lui parler, pour qu'il comprenne ce qui se passait, pour qu'il l'aide ..
Mais elle n'avait pas besoin de son aide.
Elle avait besoin de l'aide de personne.

Elle sentait tout de même que cette vie de Solitaire ne lui allait guère, et que, tôt ou tard, elle devrait choisir entre les Precursors et les Brethens. Et maintenant, tout la poussait à aller voir chez les Brethens.
Elle resta fière, elle se leva, et décida d'aller chasser. Ça lui changerait les idées.

***
Quelques semaines plus tard, son ventre était devenu énorme, elle était tout à fait enceinte, et sa courbure lui donnait pour la première fois cet air des louves enceintes. Lui donnait l'air d'être une femelle. Et elle s'adoucissait, elle le sentait, elle était presque heureuse de la naissance des petits.
Alors elle prit sa décision.
Elle irait le voir, et elle s'excuserait, elle lui expliquerai ce qui s'était passé. Elle viendrait vivre avec lui, et ils garderaient leurs enfants.

Alors elle partit, le matin même, en direction des terres Brethens. La marche était plus longue que ce qu'elle attendait, car son ventre se faisait pesant, et l’embêtait parfois dans ses mouvements. Mais finalement, elle parvint à sa destination, épuisée mais rassurée par l'idée que ses problèmes allaient bientôt prendre fin.
Elle prit une route qui contournait un énorme palais, rencontrant sur la route une éclaireuse, qui accepta de l'amener aux chefs. Mais au détour de la grande bâtisse, elle tomba sur lui. Elle le vit, et se cacha derrière un buisson, à la manière d'une jeune louve amoureuse, qui se cache de gêne. Il était là, toujours aussi … bleu, dans la lumière, allongé sous un arbre, évidement endormi. Coucou crevette.

Quelque chose de doux et de chaleureux s'éleva en elle, et elle voulut l'approcher elle voulut lui parler … Mais en même temps, elle ne voulait pas. Une part de fierté et de peur l'habitait, et elle ne sut quoi faire.
Elle chopa la louve-éclaireuse, qui s'avérait être un Aldréanne qui en avait un peu marre, des loups chelous, et lui demanda poliment avec promesse de supplice douloureux d'aller dire quelque chose au bleu.
Ce fut donc une louve ocre, aux cheveux dorées et aux yeux épuisés qui s'avança vers le jeune loup. Dieux, les jeunes de nos jours étaient de plus en plus embêtants.
« Kisame ? » demanda-elle au jeune, qu'elle connaissait déjà de vue.
« Il y a une louve, enfin je croyais que c'était un mâle jusqu'à qu'elle me dise qu'elle était bien une fille, qui est venu sur le territoire, et vraiment elle a réagit bizarrement en te voyant. Soit un gentil éclaireur et occupe toi en, j'en peux plus de vos affaires là ! » s'exclama la louve aux longues oreilles, avant de s'en aller, épuisée par sa journée.

Elle prit une digne fuite, et laissa les deux.

Varkyrith regarda son amant avec le souffle happé, totalement sous l'emprise de son instinct maternel d’emmener ses futurs enfants dans un endroit où ils seraient à l'abri, bien que quelque chose en elle de torturé, d'horrifié se tortillait en elle.
Non, ne l'approche pas. Ne le laisse pas t'atteindre. Pars. PARS.

Le bleu était rentré de son expédition dans la forêt pluviale avec un goût amer dans la bouche, un sentiment de vide soudain comme si il était parti sans finir ce qu'il avait à faire. La femelle au pelage sombre ne lui a pas vraiment laissé le choix il faut dire, Kisame ne pouvait pas rester avec elle plus longtemps dans l'état où elle était. Il aurait pu lui en vouloir de s'être retournée contre lui aussi rapidement et facilement, de l'avoir agressé alors qu'ils étaient si fusionnel quelques minutes avant, de l'avoir détester... Mais il n'en était rien, le loup hybride n'éprouva aucune rancune envers la louve de la nuit. Bien au contraire, il lui pardonnait. Il ignorait tout d'elle et ne savait que son nom. Il n'avait pas voulu faire plus ample connaissance avec elle, trop pris par leur jeu. Mais maintenant qu'elle n'était plus là et qu'il ne pouvait plus retourner la voir même si il savait parfaitement où elle était, il voulait la connaître maintenant. Il voulait parler des heures avec elle et la comprendre, savoir ce qui tourmentait son esprit et ce qui l'avait fait changer d'humeur en une seconde l'autre jour. Mais le mâle bleu avait peu d'espoir que cela soit possible un jour, il doutait d'avoir le courage de revenir vers Varkyrith par peur de se blesser encore plus le moral...

Alors que le costaud jeune loup s'éloignait un peu du Squat, il vint se réfugier près du palais. Il n'avait parlé à presque personne depuis cet événement, déjà qu'il ne parlait pas à grand monde d'habitude. Chaque fois qu'on lui adressait la parole, il répondait d'un vague grognement accompagné d'un regard noir en mode "d'où tu viens me faire chier toi ?". Il passait ses journée à l’extérieur à arpenter les terres Brethens pour surveiller les frontières et restait parfois la nuit dehors. Il ne voulait voir personne et il s'enfermait dans son mal-être loin de tout le monde, refusant comme toujours de faire soigner ses blessures mentales. Il n'a jamais voulu d'aide et ce n'est pas aujourd'hui qu'il en voudra, certainement pas. La seule louve à qui il pourrait faire confiance était Winnie, mais même si elle était un des rares loups avec qui il s'entendait, il ne lui parlerait jamais de ses problèmes... Il n'assumerait jamais auprès de personne d'avoir des problèmes.

Un arbre non loin de l'entrée du palais projetait une ombre sur le sol et Kisame s'en approcha pour venir s'allonger sur les racines. Il ferma les yeux, tentant pour la énième fois d'oublier cette histoire. C'est alors qu'une fois familière accompagnée d'un fumet Brethen l'interpella. Une fois de plus, il grogna avant de lever la tête vers son interlocuteur. L’intéressée était une femelle Brethen aux longues oreilles dont il avait oublié le nom. Ne lui laissant pas le temps de répondre, même si il n'en avait pas l'intention, elle lui expliqua qu'elle avait trouvé une louve aux allures masculines très cheloue dont elle ne voulait plus s'occuper et qu'elle abandonnait donc sans aucune forme de pitié avec le loup requin.

...
Une louve aux allures masculines ?
...
Holly shit.

Avant que le bleu n'ait pu rétorquer, la louve lapine s'enfuit sans demander son reste. Kisame se leva, regardant cette dernière partir avant de se tourner vers là où semblait être la louve cheloue dont il avait parfaitement deviné l'identité. Il fut d'un côté réjouit qu'elle soit revenue le voir mais quelque chose en lui se déchira lorsqu'il vit qu'elle était toujours aussi méfiante, cachée dans un buisson non loin. L'hybride ne savait pas quoi faire mais son instinct lui hurla de ne pas l'approcher. Il ne voulait pas qu'elle prenne peur et qu'elle lui file entre les doigts de nouveau. Il s'assit donc sur place, considérant le buisson où Varkyrith se cachait avec tristesse. D'ici, il ne pouvait pas encore voir le ventre rond de la femelle et il ne s'attendait certainement pas à ce genre de surprise.

"Varkyrith, louve de la nuit..." commença-t-il d'une voix différente de celle qu'il avait l'habitude d'emprunter. "J'aimerais comprendre ton tourment, j'aimerais t'aider..."

Je peux te comprendre, je sais ce que ça fait...

Varkyrith hésita un instant à sortir pour aller le voir, toujours tourmentée, perturbée, commençant à regretter sa venue. Et si il s'énervait ? Elle était sur le point de décider qu'elle ferait mieux de partir, lorsque sa voix lui parvint.
"Varkyrith, louve de la nuit... J'aimerais comprendre ton tourment, j'aimerais t'aider..."
Pendant un instant, elle eut du mal à se rendre compte que c'était sa voix, mais oui, c'était effectivement la sienne, sans railleries, sans moqueries, et elle l'invitait à s'approchait. C'était une voix qui parlait directement à cette nouvelle douceur en elle, ce désir d'être appréciée en tant qu'une femelle normale.
Elle se leva, prête à contourner l'amas de feuilles pour le rejoindre, pour venir se serrer contre lui, quand quelque chose se bloqua en elle. Elle revoyait les moments où elle allait se glisser contre papa, qu'il lui promettait qu'il serait toujours là pour elle. De nouveau, cette partie d'être qui avait si peur d'être de nouveau abandonnée lui intima de ne pas lui faire confiance. Il n'as jamais parlé avec cette voix là avant ! Peut être qu'il veut te leurrer, te faire croire qu'il est là pour toi, et quand il se rendra compte que tu es enceinte, il t’abandonnera comme une vieille chaussette ! Ne l'approche pas. PARS.

Le cœur de la louve se serra, alors qu'elle était debout derrière son buisson.

« Tu es sur, parce que je doute que quelqu'un qui n'as jamais connu des règles peut comprendre ce genre de tourment »
On disait que l'accouchement était dix fois plus douloureux que les règles. On disait que les louves mourraient, parfois, à l'accouchement. Voulait-elle vraiment ça ? Elle aurait pu tuer ces gamins, mis pourtant elle l'avait pas fait, quelque chose en elle l'avait retenue, lui avait intimé qu'elle ne voulait pas faire ça. Qu'elle aimait ses enfants.

« Qu'est ce qui te fais croire que tu peux m'aider ? »

Sa voix n'était pas sèche, elle était empreinte de douleur, d'inquiétude, malgré qu'on y entende clairement son effort d'être forte, fière, impossible à blesser et a inquiéter.
Dieux.
C'était un appel l'aide.

Elle sortir de son petit buisson, dévoilant finalement au jeune loup requin un ventre rond plein de vie. C'était évident et ça frappa le regard du loup bleu sans crier gare. Il fit comme si de rien n'était mais au fond de lui ce fut comme un coup de poing dans l'estomac. Ce sentiment de bonheur pur qu'il avait ressenti avec elle s'effondra en peur. C'est comme si tout les effets de la drogue s'étaient dissipés et qu'il devait faire face à la réalité désormais. Et bordel ce que la réalité était dure à assumer ! Il était jeune, il avait à peine 2 ans et il n'était pas prêt à avoir des enfants, non certainement pas. Il était mauvais, manipulateur, hypocrite... Comment pouvait-il élever des enfants si il n'arrivait déjà pas à ce gérer ? Kisame l'ignorait.
Mais curieusement, en croisant le regard vert plein de détresse de la femelle, l'hybride ne voulait pas se montrer lâche comme il en aurait eut l'habitude avec n'importe qui d'autre. Il ne voulait pas laisser souffrir cette louve d'avantage, il ne voulait pas manquer sa dernière chance de rattraper leur erreur. Il avait envie d'assumer malgré le fait qu'il ne se sentait pas prêt. Il avait envie car il voulait que Varkyrith arrêt de souffrir.
Il détestait la voir souffrir.

"Tu es revenue vers moi, je sais qu'au fond de toi tu as besoin de moi."

Il approcha d'un pas.

"Et je veux t'aider... Je veux t'aider car je ne veux plus te voir souffrir, c'est comme une torture. Je sais pas, peut-être que j'ai un problème... J'ai jamais ressenti ça avant, je suis plus du genre à m'en foutre mais là... C'est différent..."

Il fit un autre pas.

"Ma vie était un échec avant même que je vois le jour. Je ne veux pas que la tienne le soit aussi par ma faute..."

Elle faillit se rendre fâchée, parce qu'il pensait qu'il pouvait prédire ce qu'elle allait, et surtout ce qu'elle voulait faire. Comment ça tu savais que j'avais besoin de toi ? J'ai besoin de personne, déjà ! Calme toi tout de suite, tu vois bien qu'il veux te leurrer, pars, PARS MAINTENANT.

La louve s'arrêta de bouger vers le loup requin, s'immobilisant, inquiète de nouveau, quelque chose de moins doux s'éveillant de nouveau en elle. Quelque chose de furieux.

« Je … «

Elle ne savait plus trop quoi dire, son cœur battait vite, tout d'un coup, entre la fureur et .. et quelque chose de tendre, quelque chose qui était empreint de désir, d'un désir qui lui faisait chaud au cœur …
Elle baissa la tête, ses mèches recouvrant son regard, essayant de se maitriser.

« Ne dit pas ça. Tu es pas un échec. Tu es le seul qui … Tu es … »

La bataille interne qui se livrait en elle lui faisait mal, lui brûlait le corps. Elle voulait se jeter à sa gorge et le faire taire, ne jamais entendre ces paroles qui lui faisaient peur, ses paroles qui parlaient d'attachement, de sentiments, et en même temps elle voulait se cacher contre lui, enfouir son museau dans le pelage bleu de mâle et ne plus jamais avoir à lui résister.
Elle voulait tout finir.
Elle devait choisir.
Sa respiration se faisait de plus en plus rapide.
Elle avait du mal à la contrôler.

« Je veux rester avec toi. Parce que je suis heureuse quand tu es là. Mais … Mais ... »

La douleur se fit aiguë, comme une migraine incroyable qui fusait à travers son cerveau.
« … je peux pas rester. »

Elle leva ses yeux vers lui, et recula d'un pas.
Elle paniquait.
Elle paniquait de partir, de le laisser, parce qu'elle voulait rester avec lui, mais elle paniquait aussi de rester, de mettre son bonheur entre les pattes d'un autre, de laisser son cœur dans les griffes de quelqu'un qui pourrait de nouveau le briser.
Elle avait peur qu'il lui face mal, elle avait si peur, si peur .. et c'était quelque chose qu'elle ne pouvait lui confier, parce qu'elle était trop fière, elle ne pouvait dévoiler ses points faibles ...

La douleur de la jeune femelle était palpable dans la zone tandis qu'elle semblait mener un dur combat contre ses émotions. Kisame, quant à lui, était calme. Il ne bougeait pas, observant Varkyrith avec un brin de pitié trahissant ses émotions dans son regard. Le ciel était voilé et un vent commençait doucement à balayer les deux jeune adultes comme pour accompagner les émotions de la louve aux yeux émeraudes.
Elle affirma qu'il n'était pas un échec, mais Kisame n'en crut pas un mot. Sa naissance elle même n'était qu'une erreur et son père n'a sans doute aucune connaissance de son existence et de ses trop nombreux demi-frères et sœurs... Sa mère l'a aimé par principe et parce que c'était sa mère mais elle est morte alors qu'il n'avait même pas 6 mois. Winnie lui a accordé de l'importance mais cela n'a pas empêché de devenir la pourriture qu'il est aujourd'hui. Car oui, c'est ainsi qu'il se voit : une pourriture. A son sens il n'est qu'un loup égoïste qui joue avec les autres et leurs sentiments, qui touche leurs points sensibles juste pour s'amuser. Il prend plaisir à faire souffrir moralement juste pour avoir l'impression de ne pas être seul à souffrir. Il ne montre jamais son vrai visage de loup souffrant car il n'aurait plus de raison de vivre. Oui, sa seule raison de vivre est la souffrance de ses semblables... Mais pourrait-il trouver une autre raison de garder les pattes sur terre ?
Se pourrait-il que la louve qu'il veut désormais protéger pourrait lui permettre de rester debout ?

Il eut comme une sensation d'extrême attirance au fond de lui tout d'un coup. Ce n'était pas la même que durant ces nuits qu'ils ont passé ensemble, non, c'était bien différent. Comme une chaleur dans le cœur, une profonde attirance pour Varkyrith au milieu de sa cage thoracique. Il avait l'impression que rien que de penser au fait de la laisser partir, il en serait malade.
Mais elle disait ne pas vouloir rester.
Kisame serra les dents. Jamais il ne s'était sentit aussi impuissant de sa vie. Il ne pourrait pas la forcer à rester et de toute façon il ne le voulait pas, seule Varkyrith pouvait décider de son sort... Et de celui de ses enfants. Le loup bleu sentit des bouffée de chaleur lui chauffer les oreilles. Respirant profondément, il tenta de faire disparaître cette peur.
Cette peur de la perdre.

"Varkyrith si... Si tu restes je... Je te promet de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour te rendre heureuse. Je te promet que jamais je ne t'abandonnerai, jamais je ne te ferais souffrir, jamais plus. Je donnerai tout ce que je pourrais pour que tout aille au mieux pour toi, même si je dois donner ma vie je le ferais. Et si tu ne veux pas venir avec moi chez les Brethens, je quitterais ma propre meute pour te suivre dans tes aventures de solitaire. J'irais partout où tu iras..."

Il ferma les yeux.

"Ne me laisse pas Varkyrith, j'ai trop besoin de toi désormais. Plus rien ne compte à part toi, tu m'as empoisoné. Mais ce poison est le plus précieux des trésors lorsque tu es à mes côtés..."

Il était dénudé à présent, sa carapace était tombée.
Elle l'avait bien eu...

Elle resta un instant figée, complètement perturbée par ses paroles. Ce qu'il venait de lui balançait ressemblait vraiment, vraiment beaucoup à une déclaration d'amour, au goût de la louve sombre aux yeux verts.
Comme si il avait deviné où était pour elle le problème, il lui dit doucement qu'il s'occuperait d'elle, qu'ils resteraient ensemble. Elle leva le museau, fière, restant tout de même courageuse en apparence, malgré son gros ventre qui l'inquiétait, et son envie croissante de se jeter sur lui. Il était prêt à tout quitter pour elle, comme elle se sentait près à rejoindre les Brethens pour être avec lui.Et cette once de douceur, qui sommeillait en elle, depuis qu'elle l'avait rencontré, depuis qu'ils avaient passé des moments ensemble, depuis qu'elle était tombée enceinte, gagna -la la grande surprise de la narratrice qui espérait un fin tragico-tragique, zut-.
La louve sombre fit un pas hésitant vers le bleu, puis s'élança vers lui, et vint fourrer son museau sous le sien.

C'était lui qu'elle voulait. Après toutes ces années où on ne l'avait pas appréciée, sous prétexte qu'elle n'était pas vraiment une femelle, enfin, il y avait quelque qui s'intéressait à elle en tant que femelle. Quelqu'un à qui elle pouvait faire confiance.
Quelqu'un qu'elle aimait.

Elle recula d'un pas, ayant laissé leurs odeurs se mêler un instant, puis bougea rapidement, malgré son gros ventre, pour attraper l'oreille du loup, la mordant doucement avant de la relâcher.

« Essaie pas de devenir un parent, ou un compagnon sérieux, je préfère bien plus quand tu es toi même. C'est toi que je veux, dans ma vie. J'ai besoin de toi, moi aussi. Et t'es certainement pas un échec, je te promets que si tu me ressors un truc comme ça je te fais bouffer tes oreilles. » gronda-elle.

Elle le regarda, leurs regards se mélangeant, et un petit sourire illumina sa contenance.
« Je reste avec toi. » lui promit-elle.

Toujours.
Si elle ne vivait pas avec lui, elle doutait qu'elle vivrait un jour. Elle ne serait qu'une ombre sans futur, sans espoirs. Là, avec lui, elle pouvait vivre. Ils seraient certainement d'affreux parents, et des compagnons extrêmement étranges, mais ils seraient également des loups plus heureux, en restant ensemble.

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