Une plante riche en saccharose | Chulhei & libre

Hyozan grimaçait alors que ses pattes s'enfonçaient dans la vase à chacun de ses pas. Le marais n'avait jamais été son endroit préféré, bien au contraire. Ça sentait pas bon, c'était salissant et boueux et c'était moche. Vraiment pas glamour comme endroit, mais aujourd'hui c'était une mission particulière qui l'amenait ici. Alors qu'il marchait avec difficulté sur le sol boueux qui lui avalait littéralement les coussinets, Chulhei était à ses côtés. Il ne put s'empêcher de s'imaginer que ça devait être encore plus dur pour lui qui n'avait que 3 pattes valides. Enfin bon, c’était aussi comique de se dire qu'à eux deux, ils n'avaient que 7 pattes et 3 yeux.

Si on lui avait dit d'avance que cette mission serait aussi salissante, il se serait sans doute proposé pour autre chose. Mais il n'avait entendu que le terme "rhum" dans l'énoncé et pas le terme "marais", ce qui était assez gênant pour le coup. Il essaya de faire un effort en reniflant par-ci par-là dans l'espoir de sentir la douce odeur de la canne à sucre, mais il ne sentait rien d'autre que la boue puante qui engloutissait ses pattes.
Bon sang, pourquoi est-ce qu'un plante aussi douce pousse dans un endroit aussi disgracieux ?

"Bon, je sens que ça va pas être facile tout ça..." lâcha-t-il avant de rire.

Une fois tout ça finit, il s'accordera un bon bain dans la mer pour se rincer... Aller Hyozan, t'es un pirate, pas une princesse !
C'est pas quelques litres de boue qui va te faire peur quand même ?

Chulhei semblait bien plus à l'aise en pataugeant dans cette boue que Hyozan. Le mâle caramel et blanc se demandait d'ailleurs comment il pouvait être dans un état aussi normal alors que son corps trempait dans une purée grisâtre et puante. Enfin bon, leurs différences allaient peut-être les aider à réussir plus facilement la mission ! En tout cas,
Hyozan l’espérait.
Le loup aux cristaux eu un mouvement de recul lorsque son camarade s'élança hors de la boue sur un vieux tronc d'arbre,
évitant de se prendre des petites gouttelettes marrons sur le visage. Son ami à trois pattes était plutôt confiant étant donné les quelques mots positifs qu'il balança avant de replonger dans la boue juste derrière. Il avait sans doute raison et Hyozan s'accrocha à ça pour avancer en ignorant la boue. Il rejoignit Chulhei dans la mare boueuse et nagea pour le rejoindre sur le rocher,
luttant pour ne pas tourner de l’œil lorsqu'il reçu des gouttelettes de boue au moment où le pirate à trois patte s'est ébroué.
Toujours pas de trace de canne à sucre, mais ce n'était que le début. Peut-être que ces plantes poussaient un peu plus loin dans le marais.

"Bon et ben, on continue !"

Et il a bondit dans la boue pour rejoindre ce qui semblait vaguement ressembler à un rebord. Ses pattes s'enfonçaient toujours un peu dans le sol mais pas jusqu'au cou cette fois. Hyozan soupira de soulagement avec de recommencer à avancer, essayant de nouveau de déceler une odeur sucrée au milieu de cette boue nauséabonde.

[Lancer de dé]

Mais c'était à croire que l'odorat ne les aiderai pas à trouver quoique ce soit. Jetant un coup d’œil à droite et à gauche au cas où, il continua à avancer en restant vigilant.

Élaine

L'automne avait rendu les arbres aussi nus qu'un ver, et un lit orangé tapissait le sol de tous les territoires Etelkrus. Ce matin-là, Élaine s'était levé de bonne heure, appréciant comme à son habitude le spectacle radieux du soleil se levant sur les collines chantantes qui entouraient le Castel. Elle salua rapidement les membres de la meute qu'elle croisait, et songea un instant qu'elle n'avait pas vu Gloriel depuis un long moment. Elle haussa les épaules, son frère était adulte, à présent, adulte et libre de faire ce qu'il voulait. Elle se dirigea inconsciemment vers le fleuve qui longeait tous les territoires, partant dans une ronde qu'elle avait l'habitude d'accomplir parfois. Elle aimait se balader sur ses terres, remerciant les Dieux chaque jour de lui avoir confié des terres aussi agréables. La seule exception était le Marais, elle n'aimait pas trop aller là-bas, mais elle se devait d'y aller, afin de ne pas vérifier qu'un des siens n'était pas dévoré par un crocodile ou alors prisonnier d'un sable mouvant. Tandis qu'elle pénétrait dans l'épaisse verdure, une étrange odeur l'assaillit. Elle se stoppa, et tous ses muscles frémirent d'adrénaline. Le parfum n'était ni Etelkru, ni Lazuli. Elle ne bougea pas, telle une statue de chaire, et se concentra pour chercher d'où provenait l'odeur. Elle était fraîche. Elle posa sa truffe au sol et se mit en quête de trouver la piste des étrangers. Bien qu'elle désirait faire des Etelkrus une meute accueillante et peu encline à la violence concernant les solitaires sur leurs terres, elle se sentit soudainement très territoriale. Elle songea à prévenir les siens, mais elle ne voulait pour rien au monde perdre la piste qu'elle tenait. Peut-être étaient-ils en train de voler leurs gibiers ? Ou alors de détruire une partie du Marais ? Elle remua la tête, et hésita à les chercher. Les crocodiles finiront bien par les avoir. A moins que... Elle se mit à trottiner, évitant avec justesse les flaques de boue aqueuse, le bas de ses pattes, d'habitude immaculé, se teintait peu à peu d'une couleur verdâtre. Plus loin devant ses yeux, deux loups se tenaient, ils semblaient chercher quelque chose. Elle retroussa ses babines, et vit qu'un des deux intrus n'avait que trois pattes. Son cerveau tilta, mais elle fut incapable de se rappeler pourquoi le loup à trois pattes lui évoquait quelque chose. Elle grogna de façon inaudible, et lança d'une voix forte :

"Qu'est-ce que vous faites ici ?"

Elle se planta derrière eux, à une distance raisonnable, afin d'éviter qu'ils ne l'attaquent trop rapidement. Sa queue fouettait l'air avec impatience, curieuse de leurs réponses. Elle remarqua avec douceur que de multiples oiseaux s'étaient posés sur les branches l'entourant, son glowstick les attirant sans aucune raison. Elle songea avec espoir que son don n'attirerait pas les crocodiles.

Un lueur d'espoir anima ses yeux lorsqu'il sentit une fine odeur sucrée derrière des buissons un peu plus loin, ce que son camarade avait remarqué immédiatement. Il s'apprêtait à s'élancer dans cette direction quand une légère odeur d'ennuis à commencer à se rapprocher d'eux, comme quoi leur petit passage sur les terres Etelkrus n'était pas passé inaperçu, dommage, maintenant ils allaient devoir se débarrasser de ces troubles-fête.
D'abord, ce fut une jeune louve aux cheveux noir qui fit son apparition, apparemment pas très contente de les voir puisqu'elle montrait toutes ses dents. Hyozan ne réagissait pas, mais Chulhei connaissait apparemment cette jeunette et commençait même à taper la causette. Le mâle borgne n'avait pas peur d'elle, surtout qu'elle aurait pu être sa fille vu sa jeunesse apparente.
Mais comme si un joli minois ça ne suffisait pas, un grand loup noir a jugé honnête de venir s'incruster, lui aussi pas très content. Qu'est-ce qu'on est mal accueilli sur ces terres ! Déjà que c'était moche mais alors en plus on se faisait grogner dessus !
Hyozan n'avait pas envie de perdre son temps, surtout dans un endroit aussi peu accueillant avec des loups si peu accueillants. Il s'est avancé.

"Ecoutez, on ne vient pas voler votre gibier ou je sais pas quoi, on vient juste enlever quelques mauvaises herbes gratuitement ! Alors s'il vous plaît, ne nous faites pas perdre notre temps autant que vous perdez le votre." lança-t-il avant de sourire aux deux loups.

Puis il fit volte-face comme si de rien n'était, humant l'air avec insistance, ignorant Chulhei qui semblait maintenant plus intéressé par la louvette que par la mission.

[Lancer de dé]

Ils étaient vraiment proches du but, Hyozan le sentait d'avantage encore. Il fit quelques pas dans la direction l'odeur pour cibler un peu mieux le plants qui leurs chatouillait les narines.

Élaine

Le Marais, en plus d'être peu accueillant, refoulait une odeur de moisissure perpétuelle, et la jeune alpha se doutait bien que de nombreux cadavres devaient s'enliser autour d'eux, échappant à la vigilance des crocodiles. Elle sentit la douce odeur d'Ezhekiel, et elle n'eut même pas le temps de tourner la tête qu'il se plaça à ses côtés, appuyant sa demande. Elle hocha la tête pour elle-même, heureuse d'avoir son compagnon de route avec elle. Bien qu'elle n'avait pas peur, elle savait qu'il était peu judicieux d'affronter deux mâles seule, surtout pendant ses chaleurs. Chaleurs qui, soit dit en passant, l'importait peu, cela ne changeait rien, juste quelques petites choses telles que son esprit divaguait beaucoup plus rapidement en regardant certains mâles plutôt charmants. Toutefois, elle n'était pas d'humeur à fantasmer, et quand le trois-pattes s'avança vers elle, elle sentit son poil se dresser sur sa peau, un pas de plus, et elle deviendrait plus agressive. Elle garda son air méfiant, malgré que le mâle semblait non seulement connaître sa mère mais aussi son prénom. Elle haussa les épaules, et leva les yeux au ciel. Peu importait, beaucoup de loups connaissait son prénom depuis sa nomination divine, et Winnifred était connue pour sa douceur et son talent pour la guérison, toutefois, elle sentait qu'elle l'avait déjà vu. Elle ne répondit cependant pas à ses questions, il était peu important de savoir son prénom ni même sa génitrice. Elle songea avec un brin d'amusement que sa mère connaissait parfois de drôles de moustiques, le chevelu ne correspondant aucunement au style de Winnifred. Elle soupira, lasse, tandis que l'autre sous-entendit qu'il ne fallait pas déranger. Elle haussa les sourcils, décontenancée par l'absence d'inquiétude des deux solitaires d'être ainsi appréhendé par les membres d'une meute dont ils violaient la propriété sans foi ni loi, et le battement de sa queue redoubla d'impatience, jardinage ou non, ils n'avaient rien à faire ici.

"Nous n'avons pas besoin de jardiniers, alors je vous prie de regagner les terres libres le plus vite possible."

Son ton s'était quelque peu durci, une tension naissait au creux de son poitrail. Elle voyait bien qu'ils ne la prenaient pas au sérieux, et connaissant la misogynie dont Ezhekiel faisait parfois preuve, elle se doutait qu'il n'était pas le seul. Elle retroussa les babines, planta son regard vert d'eau dans celui émeraude du trois-pattes. Elle lança un regard discret à Ezhekiel, il semblait remis de sa presque-noyade, et elle l'avait senti beaucoup plus détendu depuis, il la vannait toujours autant, mais une nuance subtile subsistait et Élaine le sentait, sixième sens féminin oblige. Elle reporta son attention sur les deux solitaires, l'autre se fichant éperdument qu'ils aient de la compagnie, ce qui avait le don de l'agacer un tant soit peu.

NEPTHYS

La journée précédente n'avait pas été très productive, j'avais surtout passé mon temps à profiter des félicitations de la meute quant à la réussite de mon épreuve au près de Kiro. J'étais fière, et la gaieté était au rendez-vous depuis que le crâne sur ma croupe diffusait par ses orbites vides la lumière jaune significative du Dieu auquel j'avais décidé de dédier ma vie. C'est pourquoi aujourd'hui je secouais mon moignon de queue avec entrain tandis que je trottais innocemment sur les terres des Etelkrus. J'étais devenue garde à la suite de cela, rôle qui me convenait du fait de la liberté et des responsabilités qui l'accompagnait. J'avais hâte de croiser mes géniteurs, j'espère qu'ils seraient fiers de ma réussite, bien que je ne suive pas forcément le chemin de mon frère et de ma sœur. Après tout Nout avait bien un glow de la même nuance que le mien, alors peut-être distinguerai-je de la fierté dans son regard, ce qui calmerait mes démons.

J'étais alors partie pour le temple de l'Anaconda. Repensant à mon épreuve et à son comportement, une lueur de malice brillait dans mes pupilles d'or. Je m'y étais alors reposée quelques heures, durant lesquelles j'avais alterné sieste et monologue face au silence. Mais la faim commençait à se faire ressentir, signe qu'il était temps que je m'éclipse. Mais une fois de retour dans l'air poisseux du marais, un agitation anormale flottait dans l'air. Je regardais autour de moi avant d’apercevoir des silhouettes bien connues de ma meute. Il était rare de les croiser ensemble ces deux-là, et la raison de ce rassemblement m'intrigua.

Je bifurquais vers eux et me mis à courir lestement sur ce sol que je connaissais si bien. Une nervosité s'empara de mon rythme cardiaque lorsque je vis notre loup noir le poil hirsute à grogner après l'inconnu. Le volcan sous la montagne s'était donc réveillé ? Intéressant. Je pris place silencieusement au côté de notre alpha, un poil en retrait : témoignage de mon rang inférieur, de ma soumission et du respect que je lui vouais. Mes alphas pourraient probablement gérer seuls ce qui les embêtais, mais je serai là en arrière au besoin pour leur témoigner mon soutien et ma dévotion.

Bon, c'était pas gagné vu que la jeune demoiselle semblait encore plus furieuse de l'ignorance du pirate borgne. Hyozan se retrouva obligé de leur refaire face pour ne pas jeter encore plus d'huile sur le feu en les zappant totalement. Ils allaient devoir régler leur problème autrement qu'en passant outre. D'ailleurs le grand noir commença à s'énerver, voulant sauter sur Hyozna mais trébuchant à la place. Il a disparu sous la forme d'une ombre au sol pour réapparaître juste sous la truffe blanche du pirate. C'était bien rattrapé il fallait l'avouer, mais Hyozan détestait qu'on lui manque de respect de la sorte.
Il ne grogna pas pour ne pas rentrer dans leur jeu, mais il fronça les sourcils en maintenant le regard du loup noir.
Tiens, il avait l'impression de 'lavoir déjà vu quelque part celui-là, maintenant qu'il le voyait de si près... Mais peu importe,
les loups qu'il avait connu autrefois ne l'importaient plus vraiment. Mis à part certaines exception comme son beau-père et sa belle-mère...

"Mec, j't'ai pas agressé ni rien et toi tu t'énerve pour une plante dont vous n'aviez aucune connaissance jusqu'à maintenant. Tu trouves pas qu'y'a un problème ?"

Mais il fut rattrapé par Chulhei qui entama un discours assez intriguant, proposant de les laisser récolter leur canne à sucre en échange d'une partie du rhum ou même carrément de les inviter à une de leur fête pirate. Hyozan s'écarta du loup noir, écoutant son camarade, le regard intrigué, un petit sourire en coin. Il avait plus d'un tour dans son sac le frisé à trois pattes ! C'est pas Hyozan qui les aurait inviter à une fête pour calmer le jeu.
Il rentré rapidement dans son jeu, l'image seule d'une de ces fête le faisant saliver. Il ferme les yeux et un sourire caractéristique dévoila ses dents blanches sur sa puissante gueule.

"La chaleur d'un feu et la fraternité que la fête impose comme si on oubliait toutes nos différences ! Et bien sûr le bon rhum qui coule à flot dans nos gorges ! Bien évidement que ça serait mieux qu'une partie d'arrachage d'intestins au milieu de la boue puante de ces marais !" lâcha-t-il de sa forte voix.

Restait à espérer que les Etelkrus soient assez ouverts pour accepter ça. Hyozan serait capable d'inviter n'importe qui chez les Raeders si c'est pour avoir son rhum à portée de patte...
En tout cas, il était tellement occupé par la discussion qu'il n'avait même pas remarqué la petite louve qui s'était incrustée derrière. Il lui lançant un sourire amical.

Élaine

La tension s'intensifiait, et les poils d'Élaine se dressaient peu à peu sur sa peau rosée. Elle se figea presque quand Ezhekiel s'approcha, sentant la discrète vibration de sa gorge qui se muait en un grognement agressif, et quand il parla, Élaine tenta de ne pas paraître étonnée, elle ne l'avait jamais vu ainsi. Élaine réprima de crier un "non" quand il s'élança vers l'un des intrus, mais elle se sentit rassurée quand il fondit dans le sol, suivant de son regard vert la flaque d'eau noire revenir à ses côtés, la mise en garde était parfaite, et elle écouta avec attention le trois-pattes débiter des paroles quelques peu arrogantes, et la queue d'Élaine fendit l'air dans des battements agacés, elle n'aimait pas être prise pour une idiote, et les deux étaient justement en train d'essayer de les embobiner. Elle retroussa les babines, accueillant ses paroles comme une menace. Ils perdraient au change ? Quelques accidents ? Et elle devrait tolérer de tels propos sur ses terres ? Menacer de provoquer des accidents envers les gardes de sa meute n'apaisa pas du tout la jeune brune. Elle grogna plus fort encore, agacée et irritée, résistant à l'envie de lui bondir à la gorge et de l'amocher le plus possible. Quand l'autre se rapprocha et posa sur l'épaule d'Ezhekiel une patte amicale, son sang ne fit qu'un tour et elle se mit à piétiner d'impatience, les babines quelques peu retroussées. Elle se devait de garder son calme, de ne pas attaquer la première, et de maintenir une sorte de discipline et de communication, même envers les Solitaires. Qu'ils cherchent une plante ou non, elle s'en foutait. Ils se permettaient de violer leur territoire, et en plus ils les prenaient pour leurs amis. Une fête, et puis quoi encore ? Pourquoi pas tous devenir amis et s'embarquer dans une orgie passionnelle ? Elle tourna la tête vers Nephthys qui venait de se joindre à eux, et la saluer d'un hochement de tête discret, la jolie Nephthys avait bien grandi et elle vit avec fierté la lueur jaune qui brillait sur son corps de jeune louve. Elle se tourna vers les deux intrus et d'un coup, elle recouvra la mémoire. Le chevelu noir, elle l'avait déjà rencontré quand elle était petite, bien avant l'apocalypse, et il avait paru bien proche de sa mère. Elle se souvint même que Winnifred avait tant confiance en lui qu'elle lui avait confié sa garde le temps d'aller lui chercher à manger, et l'image nette du loup à trois pattes réapparut à ses yeux, il dévorait le marcassin avec la force d'un affamé. Elle se sentit soudainement partagée. Elle souhaitait donner aux Etelkrus l'image d'une meute accueillante et bienveillante, mais tout son instinct lui chuchotait que ces solitaires n'étaient pas ici pour chercher de l'amitié, au contraire, ils cherchaient avec impatience une plante dont elle ignorait le nom, et la raison de leurs recherches, mais quête ou non, la plante en question était très bien au Marais, et elle y resterait. Elle grogna envers l'estropié un poil trop près d'eux et calma ses grognements, elle ne voulait pas engager la bagarre, elle était bien plus intelligente que ça. Elle resta debout, campée sur sa position défensive et son visage se fit plus amical, détendu. D'une voix détachée, elle parla avec douceur :

"C'est vrai que ça serait mieux que de patauger dans cette boue marécageuse, mais je suis navrée, nous ne sommes pas très fête au bord d'une plage autour d'un feu."

Elle étira ses babines en un sourire hypocrite et exagéré, son agacement grimpait au fur et à mesure que le temps passait, sa langue semblait la démanger.

"Je pense qu'il est souhaitable que vous partiez donc faire la fête là-bas, le Marais n'est pas très enclin à accueillir une fête de ce genre, merci des services de jardiniers, si jamais on a besoin, on vous appellera peut-être. Pour rejoindre les terres libres, c'est par-là. Bon retour, messieurs."

Elle sourit une fois de plus, sa voix était irritante tant elle suintait d'hypocrisie et d'exagération, son sang bouillonnait et son cœur battait à ses tempes, sa peau tremblait quelque peu sous l'effet de l'impatience, et la jeune louve beige au chignon de jais toisa du regard les deux autres, sans aucune méchanceté dans ses pupilles. Elle tourna la tête, attirée par un mouvement brusque à sa gauche, plus loin, et aperçut avec soulagement qu'il s'agissait d'un tronc aux allures adipeux. Son glowstick attirait les animaux de toute sorte, elle mit donc cet étrange sursaut sur le dos d'une grenouille qui devait être très curieuse. D'ailleurs, elle remarqua qu'une dizaine de grenouilles les entouraient, leurs goitres se soulevant au rythme d'une respiration saccadée. Elle soupira, et nota dans un coin de sa tête d'aller demander à Dairo pourquoi elle lui avait confié ce pouvoir. Dans cette situation, il aurait été plus sympathique d'attirer des crocodiles pour dissuader les deux intrus de rester ici. Elle reporta son attention sur eux, son regard perçant, et lança un regard rapide à Nephthys puis à Ezhekiel, un sourire en coin, attendant la réaction de son compagnon noir quant au rapprochement du trois-pattes brun. Elle souhaitait juste qu'ils déguerpissent et fissa.

Une plante riche en saccharose

J'avais beau avoir envie de taper purement et simplement sur ces deux fêtards, j'écoutais tout de même attentivement ce qu'ils venaient nous raconter. Par les Dieux, était-ce simplement des soirées occasionnelles ? La manière dont il présentaient les choses laissait supposer des risques pour les meutes bien plus grands que ce que j'avais envisagé. Les solitaires étaient-ils en train de se rassembler ? Un mauvais pressentiment commençait à germer dans mes entrailles. Depuis quand avaient-ils créé un sentiment de cohésion et d'appartenance ? Même s'il était probable qu'il ne s'agisse simplement que de teufeurs, le fait était qu'il allait falloir s'intéresser de plus près à leurs occupations des derniers temps.

Je gardais le silence tandis que ma compagne de route leur répondait, suintant l'hypocrisie et la montée en pression par tous ses pores. Un sourire en coin apparut face à sa tentative assez pitoyable de rester sous contrôle, je dus admettre qu'elle m'étonnait chaque fois que nous nous croisions. L'idée d'aller faire la fête était presque tentante si ça m'avait permis de voir Joli cœur se décoincer un peu. Mais la situation ne permettait pas de se complaire dans le plaisir de l'alcool. Et j'étais, pour une fois, assez en accord avec ce qu'elle énonçait.
Je restais de marbre mais perdu mon rictus quand le loup le plus éclairé des deux s'approcha de moi. Mais lorsque je le sentis me bousculer et avoir un tel geste de proximité je sus que quoi qu'ils diraient ils n'auraient pas ce qu'ils recherchaient. Soit, oubliez mes dires passés il était aussi peu malin que son camarade. Je lui laissais le temps de sortir son débit de stupidités avant de claquer des dents et de donner une ruade pour virer son membre puant de solitaire de mon dos.

Leur attitude négligeante et irrespectueuse n'allait pas durer longtemps, j'estimais que nous avions été bien assez patients avec eux. La proposition d'Elaine serait la dernière avant que nous ne les chassions véritablement comme des malpropres. Je pris la parole une dernière fois.

"Si je devais venir à ce genre de rassemblement, ça ne serait non pas pour profiter de la beuverie, mais plutôt pour comprendre ce que les solitaires peuvent bien avoir trouvé comme intérêt communs pour en venir à se retrouver en groupe pour fêter une nouvelle "amitié" qui n'existait pas naguère. Je vous conseille de suivre le directives de la dame, elle a tendance à devenir violente quand on refuse de l'écouter. "

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NEPHTHYS

Je me sentais mal à l'aise face à ce que j'observais. Les alphas avaient l'air au bord de l'explosion, et je me mangeais de pleine face leur ressentis et j'eus l'inutile envie de me soumettre en gémissant. Je me contentais d'abaisser au maximum mon moignon de queue et de mettre ma tête dans l'alignement de ma colonne vertébrale. Je n'avais qu'une hâte c'était que les choses se calment, et pour cela il fallait que les deux fêtards se décident à rentrer chez eux. Une cacophonie surprenante nous entoura alors, constitué de nombreux batraciens qui faisaient élever leurs voix dans l'air hostile du marais. Ce spectacle était dérangeant et pourtant tellement adapté à l'instant.

Je sentis le regard d'Elaine se poser sur moi, et je baisser les yeux vers le sol préférant éviter tout acte qui leur ferait perdre le contrôle. Bien que j'avais des doutes sur l'instinct de survie des deux inconnus cela dit, mais je n'était pas forcément de celles qui aimaient en venir aux crocs et aux griffes. Lorsque l'inconnu s'adressa directement à moi, j'eus un instant d'hésitation avant de me dire que mes alphas ne me tiendraient pas forcément rigueur d'abonder dans leur sens.

"A vrai dire je ne suis pas sure d'avoir saisi l'ampleur du problème, simplement je ne suis pas de celles qui apprécient que des individus d'opposent à ses alphas voyez-vous ? S'ils ne veulent pas que vous pilliez nos terres, je ne peux que leur donner raison et vous inciter à retourner festoyer chez vous. Et au besoin, je suis certaine que ça serait avec plaisir que nous vous raccompagnerions jusqu'à la frontière, il serait dommage que vous tombiez sur le chemin des princes au sang froid en étant seulement deux."

Je leur adressais un sourire factice et innocent. Je n'irai pas à la confrontation sans un ordre, alors autant tenter le dialogue posé en espérant que cela percuta dans leur caboche de solitaires soûlards.

Hyozan commençait sérieusement à s'impatientez et avait de plus en plus envie de faire avaler toute la boue qui se trouvait sous ses pattes à ces deux casse-bonbons. La proposition de Chulhei avait l'air très alléchante,
mais non ! Aucun de ces deux zouaves ne voulaient capituler et continuaient à faire les fiers juste pour ne pas perdre le crédibilité d'alphas. Bon sang ce qu'ils sont cons ces chefs de meute... Et alors que la gamine aux cheveux noirs tenait tête aux pirates avec un beau petit sourire de faux-cul, le noir en a bien sûr rajouté, critiquant les Raeders d'une manière qui était, aux yeux de Hyozan, très hautaine. "Une amitié qui n'existait pas naguère" ? Mais bordel mon coco, les Raeders sont presque tous de la même famille et se connaissent depuis bien plus longtemps que tu connais chacun des misérables loups qui composent ta meute !
Si ça ne tenait qu'à lui, le mâle à cristaux lui aurait déjà sauté dessus pour lui arracher la langue d'un coup de couteau. Cependant, il laissa encore une chance à Chulhei de négocier avec eux, ce dernier étant plus patient que lui. Même si, pour être honnête, il n'y croyait plus. Il en était même à espérer qu'ils aient à se battre pour en finir...

Hyozan n'ajouta rien, il était déjà trop exaspéré pour dire un mot. Il avait abandonné son sourire pour laisser place à un regard ennuyé et énervé. Séreusement... Ils étaient à deux doigts d'obtenir ce qu'ils voulaient, l'odeur du suce leur chatouillait les narines et ils se retrouvaient quand même coincé par trois loups de meutes qui n'avaient rien d'autre à faire de leur journée que d'empêcher deux loups inoffensifs (pour une fois) faire tranquillement leur cueillette !
Ses pattes se remuaient de plus en plus nerveusement dans la boue et son addiction au rhum ne fit qu'accentuer son impatience. Le bruit des grenouilles autour d'eux rendait l'atmosphère encore plus tendue, étrangement...

Lorsqu'il entra en scène à son tour, Athelstan avait entendu quelques bribes de ce qui se passait. C'était d'ailleurs ces éclats de conversation qui avaient attiré son attention - généralement, les loups ne traînaient pas trop dans les Marais et encore moins pour y mener une discussion amicale. Lorsque l'odeur des solitaires lui avait chatouillé les narines, il avait senti son poil se hérisser sur sa nuque. Visiblement, la rencontre qui se tenait là n'était pas des plus amicales, et l'odeur familière de sa soeur le poussa à aller voir ce qui s'y passait. Fort heureusement, elle n'était pas seule, encadrée par Ezekhiel et une jeune louve brune dont le nom lui échappait, mais Etelkru elle aussi. Face à eux, les deux étrangers. Il reconnut en eux des membres de ce groupe de parias séides qu'il avait aperçu lors de la bataille contre Cronos et qui de manière surprenante traînaient encore sur les territoires. L'un d'entre eux, le plus massif, avait la mine sombre et visiblement agacée par ce qui se déroulait. Visiblement, les deux solitaires ignoraient avec superbe et arrogance les mots des alphas de la meute, parlementant à propos de plantes et de fêtes sur la plage. Athelstan n'ignorait pas de quoi il retournait en ce qui concernait les boissons alcoolisées - son père en avait bien connues, et son oncle aussi - et il se demanda comment des solitaires pouvaient trouver le temps, tout en survivant, d'aller faire des ressemblements ivres sur une plage.
Mais soit. Admettons.

Le grand mâle brun s'avança aux côtés de la jeune louve foncée, après avoir salué d'un rapide mouvement de la tête ses supérieurs et sa congénère. Il lorgna d'un regard inquisiteur les deux autres. Ainsi donc, ils étaient venus très calmement sur leurs terres pour prendre quelques plantes et s'en aller ensuite comme si de rien n'était. Les propos de l'un d'eux le firent tiquer, en évoquant le fait qu'ils ne connaissaient pas la plante en question. Tout comme lui, et même plus encore, Elaine avait été élevée par Winnifred, anciennement guérisseuse chez les Brethens. Ils avaient tous deux passé suffisamment de temps dans cet apprentissage pour avoir au moins déjà entendu ce nom - ce n'était pas comme si cette plante était vraiment rare après tout. Quelques mots piquants lui chatouillèrent les babines - la réputation de solitaires buveurs et consanguins que portaient parfois les Raeders était après tout une bonne arme dans une conversation - et se contenta de lancer :

"Si vous ne cherchez pas le combat, allez-vous en. Les ressources de ces terres sont celles des Etelkrus, pas des solitaires. Allez chercher votre plante ailleurs."

Résumé assez simple et clair de ce qu'il suffisait de faire pour que l'entrevue ne tourne pas au combat rangé. Les muscles tendus, le brun jeta un regard en direction des deux alphas. Il suffisait d'un ordre pour qu'il se jette dans le combat. A quatre contre deux, il ne donnait pas cher de la peau des buveurs de rhum.

Élaine

Élaine se tenait droite, le regard sévère ne quittant pas le solitaire familier. Elle sentait une sorte de boule d'angoisse lui rompre les entrailles, elle hésitait entre sa fierté et sa raison. La première petite voix lui intimait de ne pas céder, de les attaquer et les mordre jusqu'au sang jusqu'à ce qu'ils déguerpissent en couinant comme des hyènes blessées, mais la deuxième petite voix lui ordonnait de les laisser faire leur cueillette. Après tout, si la véritable raison de leur présence était cette plante, elle ne voyait pas vraiment le problème de prendre la plante, bien que la canne à sucre était très agréable à mâcher. Elle fouetta l'air avec sa queue quand la voix de son jumeau s'éleva derrière elle. Elle dressa ses oreilles sur son crâne, étonnée de le voir ici, puis elle regarda Nephthys puis son frère à nouveau. La pression lui assourdissait les oreilles, elle se sentait redevable de prouver sa force et sa détermination devant ses paires, mais en même temps, elle voulait être juste et impartiale. Est-ce qu'attaquer ces solitaires pour la simple et bonne raison de leur présence était la solution à prendre ? Ou alors les surveiller récupérer leur foutue plante et leur intimer de ne plus jamais revenir sous peine d'attaque impulsive sans pourparlers. Elle leva les yeux un instant vers le ciel qui s'assombrit, bien que les arbres hauts cachaient quelque peu l'étendue grise. Elle soupira et coula un regard vers Athelstan. Il semblait prêt à bondir, et son regard était aussi dur que celui de leur père. Elle regarda Ezhekiel et soupira une fois de plus. Elle essaya de transmettre son dilemme à son collègue par le regard mais il semblait ailleurs. D'un coup, il dut sentir l'insistance d'Élaine sur lui, il tourna la tête et s'approcha d'elle. Il lui murmura quelque chose à l'oreille et Élaine hocha la tête, lentement. L'une de ses premières confrontations en tant qu'Alpha n'était pas la plus simple. Elle s'approcha doucement et d'une voix douce, feutrée mais terriblement sèche, elle dit :

"Bien. Vous allez récupérer votre foutue plante sous notre surveillance, et ensuite vous déguerpissez et je ne veux plus vous revoir traîner dans les parages, nous ne chercherons plus à parlementer avec vous."

Elle gonfla ses poumons à bloc pour paraître un peu plus grosse, inconsciemment et son regard sévère passa de l'un à l'autre, sa queue s'excitant seule à aller de droite à gauche à un rythme effréné. Elle était terriblement agacée, et elle pensait que sa décision était la bonne. La jeune louve au chignon noir se recula pour trouver un endroit sec où poser ses fesses, puis elle s'assit élégamment, ses yeux perçants vissés sur les deux guignols en face d'elle. Elle ne voulait pas que sa meute soit trop stricte, elle voulait s'approcher de la philosophie des Brethens et non des Séides. Elle claqua sa langue entre ses crocs, une fois de plus, son glowstick orange brillant de mille feux, teintant ses quelques mèches fugueuses. Elle observa alors les deux zigotos, en attendant leurs réactions. S'ils cherchaient de nouveau à chipoter, Élaine considérera qu'ils ont épuisé leur chance de s'en sortir convenablement, et alors elle lancera l'attaque.

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