Je hais cette terre (PV Uneth) [/!/ Sans doute scène sanglante]

Je hais cette terre.
w/ Sly

Temps de pause ! La météo était plutôt clémente ce matin-là. Les guérisseurs passèrent le flambeau à un second groupe prévu à cet effet : quand certains sont absents, il y a une équipe de réserve qui assure les urgences et/ou les petits bobos. Gabryël quitta la Rougelande avec deux de ses collègues, puis s’en sépara en se dirigeant vers le marais. Pourquoi ? Il n’en savait rien. Enfin, si : c’était un des rares endroits où il n’avait pas encore posé une patte.

Aux abords, ça n’avait pas l’air si terrible. Le sol ne bougeait pas, et il n’y avait aucunement l’ombre d’un quelconque animal féroce. Ok, parfait. Il y alla de bon train, peut-être un peu trop rapidement d’ailleurs. Quelques minutes après, son sourire de mioche commençait à grimacer. Tout se ressemblait tellement, et quelques éclaboussures venant du tréfond de l’univers se faisait voir sur son poil clair. Devinez qui allait devoir se mouiller alors qu’il devait faire -8548651561°c ?

Enfin soit, il l’avait voulu après tout. Par chance, il avait assez bonne mémoire, il n’aurait aucun mal à revenir sur ses pas. Le plus important, après tout, était de ne surtout pas vouloir couper pour gagner du temps. A coup sûr, on se perdait. Devant le nez de notre lupin grisonnant, des traces d’un autre. Ah ? Il les suivit jusqu’à un bosquet à quelques mètres de là, en trottinant, nez à terre, et manqua de peu la chute dans l’amas d’eau en contrebas. Elle était totalement boueuse, comme s’il y eut du mouvement.

A la surface, Gaby pouvait difficilement percevoir des tâches rouges. Il imaginait déjà le pire, devoir affronter une bête féroce. Il n’avait que ses pattes pour fuir, et encore, la puissance n’était pas du tout ce qui le représentait. Dans un geste de stress, il pu voir un tas de poil au bord de l’eau. Il repensa aux traces vues quelques minutes plus tôt … Merde ! Un loup ! et en plutôt sale état, il semblait suffoquer. Quelque chose l’avait probablement attaqué …

Ni une ni deux, Gabryël se fraya un chemin jusqu’en bas de la petite falaise, manquant de trébucher une paire de fois. En arrivant devant l’inconnu, il pouvait voir son état de fatigue avancée. Il ne savait même pas s’il l’avait entendu arriver … Au diable la pause ! Il fit un constat rapide : Les trois quarts de ses membres ne pouvaient être utilisés. Il trancha les lianes qui emprisonnaient ses antérieurs en invoquant une lame avec son pouvoir. Elle était totalement bancale, mais pas de temps à perdre, il fallait seulement que ça coupe !

Hey, sir ..!

Gab n’avait jamais eu à faire à ce genre de situation. Il était totalement paniqué mais gardait son sang froid quand il entrait en contact avec le loup sombre. Il remarqua une chose : des brûlures, tout partout. Qu’est-ce que ça pouvait signifier ? Et du sang continuait à créer un mini-ruisseau … C’était la priorité. Plusieurs choses se bousculaient dans la tête du gris. Il attrapa une des lianes brisées et fit rapidement un garrot à la patte arrière du blessé. C’était déjà une bonne chose de faite.

Ça va aller maintenant, je suis là, je vais vous sortir de là !

Il le touchait de sa patte un peu partout en quête de réaction, cherchant dix milles solutions en même temps. L’abriter du froid, prodiguer des soins, le réveiller … Enfin, plus facile à dire qu’à faire. Restait encore le corps du crêté à panser pour très certainement lui faire récupérer assez suffisamment de forces pour le ramener dans un endroit adapté aux soins, et surtout où il y a avait de quoi le réparer.

Le loup sombre semblait revenir à la vie petit à petit. Il bougeait et ronchonnait, ce qui eut pour effet de rassurer Gaby. A vrai dire, même s’il se faisait insulter/frapper/blablabla, ce serait toujours mieux que de n’avoir aucune réaction. Il prit donc une grande inspiration, et soupira tandis que le crêté lui parlait. Et leurs regards se croisèrent, le blanc eut un temps d’arrêt inexpliqué.

Euh … Oui … Oui ! Je ne peux pas, je dois ! Ne forcez pas sur vos membres, ils sont encore immobilisés.

Par chance, Gabryël se baladait souvent avec une pochette remplie d’outils et produits de premier secours. Des antidotes, des mélanges plus que suspects, et de quoi empêcher un membre de bouger pendant un trajet plus ou moins long. Et il s’activa de nouveau. Il attrapa l’atèle, un autre bout de liane, et fit en sorte qu’elle vienne en plus du garrot supporter la patte postérieure de son patient.

Restez avec moi, surtout. D’où venez-vous ?

Il cherchait à lui détourner un peu les idées. Enfin, Gab n’était pas des plus adroits pour ce genre de chose, d’autant que ça ne s’apprenait pas forcément dans des situations pareilles. Le plus important était de conserver un semblant de calme.

Savez-vous s’il fait jour ou nuit, où vous êtes actuellement ?

Le loup sombre ignora ses questions. Mieux encore, il se leva en ronchonnant, et en se pavanant presque. Gabryël se senti snobé, ce qui rendit son regard un peu plus sombre, agacé. Certes, il aurait très bien pu le laisser en plan, passer son chemin ou envoyer quelqu’un d’autre sur le terrain pour que lui puisse s’occuper d’autre chose. Mais merde quoi, il était venu à son secours au péril de sa propre vie, si l’on prenait en compte qu’une bestiole à longues dents rôdait dans le coin.

Au risque de vous déplaire, l’animal qui vous a agressé n’est probablement pas mort vu votre état. Au contraire, il a goûté à la faiblesse et au sang.

Il fallait dire ce qu’il était. Ce loup ne pouvait plus courir ou se glisser dans un endroit étroit si la créature revenait à la charge. Et vu son état, la marre de sang au sol, ça pouvait lui donner d’autres idées comme une fringale. Gaby’ suivait l’autre mâle d’un air médisant, tout en écoutant les alentours en prévention d’un bruit anormal. Il n’était pas question de se fier à sa fierté, faire demi-tour et apprendre dans la journée que son comparse avait été retrouvé déchiqueté, voire même disparu.

Ne pensez pas que vous allez vous en sortir si facilement.