Rencontre inusité (Kvahn)

Kvahn avait bien mérité un peu de repos. De retour sur les terres de son clan, les sacoches pleines de sable, il avait déposé des offrandes à Yurai comme il voulait le faire, avant d’aller se perdre dans ce magnifique dédale et se trouver un coin tranquille où il pourrait rêvasser. Il se perdait toujours des heures là dedans avant de ressortir, mais ce n’était pas bien grave et puis après tout il faisait honneur à la fonction du labyrinthe en s’y perdant ainsi. En tout cas c’est ce qu’il aimait bien se dire.

Franchissant l’entrée gardée par les deux statues, il adressa une prière à sa déesse lui demandant de l’aider à retrouver son chemin quand il aurait fini de se reposer dans les tours et détours de ce casse tête géant, même s’il connaissait à en connaître quelques coins. Il lui faisait toujours cette demande en y entrant après tout on ne savait jamais.

Le loup couleur des sables avançait tranquillement. Il fini par déboucher sur une sorte de grotte dont les murs étaient couverts d’inscription mystérieuse et d’autres dessins. Un instant le mâle leur accorda son attention essayant de les déchiffrer, mais à par les dessins et ce qu’ils pouvaient lui inspirer les autres inscriptions restaient tout à fait obscure pour le loup a la chevelure flamboyante. Il faudrait qu’il s’y penche plus longuement, peut-être un jour pourrait-il les traduire. Ça aurait été fort cool en tout cas.

Continuant un petit peu, le jeune vagabond fini par s’allonger dans un coin. Il ne faisait ni trop chaud ni trop froid dans ce coin si bien qu’il sombra facilement dans les bras de Morphée. Il dormit un certains temps d’un sommeil profond et sans rêves. Ça faisait parfois du bien d’avoir un tel sommeil, bien récupérateur comme il faut. Le temps passa sans que rien ne vienne le troubler jusqu’à l’arrivée d’une drôle de louve étrange. Elle faisait du bruit avec sa bouche, comme si elle lui parlait ou en tout cas elle parlait à quelqu’un. Les mots parvinrent aux longues oreilles en pointe du mâle.

Encore un peu dans le sommeil ces mots se frayèrent pourtant un chemin jusqu’à sa conscience. Doucement ses oreilles remuèrent, puis il se mit à cligner des yeux. Après un étirement sommaire et quelques bruits de déglutitions, il bailla et ouvrit vraiment ses yeux couleurs miel. Le son de la voix était encore flou. Il regarda autour de lui et fini par apercevoir l’origine de son réveil en une jeune femelle mauve qui parlait dans le vent.
Cela ne lui sembla pas plus anormal que ça. Il lui arrivait à lui aussi de parler au vent et à d’autres choses. Approchant pourtant, les mots sonnèrent à moitié comme si elle s’adressait à lui. Mais Kvahn n’était pas sûr.

Enfin peu lui importait au final. Se parant d’un large sourire, un peu plus dégourdit, le mâle gambada avec entrain pour se rapprocher de la miss coloré. Il ne s’inquiétait pas, il savait qu’elle faisait partie du clan, il avait vu son glowstick. Il s’arrêta à distance respectable de la dame et demanda le plus simplement du monde sans savoir s’il faisait jour ou nuit dehors, et encore moins s’étonner de quoi que ce soit.

« Bonjour ! C’est à Kvahn que tu parlais ?! Excuse le si jamais c’était le cas, mais comme il était endormi il n’a pas tout compris. »

Oui il avait toujours cette manie de parler de lui à la troisième personne. Lui ça ne le gênait pas et il ne s’était jamais posé la question de savoir si ça dérangeait les autres en tout ça ne changerait pas pour le moment. Il remua la queue l’air de rien, joyeux comme d’habitude tout simplement et attendit d’avoir une réponse.

Il la vit sursauter. Humm visiblement elle ne s’était pas attendue à le voir ici. Il en déduisit que ce n’était pas à lui qu’elle s’était adressée au départ. Restant tranquille pour ne pas la brusquer d’avantage il l’observa lui aussi. Il se perdit sans mentir dans les diffèrents dessins de son pelage et tous ces bijoux. Ça lui faisait l’effet d’un kaléidoscope hypnotique. Il se laissa donc absorber dans sa contemplation et ne revint à lui que quand la belle s’esclaffa et lui toucha le bout du museau avec douceur.

Il clignât des yeux, papillonnant largement, et secoua très légèrement la tête pour revenir à la discussion. La joie qu’il perçue alors chez la mauve se transmit à lui. Son regard se fit brillant, il élargit à nouveau son museau en un sourire joyeux l'aissant sa queue remuer au grès de ses envies et se redressa en écoutant la voix de sa congénère. Il frissonna quand elle effleura son dos de son museau et se retourna vers elle pas mécontent d’avoir fait son brin de toilette plus tôt, la journée d’avant. Il se félicita pour avoir garder la résolution de le faire et ne pus qu’élargir une fois encore son sourire.

Il se retourna vers elle devenant lui aussi tactile. Il passa son museau sous son cou inspirant lui aussi son odeur et la câlinant tranquillement avant de lui retourner le compliment. Il fallait l’avouer ce n’était pas foncièrement déplaisant loin de là. Et puis il était toujours prêt pour un câlin.

«Merci! Vous aussi sentez bon, ma dame. »

Il se replaça face à elle après ces quelques douceurs échangées. Il était heureux de cette nouvelle rencontre singulière. Puis, il remua ses oreilles pointues, mais tombantes, recevant alors la confirmation et la réponse qu’il avait déjà devinée. Ce n’était pas à lui qu’elle s’était adressée alors, mais bien au vent. Et elle cherchait des plantes ? Kvahn se demanda si c’était des plantes pour guérir et pencha un instant la tête sur le coté. Peut-être était elle guérisseuse dans l’âme ça pourrait être utile de la connaître mieux en se cas. Sa bouche prit une forme de « o » avant qu’il ne demande :

« Oh vous cherchiez des plantes pour guérir alors ? »

Redressant ensuite sa tête, il plongea son regard ambré dans celui de la femelle et lui répondit avec beaucoup d’honnêteté et d’enthousiasme.

« Oui ! Kvahn se reposait ici ! C’était en effet bien confortable. Je recommande cet endroit d’ailleurs ! On pourra venir en faire ensemble si ça vous dit ! »

Il fit une pause, se tortillant un peu sans savoir trop comment se placer maintenant. Il se mit alors simplement à passé d’une patte sur l’autre sans tenir tranquille. Le contact physique l’avait quelque peu émoustillé, mais il allait s’en remettre. Il fini après quelque temps par se rassoir, un peu plus calme. Il regarda lui aussi autour d’eux ayant du mal à fixer longtemps la louve colorée sans se faire absorber. Il écouta sa dernière question et y répondit.

« Oh mais, je pourrai vous faire visiter alors ! Oui Kvahn connait les terres ! Enfin un peu et aussi beaucoup plus les terres Nakhus, mais il finit toujours par retrouver son chemin, ne t’en fait pas . Si tu es perdue, tu y es en terre Nahkus actuellement alors ne t’en fait pas. Et j’ai demandé à Yurai de ne pas me perdre dans ce dédale, tu n’auras qu’à me suivre pour ressortir ! En général j’y arrive! »

Des paroles peu rassurantes pour certains, mais le jeune mâle y croyait et c’était vrai, il avait toujours retrouvé la sortie du labyrinthe au final. C’était tout ce qui comptait non ?

« Jolie Dame veux sortir alors ? »

Se rendant compte de son ignorance dans ses mots, il ajouta :

« Oh je m’excuse Kvahn ne connait pas ton nom c’est pour ça qu’il t’appelle Jolie dame»

Il lui fit un nouveau sourire chaleureux.

Il ressentit tout de suite la tension chez la dame quand il la toucha. Il ne pouvait pas l’avoir loupé, surtout qu’il sentait parfaitement ces choses là en général, sans compter l’empathie assez exacerbée qu’il pouvait avoir pour les autres souvent. Il s’en voulu un peu alors d’avoir fait ça, mais fut content de voir le malaise se contenir et s’apaiser finalement. Et puis oui c’est elle qui avait commencé d’abord son sentiment de légitimité était donc justifié quand il lui avait offert un petit câlin. Il soupira intérieurement et redressa légèrement ses longues oreilles, soulagé qu’elle ne se fâche pas.

Son sourire toujours présent, sa queue remuait derrière lui lentement, mais régulièrement. Il ne regrettait pas d’avoir partagé se contact au final. Il se montra ensuite attentif aux paroles de sa nouvelle peut-être amie. En tout cas pour lui, elle était déjà comme son amie. Elle lui parla des plantes comme il avait posé la question. Il apprit ainsi que la belle aimait se parfumer avec les plantes quelle cherchait, cueillait et collectionnait. Il pensa alors qu’elle était douée avec les plantes ; au moins au niveau du maniement de leurs senteurs, car son odeur aux fragrances florales sentait vraiment très bon. En tout cas c’était très à son goût et cela donnait une note de fraicheur à la demoiselle. Elle s’intéressait aussi aux vertus curatives des végétaux, mais elle débutait seulement dans le domaine. Néanmoins cela restait tout à fait intéressant aux yeux du jeune mâle.

« Intéressant ! Kvahn aimerai un jour apprendre à soigner avec les plantes aussi. Ça pourrait être utile. En tout cas le mélange de senteur que tu portes aujourd’hui plait beaucoup à mon museau. Tu semble douée pour ça ! »

Il remua la queue avec un peu plus de vivacité les yeux brillants, content de pouvoir échanger avec elle. Il faudrait qu’il se rende à la bibliothèque un jour peut-être qu’il finirait par étudier quelque chose qui lui serait profitable dans les livres. Il nota cette idée dans un coin de sa tête se promettant d’y aller un autre jour. Puis il reporta toute sont attention sur la voix de la violette.

« Oh si tu me dis à quoi elle ressemble Kvahn pourra peut être aider ! Après il n’est pas sûr qu’il y ait beaucoup de fleurs aux arbres, ni de graines en terre en cette saison non plus… Il faudra surement se montrer patient jusque la prochaine saison. En tout cas je serais content d’en apprendre un peu plus sur le sujet aussi à l’occasion et de voir ta petite forêt. Kvahn pourra dire si ça lui plait ou pas comme ça. Peut-être pourras tu lui apprendre et lui montrer aussi un autre jour ? »

Il lui confia un regard plein d’espoir en prononçant ces mots. Bien sur les leçons pourraient attendre, et de toute façon il n’avait pas oublié l’envie de sa comparse de visiter les terres et de retrouver leur chemin c’est ce vers quoi semblait se diriger leur occupation pour aujourd’hui. Tout du moins le pensait il. Elle lui parla de ses offrandes à l’entrée du dédale ; lui aussi en avait fait avant de venir, mais au temple de Yurai. Enfin elle lui avait parler de vanille et ça ça ne courrait pas les labyrinthe. Peut être que s’il suivait l’odeur de vanille ce serait plus simple et surtout plus rapide pour sortir d’ici. Il ânonna ensuite simplement quand elle lui parla des grenouilles, montrant que son ignorance venait d’être amoindrit par ce petit détail. Il l’observa alors tranquillement tandis qu’elle semblait avoir des problèmes de mémoire. Il préféra ne pas le relever pour l’instant, il l’avait déjà assez déstabilisé tout à l’heure et il ne voulait pas se montrer plus indiscret encore. Même si il aurait pu l’être en laissant parler son insouciance maladive. Mais il parvint à surmonter son envie de poser des questions. Il la laisser s’accommoder, trouver et se retrouver, puis sourit à sa présentation l’air de rien.

« Rassia ? Rassia ?! C’est un joli nom ! Kvahn aime bien ! Il est enchanté de te connaître dame Rassia »

Il ne comprit pas ce qu’elle marmonna ensuite même en tendant l’oreille, mais encore une fois, il ne posa pas de question. En tout cas pas de question directement liée à ce qu’elle avait pu dire. Il la regarda cependant avec inquiétude. Se penchant et se tortillant au sol pour la regarder par en dessous.

« Tout va bien Rassia ? Tu es sûre ? On peut remettre la balade à plus tard si tu as besoin de repos hein ? »

Elle parla de sortir du labyrinthe, une idée fort lumineuse de l’avis du rouquin qui s’exclama

« Bien sur dehors ! Kvahn t’accompagne ! On va sortir en suivant la vanille, mais tu me dis hein si tu te sens pas bien hein ?! On fera des pauses. »

Il hésitât, prit par le soupçon d’inquiétude qui pinçait son cœur maintenant. Après quelques secondes, passant au dessus, il reprit son entrain, flaira l’air ambiant à la recherche de l’odeur de vanille. Il connaissait cette odeur bien qu’elle ne soit pas fréquente. Il savait qu’on pouvait en trouver sur les îles assez chaudes. Il y en avait très certainement sur l’ile fleurie où se trouvait le temple de la déesse Moiro d’ailleurs, ça il en aurait mis sa patte à coupée.

Une fois détectée avec certitude, le loup ocre mit ses lunettes vertes par habitudes et avança de quelques pas et se retournant vers la Nahkus il demanda :

« Tu viens dame Rassia ? »