L'adversaire de chlorophylle | Véloce

Lucie

Elle courrait dans l’herbe, les brins jaunis malgré le froid frappant ses pattes lors qu’elle bondissait sur un chemin piétiné de nombreuses pattes de canidés avant elle. Elle sentait le vent froid dans ses cheveux, et rigolait de sa voix fluette de jeune louve, les herbes la dépassant encore de plusieurs bons centimètres.
Lucie avait presque 6 mois, et elle n’était pas très grande pour son âge, fine comme une fragile fleure, avec une grande aile turquoise de son côté droit. Elle était devenue apprentie récemment, et elle portait une épée en bois sur son dos, son arme favorite. Elle savait qu’elle allait devenir une grande chevalier-e. C’était dans son sang, elle le sentait. On lui avait déjà dit que son père avait été un grand chevalier, et elle était décidée à ce qu’elle perdure dans cette lignée.

Elle tourna, dérapant sur le sol sec, glissant beaucoup. Ses griffes oranges étaient minuscules, beaucoup trop courtes pour qu’elle agrippe quoi que ce soit, alors il y avait beaucoup de choses qui faisaient le quotidien de tous les autres loups, mais qu’elle, elle ne pouvait pas faire. Grimper était impossible, griffer, attraper… Mais bon Lucie n’avait jamais connu la vie autrement et s’était remarquablement adaptée à ces problèmes de la vie courante. Elle compensa donc son dérapage en ouvrant son aile pour freiner d’une manière aérodynamique, puis repartit d’un bond dans un autre sens, avant de ralentir un peu, sa course devenant un trot.
Elle bondit un peu pour regarder par-dessus les longues herbes, et aperçut un arbre. Aha, un adversaire ! pensa-elle, en se dirigeant vers la plante, sa queue relevée, ravie.

Elle approcha l’ennemi, puis pencha la tête. Elle n’allait pas attaquer un arbre quand même, il fallait qu’il joue un peu plus le jeu. Elle agita ses oreilles en réfléchissant. Hmmmm, déjà il serait Lazuli, et il s’appellerait Erasme.
Elle tourna la tête, attrapant la poignée de son épée de bois, et la pointa vers la plante.

« En garde sire Erasme ! Vos derniers jours sont proches ! » s’exclama-elle, toute seule sur la lande, en rigolant un peu de sa bêtise.

Elle prit de l’élan puis bondit vers l’arbre, et, agrippant son épée, elle frappa le tronc de la lame de bois avec un grognement, puis sauta en arrière, esquivant une attaque surprise de la plante, avant de rouler sur le flanc, se redresser rapidement avec l’aide de son aile pour frapper de nouveau son adversaire.
Elle continua comme ça pendant plusieurs minutes, de plus en plus vite, ses mouvement se précisant trèèèès lentement, ses oreilles baissés, la lutte intense. Elle frappait l’arbre tantôt de son épée, tantôt de son aile, tantôt d’un coup de patte, et elle tourna sur elle-même, sa lame dans la gueule pour se retrouver face à un total inconnu.

« Whut- ? »
Elle recula d’un pas, complètement surprise, son regard turquoise posé sur l’apparition avec des gros yeux.
Elle ne l’avait pas entendu arriver, concentrée sur son arbuste, mais maintenant elle se demandait comment elle avait pu le rater. Il était très coloré, et de toute évidence plus vieux qu’elle, mais il était également possiblement lazuli, alors elle grogna, et reprit une position de combat, sans perdre courage face à la grandeur de l’individu.

« Qui êtes-vous sire, et que me voulez-vous ? » demanda-elle, la pointe de son épée tourné vers lui, sa queue fouettant l’air.

Véloce n'avait qu'une petite année d'existence, mais déjà il souriait à la vie et la dévorait à pleines dents. Nakhus dans l'âme et dans l'esprit, sa deuxième paire d'yeux luisait doucement malgré le soleil froid qui observait la plaine dans laquelle il avait choisi de faire une petite chasse aujourd'hui. Une petite bestiole rose, semblable à une sorte de dragon, flottait doucement à côté de lui et le considérait d'un oeil sceptique.

"Vé... T'arriveras jamais à attraper quoi que ce soit si tu continues à simplement faire des bonds de tous les côtés comme ça ! Focus un peu !"
Elle râlait d'une voix fluette, perçante. Certains auraient pu dire : insupportable. Véloce, à ses paroles, lâcha un léger rire. C'est vrai qu'il n'était pas très concentré sur ce qu'il faisait... Il se redressa et se remit à trotter tranquillement dans la plaine, ses hautes pattes et sa stature élancée le portant haut au dessus des herbes folles. Il semblait de plutôt bonne humeur - n'était-il seulement parfois pas de bonne humeur ? Il s'ébroua, considérant les environs.

"C'est vrai, tu as raison. Mais je n'ai pas encore très faim, ça peut attendre. Les plaines regorgent toujours de quoi se mettre sous la dent, même en ces temps de disette !"
Il trottait depuis quelques instants, profitant simplement du spectacle qui l'entourait, laissant glisser son regard sur l'immensité des plaines sauvages regorgeant de bruits et de murmures, lorsque quelques clacs bien sentis parvinrent à ses oreilles. Curieux de nature, sentant là la présence de l'un de ses congénère, il se dirigea vers la source du bruit jusqu'à ce que, sans crier gare, une petite boule de poils se retrouve dans ses pattes, puis devant lui, une épée de bois dans la gueule. Une épée de bois, sérieusement ? Elle semblait jeune, très jeune, et Véloce sentit son sourire s'élargir. Trop mignonne.

"Heeey ! Quel accueil chaleureux de la part d'un petit puceron comme toi ! On m'appelle Véloce, mais toi, tu peux m'appeler Vé, pour sûr. Et toi ?"
Il avait baissé la tête, sa large crinière rouge rose, pour arriver au niveau du museau de l'autre, sans pour autant s'approcher. Inutile de risquer un coup pour rien. Il avait cependant une attitude tout à fait paisible et... Assez peu effrayée, il est vrai. En même temps, Véloce, effrayé... La créature rose, pour sa part, s'était contentée de se poser sur le dos du loup, et considérait l'enfant d'un air ronchon.

Lucie

Elle fit la moue, quelque peu vexée par le ‘puceron’ puis se redressa en rangea son épée sur son dos, en fouettant l’air de sa queue, et regarda l’individu, curieuse. Il était plus grand qu’elle, même s’il trichait un peu avec ses cheveux relevés en crête, et il portait sur son dos une petite bestiole flamboyante qui interpellait fortement la petite miss, et elle se pencha un peu d’un côté, mettant tout son poids sur ses deux pattes de gauche, pour essayer d’observer la petite bête.

Elle était très bizarre, mais super mignonne en même temps, mais Lucie savait bien que tout ce qui est petit est mignon, et que par conséquence, a souvent beaucoup de dents aiguisées pour se défendre contre la nature, de telle sorte que beaucoup trop de loups avaient fini leur vie en disant « oh qu’est ce qu’il est mi- ».

« Ce n’est pas très poli d’appeler quelqu’un que vous ne connaissez pas ‘puceron’ sire Véloce, je vous prierai de ne pas recommencer. S’il vous plait. » dit-elle, d’une voix assez jeune, mais pleine de l’assurance et des bonnes manières qu’on lui avait inculquées.

Elle fit la moue. Jamais elle n’appellera quelqu’un qu’elle connaissait aussi peu par un diminutif aussi familier en aussi peu de temps. Lucie avait été éduquée dans un respect qui passait par les bonnes manières, la réserve et la courtoisie, et Lucie aurait bien du mal à déroger à ces valeurs.

Elle inclina un peu sa tête, puis sourit un peu, ses yeux turquoises brillant entre ses mèches brunes. Elle était dans le genre trop-chou-pas-crédible. Mais tout comme les petites bestioles mignonnes, il y avait plus quant il en venait à elle que juste de la choupinitude.

« Je me nomme Lucie, et je suis Etelkrus. Seriez-vous un Nakhu, je vois que vous portez la lumière de Yurai ? » demanda-elle, curieuse, ses oreilles relevés vers le loup, avant qu’elle ne jette un petit coup d’œil à la petite bestiole flottante.

« Et qu’en est-il de votre compagnon de voyage ? Je n’ai jamais vu de ses semblables ici auparavant ! » dit-elle, sa queue remuant doucement toute curieuse et contente. Elle avait jamais rencontré quelqu’un qui n’était pas Etelkrus auparavant, et tout ceci était bien excitant pour elle. Elle avait hâte de rentrer à la maison et de raconter à Icare qu’elle avait trouvé un monsieur tout rose et noir avec un petit ami rose !

Et jamais Véloce, dans sa courte existence, n'avait croisé âme si jeune et si bien élevée. Par contre, difficile de dire si c'était un véritable compliment, ou une critique. La tournure des phrases était lourde, désagréablement autoritaire, et ce puceron lui donnait l'impression de se moquer de lui. Heureusement que c'était un très joli petit puceron. Le sourire de Véloce s'élargit doucement, alors qu'il gigotait un peu, avant de s'asseoir sur le sol, restant ainsi tout de même bien plus grand que la petite louvette devant lui.

"Le terme de Coccinelle te conviendrait-il plus, Dame Lucie des Etelkrus ?"
Le s'il vous plait qu'elle avait donné juste avait était incommensurablement mignon, et l'embêter un peu était devenu sa priorité numéro un, bien loin de tout le reste. Véloce acquiesça sa question.

le meilleur de tous

Passant d'un mot à l'autre, usant des mots et des jeux pour chercher ce qui pouvait bien embêter la petite dame, amusé par ces joutes verbales, il souriait toujours. La bestiole rose, dans son dos, qui remonta au niveau de son crâne, prenait moins de pincettes...

"Et t'en verras probablement jamais, je suis UNIQUE !"
Sa voix, un peu chantante, tout à fait féminine, résonnait autour d'eux avec une once de fierté mélangée à de l'ironie.

Lucie

La petite louve leva sa tête vers le grand mâle sombre et rose avec curiosité, alors qu’il répondait, puis agita ses oreilles, perplexe. Pourquoi ce Sire s’obstinait-il a lui donner des noms d’insectes ? Elle ne ressemblait pourtant ni à un puceron, ni à une coccinelle ! A part si le monsieur faisait référence a sa taille ? Ah, c’était peut-être ça. Mais est ce qu’il était sérieux, ou est ce que c’était une blague ? Cette différence était très dure à saisir pour la petite, alors elle fit la moue en fronçant ce qui lui serait de sourcils.

« Je ne suis pas si petite que ça ! » dit-elle, dépassée par tous ces surnoms étranges.

Puis il répondit à sa question en affirmant sa position de Nakhu, et la miss releva ses oreilles, ravie. Ahhh, elle avait eu raison ! Il était bien Nakhu ! un Nakhu des plus étranges, mais peut être que tous les Nakhus étaient comme ça, avec des anneaux et des petites bêtes volantes ? Elle agita la queue, et s’exclama :
« Oui ! Vous êtes bien le prem- »

Et son petit visage s’assombrit. Comment ça, le meilleur de tous ? A son point de vue, les Etlekrus étaient tout aussi spéciaux que les Nakhus, mais après, elle ne connaissait pas bien les autres clans. Elle souffla un coup, ses sourcils, ou ce qui lui en faisait usage se fronçant de nouveau.

« Je crois qu’il est injuste de juger les autres clans et comparaison, Sire Véloce, chacun est différent, mais-les-etelkrus-sont-quand-même-plus-cools. » dit-elle, la fin de sa phrase se précipitant d’une voix basse, avant qu’elle ne relève la tête, un petit sourire malicieux sur ses babines.
Elle était bien capable de jouer au même jeu que lui.

Et soudain elle sursauta de surprise et ses yeux s’agrandirent. La bestiole avait parlé !! ELLE AVAIT PARLE. La gueule entr’ouverte de surprise, la petite louve fluette regarda la bestiole rouge/rose avec consternation. Elle n’avait jamais entendu quelque chose qui n’était pas un loup parler auparavant, et c’était très surprenant pour elle.

« B-bonjour ma Dame » dit la petite mono-ailée, ses yeux toujours assez gros et surpris. Elle était sur les fesses, jamais elle n’y aurait cru si on lui avait dit.

« Vous… avez un.. Nom ? » demanda-elle encore, la surprise passant, et la curiosité et l’intérêt s’éveillant. C’était dommage qu’elle était unique, Lucie aurait bien aimé en rencontrer d’autres, peut être que si la bestiole avait eu des amis elle aurait pu s’en faire des amis aussi. Han. Ca aurait tellement cool. Mais puisque la bestiole était unique, Lucie voulait vraiment en savoir plus sur elle.