Usafiri wa offshore. (Avec Spleen)

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La jeune et frêle louve battit des pattes encore un peu avant de retrouver un sol plus stable auquel s'agripper. La traversée de nuit du haut guet reliant l'île de Morne-Œil s'était révélée plus difficile que prévu : dans la nuit et en l'absence de lumière lunaire, Spleen avait dévié sa course et dû nager un petit bout de chemin. Elle remercia cependant le Roi des Océans ne lui avoir donné l'énergie pour nager ces longues minutes dans le noir absolu sans que le ventre insatiable de la mer ne l'engloutisse voracement. Lorsqu'elle sorti de l'eau froide, elle rencontra la brise fraîche de la fin de nuit qui la fit frisonner violemment. Il fallait qu'elle se réchauffe rapidement si elle voulait éviter de tomber malade. Les Pirates connaissant bien les dangers de l'eau et des intempéries. La médecin Raeders s'ébroua donc avec force pour essorer son pelage blanc d'un maximum de liquide avant d'observer le paysage. Même de nuit, elle ne pourrait pas ne pas reconnaître la côte qui l'avait vu naître et grandir. Cela tombait bien qu'elle arrive sur l'ancienne plage de la meute. Bien avant la malédiction de Pontos. Peut-être même qu'elle trouverait dans leur ancienne caverne et donc foyer, de quoi se sécher, se nourrir et pourquoi pas même des plantes médicinales en prévention d'un rhume ou d'une bronchite ? Un sourire fin étira ses traits. Il y avait de longs mois qu’elle n'avait plus fouler le sol stable du continent. Les côtes de Nacre, là où elle avait passé son enfance avec ses compagnons forbans était le meilleur point de départ pour commencer sa quête. Mais avant, la blanche se laissa envahir par la nostalgie et laissa ses pattes rouler sous la sable fin, à peine agripper parfois par de petits bouts de coquillages qui se reveleraient étinceler de milles feux lorsque le soleil se lèverait enfin.

Elle inspira à plein poumons les odeurs du lieu, l'air iodée et la brise matinale. Cette plage, bien moins triste et morne que l'île sur laquelle elle vivait cloîtrée lui avait réellement manquer. Puis, se reprenant avant de tomber malade, la femelle s'ébroua encore avant de trottiner vers la caverne déserte qui fût autrefois sa maison. Ensuite, elle partirait en exploration du continent à la recherche de son père. Il y avait longtemps qu’elle attendait la jour où elle le reverrait. Et comme il n'était jamais venue la voir -peut-être ne savait rien du malheur qui frappait les Raeders ?-, elle avait décidé de partir à sa recherche et de découvrir le monde que sa mère n'avait jamais voulu lui montrer. Pleine d'espoir et de rêves d'aventures, la douce et fragile femelle se remarqua même pas tout de suite qu'un loup observait l'horizon, entre elle et et l'ancienne grotte des Pirates. Lorsqu'elle le vit, le vent avait déjà apporté son odeur de femelle en chaleur -oui ce n'était peut-être pas la meilleure période pour partir à la découverte du continent, mais elle n'allait quand même pas se laisser diminuer par ça, elle restait une fière pirate !- jusqu'au loup sombre. Spleen ralentit l'allure et baissa légèrement la tête, ne sachant comment l'inconnu prendrait sa présence alors qu'il méditait tranquillement. La blanche ne savait rien des moeurs des autres loups. Elle ne savait pas non plus comment elle serait perçue en tant que Pirate. Heever lui avait simplement dit que les Raeders étaient rarement les bienvenus avant de s'en retourner dans sa grotte d'ermite. Depuis la malédiction du crabe géant et le départ de Volstein, Heever n'était plus que l'ombre d'elle-même. Une vieille louve triste et dépérissant. C'était aussi pour ça que Spleen était partie.

Trouver son père et lui demander de l'aide pour aider sa mère. Après tout, n'était pas l'un des meilleurs guérisseurs qui avait transmis son savoir à une autre des meilleurs guérisseurs qu'elle ai pu connaître ? Bon ok, elle n'était pas objective, il s'agissait de ses deux géniteurs... Mais quand même ! Finalement, et sans se départir de son air neutre et calme, la femelle interpella le loup. Question de politesse.

« Bonjour ? »

Oreilles et queue légèrement dressées en signe de sociabilité, Spleen attendit que l'autre ne tourne les yeux vers elle.

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Spleen jaugea quelques secondes le mâle gris. Son sourire étrange mais rassurant chassa toute inquiétude : il n'était pas menaçant ou fâché d'être dérangé, il n'était donc pas dangereux. La jeune femelle au poil blanc répondit par un sourire léger. Il avait les yeux vairons et des cheveux comme un bel arc-en-ciel sous un jour de pluie. Les cicatrices le long de ses joues intriguaient la Médecin. Sa mère lui avait appris à suturer étroitement afin de réduire au possible les cicatrices disgracieuses. Forcément, celles-ci piquaient l’intérêt de la louve. Toutefois elle s'efforça de ne pas fixer l'objet de sa curiosité afin de ne pas mettre mal à l'aise le porteur de glowstick orange. Spleen se remémora ce que sa génitrice et Roy lui avaient expliqué concernant les clans. S'il était disciple de la Renarde, il devait être Etelkru et ne connaissait donc probablement pas son père. Dommage. Cependant faire de nouvelles rencontres n'étaient jamais négatifs et peut-être pourrait-il l'aiguiller pour trouver l'autre meute des loups continentaux. Le sourire de la douce femelle s'élargit tandis qu'elle répondait à la poésie de l'inconnu :

« Les deux. J'ai grandi sur cette plage et le spectacle me manquait. »

La jeune et svelte louve étira la patte vers la plage pour montrer d'un geste tranquille les morceaux de coquillages et de coraux sur lesquels, bientôt, exploseraient les reflets des premières lueurs du jour. Dans quelques heures, les éclats chatoyants et les jeux de lumières rendraient l'endroit scintillants comme autant de petits diamants cachés au milieu des grains de sable clair. Spleen penchait la tête sur le côté, attentive à son congénère lupin. Il semblait gentil et posé. Sous doute quelqu'un de calme et introverti.

« Je m’appelle Spleen, excuse moi de troubler tes réflexions. »

Le tutoiement avait semblé naturel au mâle Etelkru, aussi l'adopta t-elle aussi sans hésitations. Les prunelles de givre de la Raeder se tournèrent vers l'horizon encore sombre. Le soleil ne se lèverait pas tout de suite, ce qui signifiait que ce serait plus long de se réchauffer. Afin d'égoutter encore un peu son poil dégoulinant, la blanche et turquoise s'ébroua vigoureusement, cela n'empêcha pas la brise de courir le long de son dos et de lui arracher des frissons discrets. Se rendant compte qu'elle avait peut-être arroser le gris sans faire exprès, elle baissa le museau et ajouta précipitamment :

« Pardon... »

Gênée, elle tenta un nouveau sourire timide.

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La jeune louve blanche sursauta en voyant le pelage du mâle s'embraser. Ce spectacle extraordinaire la laissa sans voix, les yeux ronds alors que Sly profitait juste de la chaleur des langues de feu pour se sécher sans même y faire attention. Le corps ainsi réchauffé du Séide émis alors un peu de vapeur dans la nuit fraîche. Les prunelles de glace de Spleen suivirent l'envolée du petit nuage lors de sa courte ascension. Lorsqu'il se dispersa, ses yeux revinrent vers l'imposant mâle. Il semblait chercher quelque chose... Des coquillages ? Des feuilles ? Des brindilles ?... Oh. Un feu. Il allumait un point chaud qui pourrait peut-être les prémunir un peu contre la brise qui glaçait la jeune Raeder. Toujours en silence, mais le regard plein de curiosité, elle observa le manège du loup qu'elle décida de décrire en son for intérieur comme un souffleur de flammes... Parce que c'est exactement ce qu'il fit pour allumer le bois humide. Très vite une douce chaleur se diffusa le long de ses pattes avant, alors Spleen s'approcha un peu de cet élément d'ordinaire si incontrôlable et vorace, tout en restant un peu sur le qui vive. La confiance de Sly à l'égard de sa création ne l'atteignait pas complètement. Sans autre forme de dialogue, le loup de meute vint se coller à la pirate, afin d'accélérer le processus de séchage de son pelage, supposa t-elle. Son geste, qui aurait pu paraître déplacée à quelqu'un de socialement normal ne pouvait pas gêner Spleen qui n'avait eu pour compagnons d'aventures que ses cousins sur l'île de Morne Oeil. Autant dire que sa connaissance du fonctionnement en société était faussé par la vie de forbante. Aussi elle ne se déroba pas au contact et apprécia simplement la chaleur offerte en souriant doucement. Les yeux clairs de la fille de Roy se perdirent dans le ciel étoilé alors que le vent ébouriffait ses longs cheveux.

« Merci, Sly. C'est très gentil. Ton... Pouvoir à l'air d'être un don des Dieux. »

Souffla la louve blanche et turquoise. De son côté, ce que le Roi des océans avait fait à sa mère et a toute sa lignée descendante c'était la damnation qui, à ses quatre ans révolus, l'empêcherait de rester sur le continent. A moins qu'elle ne parvienne, avec l'aide de son géniteur, et si toutefois il la lui accordait, à trouver une solution à cette malédiction maternelle. La vie de pirate, quoi que fort attractive et dénuée de limite n'était pas réellement faite pour Spleen, elle sentait que sa place n'était pas sur Morne-Oeil et espérait qu'un jour, Heever le verrait aussi de cette façon là.

« Tu viens souvent ici ? »

Demanda finalement la jeune louve en regardant à nouveau son nouvel ami fraîchement rencontré.