Hey hey | Pv. Alys

La faim était devenue une fidèle compagne de voyage.
Si Riptide souffrait parfois de la solitude, elle aurait bien laissé la faim sur le bas côté, avant de poursuivre son chemin.
Les temps étaient durs, fallait-il croire. La louve mauve n'avait croisé que peu de proies, depuis quelques temps. Des proies amaigries et rendues rares par ce temps étrange qui régnait sur l'île, comme un mauvais présage. Des proies qui attiraient des prédateurs plus gros et plus dangereux qu'elle, la forçant à battre en retraite si elle ne souhaitait pas finir dévorée à son tour.
Petit à petit, la louve s'affaiblissait. Si ça continuait comme ça, elle n'allait pas survivre au printemps.

En désespoir de cause, elle errait, espérant qu'une proie blessée croise son chemin.
Espérant que l'un de ses congénères soit assez généreux pour partager son repas avec elle... Ou rassasié rapidement, qu'elle puisse au moins terminer sa proie. Ce qui était peu probable... Personne ne devait être assez fou, pour ne laisser ne serait-ce qu'un peu de précieuse et rare nourriture à une inconnue.
Hélas.

Pour ne rien arranger, il y avait cette chaleur, le jour.
Et ce froid glacial la nuit.
Puisque le le soleil ne s'était pas encore, couché, loin de là, Riptide avait chaud. Haletante, elle s'était arrangée pour descendre précautionneusement des falaises pour rejoindre l'une des petites plages accueillantes. La mer n'avait nullement eu besoin de jouer de ses charmes, pour que la femelle mauve se jette dans ses vagues, goûtant enfin à la fraîcheur toute relative de l'eau.
Quand bien même elle n'était pas vraiment censée être ici...

HRP:

L’atmosphère aride qui régnait depuis quelques temps sur les terres de Punk Wolf, rendait les trajets difficiles. Pour Alys y compris. Chaque pas était une réelle souffrance qui amplifiait la douleur dû à ses cicatrices aux pattes. Les nuits glaciales étaient donc pour lui une réelle bénédiction. Le gibier était également touché par ce changement de température, se faisant plus rare… plus désirable. La meute souffrait de la faim, c’était d’ailleurs inévitable, chacun mangeait par petites portions, privilégiant les plus jeunes et les plus susceptibles de tomber. Alys mangeait peu ces derniers temps, voir presque pas. C’était inconscient et stupide, mais d’autres en avaient plus besoin. Malheureusement, le bêta ne pouvait tirer une certaine satisfaction. Il cédait ses forces à d’autres. Dont les bâtards qu’avait ramené Noroi. Peut importe l’avis des autres sur ces mouflets. Il n’était pas le disciple d’un dieu de la générosité… et puis viendrait le jour où les loupiots trahiraient la meute, car c’était inévitable qu’ils souhaitent rencontrer l’autre branche familiale. Déplorable et tellement prévisible.

Le loup soupira pour lui-même tandis qu’il observait un de ses collets. Il en avait installé plusieurs dans l’espoir que du gibier, trop poussé par la faim, tomberait dans le piège. Le premier était resté intacte. En revanche il eut plus de chance avec le deuxième. Le cou d’un lapin était retenu par le piège et Alys le toucha du bout de la patte pour constater qu’il était mort. L’animal était maigre, plus que le loup lui-même, mais cela suffirait, c’était mieux que rien après tout… Il saisit sa proie et réinstalla le piège pour les suivants. Dans l’espoir de trouver des coquillages ou autres petites bêtes marines, il descendit vers les plages. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas admiré les vagues… Le bêta aperçut alors une silhouette qu’il n’avait pas vu depuis un sacré bout de temps. Elle n’était qu’une enfant la dernière fois… Il posa sa prise entre ses pattes, l’observant faire trempette tandis qu’un sourire étirait ses babines.

« — Eh bien gamine ! Cela faisait un moment que je n’avais pas vu ta frimousse dans le coin... »

La jeune solitaire semblait également souffrir de la faim, ses côtes étant visibles à travers son pelage. Il faut dire que lorsque l’on vivait seul, dame Nature ne faisait pas de cadeau… Alys observa d’un œil méfiant l’eau qui lui léchait le bout des pattes, il n’était pas réellement friand de la mer ni des dangers qu’elle recelait…

« — Je vois que tu es toi aussi victime de ce changement de température… C’est à se demander ce que nous prépare les dieux...»