[Event] Peuple des Îles

Il y avait un problème, alors que malgré la chaleur les Raeders avaient su plus ou moins se débrouiller, la situation avaient subitement empiré. Elle l'avait senti, l'océan lui même avait chaud, comme si un volcan s'était éveillé dans la abysses et les bancs de poissons autrefois immenses disparaissaient les uns après les autres probablement dans une migration forcée. Ils vivaient correctement mais ils marchaient sur un fil et ce fil venait de se briser. Alors que les pierres se vidaient de plus en plus vite de coquillages, il s'avéra nécessaire de venir piocher dans la petite réserve de mousse privée de Heever. Il fallait faire quelque chose alors c'est l'esprit pleins d'espoirs que Safran se rendit dans la tanière de son vénéré Capitaine Illidan.
Maintenant qu'elle grandissait et avec cette chaleur accablante, la jeune louve se demandait si elle n'avait pas un peu trop idéalisé le loup brun. Il était là au fond de sa caverne à ronchonner entre des bougies et des signes étranges. Depuis combien de temps n'avait-il pas pris l'air ? Depuis combien de temps était-il comme ça ? ...N'avait-il pas après tout toujours été comme ça ? Alors qu'elle était à l'entrée de la tanière, elle n'avança pas d'un pas de plus, sans même adresser la parole au mâle, elle fit demi tour non sans échapper un « tss » agacé. Elle avait toujours profondément admirer Illidan, elle avait toujours été inquiète pour lui et aurait braver la plus féroce des tempête pour lui donner un de ces glowstick qui lui donnerait la vue. Avoir un Capitaine fou l'avait toujours plus ou moins excitée mais c'était un Capitaine présent qu'il fallait en ces jours difficiles.

« Capitaine, je prends le commandement gauche. »

Ce n'était qu'une pensée qui s'échappait alors qu'elle montait un peu en hauteur sur un promontoire dans la grotte commune. C'était un peu une prise de pouvoir, peut-être que Mylo, le véritable second aurait dû être à sa place mais il était peut-être trop gentil, être le deuxième Second, ça avait toujours été le rêve de Safran. Le côté gauche, celui de l'Enfer mais n'était-ce pas ce que recherchait Illidan ? Mylo pouvait être le côté joyeux fêtard de la meute s'il le voulait, la jeune louve elle, prenait celui des maudits.

Une fois en haut du promontoire, elle sentit comme un certain vertige en voyant ses paires en contrebas. Les Raeders étaient plus ou moins tous là, avec les chaleurs de la journée cette grotte restait le coin de plus supportable de l'île et c'était parmi les autres qu'elle se tenait habituellement mais cette fois-ci, c'était elle qu'on regardait. Finalement, elle avait une certaine assurance, comme si dans une autre vie, elle avait toujours fait ça, s'élever au dessus des autres pour leur parler ou les guider. C'était nouveau et habituel à la fois, une sensation étrange qui lui donnait force et courage.

« Raeders, la situation actuelle craint complètement. Si avant on pouvait se permettre de prendre les choses à la légère, maintenant ce n'est plus le cas. Les poissons sont partis, les coquillages ne sont plus que des coquilles vides et il nous reste pratiquement plus que de la mousse débile. Nous ne sommes pas des lapins, on va rapidement tous crever la gueule ouverte si ça continue et sur le continent c'est pas mieux. »

Comprenez la merde que c'était Raeders.

« Notre plus grand danger c'est la désunion, on est isolé sur notre île maudite, avec la famine à nos portes et avec elle la folie. Je ne sais pas ce que fera le continent, s'il se détruira ou s'il s’unira mais qu'importe ce qu'il décidera, mais un jour ou l'autre, ses habitants sans ressources voudront en trouver et chez qui ils iront à votre avis ? Après tout jusque là on se débrouillait pas trop mal. »

Et certains avaient déjà tendance à trop passer sans en tirer la moindre conséquence.

« Nous sommes des Raeders, des loups unis sous une saloperie de malédiction qui nous a coincée aux portes de l'Enfer. Nous ne sommes pas comme ceux du continent, nous ne sommes pas protéger par la lumière mais en tant qu'ombre, on peut s'en nourrir. Dans ces moment critiques, ils ne deviennent rien de plus que des proies. »

C'était cruel, peut-être, mais ils n'auraient pas été les premiers à adopter ces coutumes, il semblerait que c'était une malédiction courante chez les peuples des îles.

« Peut-être que ça sonne comme une perspective affreuse mais il faut regarder les choses en face, on finira forcément par bouffer quelqu'un alors soit c'est eux, soit c'est nous même. La nature est parfois cruelle mais on habite sur un caillou maudit, nous sommes la cruauté. »

Elle les regardait tous les uns après les autres, attendant un semblant de réaction. Elle n'était pas Capitaine, les autres pouvaient ne pas la suivre, ils en avaient le droit mais qu'ils se méfient, si ce n'était pas le continent, ce serait le premier à tomber sous le soleil meurtrier de leur malédiction qu'elle dévorerait.

[Prise de pouvoir en accord avec lyros]

« Peuples des Îles
« Heever & Raeders

La vieille femelle cendrée était assise à l'ombre de l'entrée de sa grotte. Celle où, accessoirement, coulait à flot le Rhum Maudit. Seule denrée non touchée par le climat chaotique. Malheureusement, boire du rhum n'était pas suffisant à la survie, car même si sur l'instant, il donnait l'impression d'avoir l'estomac bien rempli, la chaleur qu'il procurait au niveau de la gorge et de l'abdomen était aussi étouffante que la sécheresse, de plus, l'alcool déshydratait les cellules de l'organisme plus vite avec cette chaleur accrue et chaque Forbans devaient aller se tremper dans l'océan plus souvent. L'eau n'était plus rafraîchissante à moins de se baigner en soirée, lorsque la température chutait brutalement. Il fallait néanmoins être sorti de l'eau avant qu'il ne fasse trop froid sous peine de tomber malade. Et devoir combattre la fièvre en même temps que la soif et la famine était presque impossible... Niveau survie, même si jusque là ils avaient été assez vernis, les Raeders allaient devoir faire un effort en plus. La Prêtresse ronchonna en observant de loin Safran annoncer quelque chose. Elle préférait rester tranquillement dans son coin mais la situation exigeait un effort de communauté. La grise vérifia donc d'abord la tenue des algues séchées pendues à son plafond : la condensation permettait aux algues de se réhydrater puis de faire tomber goutte à goutte un peu du précieux liquide vital dans un tonneau de bois. Merci l'océan, dans les grottes de l'île de Morne-Oeil, les changements de températures permettait une excellente condensation, il y avait donc quelques lampées d'eau pour les plus rapides : en effet, l'écrasante chaleur de la journée tendait à faire s'évaporer le peu d'eau récoltée.

Il était donc impossible de faire des réserves. D'où l'utilité des algues, qui une fois humidifiées, pouvait être mâchées plusieurs minutes pour donner un peu de jus. Puisque tout semblait en ordre, la vieille femelle étira sa carcasse grinçante vers le centre de la Colline où se rassemblaient le clan. Sa longue queue de murène, acquise récemment, était pour le moment un demi handicap. Idéale pour nager vite mais terriblement lourde sur terre. Heever n'avait pas encore bien prit le pli de cette mutation et marchait donc maladroitement vers Safran et les autres pirates. Elle se traînait un peu comme une vieille grand-mère aigrie. Ce qu’elle était. Presque. Elle n'était pas grand-mère. Ou bien ? Son coeur se déchirait à chaque fois qu’elle pensait à Spleen... Sa fille n'était toujours pas revenu de son voyage d'exploration du monde. La femelle ne savait pas si Spleen avait retrouvé son père, si elle se débrouillait bien avec la sécheresse ou si elle avait fondé une famille... Après tout il y avait bien deux ans que Spleen était partie découvrir le Continent. Malgré la confiance en son enfant, Heever était cruellement angoissée, ce qui la rendait plus mauvaise qu'à l’accoutumée. Ses nouvelles dents, longues et effilées, ne lui donnaient plus l'air neutre et froid d'antan. La truffe haute, Heever écouta les dernières paroles de sa cousine qui semblait se lancer dans une mutinerie qui promettait un peu d'action au milieu de cette meute qui se laissait trop aller. Heever sourit. L'idée de manger leurs congénères ne lui plaisaient guère, mais le besoin de bouger et de faire quelque chose pour leur survie à tous la démangeait.

« Nous pourrions aussi enfin explorer les fonds marins. Certains d'entre nous ont muté récemment. Peut-être trouverons nous d'autres poissons ? Après tout, en profondeur l'océan n'a pas dû changer autant qu'en surface. Peut-être trouverons-nous un espace sous-marins ouverts, des grottes même, où le climat serait plus agréable et où nous pourrions survivre plus facilement qu'ici ? Il est temps de ne plus nous laisser faire et de prendre en pattes cette malédiction qui nous apporte aussi la possibilité d'avancer sous l'eau aussi bien qu'au dessus. »

Heever humecta ses babines avant de reprendre :

« Je lancerais la première expédition demain matin, histoire de profiter d'un peu de clarté au fond de l'eau. A moins que quelqu'un ai une solution de lumière à apporter pour partir de suite. »

Des glowstick auraient pu être utile ici. Mais ils n'en avait pas. Et d'un certain sens, Heever ne le regrettait plus. Finalement, la piraterie lui apportait tout ce dont elle avait besoin. Tout, sauf sa fille.

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