Astralys
« Je m’oppose à la candidature de Mademoiselle Anianka. Prêtre et Alpha sont deux choses distinctes, on ne saurait privilégier une prêtresse par rapport aux autres. » grogna-elle à l’arrière-train disparaissant de la rouge.
Mais elle avait sa réponse.
Alors elle se redressa, et planta son regard de glace sur Gloriel. S’il avait un moment pour partir, pour se réfugier avant que n’éclate la fureur de la louve, c’était maintenant.
Elle laissa Annie partir. Annie elle savait ce qu’elle faisait, elle jouait avec les mâles, et Astralys n’achèverait pas une mère enceinte. Elle aimait trop Gloriel pour ça. Mais entre l’amour et la haine, leur jeu avait toujours été si fin. Elle était arrivée là, il y avait des années de cela, après s’être battue avec lui. Ils s’étaient combattus. Ils s’étaient haïs. Puis ils s’étaient connus. Ils avaient appris à se supporter. Et elle, elle avait appris à s’attacher.
Elle aurait cru que c’était impossible, avec son éducation, son passé : Son père, tyrannisant, qui instaurait la peur, la méfiance de l’autre et la haine au dépourvu de toute autre valeur. Mais elle s’était attachée. Un peu. Beaucoup. Trop.
Elle s’était surprise à lui sourire. A apprécier sa présence. A la rechercher, même. Ils avaient joué à ce jeu, tout les deux, sans jamais cesser de se charrier, de s’embêter, de se lancer des piques. Mais tout d’un coup, là où elle avait cru qu’il y avait toujours, et qu’il y aurait toujours de l’agacement, ou simplement de la neutralité cassante, n’avait-elle pas surpris de l’amour, dans son cœur glacé ? Si, et il le savait, elle lui avait dit. Elle l’avait vu la regarder, et elle savait qu’il y avait eu quelque chose. Alors elle voulait savoir. Pourquoi il avait pris la peine de jouer avec elle, de lui faire croire jusqu’au bout, de se comporter avec elle comme avec sa compagne, lorsqu’ils jouaient à leurs répliques cassantes, le sourire juste derrière les jurons. Pourquoi tout ça, ces années d’affection et d’apprentissage, l’un de l’autre. Il y en avait eu, des moments durs, ou elle avait cru le perdre, mais il était revenu, et elle avait fait pareil. Sans rien dire, ils avaient mené la moitié de leur vie l’un à côté de l’autre, sans jamais se dire un mot doux, mais toujours sachant que l’autre était là.
Et maintenant, il avait mis enceinte une autre ? Astralys ne comprenait pas. Ils avaient même prévu d’avoir des enfants, entre deux jeux de blagues où elle crachait (pas littéralement cependant) sur les petites boules de poils. Elle s’était sentie prête à surmonter cette horreur qu’était la parenté, si seulement il était là, à ses côtés. Elle ne saurait pas élever un gamin seul, on ne lui avait jamais montré comment faire, mais au fond, elle était sure qu’un jour ça arriverait.
Et puis soudain… Cette détestable pute à l’égo surdimensionnée, qui se croyait prête à être Alpha avec ses grosses fesses, tombait enceinte de lui. Et elle… elle ne savait rien. Elle était trompée. Tous ces plans, ces idées, ses désirs, ce futur qu’elle avait vu avec lui, juste lui, toujours lui… Tous ces plans tombaient à l’eau. Brûlaient dans le feu de sa déception. La tâche que faisait la prêtresse de Moiro, sur l’honneur du chevalier était noire, et incompréhensible, pour la guerrière rouge, qui s’approcha de lui, pour s’éclairer la gorge.
« Alpha Gloriel, j’ai une question cependant. » lui dit-elle, ses oreilles couchées, la tristesse qu’elle cachait habituellement si bien, après les années de persécution de sa jeunesse, et la tristesse d’une vie où elle n’avait rien pu faire de beau. Elle n’avait rien apporté au monde. Elle n’avait pas apporté aux autres quoique ce soit non plus. La seule chose dont elle était fière, c’était sa relation avec Gloriel. Leur entendement silencieux.
« … Elle était au-dessus ou en-dessous, Anianka, quand tu l’as bai*ée ? » demanda-elle férocement, avant de lui cracher devant les pattes, et de se retourner.
Elle ne lui adresserait plus jamais la parole. Elle se retenait fort de ne pas lui arracher la gueule, sa fureur bouillonnait en elle comme le feu et les flammes qui colorait son pelage. Elle passa devant les autres membres, sans courir, ignorant royalement tout ce que Gloriel pourrait avoir à lui dire, pour se justifier. Il avait choisi de la tromper. Il avait choisi de bai*er cette louve rouge, pour le plaisir, et maintenant, il devait assumer de perdre la seule louve qui l’aimait vraiment. Depuis sa mère, il n’y en avait pas eu beaucoup. Et Astralys pria les dieux pourque Anianka le jette un jour comme une pauvre chaussette trouée, parce qu’elle avait trouvé mieux. Plus jeune. Plus beau. Qui criait un peu plus fort pendant l’acte.
Comme il avait fait pour elle.
[Astralys quitte la réunion en fin]