Fairy Tail — Teddy

Les vacances étaient finies.

Rah, quelle dommage, Leikn serait bien restée plus longtemps loin du clan, loin de tous ces nouveaux problèmes. Enfin, maintenant plus d’autres choix ne se présentaient à elle, désormais la voilà membre des Lazulis officiellement, ce qui voulait dire que l’ancienne solitaire était en droit de quémander un glowstick. Chose pour laquelle la louve n’était absolument pas prête, préférant conserver sa liberté, s’abstenant de jurer une quelconque fidélité à une divinité en carton. Qui sait si on pouvait briser son serment de fidélité une fois ce dernier prononcé ?

Leikn renifla l’un des coquillage sur le sable. À Descna, beaucoup s’en servaient comme accessoires, outils voir même encore récipient pour les plus imposants. Ceux de Punk Wolf étaient loin d’être aussi colorés ou imposants, mais cela rappelait des souvenirs à la Licorne, ce qui était suffisant. Cela lui permit de se remémorer sa mère qui ornait ses cheveux roses de multiples coquillages, ou encore de ses frères qui s’en servaient pour déverser diverses liquides sur ceux qui avaient le malheur de passer sur le chemin. Oui, les coquillages étaient emplis de souvenirs, arrachant un sourire à la louve qui observa le ciel qui descendait progressivement, lissant derrière lui des traînées rougeoyantes, jaunâtres et pourpres. C’était un beau spectacle, les reflets caressant la surface des crustacés qui prirent des couleurs arcs-en-ciel. C’était un spectacle magnifique. Un crabe entreprit de se carapater en direction des flots avant que Leikn ne l’intercepte entre ses pattes, approchant sa truffe.

« — Qu’est-ce que tu es toi ?»

Bah ouais, à force de vivre dans les montagnes, elle en avait raté des trucs. Finalement, la louve laissa le petit animal reprendre sa course, le laissant disparaître dans les vagues. La chaleur donnait mortellement envie de la rejoindre. Son arrière-train posé sur le sable, l’ancienne solitaire observa les cieux avant de tourner la tête. Mais n’étais-ce pas Mister Bélier que voici ? Penchant sa tête sur le côté, un sourire amusée aux babines la Lazulis prit la parole.

« — Ne serais-ce pas notre seul et unique faux pégase ? Dis donc, tu me suis Mister Bélier ?»

Lors du rassemblement Lazulis, elle avait bien vu qu’il n’était pas au meilleur de sa forme et la louve comptait bien le cuisiner…

Le soleil continuait sa descente, rendant les coquillages encore plus beau. La plage semblait vivre une seconde fois. Ah ? C’est tout ce que trouvait le grand Teddy comme excuse ? Un sourire amusé étira les babines de la louve. Les bikinis, ce n’était pas le genre de chose que l’on trouvait à Descna et les enfants avaient pour habitude de se baigner ensemble, jouant plus librement que si ils avaient portés un quelconque tissus. Quand bien même dans ce monde il lui aurait été en mesure de se vêtir, la louve n’aurait sûrement rien changé. Au final ce n’était pas plus mal qu’elle soit couverte de poils…

« — Désolée de te décevoir, mais si je me baigne ce n’est pas avec un bikini. »

Bah ouais quitte à profiter de l’eau, autant que ce soit sans rien porter… Comment ça Leikn avait un côté nudiste ? La queue de la Licorne remua doucement en entendant la question de son ami.

« — Venue profiter d’une ancienne liberté, et toi ?»

Faut dire que là-dessus, la vie de solitaire répondait pleinement à ces attentes, la vie de clan était plus… restreinte. Bien que la louve fasse désormais officiellement partie des Lazulis, quelque chose lui manquait, elle ne parvenait à se retrouver dans cette mette qui prévoyait un régime plus dur. Cela ne lui disait rien qui vaille, mais n’était-il pas encore trop tôt pour que Leikn juge ? De plus, quels mots une ancienne solitaire pouvait-elle bien se permettre ? La manière dont le clan était dirigé l’importait peu, comme pas mal de choses. Même le départ d’Astaroth était insignifiant à ses yeux. La louve ne connaissait personne chez les Lazulis, personne pour qui elle devrait se sentir désolée ou obligée. Bon c’était sans compter Teddy, mais lui il entrait dans une autre catégorie en tant qu’ancien solitaire. L’ancienne solitaire fronça doucement les sourcils avant d’entrouvrir la gueule. Ses yeux étudièrent les traits rongés par la fatigue du loup, ses pattes encore bandées. Depuis leur retour, le Bélier semblait changé, différent, comme si quelque chose n’allait pas.

« — Teddy… tu vas bien ? J’ai appris que tu avais récupéré tes filles… leur mère… Enfin ça ne me regarde pas après tout.»

La Licorne détourna le regard avant de soupirer, le brun avait après tout une vie privée, puis si il se retrouvait avec les deux petites… Qui sait ce qui était advenue de la mère ? Cela l’a rendait triste pour le cornu et l’énervait aussi dans un sens.

Ah, mais c’est qu’il remettait cette histoire de p’tit déjà tous les matins sous le tapis. N’empêche, désormais le moindre jour de vacances était tentant, mais au vu des circonstances, Leikn doutait qu’elle troue la force de repartir. Toutes ces nouvelles mesures prises par les alphas, cette non-tolérance à l’égard des solitaires, ces prévisions… Tout ceci annonçait la guerre et la Licorne ne connaissait que trop bien les ravages que cette dernière engendrait. Cela faisait des siècles que les démons sévissait sur Descna, ravageant villages, tuant sans pitié. Cela avait même conduit à l’exil forcé des membres de son propre peuple. Non, si un affrontement devait avoir lieu, la louve décamperait fissa, qu’importe la confiance qui lui avait été accordée.

Fallait l’avouer, au vu de l’état de Teddy ces derniers temps, la louve avait en effet songé à plusieurs moyens de lui remonter le morale — oui même à lui apporter le p’tit déj tous les matins —. Un demi-sourire étira ses babines, tandis que ses yeux reflétaient une certaine inquiétude.

« — Pressé de repartir ?»

La Licorne porta son attention vers l’horizon. En effet . Elle en avait oublié le fait que son ami était en réalité né pirate. Depuis combien d’années n’avait-il pas remis les pattes là-bas sur ses terres ? Depuis combien de temps n’avait-il pas revu son chez soi ? Tous deux avaient beau traîner ensemble, ils se confiaient peu sur leur passé mutuel.

« — C’est vrai. Tu ne regrettes pas ? Les choses ont peut-être changé là-bas… »

Si on oubliait les récentes disparitions ainsi que les rumeurs. Tous avaient leur regard porté en direction de ces mers, hurlant peut-être trop vite au loup ? Après tout, qui savait réellement ce qu’il était avenu de ces disparu ? Il n’empêche que les Raeders restait le clan natal de Teddy, sa famille demeurait en partie sur ces terres, tandis que lui se retrouvait seul. Enfin plus si seul maintenant, mais la louve avait l’impression que quelque chose manquait dans la vie du cornu. La compassion de Leikn sembla perturber Mister Bélier, qui en coucha ses oreilles en arrières. Quel idiot ! À quoi s’attendait-il ?! Alors qu’il s’apprêtait à parler de la mère de ses filles, Teddy s’arrêta brusquement. La licorne se redressa en entendant les mots qui suivirent. Il lui avait menti ? Mais… Comment ça ? Les oreilles de l’ancienne solitaire se couchèrent à leur tour en arrière, tandis que ses pattes avants tremblotaient sous le stress, ça aussi un ancien mauvais réflexe.

Après une courte hésitation, la Licorne rejoignit son ami, écoutant avec soin son histoire. Les révélations s’ensuivaient. Ainsi, les deux petites n’étaient pas ses filles biologiques, mais ses nièces qu’il avait recueilli. Une fille. Une dette terrible, que par chance Teddy n’avait plus à payer. Avec respect, Leikn écouta, se retenant de toute question, de tout commentaire. Donc, ce qu’il avait fait, était pour offrir le meilleur avenir possible à ses nièces ? Dans un clan où désormais les solitaires n’étaient plus invité, c’était on peu plus compréhensible. L’ancienne solitaire sentait le regard insistant de son ami sur elle, tandis qu’elle observait le soleil descendre un peu plus à chaque minute. Quelques minutes s’écoulèrent, alors qu’ils baignaient dans la lumière du crépuscule, les premières étoiles apparaissant au-dessus d’eux.

« — Oh Teddy…»

Sa voix semblait soulagée, tout en étant compréhensible. Après un moment d’hésitations, Leikn se tourna vers Teddy, ses griffes jouant avec le sable humide.

« — J’ai eu si peur que tu ne souffres de la disparition de leur mère, ou qu’elle t’avait laissé les petites dans des circonstances dramatiques. Mais je suis si soulagée de savoir qu’il n’en est rien. »

La perte d’un être cher était chose douloureuse, chose qui hanterait à jamais l’esprit de Leikn qui avait laissé sa familles Descna en utilisant mal un sort. Oui, elle avait espéré que son ami ne connaisse chose aussi triste, que d’aimer quelqu’un sans que ce dernier ne soit en mesure de faire de même. Elle plongea ses yeux verts dans ceux de Teddy, afin de conclure sa promesse.

« — Tu n’as nul besoin de me demander, je n’ai aucune raison de trahir ta confiance, ô grand jamais. »

Les petites n’auraient pas à craindre que leur identité réelle ne soit dévoilée, pas de la part de Leikn en tout cas. Ces dernières donna un coup de cornes léger au brun, un air plus sévère, tandis ses yeux brillaient d’un certain mécontentement.

« — Espèce d’imbécile va, ne gardes plus ce genre de choses que pour toi. »

On voyait dans quel état il finissait ensuite !

Au fond, ce que Teddy regrettait c’était surtout de ne pas avoir pu revoir sa famille. Cela peina la Licorne, qui regarda au loin en se demandant comment les readers réagiraient en apprenant qu’il avait bel et bien rejoint un clan et qu’en plus il portait un glowstick, symbole de sa fidélité à un dieu. Pour une meute de païens, cela passerait difficilement, du moins de ce que Leikn avait pu en comprendre. Que penserait son peuple à elle, si elle tournait le dos à leurs dieux ? N’avait-elle pas fait suffisamment de dégâts en abandonnant sa famille ? Un léger soupir s’échappa de sa gueule, ses yeux parcourant les constellations qu’elle avait appris à reconnaître.  

« — Il n’est jamais trop tard, la preuve tu as tes nièces avec toi, il doit y en avoir d’autres qui attendent de rencontrer leur oncle un peu trop gaga.»

C’était dis avec une certaine légèreté, mais au fond Leikn ne pouvait que le souhaiter à son ami. Après tout, trois de ses nièces se trouvait bien avec lui désormais, alors pourquoi d’autres ne viendrait-ils pas ? Rah, mais c’est qu’il avait le culot de faire de l’humour sur la situation Mister Bélier ! Leikn haussa un sourcil, un demi-sourire aux babines. Pour sûr, si le pauvre avait du ajouter en supplément une compagne défunte à sa liste de proches disparus, il aurait réellement pu croire qu’il était maudit. La Licorne ne commenta pas, remuant ses oreilles en entendant son compliment.

« — Eh, faut bien Chef Teddy.»

L’ancienne solitaire ne fut pas désolée le moins du monde du coup de cornes, le glapissement de Teddy était même plutôt amusant en y repensant. Voilà de quoi le narguer pour les prochaines années… Quant-il se sentirait mieux.

« — J’admets que c’est tentant, ça fait des jours que tu traînes une mine de déterré, des pattes bandées… T’imagine pas combien ça m’a inquiété, toi qui trouve généralement le moyen de faire le pitre ! Ne refais plus jamais ça.»

Sinon, pour sûr qu’il finirait en carpette, même si Leikn ne pourrait le faire elle-même.

Les deux petites semblaient être de vrais p’tits monstres à en entendre la description que Teddy en faisait. La Licorne était sûre qu’il exagérait, des enfants aussi terribles ça n’existait pas quand même… si ? Bah, au fond ça ne l’a dérangé pas plus que ça, puis bon maintenant qu’elle en savait autant sur les deus petites, la louve voulait bien les rencontrer. Un sourire espiègle aux babines, l’ancienne solitaire se redressa.

« — Gérer un Faux pégase c’est déjà dans mes cordes, alors un mini-piranha ne devrait pas être de trop.  »

Après tout, en tant qu’aînée c’était à elle qu’était revenu la tâche de s’occuper de ses trois frères et sa soeur. Enfin, c’était surtout Clarke qui devait gérer les cinq petits monstres qu’ils étaient, étant donné que leur mère n’était pas toujours présente. Bon sang, elle en avait bavé la tante Clarke. Paix à son âme. Enfin, ours mal-léché ou piranha qui faisait ses quenottes, ça restait des enfants, Leikn ne les détestait pas, depuis son arrivée elle n’avait pas eu l’occasion d’en approcher, les parents étaient trop protecteurs et elle trop bizarre. Aussi, Leikn n’allait pas se le cacher, il s’agirait de son premier contact avec un louveteau.

La licorne s’enfonça un peu plus dans l’eau, cette dernière venant lécher son ventre. L’océan était si calme, tout était si paisible si l’on oubliait les tensions entre clans, les rumeurs qui courraient, les projets des Lazulis. Leikn ne put se retenir de poser cette question qui la titillait depuis un moment, peut-être que cela aussi était lié à l’état de Teddy, peut-être que lui aussi se retrouverait dans la même situation que la louve. Sans le regarder, la solitaire posa cette question qui l’a tourmenté tant.

« — Dis Teddy, les Lazulis t’ont-ils apporté ce que tu cherchais ? »

Un sourire moqueur étira les babines de Leikn.

« — N’importe quoi, j’suis sûre que tu serais ravie d’en avoir toute une ribambelle à ta charge.»

Toute une armée de louveteaux prêts à écoutes ses innombrables histoires, imiter ses milles et une pitreries. Non, à coup sûr cela lui plairait, peut-être même un peu trop. Recevant un p’tit coup d’épaule, l’ancienne solitaire tenta de ne pas faire un bond arrière comme jadis elle l’aurait fait. Après tout, Teddy était probablement le seul qui ne lui ferait pas de mal et qu’elle ne pourrait blesser en retour. L’expression de la louve se fit plus sévère en entendant la réponse du cornu. Bien sûr qu’elle s’en faisait du soucis, il en avait d’bonnes lui !

« — J’espère bien !»

Teddy sembla réfléchir à la question, tandis que la Licorne observait les astres. Jadis, tout comme son peuple, elle priait les cieux, leur adressant ses prières en espérant que les dieux l’entendent, mais cela comme bien d’autres choses s’étaient révélées vaines. Le bruit des vagues avait quelque chose d’incroyablement apaisant, détendant Leikn tandis que ses griffes jouaient avec le sable sous ses pattes. C’était un lieu tranquille comme on ne les faisait plus, loin des complots, loins des tensions, juste le calme de l’océan.

Les choses tournaient en effet fort mal pour les Lazulis. Cette intransigeance qui montait progressivement, à l’égard des autres meutes, mais aussi envers les solitaires. Au fond, une partie de Leikn avait été blessée par ces propos, étant ancienne solitaire, cela l’agaçait de voir que ces loups qui ne souhaitaient que rejoindre un clan ne devenaient que des sources potentielles ou de vulgaires proies à chasser. Qu’importe les mesures, les Lazulis ne seraient jamais assez nombreux pour couvrir tout le territoire, les solitaires les plus téméraires passeraient toujours entre les mailles du filet. Filet auquel Leikn n’avait aucune intention de contribuer. La réflexion de Teddy au sujet de leur rencontre arracha un regard espiègle à la louve.

« — Initialement tu aurais quand même dû me chasser Mister Bélier, faut croire que voir une vraie Licorne t’a quelque peu perturbé… »

Héhé, pour sûr, ça ne devait pas arriver tous les jours. Alors, c’est contre elle que se retourna la question. La licorne ferma doucement les paupières. Après tout, n’étais-ce pas sa destiné ? Expier ses fautes en ne pouvant se sentir à sa place nul part ?

« — Oui.»

Leikn marqua une courte pause avant de reprendre, cette fois en se tournant vers son ami.

« — Mais ce n’est pas ta faute, j’avais de trop grandes espérances à l’égard des Lazulis. Au fond, j’espérais qu’ils seraient comme mon peuple, mais il n’en est rien. Les miens prônent la paix, ce n’est pas ce que font les loups de cette meute, plus maintenant du moins.»

Bien trop de guerres avaient eu lieu dans son monde d’origine, trop de sang versé inutilement, trop de persécutions à l’égard des Licornes. Non, Leikn refusait de revivre cela ici, devoir panser les blessures, vivre dans la crainte et la peur perpétuelle d’une attaque. Ce n’était pas ses objectifs, ce n’était plus ce qu’elle souhaitait en ce bas monde.

« — Au final, je me rends compte que ma place n’est pas dans ce monde, trop de violence y règne, trop de tensions et qui sait peut-être de guerre ? »

Non, clairement une Licorne ne pouvait vivre en paix ici sans craindre de devoir à son tour verser le sang. La louve remua nerveusement sa queue, observant les reflets argentés de la lune sur la surface de l’eau.

« — Mais en partant, je me retrouverais seule à nouveau, aussi je préfère sacrifier mes principes, ça me permet de te taquiner un peu plus chaque jour comme ça.»

Surtout de préserver les liens avec la seule personne avec qui elle se sentait bien.

Un sourire amusé flotta sur les babines de la louve, alors que les paroles du brun lui rappelèrent leur première rencontre. Après cette fichue Grande hibernation qui avait conduit la Licorne à trouver de quoi se nourrir, si on lui avait dit qu’elle deviendrait ami avec une fausse licorne croisé avec un faux pégase… cela l’aurait bien amusé ! Prenant un air faussement indigné, Leikn se tourna vers l’ancien solitaire.

« — Agressé ? De suite les grands mots, j’ai vécu à l’état sauvage pendant des années et le premier loup que je croise se fait passé pour une Licorne. Encore t’as de la chance, j’aurais pu être plus agressive.»

Enfin, ce n’est pas comme si Leikn aurait réellement pu lui causer du tort au vu de sa contrainte naturelle.

Alors, Teddy voulut la rassurer, lui disant qu’il y avait encore de l’espoir que les choses ne tournent pas aussi mal. La licorne aurait sincèrement voulu le croire, se dire que ses inquiétudes n’étaient pas fondées, mais c’était trop espérer de la sauvagerie dont pouvait faire part leurs congénères. Le sang serait versé, d’une manière ou d’une autre, cela avait même commençait d’après les dires de certains. Aussi, l’ancienne solitaire ne put se résoudre à se bercer dans l’espoir, préférant affronter la réalité de plein fouet.

« — Il y en aura. La paix ne dure jamais longtemps, si ce n’est une autre calamité qui nous privera de nos ressources, ce sera un autre kidnapping. Ici on ne semble comprendre qu’une seule chose, le prix du sang. »

Le coeur serré, Leikn se tourna vers le brun passant à côté de lui en l’effleurant avant de s’arrêter. Là où il ne pourrait voir son expression, sa tête baissée. Ses paroles l’a touché, cette promesse… Pourtant… Pourtant, Leikn devait le faire, elle devait permettre à Teddy de vivre heureux aux côtés de ceux qui lui étaient chers. Il avait une famille en ce monde, trois nièces qui comptaient sur lui, qu’était une solitaire à côté de la famille ? Un moment s’écoula, avant qu’elle ne parvienne à lâcher ces mots qui pesaient sur son coeur.

« — Teddy… Non.» La licorne marqua une pause une lueur attristée que seule elle pouvait voir dans les yeux. « Tu as tes nièces, sans même parler de ton glowstick. Je sais que tu voulais tant passer l’épreuve de Moiro, je refuse que tu sacrifies cela pour moi. »

Impossible. Leikn ne pouvait l’accepter, elle ne pou. Après tout, ne lui avait-il pas dis que c’était son rêve depuis tout jeune de faire parti d’un clan, d’obtenir un glowstick ? Le mal-être de Leikn ne pouvait briser cela, elle se l’interdisait.

« — C’est le devoir de la Vassale de veiller au bonheur de son Chef et tout ce que je veux, c’est que tu sois heureux. »

La lumière du glowstick éclaira doucement le duo de sa lumière rosée. Leikn se sentit coupable d’avoir émit tant de doutes sur leur amitié, après tout, Mister Bélier était son seul et véritable ami en ce monde, le seul qui avait toute sa confiance. Perdue la louve bredouilla quelques mots, sachant qu’aucun ne conviendrait réellement.

« — Je… Je sais que ça comptais beaucoup pour toi ce glowstick Teddy, ça datait de bien avant notre rencontre alors… Je ne sais pas… Je ne sais plus…»

Alors quoi ? Que pensais-tu réellement Leikn ? Nul n’était sans savoir à condition de connaître un tant soit peu le brun, qu’il avait aspiré à cette épreuve, comme si cela avait constitué le but ultime de sa vie. Aussi, par son mal-être, la Licorne ne pouvait se résoudre à l’obliger à sacrifier tout cela, sacrifier ce pour quoi il avait quitté sa famille, sacrifier ce qu’il avait tant désiré. Au fond, l’ancienne solitaire ne parvenait réellement à comprendre ce que souhaitait réellement son ami. Ce dernier se retourna, particulièrement mécontent, Leikn le sentit, ses muscles un peu plus tandis sous sa peau tandis que son estomac se noua. Pourquoi tout avait brusquement changé ? Où donc était passée la bonne humeur ? La déclaration de Teddy entraîna la surprise chez la Licorne qui demeura les yeux écarquillés, la gueule entrouverte tandis que ses prunelles émeraudes suivirent la silhouette du disciple de Moiro qui s’éloignait.

« — Teddy…»

Simple murmure, sonnant comme une supplication. Les choses auraient pu être tellement moins difficiles si leurs nombreuses péripéties ne les avaient que trop rapprochés. L’ancienne solitaire observa son ami, impuissante. Que devait-elle faire ? Attristée, Leikn finit par rejoindre le Lazulis posant avec une certaine hésitation sa patte sur son épaule.

« — Je ne veux pas que tu souffres. Durant ma piètre existence, j’ai causé tant de mal, mes choix égoïstes ont conduis à bien des malheurs… mais avec toi je refuse d’être égoïste. »

Non, il ne méritait pas ça. Leikn lui devait tellement, tellement plus qu’elle ne pourrait lui offrir. Oh mère, pourquoi ne jamais m’avoir dis ô combien tout cela pourrait être compliqué… Les yeux émeraudes se posèrent un instant sur les astres avant que la Licorne ne secoue doucement sa tête.

« — Pardonne-moi Teddy, je…»

Leikn retira sa patte comme si ce contact l’avait brûlé. Ainsi, sans hésitations il serait prêt à abandonner son glowstick si seulement cela pouvait rendre heureuse la Licorne. Cette dernière serra les crocs, baissant les yeux. Qu’avait-elle à offrir d’aussi précieux ? Ce n’était qu’une ancienne solitaire, incapable de se sentir à sa place dans ce clan, pourtant pour elle, il était prêt à faire ce sacrifice. Qu’avait-elle de si particulier ? Qu’est-ce qui méritait de tout plaquer pour la suivre ?

La louve posa un regard doux sur son ami, une lueur de tristesse brillant au fond de ses prunelles émeraudes. Tu es si différent des autres, Teddy… Ce n’était pas une critique. Teddy ne convoitait pas le pouvoir contrairement à d’autres, n’exerçait pas inutilement la violence. Non, ce loup avait bon fond, peut-être plus encore que la Licorne. Au fond, leur monde n’était peut-être pas si perdu que Leikn aurait pu le croire.

Le Lazulis s’éloigna encore un peu, faisant un peu plus monter la tristesse de Leikn. Cette dernière eut des yeux ronds en entendant les propos du cornu, tandis que les larmes lui montèrent. Détournant la tête, l’ancienne solitaire refusait qu’on la voit ainsi. Teddy… Pardonne-moi d’être telle que je suis, puisses-tu comprendre à quel point tu es important, à quel point te faire du mal me tourmente. Après tout, n’étais-ce pas sa première inquiétude ? Et si cette amitié ne pouvait engendrer que du tort au cornu, si cela pouvait reconduire à sa perte ? La mort n’inquiétait plus Leikn, mais être la cause d’un tel malheur l’effrayait, après tout Teddy était le seul sur qui elle pouvait compter.

Alors, ce fut au tour de l’ancienne solitaire de s’éloigner doucement, laissant sa cape alourdie par l’eau traîner sur le sable. Pardonne-moi Teddy, je suis tellement, tellement désolée. Si désolée de te blesser, si désolée… Sa nature de Licorne ne put s’empêcher de la faire culpabiliser un peu plus, lui retournant l’estomac. Alors les doutes envahirent un peu plus ton esprit car après tout, rien ne se passait comme dans les contes de fées. Leikn avait l’impression qu’un poignard s’enfonçait un peu plus à chaque pas dans sa poitrine, lui donnant l’horrible sentiment de trahir Teddy. La louve ne put toutefois se résoudre à se retourner, trop inquiète de ce qu’elle aurait put voir.

La licorne aurait probablement continué son chemin, si la vue d’une loupiote ne l’avait pas stoppé net. Les muscles un peu plus tendu face à cette observatrice, tandis que l’avant de son corps s’aplatissait doucement dans une posture de défense. La discussion avec Teddy l’avait mise sur les nerfs, faisant remonter de vieilles inquiétudes. Toutefois, Leikn se reprit en avisant la p’tite, ce n’était qu’une gamine. Doucement, elle se redressa détaillant cette nouvelle arrivante. Encore petite pour son âge, elle n’en dégageait pas moins un certain charme. Sa couronne de fleurs lui donnait un air innocent, mais l’ancienne solitaire se méfiait des apparences. Le plus fascinant n’en restait pas moins ses yeux, composés de plusieurs couleurs distinctes. La petite jeta un regard derrière Leikn qui comprit à qui elle avait à faire. Une des deux nièces de Mister Bélier.

Haussant un sourcil, la Licorne ne put que s’interroger en l’entendant la désigner comme « trèfle ». Qu’entendait-elle par là ? Fessait-elle référence à ceux qui ne portait que trois feuilles, simples mauvaises herbes ? Ceux qui en portait quatre, symbolisant la chance ?

« — Bonjour à toi Méluciole. »

Après tout, il ne pouvait s’agir que d’elle, si l’autre avait un côté plus ours que piranha ? Enfin, pour le moment Leikn ne voyait pas trop la ressemblance avec ce poisson carnassier. Les yeux de la louve semblèrent plus mélancoliques, alors que ses traits tentaient d’être neutres.

« — C’est ce que je t’inspire ?»

Que pensait donc réellement cette enfant en réalité ? D’un côté Leikn était fasciné, c’était bien la première fois depuis son arrivée sur ce monde qu’il lui était donné l’occasion d’en approcher d’aussi près, mais d’un autre, Méluciole semblait savoir bien des choses. Les plus jeunes étaient-ils toujours emplis d’un tel savoir ?

« — Pardonne-moi d’avoir retenu ton père trop longtemps. »