A Shot in the Dark | Mido si possible [A GARDER]

[ceci se déroule avant de demander une place chez les Lazulis]

Maria-Elena

Elle expliquerait à Teddy plus tard. Elle le dirait aux chefs après aussi.

Elle avait peur maintenant, elle savait le décompte de sa vie très proche de sa fin, et elle avait peur. Elle ne voulait pas finir comme sa mère. Alors elle s’était frayé un chemin, en secret, sans avertir qui que ce soit, pour arriver chez les Lazulis. Dans la nuit, personne ne la voyait.

Elle s’était cachée dans des arbres pour écouter des loups Lazulis lors de leurs patrouilles, quand le vent ne pénétrait pas les bois. Et elle avait trouvé les informations dont elle avait besoin. Alors elle trottinait entre les longues herbes, son regard cherchant un lac. Et elle le vit, reflétant la lumière de la lune, dans une crevasse du paysage. Silencieuse, ombre ailée, elle se glissa vers le bord de l’eau, et y jeta un coup d’œil. Elle était toujours aussi fine, étrangement grande et filiforme, hérité de son père le Nakhu Murmure. Ses cheveux blancs étaient relevés en une queue de cheval pleine de boucles, un diadème de fausses roses ornés de piques sur son crâne.

Elle se détourna, pour chercher une ouverture. Elle la savait ici, quelque part, ils l’avaient dit. Elle tomba enfin sur une entrée de tanière, dans laquelle elle s’engouffra, après avoir vérifié que personne ne l’observait. Elle se glissa dans le trou, et regarda autour d’elle, mais la nuit on n’y voyait rien. Toutefois, elle sentait la terre sous ses pattes, alors elle continua d’avancer, jusqu’à arriver entre deux colonnes, qui donnaient sur une grande pièce, illuminée par une lumière verte. Cela lui aurait fait peur, si elle n’était pas motivée par une terreur aveugle.

Elle se glissa sur le sol pavé de pierres et d’os. Elle regarda brièvement autour d’elle, puis inspira, et s’approcha de la fontaine, levant son regard lavande vers la statue du Raptor. Ainsi, c’était bien lui. Teddy avait semblé sur que son destin était intimement lié à Moiro, mais elle, se connaissait destinée pour Yurai ou Mido. Alors c’était à Mido qu’elle était venue. Elle en parlerait à Teddy si elle réussissait.

Elle inspira profondément, puis se décida à parler, c’était toujours dur, entre traumatisme et timidité.
« Bonjour, votre divinité. Je sais que je ne suis pas des Lazulis, mais je désire en être. Je viens vous voir car j’aimerai être de vos disciples, pour être acceptée dans la meute des vôtres. »

Elle avait répété ces phrases 200 fois au moins, mais la suite était un peu mal cartographiée, alors elle bégaya un peu :
« S-S’il vous plait, j’aimerai tenter votre é-é-épreuve »

Elle se campa sur ses pattes, prêtre à affronter cet adversaire mental, cette intelligence qu'elle tenterait de rivaliser avec la sienne, si elle était digne et capable.

(ceci ce déroule à 2 ans de son âge actuel, juste après la naissance de ses petits)

Maria-Elena

Elle avait attendu une journée. Puis une autre. Elle n’était pas partie, elle avait trop peur que si elle partait, elle ne pourrait plus jamais revenir. C’était le plus grand risque qu’elle avait pris dans sa vie, de venir jusqu’ici, mais aussi sa plus grande chance. C’était une possibilité qu’elle ne meurt pas. Une possibilité pour qu’elle puisse vivre une vie normale, avec son oncle. Avec sa famille. Avec son clan.

Cela l’avait encore plus motivée à rester. Devant la statue. Pendant des heures, au début, sans regarder ailleurs que le Raptor, pour lui montrer qu’elle avait la force d’esprit nécessaire, elle était assez forte pour prétendre à cette épreuve. Sa motivation était réelle. Elle était intelligente, un peu, elle n’osait pas se complimenter de trop. Elle aimait les jeux de mots, les charades, il y avait une possibilité non négligeable qu’elle réussisse. De plus, si on regardait au fond de son cœur, elle était faite pour la vie en meute. Elle était une herboriste confirmée, elle travaillait dur, elle aimait aider les autres. Elle aimait vivre en communauté. Elle avait surmonté sa dépression. Elle avait surmonté ses envies suicidaires, tout cela pour être là, en face de la statue du Raptor.

Mais il ne répondit jamais. Elle attendit, des heures durant, jusqu’à ce que le soleil se lève à l’horizon, et encore, elle attendit, se cachant dans un coin, voyant défiler des loups. Des jeunes virent profaner la fontaine. D’autres pester contre le dieu, d’autres tenter leur épreuve, et elle se cacha derrière un recoin ombrageux, tant et si bien que son odeur se mélangea à celle de la terre. Elle finit, au bout de quelques jours, par partir, quitter ces terres, et elle alla voir les Alphas. Et ils l’acceptèrent, même sans son glowstick tant espéré.

C’est ainsi qu’elle revint, à peine quelques lunes plus tard. Et il s’en était passé des choses.
Elle n’e avait soufflé mot à personne, même pas à Teddy. De toute manière, cela ne s’était pas vu sur elle, cette gestation. Cela avait été un secret. Maintenant, ils étaient sous la garde de quelqu’un d’autre.
C’était deux garçons, et elle les avait laissés avec leur père, là. Leur père qui l’avait charmée en une soirée. Était-elle une louve facile ? Elle se le demandait parfois, mais ce n’était pas tellement un couple, qu’ils formaient. C’était une entente, une très bonne entente, avec parfois des avantages charnels. Et tout cas, elle aimait ses enfants. Elle appréciait très fort leur père.

Elle avait pris toute la nuit, pour les déplacer en silence jusqu’à la limite du territoire des Etelkrus, au milieu des étoiles, pour qu’ils soient plus cachés dans les terres Lazulis, comme jusque-là. Ils avaient plus besoin de de téter, enfin presque. Elle avait décidé d’aller voir Mido. Il était temps, d’essayer de nouveau.

Elle arriva très tard dans la nuit, le matin, avant que le soleil se lève. Elle rentra dans la grotte, une deuxième fois. La bonne fois, peut-être ? Elle s’assit, et elle leva la tête vers la statue. Me donneras-tu cette chance de vivre ?

« Dieu Raptor, je viens vous voir de nouveau. Je suis Lazulis, à présent, et je désire me présenter à votre - elle se gratta- épreuve ».

Sa voix était plus assurée. Elle avait élevé deux petits malous, ce n’était pas rien, elle n’avait plus peur des dieux, d’ailleurs, elle espérait pouvoir aller vivre avec Sora un jour. Tranquille. Heureuse. Avec leurs deux petits abrutis à ailes, Rafale et Spitfire. Elle resta en silence, espérant un mouvement, une manifestation… Elle regarda ses pattes un instant puis ferma les yeux. Elle disparaissait.

Personne ne pouvait savoir d’où venait ce temps, qu’elle avait gagné comme par magie, aux griffes de la malédiction. Mais le temps en plus lui coutait soudain cher. Et alors qu’elle relevait la tête vers la fontaine verte, les premiers rayons de soleil de son anniversaire se glissèrent par-dessus les collines, scintillant sur la surface du lac célestin.

Et Maria-Elena n’était plus que cendres devant une fontaine divine.

A shot in the dark

▬ ft. /

Été 2019.
9ans / 6 mois

Méluciole marche à tes côtés.

Elle s'aligne à tes pas, fixe droit devant elle. Son dos se courbe sur ses pas que tu forces. Elle n'a pas envie, tu lui imposes cette contrainte.
A cette enfant, que tu essais de rendre meilleure. Mais le pouvais-tu encore ? Il y a Augure, avec elle. La mante qui chuchote, qui corromps son esprit pour la tenir en fille oracle et non en membre Lazulis.
Puis il y a maintenant Arastée, qui loge dans l'autre crâne.
Celle qui vous a rejoins, après sa mort. Celle qui étais attendue, tant qu'elle t'avait confiée ses deux filles. Celle qui avait retrouvé ton frère, dans l'océan aux eaux sombres. Ne restait plus que l'insecte maudit, seule, qui retourna tant à la fille oracle qu'au guide. Toi. Le Guide, qui emmènerait bientôt ladite fille sur les terres de ses ainées, là où s’achèverait l'araignée et où se révèlerait la mante.

Tes yeux mauves la détaille avec sévérité, mais sans méchanceté.

Elle avait commis un affront, en tuant dans le temple d'une divinité ses représentations matériels. Avec sa sœur, que tu conduirais à part, lorsque tu aurais achevé cette punition avec la plus jeune, celle que tu jugeais plus terrible et initiatrice de ces dégradations.
Tu veux prendre la parole, après ce temps de silence survenu après tes premières remontrances, mais elle te coupe avant de t'en offrir l'occasion. C'est une question, qu'elle lance dans un essai de poignard.

« Pourquoi accordes-tu l'importance aux Lumières, après la première déception ?
- Parce que tous les dieux ne sont pas pareils. Si ma désillusion fut entière dans le temple de Yurai, il ne le fut pas près de la Tigresse. Elle su me guider, m'arracher à mes démons passés, et faire de moi ce que je suis aujourd'hui.
- C'est faux. Le Guide finit toujours par retrouver son chemin. »

Tu souffles par le nez, ne rétorquant rien à cela. De ce rôle qu'elle t'avait donné, le joli temps, lorsque tu l'avais suivi bien au-delà des frontières. Ce rôle qui te revenait aujourd’hui, maintenant qu'elle n'était là pour faire avec son héritière ce chemin qu'elle avait fait en sens inverse avec sa propre mère.
Tu le respecterais, sans savoir ce qui t'y poussais vraiment. Comme un instinct, étrange.

Le temple se fait voir, là, devant vous.

Il y a posée sur une branche un minuscule moineau, qui piaille doucement. C'est tout ce que l'on entend, ici. Ces petites notes, qui résonne. C'est le premier oiseau qui chante de la journée, en annonce du soleil qui se lève.

C'est une journée nouvelle.

Entre les colonnes du temple, tu saisis alors la gracile silhouette de Maria-Elena. Alors tu t'arrêtas, comme tu fis t'arrêter la jeune à tes côtés, à cette distance respectable qui ne vous ferrez interférer avec l'épreuve de ta nièce, de cette considérée sœur par Méluciole. Elle, qui la fixe. Intensément. Augure présagea à la fille, laissant dans le secret et dans l'admiration les DeuxCornes qui bientôt s'ébranlerait.
Il y a un sourire sur tes babines, Teddy.
Le petit moineau continue de chanter dans ton dos.
Tu es fier. Tu es son oncle, mais tu l'es comme un père. Avec ton cœur, qui se gonfle en ton torse de ce grand sentiment. Avec l'impatience de la voir en ressortir grandie, pour venir la prendre entre tes pattes et la couvrir tant d'affection que de félicitation.
Et il persiste, ce sourire.
Toi, qui ne sais pas. Qui ne saisis pas, ce qui se passera-là. Toi qui t'attendait à voir Mido lui apparaître, pour lui poser les trois énigmes auxquelles elle répondrait avec brio.
Mais ce n'est pas ce qui se passa, hein, Teddy ? Ce n'est pas ce qui se passa.

Et il se fige, ce sourire.
De sa branche, est frappé de mort le petit moineau. Il tombe et s'écrase contre le sol.
En cendre.
En cendre, c'est comme ça qu'elle disparait.

La silhouette de cette adolescente devenue brave louve n'est plus que poussières, que la brise glacée en ce dernier matin d'été serain éparpille.
Oh, Teddy. Elle n'est plus là, ta cocotte. Ta petite protégée. Tu te souvins de ta promesse : celle de la rendre heureuse ?
Ne pleures plus, cocotte. Je serais là pour toi, tu ne seras plus jamais seule. Toi et moi, on vivra ensemble, tu seras heureuses, tu verras !
Tu le vois, maintenant. A quel point tu avais été un père incompétent. A quel point tu n'avais pu quérir sa merci.
Et tu restes immobiles, avec tes yeux qui ne quittent plus cette place où elle se tenait l'instant d'avant. C'est à ce moment que tu la sentis.
Cette tristesse. Immense, qui se mêle à cette rage qui bouillonne dans ton sang.
Elle rampe au fond de toi. Tu apprendras à sentir ça dans ton cœur. Tu comprendras comment t'y faire. On ne l'entendra pas, cacher au bord de tes larmes. Et, là, sous ta poitrine, tu sens ton cœur cogner pour t'abime.

Tout s'écroule.
Tu as mal.

Et tu ne regardes pas Méluciole qui s'éloigne, tant tes yeux vides ne fixe plus que l'absence. Dans un pas qui ne traine plus, qui est si léger qu'elle menacerait elle-aussi de prendre son envol. Elle s'approche du moineau.
Tu n'arrives plus à respirer.
C'est fou, le soin qu'elle prend pour l'envelopper dans son étole colorée.
Tu suffoques.
Elle te revient, frôle ton épaule de la sienne, te tourne autour. Elle a cette maîtrise que tu viens de perdre, toi qui tend la nuque, toi qui plie sous la douleur.

« Nous l'enterrerons au pied de la porte du cœur, toi qui aura guéri le sien. Elle aurait pu partir si tôt, si tu n'avais intercepté son envol, elle qui avait oublié le sourire.

Elle était Perdue que tu as guidés.

Elle était Moineau. »

Elle dépose à tes pattes ce cercueil de tissu. C'est là où il se trouve, ton petit moineau. C'est terrible, la façon dont sa douceur et sa candeur te manquera. Et ce sourire retrouvé...
Tes cils chassent tes larmes.

« Finis ce que tu as commencé, ma fille. »

Tu te lèves, emmenant avec soin l'oiseau mort, quand l'on ne pouvait enterrer les cendres.
C'est avec le cœur amer que tu laisses Méluciole face à ce temple qui ne méritait que plus de chaos. Ce temple à qui tu tournais le dos.

Maria-Elena était morte.
Une part de toi aussi.

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