Glowstick actually | Kiro si possible [A GARDER]

Starset


Il était temps, à présent. Il avait toujours pour qui il se destinait, se disait il parfois. Rien de plus faux. Starset trouvait tous les dieux trop belliqueux à son goût, mais surtout, ne se trouvait pas assez de talents pour tenter la majorité des épreuves. Il s’était filé un truc ce matin, après avoir couru plusieurs minutes après un mouton réticent à lui passer sa laine pour qu’il la teinte en vert pour ce nouveau vêtement. A cause de cela, il avait porté un point de côté pendant des plombs après. Mais maintenant il avait un joli chemiser sans manches pour sa peine. Il avait utilisé des pierres chauffées au soleil, autour desquelles il avait enroulé ses cheveux, pour se façonner quelques jolies boucles avec sa tignasse sombre. Maintenant, de l’autre côté du side-cut gisaient des cheveux ondulés, qui avaient pas mal poussés, et que Starset hésitait à couper.

Mais quelle décision ! Il aimerait tellement se faire un beau chignon avec plein de tresses, et rien ne valait une belle tignasse sombre bien entretenue … Mais la liberté des cheveux courts lui manquait un peu. Même beaucoup. C’était devenue trooop chiant de trouver des styles pour ces longs cheveux, et encore pire de les laver avec de l’eau. Ils restaient mouillés pendant des heuuuures et des heuuuuuures…

Brwef. Il n’était pas là pour sa coiffure.

Il regretta de ne pas avoir enveloppé ses pattes dans quelque chose, parce que le marais était vraiment dé-geu-lasse. Il sautait d’un truc à l’autre, d’une motte de terre à une autre, pour éviter les parties les plus mouillés et boueuses. L’eau verdâtre qui glissait entre les pans de terre boueuse lui donnait la nausée, mais bon, il n’avait vraiment pas le choix.

Il soupira longuement, d’un bruit qui sembla s’étendre bien au-delà du nécessaire, sûrement pour un effet de drama parfait.  Il s’essuya longuement une patte sur une feuille, puis tressa ses épais cheveux brillants en une natte, qu’il enroula sur elle-même pour faire un chignon avant-garde qui ressemblait plus à du bordel qu’à une vraie coiffure. Peu importe. C’était trendy le coiffé-décoiffé en ce moment. Y’avait qu’à regarder Pepper le matin quand elle se levait le matin. Il se redressa en repartit, marchant en levant haut les pattes pour éviter un maximum de contact simultané avec les trucs degeu sous ses patteS.

Ce fut au prix de looongues souffrances que Starset arriva enfin à l’arbre mort géant. Il avait les pattes sales comme jamais, mais heureusement son veston n’avait rien. Il y avait parfaitement veillée. A présent il se glissa dans la pièce quasiment cachée du dieu serpent. Starset descendit, puis se retrouva face à la statue du serpent. Il inspira profondément. Dramatiquement. Il redressa le col de son chemisier, puis détacha son chignon, dans le seul but de la jeter dramatiquement par-dessus son dos.

Il fit plusieurs pas cers la grande fontaine, puis s’inclina. Dramatiquement.

« Ô dieu jaune des marécages, je me présente à vous pour passer votre épreuve ! » s’exclama-il en se redressant d’un coup, ses cheveux bondissant en même temps. Il sourit un grand sourire joyeux plein de crocs au Serpent géant, avant de pencher la tête.

Combien de dents avait-il, se serpent ?

Starset
 
Le dieu lui fichu une puta*n de trouille. Il bondit en arrière, sauvegardant de justesse son look grâce à une chance inouïe, qui avait fait qu’il se tenait assez loin de la vase pourque son bond en arrière de mette pas ses vêtements en péril. Kiro semblait fort amusé, alors Starset le regarda faire le tour de sa statue en rigolant. Piteux humour et égocentrisme ne faisaient pas toujours bon mélange, mais ce n’était pas digne d’un mortel de juger un dieu.
Il se redressa donc fièrement prêt à passer l’épreuve qu’on allait lui donner, prêt à montrer la force (inconnue) qui sommeillait en lui. Il allait en mettre plein la vue à ce dieu de la moquerie (si ce n’était pas déjà fait avec sa coiffure stylée).
 
Pourtant, son visage se fit très blasé, lorsque fut révélé son épreuve ? De la boue. Plein de boue. Une goutte. Un fleuve. Non, un torrent. Il leva son visage aux yeux aplatis de blasitude ers le jaune, mais celui-ci s’éclipsa, content de son piège, son rire résonnant en ce lieu ou techniquement, il ne devrait pas pouvoir résonner, puisqu’ils étaient maintenant face à une rivière de boue. Starset soupira, et vérifia que ses cheveux étaient bien hors d’atteinte de l’heure brune qui se profilait, en refaisant son fameux chignon, avant de s’élancer vers la rive. Elle était très pentue, et il dut s’arquer, glissant vers le bord de l’étendue de saleté, qui ne demandait que à le teindre de son horrible couleur… malodorante en plus. Starset se pinça le nez en faisant une moue de dégoût… Mais sa patte était déjà boueuse. Horrifié de cette tâche odieuse sur son museau, il hurla en essayant de l’essuyer… Et s’en mit dans les cheveux.
 
Un silence de mort suivit a cet instant, pendant lequel le loup sombre regardait avec fureur sa tresse ébène devenue… Brune. Dans le silence (et le bruit de la boue) il prit une grande inspiration dramatique, puis repoussa ses cheveux, pour contempler le chemin à suivre.
 
C’était des rochers pleins de boue. Dans un torrent de boue.
Marrant.
 
Le jeune loup pensa d’abord à prendre de l’élan pour bondir, mais se réavisa. Il ne ferait que glisser, ses griffes n’avaient pas de quoi s’agripper par là. Alors il bondit sur le premier rocher, d’un élan inquiet, et se réceptionna sur le caillou, glissant un peu, mais pas suffisamment pour tomber dans le torrent. Le suivant n’était pas loin non plus, alors il poursuivit. Un bond mesuré après l’autre, s’éloignant peu à peu de sa chère terre ferme exempte de boue.
Il s’arrêta sur le 6^e rocher, pour reprendre sa respiration avant de mesurer, d’un coup d’œil la distance avec le prochain. Le prochain faisait preuve d’un très grand espacement, et Starset ne comprit d’abord par comment il allait faire pour l’atteindre. Il ne pouvait pas trop se remuer, sur son caillou à lui, ses pattes dérapant s’il ne restait pas sur la partir la plus plate du rocher… Mais pourtant pour ce saut, il était convaincu qu’il allait avoir besoin d’élan. Il passait assez de temps à jouer au berger dans les montagnes (pour avoir sa laine, qui elle-même lui permettait d’avoir ses précieux pulls) pour savoir que ce saut-là n’était pas possible, pour lui, sans élan.
Campé sur ses quatre pattes, ses muscles raides, il baissa la tête, pour analyser où d’autre, il pourrait mettre ses pattes, sur ce petit espace vital. Il tenta de déplacer une patte avant, mais elle glissa aussitôt, et il la ramena prestement vers sa place initiale.  Heureusement qu’il avait pris des manches courtes aujourd’hui tiens.
 
Il tenta toutes ses pattes, mais il dut se rendre à l’évidence : Il les avait posés aux meilleurs endroits, et s’il les déplaçait, il ne tiendrait pas. Il regarda en arrière. Peut-être que s’il prenait de l’élan sur le cailloux précédent …. Mais comment allait-il se retourner ?
Starset claqua de la langue, à la manière d’une fashion-louve qui avait vu un manteau vert assorti avec une écharpe jaune à marquages panthère, et soupira. Il ne voyait qu’une vraie option, et cela ne lui plaisait pas du tout. Il allait devoir trouver un moyen pour reculer ses pattes, pour avoir un meilleur appui et réussir son saut, et pour cela, la boue ne devait plus être là. Elle devait partir. Ou être recouverte.
 
Il leva une patte, la seule qu’il osait enlever sans se faire tomber, et tira son pull par-dessus sa tête, le faisant tomber sur le rocher. Elle recouvrit la surface, collant fort au rocher. Starset renifla un coup, puis déplaça ses pattes arrière, avant de se propulser avec ses pattes avant, ramener ses pattes arrière vers le devant du rocher et pousser fort. Il atterrit sur le rocher suivant, glissant formidablement, et n’eut le temps que de pousser un peu avec ses pattes avant de s’écraser sur le rocher d’après, un peu plus grand.
 
« Ummmm » grogna-il, en se redressant, ses bracelets à piques appuyant inconfortablement sur ses pattes. Il était à présent couvert de boue sur tout le ventre et le poitrail, mais il avait quasiment fini. Il se redressa une dernière fois, et bondit, prenant l’élan sur cette grande dalle plate, pour enchaine un saut, un grand pas, un deuxième saut, puis un bond qui le fit parvenir à la rive.
Il baissa la tête, et souffla un grand coup, avant de s’ébrouer un maximum pour se débarrasser de saleté… Ce qui finit de lui donner un air d’hérisson qui avait pris un bain de boue. Il se retourna vers les rochers, et fit un petit bruit attristé, et voyant la boue du torrent arracher son pull aux cailloux. Celui-ci resta un instant en surface, puis disparut dans la mer brune, faisant baisser les oreilles du coiffeur. Il soupira. Il mettait tant d’heures de travail dans ses vêtements, et les voir s’échouer dans la boue était à la fois frustrant et triste.
 
Toutefois, il se redressa regardant autour de lui. Est-ce que Kira allait se manifester ? Il avait réussi sa blague, après tout. Il était plein de boue, et avait perdu son vêtement adoré. Le dieu allait être aux anges.

Starset

Il leva les yeux vers le dieu, et une bouffée d’air rentra dans ses poumons. Il avait réussi ! Il était rassuré, comme si un poids auquel il ne faisait même plus attention venait de s’ôter de ses épaules. Il sourit, ravi, oubliant un peu la mesquinerie du dieu jaune. Il était fier de lui, malgré tout ça, il avait réussi ! Il bomba le torse, ses yeux pâles brillants de fierté. Il n’y avait pas cru, pendant un instant, mais finalement, c’était bien le glowstick jaune qui lui était destiné.

Le dieu dansa autour de lui, ravi de sa blagounette, pendant que Starset était encore sur un nuage. Il était tellement heureux qu’il en avait oublié qu’il était plein de boue. Il en rayonnait presque, et il attrapa le pull, sur lequel était serti une petite bague en or, qui brillait d’un feu doré. Il était enfin disciple de Kiro ! Il avait une place dans la meute !
La vie s’ouvrait à lui à présent, il allait pouvoir découvrir son pouvoir, aller de l’avant.

Il attendait cela depuis si longtemps, il avait profondément hâte.

Il se retourna, toujours souriant, et prit la route de la mer. Une petite toilette s’imposait, puis il enfilerait son pull, et rentrerait fièrement à la maison, chez lui. Il avait encore tant de choses à faire dans ce monde, tant de loups à rendre heureux, tant d’enfant à voir sourire. Ce glowstick était un petit pas de plus vers la réussite, mais un jour, il pourrait aider tout le monde.
Il en était persuadé.