D'un Alpha à un Dieu [PV Ao]

Il ferma les yeux, près de la fontaine qu'il avait esquivé des lunes et des lunes. La déesse lui en voulait surement mais il n'avait pas pu. Il revoyait, il pensait même la sentir, celle qu'il avait connu ici. Celle qui l'avait guidé chez les Lazulis. Gloriel laissa un larme lui échapper tandis qu'il se remémorait cet endroit habité autrefois par la défunte Neït. Il espérait chaque jour qu'elle puisse enfin trouver le repos et la paix qu'elle avait désiré durant ces dernières années, à s'aigrir loin de tout. Elle n'avait désormais plus aucun tracas, du moins il l'espérait. Lançant un regard vers l'extérieur, il lâcha un profond soupir mêlé à un couinement. La vie devait continuer. Elle n'allait pas s'arrêter pour la mort d'un proche et le gris devait faire avec. Aujourd'hui, il était seul. Il avait blessé Astralys par sa lâcheté, par son erreur de sentiment. Oh il allait être père et c'était sans doute la seule lumière au tableau de son existence actuelle mais pouvait-il dire qu'il était réellement en couple avec Anianka ? Il était rempli de doute. Il ne savait plus vers quoi guider la meute. Il ne désirait nullement une guerre mais les Raeders avaient sacrifié des siens, avaient dérobé un bien sur l'île de la Déesse Moiro et s'en étaient repartis tels des mirages en emportant Méluciole.

Cette pensée lui fit chasser tous ses songes. Il n'avait pas le droit de douter. Il avait envoyé un petit groupe dirigé par Teddy sur Morne-Oeil pour récupérer la petite. Lui, il avait aussi à faire. Gloriel n'était pas rentré comme convenu au Gouffre aux Faucons. Il n'aurait pu envoyer un détachement chercher le petit groupe. Les Lazulis étaient faibles. Ils accueillaient que trop de jeunes et envoyer des guerriers aider les autres étaient risqué. Et puis, le balafré devait faire confiance à ceux qui filaient vers le danger. Il ne savait pas ce qui les attendaient mais il pria de toutes ses forces les Dieux de toutes meutes de ramener les siens sains et saufs. Quant à lui ... Il était temps. Il ne pouvait plus diriger seul. Il n'en était tout simplement pas capable. Il le savait et non pas qu'il doutait de lui-même, il sentait que le Clan demeurerait incomplet tant qu'il serait le seul à les guider.

Il ferma un instant les yeux. Pour le moment seul Anianka s'était ouvertement présentée comme possible candidate mais le loup, malgré les sentiments qu'il avait pour elle, ne la désirait pas comme reine à ses côtés. Oh il était loin d'être sot et avait compris qu'elle manigançait dans l'ombre. De plus, elle semblait respirer que par la guerre, ce qu'il désirait éviter plus que tout autre chose en ce bas monde. La louve nourrissait des desseins qui feraient chuter les siens. Mais qui choisir d'autre ? Il avait beau retourner encore et encore la question, il ne pouvait imposer le pouvoir à un loup. Il devait donc demander de l'aide à la Dragonne. c'était tout ce qui était en son pouvoir pendant que d'autres risquaient leur vie.

« Bonjour Dame Ao, lança-t-il, se rapprochant de la fontaine et posant son regard de glace sur la statue de la déesse. Je ne vous ai guère oubliée malgré mon absence à vos côtés.

Il garda le silence un moment, se voûtant sous le poids des souvenirs liés à son absence. Il ravala un souvenir de Neït. Il ne devait guère penser à elle ... pas maintenant. Mais il avait beau dire, elle revenait sans cesse le hanter et pour cette fois, il se laissa du temps. Du temps pour se rappeler son amie, de ses blagues de mauvais gout, leurs éclats de rire. Il esquiva un sourire et il se redressa, retrouvant son aplomb. Il ne devait pas flancher. Ni pour les Lazulis, ni pour elle.

« Sir Astaroth a décidé de cesser de guider les Lazulis. A l'heure actuelle, je suis le seul alpha mais notre clan s'effrite. Je ne peux continuer à le gouverner seul. Non que je doute de moi mais je le sens. Les Lazulis ne doivent guère être diriger par un mais par deux loups. Malheureusement, peu de loups semble vouloir se hisser à ce rang. La seule candidate que nous avons est, à mon sens, celle qui est le plus à même d'engendrer la déchéance de notre meute.

Son coeur se serra de dire cela mais il ne devait laisser place à l'amour qui lui portait. Anianka n'avait pas les épaules pour ce grade ou du moins si mais pas pour gouverner les Lazulis.

« Je ne sais donc plus quoi faire. Laisser Anianka monter et risquer de mener les nôtres en guerre ? Ou imposer ce rôle à un loup de mon propre chef ? Il marqua une pause. Ses yeux ne quittèrent alors plus la statue de la déesse. J'aimerai que ce choix repose sur votre jugement. Comme vous l'aviez fait avec Sir Mido et Dame Moiro lors de la création de la meute ou encore lorsque je fus choisi comme alpha.

Il se tut, attendant des nouvelles de la Dragonne, espérant qu'elle puisse une nouvelle fois guider les siens.

Il avait patienté. Des minutes puis des heures. Le matin était déjà levé et la déesse n'avait guère montré le moindre signe de présence. Il ferma un instant les yeux. Il soupira et il se releva, s'ébrouant pour chasser la raideur de ses membres. Gloriel fixa la statue, son regard n'exprimant plus aucun amour mais qu'une certaine froideur. Il avait perdu son temps. Il avait préféré voir une déité silencieuse plutôt que d'aller veiller sur les siens. Il avait fait fausse route en venant ici. Après tout, la Dragonne n'aidait pas. N'avait-elle pas rien fait pour épargner ou même avertir d'autres loups afin de sauver Neït ? Elle avait laissé sa prêtresse aller s'abandonner à la mort, servant de sacrifice pour des loups qui venaient de bafouer les Lazulis et pis encore, l'île où résidait la Tigresse. Les paroles de Mozarthamès lui revinrent en tête ... le jeune loup était rempli de haine envers les puissances divines mais comment lui en vouloir ? Il avait perdu sa mère et maintenant ses mots païens vibrèrent dans le coeur du Balafré.

« Je vois. C'était donc une erreur de venir ici.

Il soupira une nouvelle fois. Son glowstick brillait faiblement tandis qu'il commençait à perdre sa foi envers la Bleue. Qu'attendait-elle de lui ? Ou même de tous ses disciples ? Elle ne semblait guère vouloir porter un regard bienveillant sur la meute. Un Alpha venait la voir et elle demeurait silencieuse. Peut être désirait-elle le punir de son absence ? Mais n'était-elle aussi punissable pour avoir abandonner Neït qui avait de nombreuses fois demandé conseil ? Gloriel avait été sot. Si un Dieu ne prenait pas la peine de se confier au prêtre à ses côtés, pourquoi le ferait-il auprès d'un simple Chef de meute ?

« Je guiderai donc seul les Lazulis.

Il se refusait de gouverner avec Anianka, la seule candidate. Il préférait se ruiner la santé que de voir la future mère de ses enfants accéder au pouvoir. Il n'était pas désireux de la guerre qu'elle convoitait. Il devait tout faire pour l'éviter.

« J'espère que vous serez plus bavarde avec Sir Avalon que vous ne l'aviez été avec Neït. Ou avec moi aujourd'hui.

Il lança un dernier regard à la statue puis il se détourna d'elle. Il s'éloigna, décider à s'en aller. Il avait un clan à prendre en main. Seul.