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| Un lion dans la volière | Libre & Yurai | |
| Auteur | Message |
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Ehnala » Coriace
» Nombre de messages : 6395 » Age : 29 » PUF : Nala » Date d'inscription : 24/05/2010 » Personnages : ~
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| Sujet: Un lion dans la volière | Libre & Yurai Mar 03 Sep 2019, 08:25 | |
| La nuit était tombée depuis un bon moment déjà. Une lune rousse teintait le ciel et les terres de coloris moins froids qu'à son habitude, diluant du bronze et de l'ocre dans l'argent de leur robe nocturne. Au creux du Dédale, là où a lumière d'aucun astre ne venait troubler le repos des Nakhus, une lourde silhouette blanche se tenait éveillée, la tête posée sur ses pattes et les yeux ouverts en une fente. Ce soir-là, le jeune loup ne parvenait pas à trouver le sommeil. Cela faisait quelques lunes déjà qu'il était apprenti du loup Volstein et qu'il faisait son possible pour s'intégrer aux Nakhus, pourtant il devinait sans peine ce qui traversait tous les esprits lorsqu'on le voyait. Comment était-ce possible ce que fusse lui, le loup venu des mers, fils de ces pirates haï de tous sur le continent, qui pouvait avoir été élu par Yurai. Volstein lui répétait qu'ici, chacun avait foi en le jugement de la déesse et en ses choix, mais à mesure qu'il découvrait les moeurs des Nakhus, il se demandait comment il était possible qu'il en soit l'élu.
Il avait l'impression de vivre une seconde vie tant son existence avait changé du tout au tout en un instant, en un choix fatidique. Bien-sur, il était arrivé plein de méfiance et de certitudes, mais il devait bien admettre qu'elles s'effilochaient au fil des jours, que le doute s'installait. Les Nakhus étaient bien différents des pirates, mais d'une certaine manière, ils avaient plus en commun que ce qu'on avait voulu lui faire croire. Si les uns prônaient la férocité et les autres la paix et la sagesse, les principes fondamentaux étaient les mêmes : la meute était une famille, où chacun veillait sur les autres et sur les trésors du groupe. Ici le chef était respecté sans faire montre de la moindre violence, parce que l'incarnation de la sagesse l'avait désigné. Ajani en était resté perplexe au début, lorsque Volstein lui avait simplement affirmé que si un loup se battait pour être chef Nakhu, sans doute ne méritait-il pas de l'être. Il avait longuement médité sur cela ensuite, les jours suivants.
Tout cela paraissait presque... trop beau pour être vrai. Etait-ce possible qu'il ait été désigné par cette entité pour devenir un exemple de sagesse pour tous, ambassadeur de la paix entre les meutes et de la tempérance. Etait-ce parce qu'il avait grandi dans un milieu chargé de haine et de violence que la Corneille avait envoyé à Volstein une vision ? Il ne tenait plus et finit par se lever. Sa haute silhouette, dépourvue de cape pour expliciter aux autres son rang d'apprenti, se redressa en frôlant le plafond de la grotte où il dormait, et d'un pas le plus discret possible compte tenu de sa carrure, il entreprit de marcher vers la sortie.
L'air frais de la nuit le saisit et il inspira profondément en fermant un instant les yeux, en haut du large escalier. Il n'y avait qu'une seule personne capable de répondre à ses plus profonde interrogations, et ce même s'il ne les posait pas apparemment. Pour la première fois depuis son arrivée, il avait véritablement envie de croire à l'existence de cette dénommée Yurai, de cette déesse qui veillait sur la meute et aurait donné un coup de patte dans son destin. Il avait toujours été déchiré entre deux mondes, celui des pirates qu détestait le continent et celui du continent qui détestait les pirates. Il avait vu le monde des Raeders, où le sang, l'alcool et l'eau salée coulaient à flots. Il avait vu les sacrifices et les trésors rutilants. La vie lui offrirait-elle la chance de voir autre-chose ? D'avoir un autre chemin à prendre ?
Il pénétra d'un pas lent dans l'Eglise aux Corneilles, sous le regard inquisiteur des oiseaux qui y somnolaient. Ses pas et sa respiration paraissaient revenir à lui en un millier d'écho depuis les grands espaces entre les hautes colonnes. Même pour lui qui avait connu les immenses grottes de Morne-Oeil, cet endroit était impressionnant. Il respirait une majesté impossible à décrire avec des mots qui le rendait à la fois intimidant et rassurant. Volstein lui avait dit que Yurai était comme une mère pour les Nakhus, à l'écoue, douce, mais également juste et sévère si le besoin s'en faisait sentir. Ajani ne pouvait vraiment comprendre ça, car il avait grandi sans présence maternelle, sans présence féminine même au-dessus de lui pour lui donner cette sensation. Il y avait eu son père et Creek pour le mentorer, et lui avait eu sa petite soeur à protéger.
Son pelage se para de reflets violacés alors qu'il s'approchait du fond de l'Eglise, où se trouvaient la fontaine lumineuse et la haute statue de la Corneille. Il s'immobilisa face à elle, son regard de glace braqué sur les prunelles de pierre de l'entité. Il ne put s'empêcher de lui adresser une salutation de la tête, qui se voulait respectueuse, avant de s'asseoir face à elle. Il ignorait complètement comment s'adresser à un dieu, comment... prier, comme ils disaient ici. Alors il ferma le yeux et murmura :
"Bonjour, déesse Yurai... Je suis Ajani, mais je crois que vous me connaissez déjà. C'est ce que dit Volstein, votre Prêtre." Sa voix était un souffle inaudible pour quiconque se serait trouvé trop loin. "Moi je ne vous connais pas vraiment. On m'a dit que vous m'avez choisi... Est-ce la vérité ?"
Il avait relevé le regard, avec une lueur d'espoir.
"Est-ce ici ma place ?"
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| | | Aiiro » Débutant
» Nombre de messages : 251 » Age : 44 » Date d'inscription : 29/11/2015
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| Sujet: Re: Un lion dans la volière | Libre & Yurai Mar 10 Sep 2019, 19:14 | |
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La lumière qui inondait l'endroit se composait d'une dualité, le rouge de la lune rousse qui filtrait à travers les vitraux, et le pourpre royal de la fontaine. Peignant les formes sobres de l'édifice, les deux couleurs se jouaient d'un courant artistique abstrait, tranché, brut.
Quand une teinte de blanc d'ajouta au tableau, l'image fut changée pour toujours.
Petit à petit, la lueur vermeille de l'astre lunaire se vit recouverte. De quelques traits de pinceau plus forts, le violet devint plus appuyé, plus lumineux, bien plus présent. Il engouffra tout le reste, immergeant même l'individu qui s'était invité sur la toile ; sa couleur était désormais faite de parme.
Une nouvelle application de peinture, et la statue se fit moins esquissée, plus aboutie, tout en courbes et en douceur. L'espace d'un instant, l'œuvre se figea, pour que le regard d'un violet vibrant de la déesse ne semble s'attarder sur le loup blanc en face d'elle, puis ne regarde l'horizon en brillant plus fort l'espace d'une seconde.
Puis, comme si le croquis avait suivit le final, elle se dédoubla. Deux représentation de la corneille entourèrent le lion blanc.
Assises de ses deux côtés, se reflétant, elles ouvrirent la gueule en même temps, et une voix dédoublée même si infiniment douce, traça ses mots dans la scène dépeinte.
"L'est-elle, Ajani ?"
Celle de gauche parla ensuite, seule.
"Par le passé, les oracles furent nommés par mon soin, nommés directement. Il était ainsi décidé de celui que je voyait comme le porteur de ma sagesse. Le premier endossa ce rôle jusqu'à son trépas." La statue de Sarcan se retrouva brossée de pourpre, pour la souligner Celle de droit pris la parole à son tour.
"Aujourd'hui, Volstein pense à un avenir sans le rôle d'Oracle, auprès de sa compagne. Il a combattu dès sa nomination, et a vu en lui des images qu'il a conclut être ma voix pour choisir le porte-parole de l'humilité."
La déesse de gauche s'exprima. "La tradition." Celle de droit. "Ou le changement."
Elles s'éloignèrent d'un pas toutes les deux.
"Quelle est ta sagesse, Ajani ? Quel chemin penses-tu être le bon ?"
Et elle attendirent, en silence.
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| | | Ehnala » Coriace
» Nombre de messages : 6395 » Age : 29 » PUF : Nala » Date d'inscription : 24/05/2010 » Personnages : ~
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| Sujet: Re: Un lion dans la volière | Libre & Yurai Lun 23 Sep 2019, 22:38 | |
| Il se passa un instant durant lequel le temps sembla se suspendre. Parfaitement immobile, ses prunelles accrochées à la statue de pierre, Ajani ne perçut pas tout de suite le changement de lumière qui adoucissait les formes dures des pierres alentours. Ce ne fut que lorsque le décors se teinta franchement que ses yeux s’agrandirent légèrement, alors qu’il avait dans la nuque ce fourmillement, cette sensation qu’un regard s’était posé sur lui, qu’il réalisa ce qui était entrain de se passer. Il y avait un monde entre écouter les récits, les légendes, les histoires contées par tout un chacun, et vivre réellement ce qui pouvait être l’une d’entre elles. Si Ajani croyait bien volontiers à l’existence des dieux, de par sa curiosité naturelle et son esprit ouvert, rien n’aurait pu le préparer à cette première rencontre. Il n’avait pas été élevé dans un milieu où l’on vénérait qui que ce soit. Il avait observé à distance la dévotion des Nakhus envers Yurai, envers cette entité dont il entendait tant parler mais brillait par son absence dans son quotidien.
En un instant, tout cela fut oublié, renversé, alors que la statue devant lui se parait de lumières et quittait sa peau de pierre. L’image se grava dans l’esprit du loup blanc, sans qu’il fût capable d’exprimer exactement ce qu’il ressentait. Il vécut sans doute pour la seule fois de son existence purement l’instant, cet instant de fracas entre les deux mondes qui étaient les siens. L’apparition d’un être qu’une moitié de son être devait adorer, que l’autre devait haïr. Que son mentor Creek méprisait. Que son mentor Volstein considérait comme le guide de son existence. Tant de choses opposées étaient incarnées dans cette silhouette de lumière qui se dessinait devant lui. Elle paraissait irréelle tant elle irradiait de couleur et de clarté, et l’éblouissement força les prunelles claires du jeune loup à se plisser. Il ne les referma pas cependant, les garda accrochées en un maelstrom d’émotions à celle qui se tenait devant lui. Yurai.
Elle ressemblait à une louve. Ce fut la première pensée claire qui effleura l’esprit d’Ajani alors que l’apparition tournait son museau vers l’extérieur, comme si elle contemplait la terre, le monde des mortels après un long sommeil. Il ne s’était jamais demander à quoi pouvait ressembler un dieu. Il était si étrange que cette déesse soit ainsi semblable à ses disciples. Son enveloppe charnelle était d’une perfection que sans doute aucun vivant atteindrait jamais, mais il y avait dans cette forme une familiarité qui la rendait un peu lupine. Ceto, la créature apparue depuis l’océan, était bien loin d’être un loup. Et cette constatation allait éveiller une myriade d’interrogations dans l’esprit d’Ajani, quelle que fût l’issue de cette rencontre. Si les dieux ressemblaient tant aux loups, ou les loups aux dieux, n’était-ce par pour une raison ? Quelle pouvait-elle être ? Les loups, les tout premiers loups, étaient-ils nés des dieux ? Avaient-ils été modelés par eux à leur image ?
Avant qu’il ne puisse concrétiser la moindre supposition pour répondre à ses questions, le jeune loup vit la silhouette devant lui se fondre, se dissoudre, s’éclater en deux formes identiques qui s’arrachaient l’une à l’autre dans un effet presque incompréhensible. Il vit la déesse devenir deux divinités jumelles qui posèrent leurs quatre yeux luminescents sur lui, avant d’enfin descendre de leur promontoire. Elles vinrent toutes deux s’asseoir autour de lui à une distance si juste qu’il ne pouvait en voir qu’une seule à la fois. Il n’osa pas reculer, ne bougeait pas, comme s’il craignait de briser le charme. Son museau alla vers la droite, puis vers la gauche. Et plutôt qu’une réponse, Ajani obtint une nouvelle question.
La voix s’éleva ensuite à sa gauche, lui faisant d’instinct tourner le museau. Il écouta avec attention, et un infime hochement de tête. Volstein lui avait raconté l’histoire de la création des Nakhus et il savait que c’était la déesse elle-même qui était venue sur la terre des mortels pour le nommer, ainsi que son successeur. Les mots de la voix à sa droite furent plus inattendus. Bien-sûr, Ajani n’ignorait pas que Volstein avait une famille. Il avait rencontré sa compagne Hannah et leur petite fille Kerguelen. Les mots que la divinité utilisa jetèrent un frisson imperceptible dans le dos du loup blanc. Les images qu’il a conclu être ma voix. Cela voulait-il dire que ce n’était pas la vérité ? Que la vision de Volstein pouvait ne pas avoir été envoyée par Yurai ? Il cilla une fois, le regard toujours sur celle de droite.
Il ramena son museau au centre alors qu’elles parlaient chacune leur tour, et son regard se riva sur la fontaine colorée, au centre des hauts piliers de l’Eglise. La tradition. Ou le changement. C’était donc au centre de cette balance qu’il se trouvait, sur l’un de ces deux plateaux qu’il devait apposer l’une de ses pattes. Entre ces deux routes qu’il devait choisir, l’une d’entre elles le menant à acquérir le rang qui lui paraissait destiné, l’autre à rayer de son avenir cette possibilité. Une part de lui cependant, restait dans l’incompréhension.
Il tâcha de réfléchir calmement, et se permit l’audace de fermer les yeux. Chez les raeders, il avait constaté combien la tradition avait enterré le groupe dans lequel il était né, et combien le changement lui avait été bénéfique. Lui-même avait décidé de rompre avec une partie de lui-même pour suivre Volstein, et rejoindre les Nakhus. Ce qu’Ajani ignorait, c’est qu’il avait été destiné, pendant un temps, à devenir ce fils adoptif du loup blanc. Si tout s’était bien déroulé, sa mère les aurait déposés, Limule et lui, sur ces terres paisibles où ils auraient été élevés. Le changement qu’il avait provoqué n’était, vu sous un certain angle, qu’un retour à ce qui était dans l’ordre des choses. Il était lui-même enfant hybride de ces deux options, d’un choix impossible à faire.
L’ère était indéniablement au changement sur le continent. De nombreux bouleversement agitaient les meutes, les rumeurs murmuraient que des tensions toujours plus grandes naissaient entre chacunes d’entre elles. Les Raeders avaient versé dans un immense vase de rancune les quelques gouttelettes de trop, et maintenant il se déversait sur tous. Les Nakhus ne seraient certainement pas épargnés, et avaient déjà commencé leur douce évolution. Cependant…
Yurai était là, devant lui. Elle lui était apparue alors qu’il aurait été si facile de simplement le renier dans un dur silence. Comme pour les autres oracles avant lui, elle lui faisait cadeau de sa présence en ce jour où il voulait être certain du chemin sur lequel on voulait le mener. Elle portait avec elle l’écho de cérémonies passées, dont les récits dansaient aux oreilles d’Ajani. A cela près qu’aucun des précédents nommés n’était venu à elle en sachant ce qu’il adviendrait de lui. Peut-être le simple fait de se croire destiné l’en rendait impur, songea-t-il. Le doute galopait dans son esprit. Il s’efforça de rester calme, ses prunelles claires soigneusement scellées sous ses paupières de neige. Une question demeurait.
Pourquoi fallait-il choisir ? Pourquoi la tradition et le changement ne pouvaient pas aller de paire ? Ou peut-être… Peut-être était-ce tout simplement là la réponse. La déesse s’était scindée en deux pour s’adresser à lui, mais elle n’était qu’une. Ces deux silhouettes n’étaient que deux faces du même être. Cette pensée lui fit soudain réaliser quelque-chose. Car lui-même était un être double-face, ni vraiment des terres, ni vraiment de la mer. Il avait toujours été effrayé par cette identité incertaine, toujours eu l’impression de devoir être le champ de bataille de deux origines à jamais destinées à s’opposer. Peut-être tout simplement qu’il lui fallait accepter le fait qu’elles ne fassent qu’une en lui, qu’elles s’étaient unies pour lui donner naissance car les choses étaient ainsi. Il était à la fois continental et fils de l’Océan. A la fois Raeder et Nakhu. Il pouvait aller de l’avant sans renier son passé, ni même une part entière de ce qui le constituait. Ses yeux s’ouvrirent de nouveau.
Il esquissa un pas en arrière, puis un autre, et ce jusqu’à ce que les deux silhouettes soient dans son champ de vision.
“Aucun ne l’est…” Murmura-t-il. “Et pourtant les deux le sont.”
Il posa le regard sur le piédestal vide où devait se trouver la statue de pierre, lorsqu’elle n’était qu’une, puis ses yeux glissèrent à droite et à gauche, sur les incarnations lumineuses de la Corneille.
“La tradition ne doit pas rejeter le changement, et le changement doit respecter la tradition. Ainsi, ils ne font plus qu’un. Tout comme vous.”
Il eut peur un instant de se montrer trop téméraire, mais les paroles de Volstein lui revinrent et apaisèrent cette crainte. Les dieux savaient lire en les mortels, connaissaient leurs plus profondes pensées, peut-être même leur passé et leur avenir. Il ne fallait pas craindre d’être jugé sur ses paroles face à eux, car lorsque l’on ouvrait les babines pour les prononcer, elles avaient déjà été entendues. Il se contenta d’inspirer profondément, laissant ses épaules retomber légèrement. Devait-il en conclure lui-même la réponse à sa question ? Elle semblait être tout simplement qu’il n’était pas plus destiné qu’un autre loup à devenir Oracle. Mais il le pouvait, en faisant montre de la sagesse et de l’humilité nécessaire, en choisissant la voie qui l’y mènerait naturellement, sans rien attendre de plus. Et surtout, il devait accepter le loup qu’il était sans être pétri de doute à chaque instant. Il aurait au moins retenu cette leçon.
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| | | Aiiro » Débutant
» Nombre de messages : 251 » Age : 44 » Date d'inscription : 29/11/2015
» Feuille de perso' » Points: 0
| Sujet: Re: Un lion dans la volière | Libre & Yurai Dim 20 Oct 2019, 19:09 | |
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De réponse, il n'y avait de mauvaise. Seulement une décision à prendre. La tradition, ou le changement. Rester sur les usages des premiers pas, ou marquer les premiers changement vers un lendemain nouveau pour cette meute.
« Nous sommes la somme de nos choix mais aussi de non non-choix, Ajani. »
La déesse lui revient. Elle reste assise, sur son piédestal. Elle avait lu en lui. Saisi ses doutes. Ses aspirations. Il n'y a sur son visage que le calme d'apparence, une douceur qui se dessine dans la le violet immaculé des yeux.
« Il n'y avait de mauvaise option, entre tradition et changement. Libre à toi de mêler les deux, mais sache que le changement apporte toujours de nouvelles traditions : il faut savoir, un jour, se détacher de ce qui a été construit pour marcher sur un sentier vierge, là où nos maîtres et mentors n'auront semés leur influence. Pour, alors, devenir nous-même entier, sans oublier le chemin parcouru avec eux. »
Les mots étaient fluides, venant aux oreilles blanches du mâle comme une douce brise marine. Elle avait cependant besoin d'une certitude, même si elle la ressentait. Les mortels étaient des êtres imprévisibles, dont les agissements spontanés pouvaient même échappés aux divins.
« Je sens tes doutes et tes hésitations. Ils peuvent être force, mais veille à ce qu'ils te poussent dans la bonne direction. On te destine à devenir Oracle, Ajani, et cette place ne te reviendra que si tu la désire et l'accepte toi. Si tu venais à la prendre, tu deviendrais ma voix et je saurais si tu l'emprunte à bon escient, tout comme je serais là pour te guider. Je deviendrais ton sentier vierge. »
La déesse accordait foi et confiance en ces Oracles, mais le Lion blanc avait encore à lui prouver bien des choses. Il devait dissiper ses doutes, il devait apprendre à savoir qui il était vraiment. A trouver là où était sa place. A veiller sur sa meute.
« Le dénouement de ton épreuve ne sera rendu aujourd'hui, Ajani, mais pourtant c'est aujourd'hui qu'elle commencera. Je veux voir la façon dont tu prendras soin de notre meute. Je veux que tes intentions deviennent sages et justes. Je veux que tu pousses ta réflexion sur toi-même. Je veux que tu deviennes adultes, puisses-tu alors revenir me voir. Et, enfin, de savoir si Oracle tu étais prédestiné à devenir, en changeant comme j'ai pu le faire. »
Le sourire est chaleureux, poser les yeux sur celui-ci fait lever en ce mâle devant elle une émotion puissance de bienveillance. Et la déesse redevint statue, la statue ne cessant de sourire pour autant.
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