Aurevoir lointain [Raison]

[Je vais écrire à la première personne pour Crystal à partir de maintenant. Aussi, prenez en note que ça se passe le lendemain de la disparition de Koellya]

Mes pattes se posent avec joie sur mon lit douillet, la fatigue rendant mon corps lourd. La journée avait été très intéressante, mais aussi épuisante. Pour une rare fois, j’avais délaissé mon père, préférant retrouver Horus, mais celui-ci était introuvable. Il était sans doute chez les Etelkrus. Tant pis! J’avais alors décidé d’explorer les terres Nakhus une partie de la journée et l’autre, de lire des livres dans la bibliothèque. Je n’étais revenue que très tard le soir, le soleil s’étant couché depuis quelques heures. Sans attendre, je m’étais dirigée vers le petit tas de feuille, de mousse et de branches que j’avais ramené de la forêt. Sans aucune douceur, je m’étais laissé tomber dessus et m’étais endormis instantanément, oubliant la faim qui faisait gronder mon estomac.

Le lendemain, lorsque je m’étais réveillée, j’avais regardé autour de moi, perdue et confuse, mes rêves ayant été peuplé des nombreux livres que j’avais lu. Il m’avait fallu quelques minutes avant de me lever et de m’étirer, mes muscles étant un peu endormis de ma promenade de la veille. Puis, je posai une patte hors de mon lit et un bruit de papier me parvint, me faisant baisser le regard. Là, sous ma patte se trouvait une feuille froissée, des marques de dents et quelques tâches de sang s’y trouvant. Intriguée, je la reniflai avant de comprendre que cette lettre provenait de ma mère. Sans attendre, je l’ouvris, le battement de mon cœur s’accélérant alors qu’une vague d’espoir enflait en moi. Pourtant, il sombre aussitôt lorsque je commençai à en faire la lecture. Je voulais arrêter, mais quelque chose m’en empêchait. Je devais lire! Tout lire! Tout comprendre!

Mon corps vacilla brusquement sur les cotés alors qu’un étourdissement intense me prenait, me donnant l’impression que j’allais perdre connaissance. Non! Pas sa! Comment avait-elle pu faire sa? Je…Je croyais que c’était sincère! Que sa promesse allait être réalisée! Comment? Pourquoi? Je sentis mes pattes se dérober sous moi et je gémis. Mon cœur se serra de douleur et le désespoir m’envahis. Je ne comprenais pas! Je ne comprenais plus! Comment? Pourquoi?

Je restai immobile, le corps figé dans une position grotesque. Mes yeux étaient fermés tandis que les larmes dévalaient mes joues librement. Je reniflais, pleurais, alors que mon cœur se serrait douloureusement à la pensée que je ne la verrai plus jamais et qu’elle me détestait. C’était horrible! Je n’arrivais pas à prendre la nouvelle, je refusais d’y croire malgré la lettre et l’odeur reconnaissable entre mille de ma mère.

Au lointain, j’entendis des voix qui me parvinrent comme un murmure. Je ne cherchai pas de qui cela pouvait être, préférant ramener mon corps en boule, cherchant à me faire toute petite. Je devais me faire oublier. Après tout, j’étais une impure, une créature qui ne devait même pas voir le jour. J’étais une catastrophe ambulante qui ne faisait que poser des questions incessantes. Je ne valais rien. J’étais ingrate de cette vie, de mon père, de Yurai. Personne ne pourrait comprendre une sang-mêlée comme moi qui est née de la haine et d’un… viol. Je n’avais pas de raison d’être.

Un sanglot étouffé s’échappa entre mes crocs serrées, poussant les larmes à sortir librement après quelques minutes de répit. Ses larmes qui goutait le sel, qui me rappellais sans cesse que je ne devais pas naître. C’était lamentable. J’étais lamentable. Ma naissance avait poussé ma mère à la haine, au silence et à l’envie de me tuer. C’était de la folie. Je fermai les yeux sans même me rendre compte que je les avais ouvert, ne voulant pas voir la silhouette qui s’approchait de moi, sans doute inquiet de me voir dans cet état. Peu importe, je m’en fichais royalement.

Je serrai un peu plus les crocs, tentant d’étouffer mes pleurs qui ne voulaient cesser de couler, me questionnant sur le pourquoi du comment, me demandant pourquoi ma mère… non Koellya ne m’avais pas tuer durant sa grossesse. Je me demandais pourquoi j’avais survécu jusqu’à aujourd’hui, qu’est-ce qui allait se passer maintenant et surtout c’était quoi un Raeder? Qu’est- ce que sa faisait? Est-ce que je devenais une paria, une folle? Une louve à tuer? Une louve à bannir? Yurai et les autres allaient-ils accepter la vérité? Qu’allait il se passer? J’angoissais terriblement, mon ventre se tordant de manière désagréable qui me fit vomir un repas très lointain. Je me dégoutais.

C’était sans doute de cette manière qu’ils allaient me voir. Ils allait me voir comme une louve dégoutante qui n’avais pas de raison pour vivre ou pour être dans cette meute. J’étais… j’étais une louve qui ne devait… pas…

Je gémis une nouvelle fois alors que l’odeur agressante du repas que je venais de rendre me donnais mal au cœur. À moins que ce ne soit moi qui me donne mal au cœur? Tout ce que je savais c’est que ma place n’était pas ici. Je n’étais pas digne d’être ici, pas digne d’être la disciple de Yurai, pas digne d’être la fille de Raison, pas digne de rien. Où irais-je alors? Je ne pouvais pas aller sur le territoire de cette meute. Je ne savais rien d’eux et ils ne m’accepterais surement pas. À moins que ce soit un complot? À moins que c’est une mise en scène?

Désespérer et sur le point de faire une crise d’hyperventilation tant je respire vite et mal à cause des larmes, je tente de me relever, cherchant la feuille du regard, souhaitant ardemment que tout ceci soit une mise en scène ou un rêve. Un très mauvais rêve, mais un rêve.  Lorsque je la repère, je tente tant bien que mal de me diriger vers celle-ci, mais mon corps ne veut pas bouger, la terreur et la tristesse paralysant mes membres. Dans un geste presque rageur, j’allonge une patte, tentant de l’agripper pour la ramener vers moi. J’y parvins, mais maintenant, même ma patte ne veut plus bouger. Je me contente alors de la relire, coincé dans l’étrange position dans laquelle je me trouve, cherchant le mensonge derrière les mots écrite.

Pourtant. Pourtant, tout ce que je lis me donne l’impression que c’est la pur vérité, que cette louve ne m’a jamais aimé, qu’elle voulait me détruire, mais qu’elle était trop faible pour le faire. Je gémis une nouvelle fois lorsque je termine ma seconde lecture. Je refuse toujours d’admettre la véracité des mots écris, même si lentement, ils pénètrent en moi et me fond tomber dans un abysse sans fin. Un cris s’échappe de ma gueule, alors que mon cœur sombre une nouvelle fois, l’espoir le quittant totalement.




Un autre cri sors de ma gueule alors que je me recroqueville un peu plus, les larmes faisant une flaque sur le plancher. Je trouve les mots trop cruels. Beaucoup trop méchant, mais pourtant réaliste. Peut-être? Je doute, je ne sais plus quoi penser. Je veux juste qu’on me laisse tranquille, qu’il n’y ait plus rien devant moi. Je souhaite qu’il n’y ait qu’une étendue de noirceur devant moi. Je veux oublier ce moment. Pourtant…. Pourtant, je ne peux m’empêcher de fixer mon regard sur la feuille et de la relire pour la troisième fois.

[Rp abandonné]