L'appel de l'eau [feat.Sayuri]

Je me sens souvent perdue. Je tangue au milieu de rien, donc au milieu de tout. Dans un surplus de sentiments étouffants qui me noient. Dans les abysses il y a un silence absolument assourdissant qui me fait sourire comme une abrutie. Quand j’y pense, je crois que je deviens un peu dézinguée. J’ignore si cela me va bien. Je me sens juste un peu plus libre de moi-même, d’être vivante et d’être une louve. C’est étrange comme sensation. J’ai traversé tout le continent, sans m’arrêter vraiment, juste pour dormir, et manger un peu. J’ai avancé la tête baissé, comme un taureau qui fonce dans sa cible. Je m’ignorais aussi courageuse. Je me sens plus forte depuis que je sais que Cendrillon est vivant.

Il m’a sorti de mes cendres, et de mon enfer. Je ne me sens plus mourir comme avant. Et je commence à retrouver cette envie pressante de la vie. En arrivant au bord de la mer, un sourire a effleuré mes babines, ses embruns sont venus embaumer mon pelage, et ma queue c’est agitée avec un immense plaisir. J’ai eus la sensation de retrouver une vielle amie. Et cela m’a fait du bien. Je n’ai pas trop réfléchit en plongeant, j’ai traversé le détroit avant d’arriver sur l’île des Pirates. C’est eux que je viens voir. Secouant mon pelage court, je m’éloignais le long de la plage, cherchant âme qui vive.

Alors que je foulais le sable humide, une odeur des profondeurs et de mystère me titilla la truffe. Ce n’était pas désagréable, bien au contraire. Me laissant guider par cette odeur sauvage de liberté, je continuais ma route avant d’apercevoir une louve, une femelle que je trouvais instantanément réellement très belle. J’hésitais une secondes reculant, ramenant mes pattes contre moi. Osais-je ou pas ? Je lançais un regard derrière moi, après toute cette route, retourner en arrière ? Je suis courageuse peut être un peu, mais pas encore tout à fait folle ! Je secouais la tête avant de prendre une inspiration et de me diriger vers la très belle femelle.

« Excusez-moi, bonjour ? »

Tentais-je un peu hésitante ne sachant pas comment l’aborder. C’est moi qui suis étrangère ici, c’est moi qu’on peu chasser à coup de crocs. Alors oui forcément je suis un peu tendu à l’idée de sa réaction. Peut être que je ne pourrais jamais devenir Reader…

En voyant la femelle se tourner vers moi, j’eus la sensation que son corps subissait une souffrance que je ne comprendrais pas avant plusieurs années. Je mis les oreilles en arrière, j’avais entendu son léger grognement et craignait qu’elle ne se montre mauvaise voir agressive. J’étais déjà intimidée et mal à l’aise, alors j’espérais de tout cœur qu’elle n’allait pas se montrer mauvaise ou violente. Je me préparais cela dit à l’agression alors qu’elle venait vers moi. Mais elle dû voir mon stresse et un sourire effleura ses babines. Je n’en fus pourtant pas rassurée plus que ça. C’était peut être une ruse ? Non, Creek n’avait pas été comme ça, il était plutôt franc. Et si les pirates effrayés, ils me paraissaient généralement honnêtes avec eux même. Après je peux tomber sur des cas.

Elle me demanda alors ce qui m’amenais ici, si je m’étais perdue. Je me redressais alors, toujours un peu timide et inquiète. Avant de m’autoriser à m’asseoir, espérant qu’elle en ferait de même et comprendrait donc totalement que je venais en paix et non pour lui faire la guerre. Plus j’avais avancé vers le territoire Readers, plus les claniques et les solitaires s’étaient raréfier, pourtant je n’avais trouvé aucune trace de cadavre ni aucun moyen de dissuadé les claniques. Peut être que la réputation des pseudos barbares les précédés, a moins que les claniques ne soient pas suffisamment curieux pour aller à leur rencontre.

« Je cherchais un Readers, j’aimerais rencontrer leur Capitaine, pour lui demander s’il accepterait de me prendre sur son navire et devenir ainsi un de ses matelots. »

Répondit-elle honnêtement à la femelle en face d’elle. A quoi bon mentir ? Si la louve des mers était une Reader, je serais donc potentiellement une des siennes. Donc autant partir sur des bases nettes et sans zones d’abysses. Juste quelque chose de sain et honnête. Je restais assise dans le sable blanc avant de me demander si j’étais perdue. Non pas vraiment, quoi que. J’arrive toujours pas à me faire à l’idée que mon frère adoré et Reader, et qu’on ai mit tant de temps à se recroiser, au fond ça me déprime un peu.

Je secouais la tête, au fond je ne savais pas vraiment ce que je voulais non plus. Je voulais fuir le continent parce que j’avais toujours peur d’un fantôme du passé. Je n’aimais pas les claniques de manière général. Pour quelles raisons ? Strictement aucune idée… Je voulais être avec mon frère, parce que j’avais enfin retrouvé un membre de ma famille proche ! Et je voulais profiter de la vie que je pouvais avoir avec lui. Mais j’aurais très bien pu lui demander de venir me voir sur l’idée Fantome, mais non j’avais réussi à retenir la proposition du loup Reader que j’avais rencontré il y a longtemps. Lui aussi j’avais envie de le revoir, il m’était très sympathique, ce vieux loup de mer.

Un soupir m’échappa alors que je frottais ma chevelure avec ma patte, détachant immanquablement celle-ci. Je levais les yeux vers une mèche qui tomba sur ma truffe, avec une flemme profonde de me recoiffer correctement. Je reposais mes yeux sur la louve en face de moi.

« Je ne sais pas trop… pourquoi je désir être Reader, mais je crois que c’est la seule véritable envie que j’ai eus depuis très longtemps »

Observais-je. Plus j’y réfléchissais, plus j’oubliais l’idée que mon frère été là, et que le vieux loup sombre et grincheux était aussi de cette patrie. J’avais juste envie d’être des leurs. Parce qu’ils pouvaient aller en mer facilement, parce qu’ils étaient craints mais sympathiques, du moins, pour ceux que je connaissais. Parce que j’avais envie d’apprendre plus de leur coutume, et de me baigner tout les jours dans leur langage de forban qui me semble pourtant chantant. Aussi parce que la mer m’attire, m’obsède, m’angoisse, me fascine et me rend rêveuse et nostalgique. Je crois que je suis un peu paumée encore. Tant pis, je finirais bien par trouver ma réponse a force d’avancer dans cet océan sombre et intrigant.

« Je ne crois pas m’être perdue en venant ici. Mais je pense que je suis encore un peu paumée dans l’âme… »

Avouais-je en souriant un peu à la femelle. C’était vrai j’avais tracé ma route jusqu’ici sans m’arrêter. J’avais fais des efforts pour venir jusque là et j’étais fière d’être arrivée sur cette île. Mais au fond j’étais encore une louve inquiète, craintive, qui ne savait pas trop où était son avenir, et qui se cherchait encore… Parce que je n’ai pas encore eus le droit, d’être moi-même, pendant plus d’une heure, sans avoir de stress ou de peur qui m’écrase l’âme.