Ame Charitable [Feat Raison]

La sensation de cette terre granuleuse et humide sous mon corps m’était très désagréable. Tout comme ces petits pierres rondes et fines qui s’infiltraient entre mes plumes et me démangeaient. J’avais eau secouer mon plumage, le tout était collé contre mes plumes duveteuses. J’avais fini par abandonner la lutte contre cette matière et à sillonner le nouveau paysage sombre qui m’était totalement inconnu. Il fait jour où il fait nuit ? La question me traversa l’esprit une fraction de seconde avant que je ne secoue la tête. Je devais d’abord retrouvé papa et Axel. C’est tout ce qui m’importait pour le moment.

Mais j’avais beau avancé dans ce désert bruyant où la houle me léchait les pattes, je ne les trouvais pas. Levant la truffe, je prit une inspiration avant d’appeler Axel. Mais plus je cherchais plus les souvenirs s’effilochaient. Je me sentais épuisée, et triste. Le cœur lourd et fatigué de chercher des individus dont le souvenir n’est qu’un vague prénom qui se promène en moi. J’étais tout seule ici, j’avais fini par le comprendre. Je ne sais pas faire où allé pour m’éloigner de l’eau, j’ai la sensation de la longer et non de la fuir.

Lorsqu’une bourrasque de vent froid secoua mon pelage un frisson traversa mon corps. Comme si cette brise venait de me glacer le cœur et le corps. M’arrêtant, je mis les oreilles en avant observant l’ombre qui s’étendait autour de moi. Alors je suis réellement seule ? Qu’est ce que je vais devenir ? Est-ce que je vais réussir à chasser ? C’est trop bruyant ici… ça commence à m’effrayer… D’où viens le vent ? C’est lui que je devrais suivre si je veux trouver à manger, mais je ne suis même pas convaincue d’être capable de chasser. L’inquiétude était entrain de m’envahir de me gagner. Les pattes avant tremblante, je me mis à couiner, mon visage se mouillant de larme. J’ai peur toute seule… s’il vous plait ? Il y a quelqu’un ? Je me relevais timidement avant de reprendre la marche, les ailes pendantes autour de mon corps.

« Il y a quelqu’un ? S’il vous plait ? »

Appelais-je avant de me dire que si ça se trouvait j’allais tomber sur des individus violents… J’ai déjà peur quand quelqu’un me cri dessus. Ce serait suicidaire de ma part de faire venir des individus qui me voudraient du mal. En avançant sur le bord de la mer, je sentis la mer couler autour de mes quatre pattes et une substance visqueuse me lécher les coussinets. Un petit cri m’échappa. Je voulu fuir mais me pris les pattes dans mon assaillant et terminais ma course la tête dans les grains de pierres humides qui me collèrent à la truffe et entrèrent dans ma bouche. Les recrachant je me remis à pleurer en me relevant pour me rasseoir, laissant la houle baigner mes pattes.

J’avais les fesses dans le sable fin et mouillé, cette substance visqueuse s’éloignant et revenant sans arrêt. J’avais décidé de l’ignorant, pleurant comme une idiote. J’étais incapable de me reprendre. Je me sentais seule, démunie, perdue, faible, et mal. J’avais envie d’un câlin, juste d’un câlin… Et qu’on me dise que tout ira mieux demain aussi. Mais maman n’était pas là, quoi que, il me semble que maman ne m’a jamais rassurée… Papa alors ? je penchais la tête en reniflant, non papa n’est pas trop là je crois. Est-ce que j’ai une famille au moins ? Et cette pensée je baissais les oreilles, triste, et démunie.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée ici. Mais quand j’entendis des pas et un souffle à proximité, je m’étais vivement retournée vers la terre ferme. Les quatre pattes dans l’eau, ma queue se glissa entre mes pattes alors que mes ailes se repliaient contre mon dos et que je reculais la tête enfoncée entre les épaules, la peur m’envahissant. Où est-il exactement ? Est-ce qu’il va m’attaquer ? Je suis sur un territoire étranger c’est ça ? J’aimerais bien partir, mais je ne sais pas où je peux aller, pardon, pardon, je n’y vois rien et ne je sais pas vers où me diriger pour quitter votre terre.

La voix qui me parvint aux oreilles n’était pas agressive, on m’interpella pour savoir si j’allais bien… Et ce que je faisais là. Je restais plantée dans l’eau, le souffle court, écoutant mon interlocuteur, pas le meilleur endroit pour se promener surtout à mon âge. J’eus presque envie de rouler des yeux, pardon mais j’ai strictement aucune idée de l’endroit où je me trouve. Alors vous êtes bien gentil… Mais j’ai quitté la neige et le froid et j’ai trouvé de l’eau du sable et du vent, j’ai fais comment hein ? Elle est où ma famille ? Est-ce que j’en ai une ? Qui est Axel ? Pourquoi c’est le seul prénom qui me traverse la tête.

« Je… Je crois pas m’être blessée… Ne… vous embêtez pas pour moi. »

Je ne le mérite pas, oh non, tu devrais plutôt aller voir quelqu’un d’intéressant, quelqu’un de sympa aussi, et quelqu’un qui te vois également parce que je sais toujours pas où tu es. A ma droite ? A ma gauche ? Tu es trop loin pour que je perçoive la provenance de ton souffle.

« Je… ne sais pas, ce que je fais ici… Je… Je sais même pas… où je suis. »

Avouais-je les oreilles basses un profond soupir m’échappant. Je fins par bouger, incertaine, sortant de l’eau, avant de tourner la tête des deux côtés et de souffler longuement.

« Je… Si vous me guidez en dehors de votre territoire… Je partirais. Je ne veux pas vous déranger »

Mais je ne sais pas par où aller. Je ne sais pas où je me suis retrouvée, pardonnez moi de prendre un peu de votre temps. Alalala quelle misérable créature je suis. Il faudra vraiment que je fasse attention la prochaine fois. J’ai dérangée un loup bien aimable. Reniflant, j’essuyais ma truffe d’une patte avant de secouer doucement mes ailes pour me réchauffer un peu.

Un mâle, c’était un mâle qui se trouvait à proximité, voix ronde, assez douce mais mature, un adulte sans doute. Sa voix avait quelque chose de rassurant, mais je restais méfiante. J’avais peur, je craignais vraiment ce qu’il pouvait me faire. Il pouvait très bien me rassurer et m’attaquer ensuite en fourbe. Je ne voulais pas être blessée, j’étais déjà perdue, je n’avais pas besoin de souffrir plus. Raison… Nakhus… Ile fantôme, je ne connais aucun de ces mots, ils ne font pas parti de mon vocabulaire. Raison c’est son prénom c’est ça ? Il veut approcher, pour voir si je me suis pas trop blessée, j’ai rien, je mérite pas qu’on s’occupe de moi, j’occupe son précieux temps. Je ne devrais pas, je mis les oreilles vers l’arrière en l’écoutant avant de m’asseoir.

Pourquoi il insiste comme ça. Je ne peux pas arriver comme ça et il me demande si je suis blessée à la tête ? Un grondement m’échappa instinctivement.

« Je ne suis pas folle ! Je ne sais ni comment je suis arrivée là, ni d’où je viens, ma tête se porte très bien ! »


Ralais-je sur un ton vif, en reculant dans une position défensive. Je me sentais stressée, et je redevenais véhémente, j’avais trop peur en réalité. Et j’avais l’impression qu’il me prenait pour une barge. J’allais finir par craquer. J’étais pas bien, j’avais froid, les petits cailloux frottaient sous mes ailes, j’avais mal.

Reculant sous la peur, je m’arrêtais quand je fus trop dans l’eau, avant de renifler et de ne pas être capable de retenir mes larmes et mes couinement. Pourquoi rien ne me venait quand je réfléchissais à ce qui m’étais arrivée, où était mes parents ? J’en avais au moins ? Je reniflais un peu avant de souffler longuement, cherchant à articuler.

« Pa… pard… don… De m’être… Mise en co…lère… je… Je suis… Perd..due puis… Je s…sais pas où je suis… Et où sont… mes parents… Je sa… is mê…me pas… Si j’en…ai »

Articulais-je en pleurant avant de sortir de l’eau et de me mettre en boule sur le sable humide alors que la mer retournait lécher mon pelage. J’étais frigorifiée mais je n’en avais rien à faire. Je ne voulais pas embêter ce loup. Je ne méritais pas qu’il se soucie de moi, surtout que je m’étais montrée méchante avec lui.

« Vous devriez pas… vous occupez de moi… Je le mérite pas »

Les oreilles dressées, pointées en avant, j’écoutais Raison. Comment pouvais-je ne pas le remercier ? Il a été bon avec moi, gentil, presque tendre, et surtout, bienveillant. Je me suis sentie aidée et soutenue alors qu’on ne se connait pas. Cela me réchauffais le cœur, et me faisais du bien au fond. J’étais arrivée dans un univers qui me semblait totalement inconnu et surtout très vaste. Je me sentais acculée par ce territoire nouveau. Mais ce loup là m’avait sorti de mes peurs et de mon angoisse.

Il est… ravi de me rencontrer ? Je dressais les oreilles, remuant vivement la queue. Je n’avais jamais eus ce genre de remarque, je ne pensais même pas qu’on pouvait être content de me connaître. Je n’étais pas sûre que ce soit vrai, mais je prenais le compliment comme il était venu. Une place, dans sa meute… mes oreilles se mirent à l’horizontal alors que je détournais lentement la tête. Je ne veux pas déranger, ni être un problème ou une charge pour eux. Il est déjà tellement gentil de m’avoir aider.

« Je… ne voudrais pas abuser »

Je l’entendis se rapprocher de moi, reculant d’un pas, avant de l’entendre me dire qu’il allait poser sa cape sur mes épaules. Je penchais la tête, il s’inquiète pour moi ? Sincèrement ?! Mais … mais c’est inutile ! Vraiment je ne le mérite pas. Quand je sentis sa cape sur mes épaules je m’enfonçais dedans, humant son odeur avant de sourire.

« Elle est agréable, votre cape, et votre odeur »

Les Nakhus pouvait m’accueillir. Vraiment ? Il pouvait réellement me prendre sous son aile. Sous son aile. A cette pensée un frisson me couru dans le dos, et un souvenir léger, doux et fugace me traversa. A quoi je pensais exactement ? Si je veux venir, je peux. J’hésitais avant de m’avancer vers lui, les oreilles légèrement en arrière avant de m’approcher de l’endroit où je le sentais, lui souriant doucement avant de remuer la queue.

« J’aimerais, vous suivre. Je veux bien apprendre de vous, si vous voulez bien, me prendre sous votre aile. »

Lui dis-je en remuant doucement la queue, l’ayant rejoins. Rejoindre cette meute, apprendre avec lui. Peut être que les choses iront mieux comme ça. Et que ma vie sera belle, et que je pourrais me rendre utile, et contribuer à quelque chose de plus grand que moi.

J’étais bien dans cette cape, alors quand il m’annonça que je pourrais peut être en avoir une pour moi, je dressais les oreilles, un grand sourire aux babines. Moi qui adore me parer et proter des tissus, des étoles ou des bijous. Au oui, cela me plairait beaucoup. Mais encore faudrait-il que j’en sois digne.

« Je… je tenterais d’être digne d’en porter une alors ! »

Lui lançais-je avant de continuer de l’écouter, prête à le suivre, je l’entendis sourire, et lui rendis son sourire en penchant la tête et en souriant de tout mes crocs. Remuant la queue, heureuse de l’avoir rencontrée, même si j’étais gênée par son attitude. Pas parce qu’elle me déplaisait, mais parce que je ne savais pas où me mettre et ne me sentait pas vraiment digne d’autant d’attention et de gentillesse, surtout de la part d’un parfait étranger.

« Merci Raison ! »

Lui dis-je timidement quand il me souhaita la bienvenu avant de le suivre pour aller découvrir ce nouveau monde et cette meute dans laquelle je pourrait peut être vivre et être bien.