Le grand Manitou [Feat.Pepper]

J’avais été tellement surpris ce jour là quand papa m’avait accompagné dehors. Mais j’avais pu confirmer que dehors était vaste, et froid. J’avais passé un bon moment, oubliant durant cette courte période le fait que les autres souffrent facilement, et que je ne comprend rien, mais vraiment rien, à ce qu’ils peuvent ressentir ou espérer. Etendu sur le dos au milieu de la maison, je fixais le plafond trop haut pour mes pattes, mais plus bas que le ciel gris qui m’enveloppait quand j’étais dehors. Du gris, et du blanc. Actuellement les couleurs de mon monde ont exclusivement ses teintes. C’est un peu triste, peut être que les dieux sont maussades en ce moment. Comment les rendre heureux eux aussi ?

La question me traversa alors que je voyais à l’envers une louve passer. Les louves, créature absolument splendide, au caractère généralement plus complexe que les mâles, parfois bien trempés, pour lesquels nous, mâles, nous cassons la tête affin de leur faire plaisir. C’est vrai quoi, il suffis de voir comment elles sont durs quand ça va pas dans leur sens. En plus ce sont des filles qui dirigent ici. C’est vraiment les reines, les femelles. J’avoue que je ne m’en approche pas trop, d’abord parce que je ne comprends rien à ce qu’elles veulent, ensuite parce que je ne voudrais pas souiller de mon caractère des créatures faites par les dieux, inutiles à la naissance d’autres individus, et pourtant bien là, à nous mener à la baguette.

Je me fis rouler sur le flanc avant de regarder la vie de notre grande famille. Mettant les oreilles en arrière quand j’entendis quelqu’un gronder un autre individu. Ils peuvent vraiment pas être gentils les uns avec les autres ? ça ne leur fait rien de voir les regards tristes ensuite ? Ils arrivent à être naturels avec l’autre malgré une dispute ? Comment ils font ?

Alors que je me rasseyais, je vis une des grandes reines qui avait contribué à ma naissance en la demandant à Ptah et Reaper. Oh j’ignore si elle m’aurait choisi si elle avait eut le choix. Mais je me demandais si l’Alpha était quand même heureuse d’avoir plein de marmots dans sa meute. Est-ce qu’elle les aime aussi, ou elle en a rien à cirer ? Je la vis approcher, et en la fixant un moment, je cru qu’elle allait me rentrer dedans, mais en fait non. Je m’assis correctement, par respect, avant de la fixer avec de grands yeux ébaillis.

« Waaaah vous êtes super grande et carrément trop belle »

Remarquais-je les oreilles dressées, fixant mon Alpha. Ouep, trop belle. Bon ok, Ortie c’est la plus magnifique de tout l’univers parce que c’est ma sœur adorée. Mais elle, elle est carrément trop belle. Je me demande si elle a un compagnon, ou si elle n’a personne. Remarque, vu qu’elle est Alpha et vraiment magnifique, personne ne doit être à sa hauteur.

La superbe trop stylée Alpha avait pointée ses oreilles dans ma direction avant d’y tourner la tête, mais j’eus l’impression très rapidement, qu’elle ne me distinguait pas complètement. Penchant la tête, je me mis à agiter une oreille calmement avant de rabattre ma queue de reptile contre mon corps. L’entendant pouffer en me disant que mes paroles, c’est mignon. Elle l’a mal prit ? Ou ça lui fait plaisir ? J’y comprends rien. Je me mis à gratter ma chevelure en penchant la tête. Est-ce que j’ai fais une bêtise ? Je baissais instinctivement les oreilles.

« Pardon, si je vous ai froissée »

Lançais-je en baissant les oreilles un peu triste d’avoir enquiquiné quelqu’un ou de l’avoir troublé. C’était sorti tout seul, fichue pensée ! Pourquoi je n’arrive jamais à être bien comme il faut ? Je m’en voulais comme un idiot avant de l’entendre me demander si je veux passer du temps avec elle. Moi ? Passer du temps avec une grande louve digne et forte ? Je ne vais pas poser problème ? J’hésitais avant de l’entendre me proposer de visiter avec elle. Mais quand elle me demanda si je voulais monter sur un trône je secouais les pattes devant moi, les oreilles en arrière.

« Oh non, je n’oserais pas m’asseoir sur un trône ! Je n’en suis pas digne ! »

Pas du tout du tout même ! Je suis juste digne de lui parler, et encore un petit peu, mais pas beaucoup, c’est parce que c’est elle qui a programmé ma naissance, que je me sens le devoir de lui parler. Remuant calmement ma queue, je me mis à réfléchir à sa proposition de visiter avec elle avant de me relever et d’étirer mes petites pattes arrière. Cela fit craquer ma colonne vertébrale avant que je ne tourne vivant la tête vers l’arrière. Oh ça fait mal ça. Je remuais calmement ma queue avant de reposer les yeux vers la très grande louve qui servait de reine à la meute.

« Vous… Vous êtes sûr de vouloir passer du temps avec moi ? »

Demandais-je d’une petite voix les oreilles à l’horizontal, pas tout à fait sûr de sa réponse. Je ne voulais pas l’embêter, ni la déranger ou quoi que ça soit d’autre. Peut être qu’elle avait mieux à faire, sans doute même.

Saqqarah qui ne connaissait pas encore les valeurs des Etelkrus attendait de savoir, les oreilles dressées. Il était capable d’ignorer les maux de son estomac pour écouter sa reine. Il lui tenait à cœur d’apprendre, c’était l’une des seules choses dont il était parfaitement sûr. Saqqarah ne comprenait pas les sentiments d’autrui, il avait également du mal à saisir ceux de la femelle bleue. Pourtant il avait l’impression qu’elle se sentait heureuse de parler de ces fameuses valeurs.

Ecoutant ses paroles, le fils de Ptah et Reaper se pressa de retenir ces paroles. C’était important, même si il n’était pas sûr à 100% de parvenir à toujours respecter ces valeurs. Peut être qu’il ne serait jamais un bon Etelkrus, et que sa naissance, dans un avenir proche ou lointain, décevra les reines de la meute. Il en baissa les oreilles légèrement honteux, ne se sentant pas encore capable d’être à la hauteur de sa propre meute.

« Je vois… Je ferais de mon mieux pour respecter ses valeurs. Pardon, si parfois je m’égare »

Répondit-il à Pepper légèrement gêné, les oreilles à l’horizontale. En plus, voilà qu’il incommodait la dame avec une odeur désagréable de repas non digérer. Il sentit qu’elle était un peu embêtée. Sans doute n’avait-elle pas l’habitude, après tout, il ne se souvenait pas avoir vu de petites boules de poils avec elle. Sans doute n’était-elle pas mère, même si à ses yeux, elle était la mère et protectrice de la meute tout entière.

A sa proposition, Saqqarah hocha vaguement la tête. Il aurait très bien pu chercher père et lui demander quelque chose pour calmer cela. Après tout, il voyait souvent Reaper avec des malades et avait fini par comprendre tout naturellement que c’était son travail que de soigner les blessés. Il vit la louve se retourner alors qu’il réfléchissait encore. Dressant les oreilles il se releva et la rattrapa en trottant maladroitement avant de marcher calmement à ses côtés, détournant un peu la tête, embêtant de la situation.

Il cherchait à briser ce silence qui lui pesait sur les épaules et le mettait mal à l’aise. Il n’avait pas envie de faire quelque chose d’autre qui mettrait la femelle dans l’embarras. Il se sentait déjà suffisamment stupide et emmerdant. Il soupira alors avant de lever sa petite truffe vers elle.

« Vous… Vous pensez que je pourrais aider père dans l’avenir ? »

Il ne savait pas où été sa place dans cette vaste meute, il ignorait ce qu’il ferait de son avenir. Mais il ne voulait pas décevoir, ni elle, ni autrui, encore moins Reaper. Il songeait alors que peut être il trouverait sa place en devenant comme Reaper… Il avait encore le temps d’y réfléchir, de changer d’avis.

Saqqarah marchait calmement désormais aux côtés de la louve. Etre capable de se reprendre, de constater sois même ses erreurs, et de ne pas s’égarer ? Comment savoir si ce qu’il fait est une erreur ou non ? Tout cela devenait compliqué. Beaucoup trop compliqué. Il mit les oreilles à l’horizontal, un soupir lui échappant. Il espérait réussir à trouver les réponses, à ne pas s’égarer, ni décevoir cette meute qui l’avait conçu.

« Je ferais de mon mieux »

Répondit-il calmement à Pepper, ses oreilles se redressant avant qu’il ne pose la question de son avenir. Avenir possible s’il trouvait un bon mentor, et qu’il était doué. Il était encore jeune et pouvait se tromper de voie. Il le savait. Pourtant il y réfléchissait souvent. Et c’était là le seul rang où on ne lui demandait pas de blesser un être vivant. Blesser le rendait fou, déprimé, et profondément mal. C’était comme une malédiction qui s’insinuait dans ses veines et ne voulait pas le laisser tranquille.

En sentant Pepper baisser la tête vers lui, il eut un mouvement de reculer. Il eut peur de se faire gronder. L’espace d’une seconde il avait pensé qu’elle pourrait lui faire du mal. Elle, lui faire du mal ? Alors qu’elle avait souhaité sa naissance ? ça n’avait pas de sens… Sa naissance même n’en avait pas aux yeux de Saqqarah… Il remua la queue avant d’écouter la louve. S’arrêtant pour glisser son regard vers elle.

« Bien sûr que je m’en sens capable. Je veux pouvoir soigner ceux qui en ont besoin, les soulager de leur douleur. »

Répondit-il sans ciller, aussi sérieux que franc. Il ne s’était pas rendu compte que son ton c’était fait sûr de lui, très dur et très droit. Il ne comptait pas revenir sur sa décision. C’était le chemin qui lui semblait être le plus sûr à ses yeux. Celui qui semblait l’appeler, qui lui donnait une raison de chercher, de réfléchir, de vouloir apprendre et comprendre. Il ne voulait pas blesser, il tenait la vie et autrui en trop haute estime pour s’abaisser à blesser ou prendre la vie à quelqu’un…

Saqqarah se dandinait un peu prêt de Pepper, il se sentait mal à l’aise de l’avoir déranger avec l’odeur de ses renvoies. Mais elle ne l’avait pas chassé. Etrangement, il la trouvait à la fois douce et ferme. Il lui avait demandé, si sa décision pourrait être la bonne, s’il en avait, potentiellement, les capacités. Elle avait demandé, et il avait répondu avec fermeté. C’était sortit tout seul… Sans réfléchir, comme une conviction bien encrée en lui. Qui ne veut pas s’en aller. Qui est tapissé là dans le coin de son âme, et qui grandit en même temps que lui. Ça ne date pas d’hier, sa peur de blesser, son envie de soulager. Petit déjà, il refusait de jouer à certains jeux de peur de faire mal. Alors quand Pepper approuva, il étira un sourire content, si elle approuvait alors il continuerait sa route sur ce chemin là.

« Alors je m’emploierais à atteindre cet objectif ! A ne jamais m’égarer sur le chemin ! »

Déclara-t-il la queue haute, la tête relevée, et la voix forte. Il se sentait bouffie d’une étrange fierté. Pas celle arrogante et froide de Meshret. Pas celle étrange et douce de Ptah qui il passe du temps avec lui. Pas celle mystérieuse et fluette d’Ely quand il parle du beau. Quelque chose de doux et d’agréable qui le faisait frémir de l’intérieur.

« Et si je m’égare… je reviendrais te voir pour retrouver la voie »

Souffla-t-il d’une voix à peine audible. Il s’arrêta finalement en voyant l’entrée de la tanière des Panseurs, tourna la tête vers la femelle en l’entendant. Lui souriant, il s’inclina respectueusement, même si elle ne le voyait pas elle devait sans doute entendre le mouvement.

« Merci Pepper, je ferais tout ce que je peux oui ! Promis »

Il lui servit un dernier sourire avant de filer dans la tanière, cherchant un Panseur qui pourrait lui donner de quoi digérer. Ensuite, il irait sans doute à la recherche de livre sur les connaissances médicales. A moins qu’il reste là, juste pour observer le travail de ses pairs.