Un peu de mouvement.

Caché entre vieux tonneaux et reste de cordes, tapit dans l'obscurité de la cale, Barthélémy observait le drôle de truc informe qui avançait sur le plancher de bois, les yeux froncés. Oh il n'était pas mà parce qu'il voulait espionner le monstre, non, le jeune loup s'y trouvait déjà bien avant, cherchant un endroit tranquille et calme, à l'abri de l'agitation de ses sœurs pour lire le vieux journal de bord qui avait été retrouvé comme on lisait un roman d'aventure. Ce fut le grincement des planches qui l'avait incité à éteindre tout de suite la petite lampe à huile qui l'éclairait, craignant l'arrivée malvenue d'un autre louveteau, d'autant plus que Marianne avait préféré rester dehors. En bon oiseau qu'elle était, la femelle ara préférait largement l'air libre que les vieilles cales humides. Mais bien loin d'un autre raeders ou même d'un autre canin, ce truc, mélange improbable entre... entre quoi d'ailleurs ? Il n'arrivait même pas à le savoir.

Soudainement, il sembla au jeune Barth que la créature bougea dans un mouvement particulier bien qu'il n'en était pas vraiment certain et soudainement, une immense masse noire lui passa au-dessus de la tête, longeant le plafond pour s'enfuir plus loin dans le navire. Instinctivement, il se plaqua au sol, oreilles en arrière bien qu'il les releva bien vite. Il entendait, comme plein de murmures, des centaines, comme pleins de petits piaillement de louveteaux. Ceux à naître mais qui avaient eu moins de chance que lui ou ses sœurs, ceux qui avaient été dévorés. Sur l'instant, associant l'ombre au son, Barthélémy se demanda si ce n'était pas l'âme de tout ses frères et sœurs qui n'étaient jamais né qui ressortait du fond de la mer pour venir hanter le navire. Il déglutit de derrière son tonneau lorsqu'il entendit la pluie tomber soudainement avec fracas sur le pont à l'extérieur.
Il n'y avait rien d'étonnant à une pluie soudaine sur une île de pleine mer, ça arrivait souvent bien que le jeune loup fut étonné, le ciel était bleu il y a encore quelque heures, le vent avait du être particulièrement fort aujourd'hui. Le tonnerre gronda, lointain au premier abord et puis... extrêmement proche. D'un seul coup Marianne rentra dans la cale du navire en hurlant de toute la voix qu'était capable un perroquet -et les monstres de l'Océan savaient qu'ils pouvaient donner beaucoup- volant à toute allure en rond, le bout de la queue brûlé. Elle passa au dessus du monstre piaillant de plus belle on voyant que ce n'était en rien quelque que chose de fréquentable puis elle fondit sur Barthélémy pour aller se poser dans son dos.

Ah...

Il était sans doute démasquer alors. Il inspira profondément,  cherchant un instant les fantômes avant de s'efforcer à ignorer leur existence puis il se redressa et posa ses deux pattes avant au dessus du tonneau pour voir la créature en face de lui.

« Hey ! T'es qui toi ? »

Il fit une grimace.

« ça serait cool si tu salie pas tout, après c'est moi qui va être corvée de nettoyage. »

Marianne elle, lançait des regards noirs à la créature.

Ann ; un peu avant 8 mois ; 6 PVs
F  A E I

De l'agitation, des bruits, des cris sur le pont supérieur. Ann reconnu la voix de son frère et ni une, ni deux, bondit en avant vers l'escalier. Elle délaissa son amas de petits trésors -trésor étant un bien grand mot pour désigner ce tas de coquillages, cailloux colorés, plumes en tout genre, coraux de toutes les formes, de petits os et de quelques rares perles ternies- pour courir au secours de Barthélémy. L'odeur de feu la prit très vite au narines alors que le boucan se faisait tonnerre à ses tympans. Lorsqu'elle déboucha sur le pont, jaillissant avec panache de l'ouverture dans le plancher, elle fût percutée de plein fouet par quelque chose de lourd, de froid, de visqueux, de vraiment très lourd. L'adolescente roula, sonnée. Son épaule la lançait douloureusement, c'est limite si elle n'avait pas sentit ses os craquer sous l'impact. Ann secoua le museau pour reprendre ses esprits et se redressa en titubant. Sa patte avant lui faisait trop mal pour l'instant pour prendre appui dessus, mais l'adrénaline et la peur des flammes lui permit de se reprendre en patte et réagir. Tous les pirates, dès leur plus jeune âge, savait à quel point un petit feu pouvait devenir brasier et tout dévorer sur un bâtiment fait de bois et possédant une cabine d'artillerie pleine de poudre à canon.

« Barth 'ttention ! »

Aboya la louvette noire en attrapant un morceau de toile qu'elle vint jeter sur les flammes pour les étouffer. Déséquilibrée par son geste et son épaule blessée, elle chuta violemment sur le parquet en grondant. Elle redressa finalement le museau vers la bête, l'étrangère, celle qui semblait la cause de la soudaine malchance sur le bâteau. L'Océan leur avait-il envoyé un monstre ? Une épreuve ? Ou un futur compagnon de voyage ? En tout cas il n'inspirait pas confiance à la petite sorcière.

« Que veux tu, animal des tréfonds ? »

Questionna la noiraude en fronçant le museau, crocs dévoilés. Elle se releva péniblement, retenant une grimace de douleur, douleur qui irradiait maintenant tout son flanc.

Dés FOR pour les dégâts causés par l'Autre ;
Dé #1 Barthélémy
Dé #2 Ann

Ann ; un peu avant 8 mois ; 6 PVs
F  A E I

S'amuser ? A brûler le bateau des Pirates ? Drôle de jeu... Ce n'était pas vraiment marrant du tout.

« Le feu c'est pas un jeu... »

Reprocha la petite sorcière à l'étrange bête aux yeux multicolores. Ses cheveux blonds frôlèrent le sol du pont en faisant cliqueter ses breloques, alors qu'elle penchait la tête, observant ce tentacule s'approcher. Nul peur ne vint crisper ses muscles, nulle inquiétude ne traversa son esprit d'adolescente : qui disait bras de pieuvre disait marin, qui disait marin disait Océan. Et les esprits des profondeurs ne pouvaient leur vouloir réellement de mal, n'est-ce pas ? Ils pouvaient venir jouer des tours, donner des leçons et sans doute gronder les forbans qui n'auraient su lui rendre l'hommage dû, mais Ann ne pensait pas que les monstres des abysses puissent vouloir du mal aux Raeders. C'était sans doute à cause des contes servis à les bercer dans leur prime enfance, que la jeune noiraude ne pouvait sentir le danger venir de ces crocs pourtant bien pointus.  

« Si tu joue de la musique pour nous, on peut danser et chanter ! Je suis sûre que Papa a cacher du bon rhum pas loin d'ici ! »

Peut-être l'attrait de l'alcool inciterait la créature à ne plus détruire le bateau et à changer d'activité. Au fond d'elle, quelques notes d'abord irrégulières et désaccordées vinrent chatouiller ses souvenirs. Puis la mélodie d'une comptine d'enfant pirate lui revint petit à petit et elle la fredonna en rejoignant son frère, soucieuse de sa blessure qu'elle observa avant de chercher vainement dans sa sacoche ce qui pourrait aider, tout en continuant de chanter, à haute voix cette fois, pour la bête de sous la mer.

Oh non ! Sous l'océan, sous l'océan,
Y a pas d' court-bouillon,
Pas de soupe de poisson,
Pas de marmiton.

Pour la tambouille, on leur dit non !
Sous l'océan, y a pas d'hameçons.
On déambule, on fait des bulles,
Sous l'océan !

Sous l'océan !
Sous l'océan !
Sous l'océan !

La vie est super, Mieux que sur la terre, je te le dis.
Oui, je te le dis ! hi hi !

Tu vois l'esturgeon et la raie,
Se sont lancés dans le reggae.
On a le rythme, C'est d' la dynamite,
Sous l'océan !

Mavis

Elle avait vu une fumée grise au loin et l'odeur annonçait un feu de bois, tous les poissons semblaient fuir quelque chose et cela intriguait la jeune pirate. Mavis avait donc nagé en sens inverse de ses amis marins et lorsqu'elle arriva près de la coque du navire elle sortie la tête de l'eau pour observer les dégats. Il n'y avait pas de flammes apparentes donc le feu devait sûrement être éteint.. Mais qui en était à l'origine ? Les voix d'Ann et de Barth tintèrent à ses petites oreilles ainsi qu'une autre.. inconnue et angoissante.. Elle recula doucement en quelques coups, elle était peureuse et elle hésitait à aller chercher de l'aide, mais le chant inattendu de sa fratrie lui fit pencher la tête et elle se décida finalement à grimper.

Une patte.. Puis une autre par dessus le bord et elle tira son corps jusqu'à ce qu'enfin sa frimousse dépasse, puis elle se hissa tout entière et atterrit sur le pont un peu maladroitement. Son regard se braqua tout de suite sur cette chose étrange qui menaçait son frère et sa sœur et elle enroula sa grande queue bleutée sous ses cuisses.

Vous allez bien ? Interrogea-t-elle sans lâcher la chose de ses yeux grands ouverts.

Elle avait l'habitude de parcourir les fonds marins et cette créature ne venait clairement pas de là, elle l'aurait su. Elle n'avait même pas l'odeur de la mer..

Elle se déplaça en lenteur jusqu'à Barth et Ann pour rester à leurs côtés, ses prunelles se posèrent un court instant sur l'objet qui trônait entre eux et la chose.

C'est quoi ça ?  

Sa sœur commençait à se prendre au jeu visiblement et s'y donna de bon cœur pour chanter alors que Barthélémy plissa son museau, tirant une grimace un peu douloureuse quand en accord, Marianne quelque part, se mit à crier pour couvrir la voix d'Ann qu'elle entendait. Ça ne faisait qu'un mélange informe de bruit très peu appréciable. Le jeune mâle fut assez soulagé lorsque ça s'arrêta, le monstre décidant de passer à autre chose telle la girouette qu'il était -d'un autre côté, heureusement qu'il n'était pas resté sur l'idée de mettre le feu au navire- pour leur offrir un drôle d'objet. C'était comme une corne rouge, peut-être avait-elle une signification, peut-être qu'elle n'en avait pas et que la créature chaotique cherchait à juste leur retourner l'esprit maintenant. En tout cas, Barth ne comptait pas rentrer dans ce nouveau jeu alors il fit un signe négatif de la tête à sa deuxième sœur qui venait tout juste de se hisser sur le pont.

« J'en sais rien et moi, j'en ai marre. »

Si Ann et Mary étaient le genre de louve à bêtises, si Mavis sans doute, se laisserait convaincre pour ce genre de chose, le seul frère de cette fratrie lui était beaucoup plus calme et peu enclin aux bizarreries du monde. Et s'il ne montrait qu'un air neutre voir un peu blasé au lieu d'une expression agacé, il arrivait tout de même au bout de sa patience, d'autant plus que la brûlure à sa queue, en plus d'avoir fait un sacré trou, lui faisait quand même toujours mal.

« J'vais chercher un adulte. »

Il réglerait le problème du monstre comme ça. Ils avaient l'habitude, les adultes, de parler à toutes sortes de créatures ou d'étrangers qui venaient sur Morne-oeil. Alors le jeune mâle tourna les talons,  s'approchant du bord du navire, sauta sur un petit rebord et hop, après un petit élan, termina dans le mélange et sable et de fond d'eau dans lequel reposait le navire avant de s'éloigner en trottinant.