Pétales de daube [Nocera + Libre]

Him and seek

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Ok, c'était le moment de mettre les voiles. La saint valentin approchait, et avec lui, toute la naïveté du monde. Et vas-y que je te fais des bisous, et des câlins, et que je t'aime, et que je te fais des gosses parce que cette année ça tombe en pleine chaleurs. Bordel, Yersine n'aimait pas ça. Manquait plus que Sobieski qui le pousse de manière fort peu courtoise vers Nocera et c'était le bouquet final de la connerie.£

- Tu fuis où gamin ?

Il ne répondit pas au démon, le laissant dans le silence et l'incompréhension. Non. Il était bien plus occupé à trotter vers un endroit qui ne respirait pas du tout le romantisme, qui était même, de base, fuit par beaucoup. La bibliothèque. Car ne nous mentons pas. Qui allait à la bibli pour s'amuser, pour faire des rencontres ? Qui ici, a une carte de biblio avec son petit abonnement, et y va régulièrement ? Bon, ok, moi, mais jveux dire. Cet endroit sent le parchemin, la sueur -aussi nommée "eau de travail"- et la réflexion à des kilomètres. Vous trouvez ça sexy ou romantique un petit Baudelaire ou une Sa majesté des Mouches ? Non. Parce que ça ne l'est pas. Les couchers de soleil, les resto italiens, les pétales de roses, les chocolats, le feu que l'on regarde sous la couverture. Ça c'est romantique. Ça c'est coocooning. Et c'est interdit en bibliothèque.

Donc c'était parfait.

Il arriva donc dans les rayonnages, vides. Et ce, depuis plusieurs jours. Tout le monde semblait affairé à préparer cette fête, le laissant donc tranquille, dans le silence et l'introversion la plus totale.
Il s'installa donc sur un tapis, non sans avoir choisit un ouvrage quelconque traitant de maladies vénériennes, parce que, oui, c'est ça aussi la saint valentin.

Parce que les filles, ça donne des maladies, c'est bien connu.

En l'occurence, c'était lui qui avait refilé un truc.
Nocera, planquée au fin fond de la bibliothèque, se gratta le cou presque à en faire couler le sang. Elle manqua aussi de se casser la figure tant elle se plia. Les puces. Elle était donc foncée, chauve, sourde, accompagnée d'une goule et maintenant pleine de parasites. Elle remercia cependant le second fait : pas de cheveux, plus facile d'atteindre sa nuque pour se gratter.
Elle se refusait cependant à chouiner.

Famine, plus loin, essayait de jouer avec les rayonnages et de faire tomber un livre. Nocera pesta vers elle avec un jappement autoritaire. La rappelée à l'ordre bondit en faisant presque des claquettes avec ses os mais se calma alors immédiatement. Elle se coucha au sol directement et étala sa langue sèche sur le sol, tristement.

On aurait presque eu pitié d'elle.

Dé. Nocera souffla, avant de pencher la tête en sentant quelque chose sur son crâne picoter. Encore plus de puces ? Elle dégaina une patte arrière, prête à l'assaut sur son oreille quand... Quand elle toucha plus tôt que prévu. Elle poussa sur son oreille, et l'observa.
Plus longue.
Semblable à celle d'un lapin, longue et moyennement rigide ; assez pour ne tomber qu'à moitié dans un demi-arc. Elle fronça les sourcils.

Qu'est-ce que c'était pas encore, ça...
Une belle collection pour elle.

Elle en avait déjà marre.

Him and seek

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Alors qu'il s'était paisiblement installé, prêt à lire ce quelconque ouvrage trouvé là, ne rêvant que d'une couverture chaude et d'une concoction d'herbes à laper, un bruit attira son attention. Et il ne parlait pas des insupportables gaz de Buriol, qu'il lâchait bruyamment au dessus des étagères, pour que l'histoire se souvienne de la merde qu'ils sont tous.

Là, devant lui, la seule personne qu'il ne voulait voir en cette période. Toujours aussi chauve. Toujours aussi sombre. Accompagnée de sa goule. Et. Des oreilles de lapin sur la tête.

Okdakor.

- Nocera ? Fit il, oubliant la surdité de son amie.

Il chercha à se lever, mais à peine fut il debout qu'une douleur lui écrasa la rotule, le forçant à s'allonger de nouveau, gémissant. Un bref coup d’œil à son genou, et il compris bien vite l'origine de cette inflammation. Là, droite, fière, était plantée une flèche.
Il déglutit, jetant un regard au démon. Il n'y avait bien que lui pour une telle connerie, une telle méchanceté gratuite.

- Oups pardon, fit il en mettant sa patte au dessus de son museau inexistant. Jvisais la tête, déso mec.

Et ignorant le regard mécontent du loup, il chercha à décocher une seconde flèche, qui lui glissa des mains, tombant aux pattes de la louve.

- Putain, pas pratique de tirer avec ça...

Elle découvrit dans le coin de sa vision, une silhouette.
Pas n'importe laquelle, une qui lui était chère, plus qu'elle ne désirait l'admettre récemment. Mais pas réellement le temps de dire ouf, alors qu'il semblait la saluer quelque chose traversa la vision de Nocera avec vitesse. Pour se planter violemment... dans le genou de Yersine. Elle le vit s'écrouler blesser, abasourdie. Elle se tordit le cou, regarda vers l'origine du tir. Il y avait une créature ! Elle se rata et une seconde flèche tomba aux pattes de la louve. Ni une, ni deux, elle se jeta dessus. L'arme dans la gueule, le poil épais de Nocera se gonfla, l'échine doublant de volume et sa queue volant plus haut.

Elle émit un grognement qu'on ne lui aurait pas cru possible, une note gutturale provenant d'une indignation austère et d'un désir de vengeance violent. Elle se lança sans hésiter en courant vers le démon, les crocs dévoilés enserrant encore le projectile pointu.
Il avait osé attaquer Yersine !

Dé.

Le sol de la bibliothèque ne lui permit pas son action.
Il sembla se disperser brutalement. En un battement de paupière il avait changé, explosant dans un millions de pétales. Ne restèrent que les rayonnages de livres, mais tout autour d'eux le sol était désormais rempli de fleurs. Un véritable champs mou qui embaumait de douces senteurs. Nocera se figea, les pattes dans les pétales, la flèche dans la gueule, les oreilles de lapin dressées.

Quel était encore ce foutoir.

Him and seek

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Nocera, de ses oreilles de lapin fraichement acquises, sautant sur l'étagère où se trouvait le démon, qui, déjà, armait une nouvelle flèche. Elle s'ébranla, non sans abandonner quelques livres dans sa chute, tandis que le démon s'envolait plus loin, riant. Il avait peut être perdu son perchoir, mais son arc était toujours bandé. Il chercha alors à la viser. Jusqu'à ce que la liche de Nocera soit dans son angle de vue.

L'interloqué ouvrit une gueule crochue et silencieuse, se ravisant de son action. Plutôt que de viser la femelle bien en vie, il allait plutôt hérissé le poil de la liche, derrière elle, foutant un bordel aussi monstrueux que lui. C'était plus drôle d'être irrespectueux des morts et des esclaves ; et puis, s'il butait Yersine ou Nocera, qui embêterait il ?

Alors, tandis que Yersine rampait vers la louve, exaspéré, lui filait vers la goule.

- Désolé...

Petit sourire. Au moins, c'était calme désormais, non ? Même le sol était devenu mou, doux. De poussière et vieux papier, voila qu'il sentait la lavande et le printemps. Probablement parce qu'il était devenu un tapis de fleur. De vraies fleurs. Comme s'ils étaient dehors.
Sauf qu'ils étaient dedans.

Mou circonspecte.
Dubitative.
Regard en coin avec le démon qui était bien trop occupé ailleurs pour un tel tour de magie.
Regard vers Nocera.

La putain de quoi ?

Il chercha à se redresser, boitant pour lui faire face. Maintenant qu'il la voyait ainsi, chauve et sombre, il se remémorait sa surdité soudaine, et peut être irrévocable. Il coucha une oreille, comme un chiot se questionnant, avant de déposer une lèche sur le museau de son amie. Un remerciement pour le sauvetage. Et plus encore.

Il se coucha alors, soulageant sa patte endolorie, la questionnant du regard quant à ses étrangetés sur son crâne. Un œil qui allait et venait de l'un à l'autre. Oreilles. Nocera. Oreilles. Nocera. Oreilles. Nocera.

--jalousie--

Bordel, mais pourquoi portait elle ça ? Dans une bibliothèque. Un endroit calme, sans personne. Et d'ailleurs, que faisait elle là ? Attendait elle quelqu'un ?

Il fronça les sourcils. Ouais, probablement portait elle ses magnifiques oreilles aguicheuses pour un autre. Oh, elle avait le droit, ils n'étaient rien après tout. Enfin pour elle visiblement. Et à bien y réfléchir, cela pouvait aussi expliquer ce changement soudain de look. Sombre. Sans cheveux. Une faux.
Ouais, son petit amant secret devait kiffer le gothique. Peut être même que la goule était un de ses cadeaux. Nocera avait trouvé un vrai nécromancien visiblement. Alors le petit Yersine ne comptait plus. Elle feintait peut être même la surdité pour l'ignorer royalement sans trop le vexer. Des fois qu'il serve encore.

Il se releva brusquement, étouffant un couinement dans sa mine bougonne.

- Et c'est qui ce connard, hein ? Celui que tu vas visiblement voir ?

Il souffla par le nez si fort, les joues si gonflées, qu'il fit frémir ses propres cheveux de son visage.

- Donc voila, t'as chopé un mec super doué en nécromancie ? T'es contente ? Il va tout t'apprendre ici, en bibliothèque ? Ses ptits sorts, ses ptites incantations ? Il va te montrer sa baguette magique aussi, hein ? Parce que tu voulais que ça, au fond, hein ? La goule, la faux, ce coté trop darkos sasuke emo, putain. T'es prête à autant changer pour lui, alors que, genre, pour moi, t'es même pas capable de ravaler ta fierté et me dire clairement que chuis qu'un pantin, un bon pote planplan ?

Il gronda presque, parlant avec les crocs.

- Oh pardon, j'oubliais. T'es sourde askip. Ouais, comme ça tu m'entends plus chouigner hein. C'est plus simple de prétendre que de m'écouter parler hein ?

Il tapa de la patte avant, laissant s'envoler les derniers pétales des fleurs qu'il venait d'écraser avec colère.

- C'est qui putain ? Un Nahkus ? C'pour ça que ta rejoins leur meute ? Putain, c'est QUI ?

Plus de goule ni de petit démon tireur de flèche.
Plus qu'eux dans cette bulle florale au final, lui claudiquant vers elle alors qu'elle n'avait même pas pu piquer la flèche dans l'arrière-train du démon. Seul la lèche calma son envie de poursuite, et instigua de la chaleur à la place. Elle eu une moue en l'observant. Encore blessé, quel running gag. Il n'y avait eu que chez les Nakhus qu'elle avait pu le croiser sans qu'il ne se prenne de dégâts ou ne parte affronter des araignées. Quand il se coucha, elle suivit comme attirée par l'inertie. Le calme s'installait doucement, ils allaient pouvoir observer sa plaie et peut-être humer les œillets et orchidées.

C'était sans compter sur des ressentis.
L'ami se souleva avec la vague qui le traversa, lavant les pétales qui dégringolèrent après lui. Son museau s'agita comme son corps, dans des paroles qu'elle ne pouvait capter. La confusion resta pour elle, tout le négatif semblant tourner autour de la tête de Yersine. Elle ne put que copier ses sourcils froncés et baisser ses oreilles de lapine. Elle ne le connaissait pas ainsi, à déblatérer avec une aura sombre comme son pelage. Elle l'avait toujours vu plus comme les étincelles dans ses cheveux, plutôt brillant et assez mignon. Eurh, voilà que ça revenait, ces désirs un peu fantasmés. Qu'il était bête de déjà s'imaginer tant de choses, et de ne réussir qu'à donner un pauvre bracelet, et à faire confiance une pauvre fois sur ses capacités. Ils n'arrivaient jamais aussi à se poser deux minutes sans que quelque chose de grave, ou bizarre, n'arrive. Comment dire quoi que ce soit dans ces conditions ? Elle mangea sa joue. Reposa ses yeux sur sa figure boudeuse aux joues gonflées.
Merde.
Adorable.

Il tapait maintenant de la patte, impérieux.
Elle ne comprenait toujours pas ce qui lui arrivait, voulait juste l'apaiser. Elle posa sa patte sur celle qu'il avait écrasée, ses yeux dans les siens, le réclamant. Surtout, demandant qu'il revienne se coucher à côté d'elle et qu'ils voient cette plaie. Peut-être enfin avoir une accalmie dans la tempête de la vie. Il n'y avait pas lieu de s'énerver, tout allait bien.
Elle était là. Dé.
Dans ces fleurs, pleines de belles odeurs, de phéromones.
Qui donnaient peut-être des envie autour d'elle.

Him and seek

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Elle posa sa patte sur la sienne, comme pour le calmer. A quoi bon, si elle en aimait un autre. A quoi bon, si elle partait de sa vie, déjà bien avancée, bien ancrée dans sa chair et son sang. Il détourna la tête, pestant contre lui même, contre eux. Contre ce monde mal fichu. Contre cette andouille qu'il était. Qu'elle était.

- Tu comprends pas putain ? fit il en relevant brusquement la tête vers elle. J'ai fait ce que j'ai pu pour toi. Mais c'est jamais assez ! Et tu sais pourquoi ? Parce que rien, tu m'entends, RIEN ne sera jamais assez beau pour toi ! Parce que rien dans ce monde ne pourrait valoir ce que je ressens pour toi ! RIEN ne peut égaler ce que tu représentes pour moi ! Mais tu t'en fiche hein ! Tu réponds pas, tu es sourde, tu es... tu...

Il se mordit la joue, grognant pour lui même, les yeux embuées de rage et de tristesse. Et d'un geste colérique, il retira sa patte de la sienne, comme pour lui montrer son dédain. Cette pseudo nonchalance, comme si, lui aussi, se contre fichait d'elle.

Mais c'était faux. C'était stupide.
Ils étaient tout deux là, encore une fois. Dans leur misérable solitude, trop bornés pour se l'avouer. Pour comprendre. Comme si le destin voulait les pousser à plus, sans jamais leur autoriser. Là, dans ces fleurs. Le temps figé. L'espace clos du reste de ce monde. Si futile. Si laid. Sans elle.

Il passa alors sa tête sous la sienne.
Irrésistible tentation. Geste d'une affection profonde, d'une infection immonde. Les crocs dévoilés, grondant contre cette même personne qu'il enlaçait, le corps vibrant de chagrin.

- Ne pars pas de ma vie Nocera...

Oh non, il continuait de parler.
Elle voulu japper, lui rappeler qu'elle ne pourrait rien capter de ses mots et qu'il les égrainait au vent. Ou aux fleurs. Mais déjà enlevait-il sa patte, et la complainte pour lui demander de regagner son calme s'échappa elle aussi. Elle cligna juste des yeux, un peu choqué de ce mouvement si, sans violence, était brut. Mais elle constata ses yeux gorgés d'eau et son visage, décapé de toute défense. C'était lui qui était à nu, qui était brut d'émotion. Peut-être Yersine avait-il eu besoin de dire ce qu'il avait dit pendant justement qu'elle ne pouvait pas entendre. Certaines choses étaient mieux confiées au silence... Ou ici à la surdité.
Peut-être écouterait-elle mieux, même, sans entendre.

Elle aurait aimé comprendre pour savoir pourquoi il s'était mis dans un tel état, mais décida simplement d’accueillir l'état de fait, à la place de vouloir entendre tout ça plus tard. Si la patte ne suffisait pas elle le ramènerait au calme autrement. Elle s'apprêtait à se lever quand ce fut lui qui noua le contact. Sans combattre, elle posa son menton sur son front. Elle se sentait à nouveau surprise par son geste mais le prit comme tel : un besoin de réconfort. Nocera se décida à dissoudre ses tourments dans une eau limpide de sérénité. Elle respira lentement pour en devenir l'incarnation. Chassa les nuages de sa propre tête avec ces souffles. Quand le ciel fut clair, elle lui créa un espace de douceur entre ses pattes, qu'elle attacha à lui.
Puis déposa une lèche sur sa tête, frotta sa joue contre lui.

"Je suis là." murmura-t-elle, tout simplement. "Pour toujours."

Il était son ami, c'était au moins ça de certifié entre eux.
Même si elle le voyait de plus en plus sous une lumière romantique, elle pouvait assurer qu'elle resterait son amie. Qu'elle serait une présence, constante, joignable. Elle ne laisserait jamais tomber quiconque auquel elle tenait.
Elle passa finalement sa truffe dans ses cheveux, jouant doucement avec ses mèches.

Him and seek

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Elle le lécha. Elle le frotta de sa propre tête, enlaçade reposante, calmant l'orage qui grondait dans sa poitrine. Il ferma les yeux, se laissant bercer par les mots, promesses silencieuses au milieu des fleurs et des ouvrages. Il se laissait envouter ; encore, et encore. Se laissait mener à l'apaisement tant désiré. Il colla de plus belle son propre visage sur celui de la louve, inspirant son odeur si délicate, si empreinte de souvenirs. Jouant de sa truffe dans ses cheveux. Passant sa patte sur la sienne. Une caresse ; un souffle. Quelque chose qui le faisait vibrer autant qu'il apportait un triste sentiment de vide.

Il y avait là quelque chose qu'il avait, mais que jamais il ne pourrait posséder pleinement. Quelque chose de fort, qui le rendait si faible. Une amitié oui. Probablement plus. Plus que ce qu'il aurait supporté. Plus qu'il ne pourrait tenter, frêle et couard qu'il était.

Alors il se décolla de l'étreinte, la regardant, emplit d'inquiétude, d'incertitudes.

- Cela fait déjà cinq années que l'on se connait... Combien de temps encore à tes côtés ?

Le monde changeait tout autour d'eux. Les lazulis brisés. Les etelkrus plus puissants que jamais. Les nahkus paisibles. Les dieux prit entre deux feux. Et puis. Eux.

Juste eux.

Encore une fois, il se défaisait du contact.
Comme s'il le fuyait, le redoutait.
Aucun mouvement sec pourtant, rien qui n'était brut tout droit sorti du plus profond de son être. La piqûre des sentiments violents avait été apaisée mais... Était venue à la place un voile sur ses yeux, qui allait jaillir par sa bouche pour elle le sentait, menacer de durcir entre eux comme un mur. Une retenue froide, une méfiance du cœur qui voulait envelopper l'être et stopper la course des actions. Cette fois-ci elle ne voulut plus manquer ses paroles ; se concentra presque à en loucher sur sa gueule.

Cinq... connaît. Combien... temps encore... ?
Elle essaya de ne pas se brûler sur une flammèche de frustration et échoua. Se déplacer au-dehors et éviter les prédateurs, elle avait pu s'y faire, mais cette communication à sens unique ? C'était une torture, elle ratait tant de paroles, probablement milles subtilités de son message, échouait à l'apaiser pleinement. Tout finissait au-delà de sa portée, et il finissait par s'éloigner ! Encore. Toujours. Il repartait à chaque fois vivre des quêtes, des vengeances, des trahisons... Elle avait tant bataillé pour apprendre à faire confiance à ses proches. Croire au fait qu'ils reviendraient, bien vivants, même si elle devait panser des blessures quelques fois.

Ses mots tombaient littéralement dans l'oreille d'une sourde, n'en restait qu'un filtrat avec lequel elle avait du mal à travailler. Sans compter se dérobait de son contact, elle ne voulait l'y forcer mais essuyer deux reculs de sa part enflammait son cœur d'une des pires manières.
Combien de temps quoi, alors ?
Elle venait de lui promettre !

Le visage tordu d'une grimace, elle jappa pour le rappeler à la réalité, et à ses paroles.

"Toujours !" Martela-t-elle donc.

Elle ignorait volontairement que c'était impossible, alors elle le ferait. Elle restait remplie de cette conviction à toute épreuve, car c'était la seule chose qu'elle pouvait faire. Elle n'abandonnerait jamais quiconque, comme elle, avait été abandonnée.
C'était sa promesse.