Terre et louve inconnues [feat.Kerguelen]

A l’origine, il avait commencé à prendre la route pour chercher des plantes. Il voulait en étudier des qui n’était pas dans les réserves de son père. Depuis qu’il avait décidé de devenir panseur, il passait beaucoup de temps dans la tanière à lire de vieux manuscrits sur les plantes utiles à la médecine. Il en oubliait même parfois de dormir, sortant quand tout le monde roupillait, pour aller s’éclairer quelques parts.

Saqqarah ressentait aussi parfois des choses étranges. Des choses qui n’étaient pas de lui. Des douleurs dans les coussinets, des maux de têtes. C’était tellement étrange. Ce matin il avait tiqué plusieurs fois en allant voir Reaper, il avait mal dans le ventre et dans les cotes, comme un des patients et cela le perturbait totalement. Il avait donc proposer d’aller faire un tour voir s’il reconnaissait les plantes pour son propre apprentissage. Surtout il voulait s’éloigner de la meute, du groupe en lui-même. Il était parti sans trop y réfléchir. Promettant de revenir dans la nuit au plus tard.

Saqqarah n’était généralement pas inquiet des créatures qui pouvaient roder dehors. Il avait lut qu’un animal sauvage attaquait quand il avait faim ou se sentait menacer. Il avait peu de chance de tomber sur un affamé. Et il n’était lui-même pas agressif alors il n’avait pas de raison de devoir combattre une quelconque créature. Il avait donc commencé sa course au petit trot. Puis avait marché plusieurs heures, avant d’apercevoir un bois. Le mâle connaissait désormais la plus part des territoires de sa meute. Si ce n’était pas physique, il connaissait au moins leur position sur une carte. Mais cette forêt là ne lui disait rien.

Prit pas sa curiosité, il commença à s’en approcher avant de pénétrer le bois, ne se doutant pas qu’il était entrer en territoire Lazulis, et que cette forêt bordait le territoire Etelkrus. L’endroit n’était pas fameux, dans des teintes de gris, de noir, et de terre, il n’appréciait pas vraiment ce paysage. Il ne pouvait pas le qualifier de beau. Il sentait les brindilles sèches sous ses pattes qui craquaient. L’endroit sentait littéralement la mort. Les oreilles en arrière, Saqqarah s’arrêta en posant ses yeux sur une carcasse, un cerf à priori. Il s’approcha de l’animal, les os et la chair rongés par des insectes. Il s’arrêta pour observer la forêt ce demandant ce qui avait pu la tuer au sens propre du terme.

Le jeune loup était connu pour sa curiosité, son intérêt réel pour le monde qu’il ne parvenait définitivement pas à cacher. Avec l’encre magique qu’il avait obtenue en cadeau. Il songeait de plus en plus à créer un livre lui permettant de noter tout ce qui lui semblait important. Il avait trop peur d’oublier sur le long terme. Il se décida à reprendre la route dans ce cimetière forestier. Peut être qu’une plante avait décidé de revenir vivre ici qui sait ? Il s’arrêta cependant en ce sentant observer, relevant vivement la tête avant de voir une louve à quelques mètres de lui.

« Bonjour ma dame. »

Lança-t-il calmement, habitué à respecter toutes les femelles comme si il s’agissait de reine. Elles étaient à ses yeux la source de toutes formes de vie. Après tout dans toutes les espèces qu’il connaissait en dehors des plantes, c’était principalement les femelles qui portaient les enfants, et s’en occupaient. C’était donc elles à l’origines des populations.

Saqqarah s’inclina légèrement par respect et salutation avant de relever la tête et d’observer la forêt. Puis il reposa ses yeux sur la femelle.

« Pardonnez ma curiosité mais… Sauriez vous ce qui à causé la mort de la forêt ? »

Demanda-t-il calmement sa curiosité étant plus puissante que lui.

Saqqarah avait observé le territoire désolé, presque blessé de voir une terre si morte. Lui qui aimait tant la vie, le bruit de la nature, le chant des oiseaux, les effluves de ses congénères même si eux le laissaient très vite quand il les croisait. Il était habitué à des paysages plus luxuriant, sauvage et hostile oui, mais pas mort et desséché. Il ne pensait pas croiser âme qui vive, et pourtant. Une femelle était là, devant lui. Elle semblait en bonne santé. Il avait pensé un instant que les loups d’ici étaient maigres, peut être agressifs à cause de la faim, ou tourmentés comme des fantômes qu’on oublie pas.

Mais ce n’était ni un être maladif ni un fantôme qui lui faisait face. C’était une femelle, dans les teintes grises, qui se mariait d’ailleurs bien au paysage. Elle semblait plutôt gentille, quoi que, Saqqarah ne se fiait pas trop à l’apparence, sait-on jamais. Il la salua, et elle lui répondit. Les oreilles dressées Saqqarah pencha la tête, le dôme ? Il en avait vaguement entendu parlé. Il fallait absolument qu’il se renseigne à ce sujet. Un tel phénomène, et divin en plus ! C’était fortement intéressant, et il devait absolument mettre sa dans ses connaissances.

Elle cherchait donc des témoins de la catastrophe ? Lui-même ne l’était pas. C’était encore un jeune, le dôme était déjà là à sa naissance. Mais si des loups avaient besoin d’aide. Il fallait qu’il cherche aussi de son côté. Ah, il risquait de se faire gronder par sa meute. Mais Pepper n’avait pas dit qu’il fallait être juste ? C’était juste non, de vouloir aider ceux qui en avaient le plus besoin.

« Je peux vous accompagner dans votre recherche ? Si des loups ont besoin d’aide, j’aimerais pouvoir faire quelque chose aussi. »

Répondit-il sincèrement. A sa question s’il avait croisé d’autres loups il secoua négativement la tête. Il avait seulement croisé la femelle et des carcasses d’animaux ou des cadavres d’arbres qui avaient sans doute étaient magnifiques. La faune et flore ici avaient disparus. Quels trésors médicales et nutritifs les loups avaient-ils perdus ? Quels beaux paysages c’étaient envolé pour devenir juste grix et triste ?

Il agita les oreilles, effleurant la terre morte du bout des griffes. Avant de relever son regard vers la femelle. Il avait oublié de se présenter. Ah, quel mal élevé. Mais ce n’était peut être pas bien de se présenter à un non Etelkrus ? Il devait poser les limites, ne pas faire n’importe quoi non plus. Ce n’était pas une bonne chose. Il remua lentement la queue. Oui, il fallait éviter de dire n’importe quoi.

Saqqarah observait la femelle en face de lui. Elle semblait plus âgée que lui, mais pas non plus excessivement vieille. Il vit la lueur déçue passer dans son regard, et se demanda aussitôt s’il avait commis une erreur, ou fait un quelconque acte de mal. Il avait craint l’espace d’un instant de l’avoir froissé. Peut être avait-il était trop direct ? Ou pas du tout ce qu’elle espérait, au point qu’elle en soit courroucé ? Pourtant elle répondit qu’il pouvait l’accompagner. Elle le fit même avec entrain. Ce qui, il devait l’admettre, lui fit plaisir. Il se dandina légèrement dans sa joie nouvelle. Saqqarah respectait bien trop les femelles pour avoir envie d’être mal vu par l’une d’elle. Surtout par une étrangère.

Il voulait aussi être digne des Etel, il n’oubliait pas les paroles de Pepper. Il retenait toujours ce qu’elle lui avait dit, leurs valeurs. Ici l’ennemi, c’était le territoire tout entier. Et il se sentait peut être brave, de vouloir l’affronter, pour aider autrui, prendre soin les uns des autres, comme le disait Pepper. Quand la femelle se présenta, le mâle dressa les oreilles, l’observant avant de pencher la tête.

« Tu es disciple de Yurai, je me trompe ? »

Demanda-t-il calmement. Il avait tenté d’apprendre tout les dieux, leurs couleurs et leur personnalité, mais aussi leur clan. S’il ne faisait pas d’erreur, elle était donc Nakhus. S’il en faisait une, c’est sans doute qu’il la confondait avec Moiro dont il avait déjà confondu la couleur. Il agita les oreilles.

« Je m’appelle Saqqarah, enchanté. »

Il fallait bien répondre après tout, même s’il ignorait s’il était autorisé ou non à se présenter à des étrangers. Peut être que oui, peut être que non. Qui sait… Il n’avait jamais demandé à personne, et n’avait jamais croisé que des Etelkrus depuis son enfance. Il remuait la queue de manière pendulaire avant de la rejoindre entendant sa question, il haussa vaguement les épaules.

« On devrait chercher des traces de vies, et les suivre, tu en penses quoi ? »

Ça ne servait à rien de partir à l’aveugle. Il fallait suivre un chemin, quelque chose de logique, et de cohérent. Saqqarah passait énormément de temps à réfléchir et à analyser. Il aimait observer, apprendre, et avait apprit à reconnaître toutes les empruntes animales. Il se disait, que si des loups avaient survécus à la catastrophe, ils auraient très probablement suivit du gibier, aussi maigre et petit soit-il.

De nature plutôt patiente et conciliante, Saqqarah aurait pourtant répondu à ses questions si elle en avait posé. De plus il n’arrivait pas à dire non à une dame. C’était impensable et impossible pour le jeune loup. Sa queue s’agitait doucement dans son dos, mais presque nerveusement aussi. Pourtant il était à l’écoute, aux aguets. Il n’avait pas oublié son travail premier, la recherche de vie. Il voulait aider les Lazulis, après avoir entendu leur histoire, il se doutait qu’ils devaient avoir besoin de soutient, d’aide, de quoi que ce soit qui pourrait leur faire du bien.

Et il était content d’avoir croisé la louve qui voulait accomplir la même tâche que lui. Le silence c’était installé à nouveau entre eux, alors qu’ils cherchaient une source de vie, des loups, des animaux. Peut importe. Il fallait trouver quelque chose, se redonner espoir, et pouvoir donner espoir aux autres aussi. Alors quand elle lui parla à nouveau, il agita les oreilles en suivant un rongeur du regard. Oui mais ils étaient aussi signe qu’il ne restait plus grand-chose. Un rongeur reste une proie c’est vrai, ce sont même les premières que Saqqarah avait apprit à chasser. Il opina de la truffe, sais pour autant répondre.

Les sens aux aguets, il était en alerte et à l’écoute de son environnement. Il sentait sous ses coussinets la terre mort et sèche de ce territoire. Parfois il marchait sur une branche morte, ou sentait même des os d’animaux effleurer ses pattes. Au fond, il détestait cela. Ce règne omniprésent de la vanité lui donnait des frissons dans tout le corps. Frissons qu’il parvenait cela dit à très bien gérer.

Il s’arrêta quand elle en fit de même, agitant les oreilles, avant de s’asseoir calmement, et de fermer les yeux pour mieux percevoir le monde qui l’entour. Le bruit du vent, les craquements de branches, le souffle de la louve, les embruns de la terre. Une odeur qui dénote sur les autres, une source de vie ? Il leva la truffe pour essayer de se focaliser sur l’odeur avant d’entendre la voix de la femelle, il rouvrit les yeux et lui lança un regard courroucé.

« Oui mais je l’ai perdu… Je ne suis pas aussi doué que toi … »

Il me faut plus de temps qu’un adulte… Pensa-t-il un peu rageusement avant de lui sourire. En soit il ne lui en voulait pas, il était juste blasé d’avoir été coupé dans son élan de recherche ? Mais si elle avait senti la même chose que lui, alors c’est qu’il y avait sans doute réellement quelque chose à découvrir, à trouver, à voir, et ça, c’était requinquant.

Il suivit Kerguelen sur le chemin humant l’air, observant aussi. La terre devenait plus meuble sous ses pattes. Moins morte et sèche. Les arbres avait encore de l’écorce qui n’était pas morte, il devait donc trouver de l’eau quelque part. Et cette eau ils tombèrent nez à nez avec elle. C’était une marre, de taille moyenne, mais un point d’eau qui pourrait attirer des proies, mais aussi des loups. Un source de vie en somme. Il fut surpris par la réaction de la femelle, la dévisageant assez perplexe avant de sourire. S’asseyant.

« Tout n’es jamais perdu, sinon à quoi bon chercher à avoir une chose déjà perdu… »

Songea-t-il à voix haute avant de lancer un regard à la louve, rabattant sa queue de reptile contre ses membres, les oreilles pointées vers l’eau.

« Et maintenant ma dame ? »

Oui maintenant que faisait-ils ? Que devaient-ils faire pour aider cette terre à reprendre un peu de sa vie ?