Un lien dans les lianes ? [feat. Tawana]

Saqqarah s’était engagé sur le territoire des lianes, toujours à la recherche de plantes. Il n’avait pas abandonné. Il voulait les reconnaître, tant à l’image qu’à l’odeur, et savoir où en était ses connaissances. Remuant calmement sa queue, le reptile avait les oreilles à l’horizontal, totalement aux aguets. Le mâle espérait ne pas se faire avoir par le territoire et tomber quelques par ou s’enliser dans un coin. Cela serait fort désagréable, et il n’avait aucune envie de devoir appeler au secours comme une pauvre créature ridicule. Il ferma les yeux et poussa un soupir, secouant son pelage. Il était très agacé dernièrement. Les adultes le dérangeaient de plus en plus, principalement leur comportement.

C’est pour cela qu’il s’éloignait de plus en plus, partait des après midi ou des journées entières loin du campement. Il n’avait pas envie de voir toutes ces têtes d’hypocrites ou de violents qui venaient ensuite voir les panseurs en couinant comme des faibles créatures stupides inquiètes de leur mort. Un grondement lui échappa. S’ils ne voulaient pas souffrir, ils n’avaient qu’à pas se battre ! Cette bande de couillus stupides ! Même les femelles étaient des espèces de bombes à retardement qui explosaient à la gueule de qui les emmerder un peu trop… De toute façon, les autres, se sont des sources de problèmes… Pas qu’il n’aime pas autrui, seulement… Seulement il ne comprenait rien à leur comportement et ça lui donnait la migraine.

Il avait même fini par ne plus comprendre ses frères. Il arrivait encore à gérer son lien avec Alex et son affection pour Harlow. Son respect pour Pepper qu’il ne voulait surtout pas décevoir. Et quant à sa relation avec son père, c’était seulement professionnel, et puis c’est pas comme si Reaper était franchement affectueux. Il secoua lentement la tête en soupirant, ça lui prenait la tête. Il fallait qu’il arrête de penser aux autres, ça allait lui donner la migraine à force. Il ferma une seconde les paupières, humant l’air du territoire boisé avant de pousser un soupir de contentement. Putain de solitude ! Ce qu’elle pouvait être agréable parfois.

Le jeune apprenti Panseur reprit sa route, calmement observant à la fois la faune et la flore, avant d’entendre du bruit et de se redresser. C’était un bruit de liane et de râles. Des râles qui ressemblaient à des plaintes plus qu’autre chose. Il agita les oreilles, les dressant avant de se redresser lui-même pour chercher la provenance du bruit. Il pencha la tête avant de voir une masse baie dans le paysage. Quelque chose de clair, comme une antilope, mais plus petit, et avec un air plus lupin. Il roula des yeux, même ici il croisait des congénères. Il s’approcha du loup avant de constater que ses immenses cornes étaient prises dans les branches.

« Franchement arrêtez de vous agiter vous ne faites qu’aggraver la chose »

Rala-t-il en observant le mâle, s’approchant. Il était aussi grand que lui. Il s’arrêta à sa hauteur et observant ses bois avant de lui lancer un regard.

« Bougez pas »

Il posa une patte sur le dos du loup pour tenir sur ses pattes arrière, et lui enleva les lianes de quelques coups de dents. Quand cela fut fait il recula et s’éloigna gardant son regard impassible et marchant avec la même élégance que d’habitude.

Il aidait par nature, par habitude, ne pas aider ne lui semblait pas normal quand quelqu’un en avait besoin. Il avait entendu le mâle soupirer de soulagement avant de remuer doucement sa queue. S’éloignant avant d’entendre la voix du loup. Il s’arrêta, tourna la tête de trois quart vers lui, et le toisa d’un air supérieur et pas forcément très bienveillant. C’était juste soulant de devoir aider un plus âgé. Alors que ça devrait théoriquement être l’inverse. Saqqarah le fixa une seconde avec l’envie de l’envoyer chier. Mais il savait que Tawana n’était pas un individu méchant, c’était un Panseur lui aussi, il n’était pas violent, ni agressif. Pas comme les autres. Alors il avait droit sans doute à un peu plus de considération.

Il poussa un soupir avant de détourner la tête, la secouant, comme si il refusait ce remerciement. Il mit les oreilles à l’horizontal avant de s’asseoir et de tourner la tête vers lui. Tawana utilisait des techniques de soins différentes de celle de son père. Peut être qu’il pouvait en apprendre plus… Toujours plus sur comment soigner autrui.

« Arrête de me remercier, tu étais, et tu es pathétique… »

Lui répondit-il, c’était vrai, c’était tellement pathétique de le voir enliser dans les lianes. Cela avait été ridicule, presque drôle. Il n’avait pas dû faire attention pour se retrouver dans cette situation. Mais pour Saqqarah c’était un moyen d’aider, mais en même temps de faire comprendre au mâle qu’il n’avait pas envie d’en être proche.

Il détourna une seconde son regard de lui, réfléchissant un instant avant de se lever, faisant demi tour pour s’arrêter à quelques pas du loup. S’asseyant devant lui, son visage à même hauteur que le sien. Il croisa son regard, rabattant sa queue contre ses pattes. Il hésitait, il n’avait pas envie de passer trop de temps avec un autre loup. Mais en même temps, il y avait du bénéfice a pouvoir passer du temps avec un autre Panseur, surtout qu’il était encore un très jeune apprenti. Il n’avait pas encore un an après tout.

« Puisque t’es là, tu m’apprendrais à reconnaître les différentes terres et leurs vertus ? »

Son ton était resté toujours sur une base très détaché, presque froid. En fait Saqqarah était juste impassible. Il n’éprouvait juste rien. Il voulait juste apprendre et puis c’est tout. Si ça posait un problème au mâle, tant pis. Mais qu’il n’essaie pas d’être tout gentil ou mielleux ça risquait de lui donner la nausée.

Saqqarah ne voulait pas créer de lien avec Tawana, il voulait être suffisamment méchant pour garder ses distances. Le blesser une fois pour ne plus être source de sa peine ou de quoi que ça soit d’autre. Il avait bien senti le regard du loup à ses mots. Comme si ces mots ne plaisaient pas. Mais c’est ce qu’il voulait, se faire détester pour que l’on attende rien de lui. Moins on avait d’espoir en lui, moins il était stressé, et mieux il travaillait. Il savait que le mâle était du même rang que lui. Enfin pas tout à fait, lui était apprenti, l’autre non. Alors peut être pouvait-il lui apprendre des choses.

Il avait finit par aller dedans, il avait observé le loup cornue la truffe dans la terre. Il savait que son rang allait le salir, peu importe ce qu’il aurait choisi. Il aura toujours les pattes dans un truc visqueux. Si ce n’est de la vase ça sera du sang. Et c’est ce qui l’avait envoyé vers le côté des soigneurs. Quitte à avoir les pattes dans le sang, autant que ça ne soit pas lui qui l’ai versé. Il attendit que le loup ai finit son petit travail avant de le voir relever la tête et croiser son regard.

« Tout ce que tu peux m’apprendre, tant que tu m’es utile »

Saqqarah ne manquait ni une occasion d’apprendre, ni une occasion d’être froid. Il ne croyait que très difficilement en ce que voulait les adultes… Ces êtres capables d’être gentils et souriant mais de faire du mal à d’autres. Ça n’avait pas de sens. Il ferma les yeux. Finalement il devenait comme eux. Très probablement. Oui, mais il blessait moralement une fois, et il savait qu’une fois qu’on c’était fait à son mauvais caractère, la plus part des loups n’y faisait plus attention, qu’ils n’étaient même plus affectés car ils savent qu’il est ainsi.

Mais les adultes c’est différents, ils blessaient moralement et physiquement. Et ça le perturbait. Il ne voulait pas détruire des vies. Encore moins tuer… Tuer envoyé les proches du mort dans un état de souffrance extrêmes… Et la souffrance d’autrui, il la ressentait, il avait bien finit par le comprendre malgré lui.

« Je connais déjà les vertus de l’argile qui est une boue particulière. Mais j’ignore les qualités de celle que tu es entrain de récupérer par exemple. »

Expliqua-t-il calmement pour ne pas non plus avoir deux fois la même information. Le métisse était resté assit prêt du mâle. Ici il pensait à Ptah qui était sans doute quelques part dans les vases. Il savait que son père ne l’attaquerait jamais. Il ferma les yeux avant de se relever, il n’avait pas forcément envie de rester ici. Mais il y était contraint après tout.

Saqqarah était intéressé par ce qu’il pouvait apprendre. Il avait soif de connaissances, ce n’était pas une lubie ou une nouveauté. Bien au contraire. Il remua lentement les oreilles en fixant le mâle en face de lui. Il n’avait pas tellement d’intérêt à l’écouter s’il ne lui apprenait rien. Il l’écouta parler de la boue, fixant celle-ci avant de relever son regard vers Tawana. La préparer ? Il plissa les yeux, quelle genre de préparation fallait-il mettre avec cette pâte boueuse ? Il remua lentement la queue, observant le loup, il ne semblait pas vouloir lui donner l’information s’il ne posait pas la question, ce qui le fit soupirer.

« Comment faut-il préparer cette boue ? »

Demanda-t-il en observant Tawana. Il n’avait pas envie de lui dire qu’il n’y connaissait rien, que c’était une honte pour un panseur. Il n’avait pas envie de se rabaisser devant cet être qu’il avait trouvé bien ridicule il y a peu. Il n’avait aucune réelle animosité contre Tawana. Mais cela l’énervait. Il ne voulait pas se rabaisser, il voulait juste des connaissances, un moyen de savoir comment mieux aider et soigner les autres. Il attendit sa réponse avant de remuer sa queue de façon pendulaire.

« Pourquoi tu as choisi d’être Panseur toi ? »

Questionna-t-il calmement. Pas que ça l’intéressait sincèrement. Mais il était curieux, pourquoi un adulte avait-il choisit ce rang ? Il savait que son père avait prit cette voie car c’était la voie de la famille depuis plusieurs génération. Mais Tawana, ses parents n’étaient pas Panseur de ce qu’il savait, alors pourquoi avait-il choisi un tel rang ? La question le turlupinait bien qu’il doutait que ce loup soit différent de tous les autres.

Saqqarah était bon élève, il avait toujours aimé apprendre, il n’était ni comme Fafnir un surexcité, ni comme Ortie une brute épaisse. Il était calme et composé, mais arrogant et c’était le problème avec lui. Et encore son arrogance était quelque chose d’uniquement voulu. Il souhaitait éloigné pour ne pas blesser les autres plus tard. Il ne se protégeait pas lui, de toute façon il ne ressentait rien. Ni de peine, ni de joie, encore moins de jalousie ou d’agressivité. Quand Meshret l’insultait, cela ne lui faisait absolument rien. Il n’en avait tellement rien à faire que cela énervait encore plus la louve.

Il écouta Tawana avec un réel intérêt. Il n’y connaissait rien en boue. Il s’y connaissait en plante, en diffusion d’odeurs, et en remède à boire. Mais pas en pâte à appliquer. Il hocha la tête à ses mots. De l’aloe vera donc, il connaissait la plante, et savait où la trouvait. C’était une très bonne chose pour lui. Il pourrait mieux aider les autres et ça c’était parfait. Il voulait toutes les connaissances pour prendre soin des autres. Il agita lentement les oreilles en hochant la tête.

« Merci. »

Répondit-il avant de lui demander pourquoi il avait choisi ce rôle. A sa réponse il roula des yeux un sourire narcissique s’étirant sur son visage alors qu’il relevait la truffe, de manière bien supérieure en observant le mâle. Il le contourna, humant son odeur, observant son pelage et ses bois, avant de s’arrêter à côté de lui.

Contrairement à ce qu’il pensait, il était vraiment intéressé, pourquoi un adulte voulait-il aider alors que les autres, étaient tous doubles. Ces deux visages le rendait dingue. Il n’arrivait pas à comprendre, à saisir le sens de cela. Il souffla longuement, soupirant en regardant le loup à côté de lui.

« Ahah, amusant que tu sois rancunier. Monsieur a mal prit que ça soit pathétique d’avoir les cornes dans les lianes ? »

Demanda-t-il légèrement amusé. Il savait qu’il n’était pas sympa. Mais il voulait voir si celui là aussi, était double comme Pepper qui sourit à sa meute et fait du mal à d’autre sans réelle raison. Les cycles de haines et de vengeances sont une chose qu’il a rapidement comprit, et il craint que cela soit dû à des punitions parfois non nécessaires.

« Cela m’intéressait vraiment, mais tu as raison je suis trop mauvais bougre pour mériter une réponse. Je chercherais moi-même du coup. »

Remarqua-t-il en se disant qu’il pouvait très bien observer Tawana, ou demander à d’autres, ça n’avait rien d’impossible. Il secoua la tête, il avait perdu son sourire moqueur après sa question. Redevenant aussi impassible que froid lorsqu’il lui avait affirmait que ça l’intéressait vraiment.

« As-tu d’autres informations sur un type de boue que l’on peut trouver ici ? »

Saqqarah le fixa, l’écouta, l’entendant rire, il ferma les yeux. Il avait raison quelques part, le rire d’autrui était une chose très belle, surtout quand il était franc et spontané. Le crocodile se glissa devant le mâle et se coucha en sphinx, la truffe levée vers lui, le fixant calmement, les oreilles pointées vers lui, écoutant son histoire. Il remuait lentement la queue de manière pendulaire. Il se demandait ce que le mâle avait finit par faire des oiseaux et de la branche. Si les oiseaux avaient été de bonne compagnie il espérait qu’il ne leur avait pas fait de mal.

Il pencha la tête avant de l’entendre dire qu’il ne devait pas faire de jugement hatif. Mais en fait il ne jugeait pas. Il ne savait pas si c’était de la rancune ou autre chose. Et de toute façon il n’y connaissait rien aux sentiments d’autrui. Il roula ses épaules sous son pelage.

« Je ne te juges pas Tawana, sinon, je ne prendrais même pas le temps de t’écouter. Et puis comment pourrais-je juger un adulte ? Vous êtes si complexe que toute une vie ne me suffirait pas à comprendre. »

Il le vit tourner la tête, pencha la sienne sur le côté pour voir le paysage derrière le loup. Dressant les oreilles pour l’écouter. Une terre qui peu aider à soigner les brulures. Voila qui était très intéressant. Cela pouvait être très utile. Il était cependant un peu perplexe, remettant ses pattes arrières correctement tout en continuant de faire la pendule avec sa queue. Saqqarah réfléchissait. Il faudra qu’il aille chercher de cette boue et apprenne à la travailler, c’était important. Et puis ça lui permettrait de s’entraîner et de développer ses qualités d’apprenti Panseur.

Il hésita encore une seconde avant de regarder Tawana. Cette fois fallait qu’il la pose la question. Ça lui paraissait vraiment troublant quand même. C’était quand même perturbant comme idée. Son oreille trembla une ou deux fois avant qu’il ne souffle longuement.

« Mais… Si on met de la pâte un peu chaude sur une brûlure, ça ne risque pas d’aggraver la brûlure ? »

Il attendit sa réponse, Saqqarah avait beau avoir mauvais caractère, quand il était intéressé, ça se voyait. Il suffisait qu’il soit captivé pour être presque sympathique. Il reposa ses yeux sur les cornes du mâle avant de mettre les oreilles à l’horizontal.

« Tu en as fais quoi au final, des oiseaux ? »

Saqqarah l’écouta, les oreilles toujours calmement dressées. Le vent un peu frais lui faisait du bien. Naturellement, le jeune métisse aimait le frais, ou être dans l’eau. Sans doute les gênes de reptiles qui ressortaient dans ces moments. Il pencha la tête à ses mots. Conseiller, ça, il sait faire, écouter les autres aussi. Mais il ne veut aucun lien social. Ou du moins, il ne veut pas qu’on s’attache à lui. Parce qu’il ne comprend pas les émotions. Il comprend les récits, les situations, et peut sans trop de difficulté démêler tout ça pour aider. Mais il ne saisit pas toujours les émotions d’autrui, et à inconsciemment admis qu’un loup ayant une vie sociale et étant souriant, était un loup qui allait moralement bien. Du coup, peut on dire que lui va mal ? Probablement.

De toute façon le mâle reptilien se fichait hautement de sa propre personne. De toute façon il ne se comprenait pas du tout. Il avait été joyeux une seule fois. Avec Alexandrine. Mais sinon, c’était difficile de le faire réellement sourire, ou qu’il se sente bien. Il hocha cependant vaguement la tête à l’explication du cornu.

« Je vois. »

Souffla-t-il. Puis il l’écouta répondre à sa question et mit les oreilles à l’horizontal. Ayant l’impression d’être prit pour un con. Il va pas non plus mettre de la patte bouillante, il est pas débile. Il sait bien que s’ébouillanté c’est douloureux, et pas seulement pour le patient. Il soupira. Avant d’écouter la suite. Eviter les croutes, donc, en outre, il fallait éviter la formation du pue, pour empêcher la prolifération des bactéries, et éventuellement prévenir d’une potentielle gangrène. Il n’y avait pas pensé. Il comprenait l’intérêt de la pâte, et pourquoi il fallait qu’elle soit tiède, mais pas froide.

Il ne fit aucune remarque sur l’impression qu’il avait eut d’être prise pour un imbécile. S’étant contenter de marmonner dans sa barbiche, souligna à mi-voix qu’il était jeune, pas totalement con. Il ne savait pas si le loup avait perçu ce qu’il avait marmonné ou non. Et dans tout les cas il n’en avait rien à carrer.

Saqqarah lui posa finalement la question sur les oiseaux, l’écoutant rire. Il remua doucement les oreilles avant de hocher la tête. Il avait obtenue une information non demandé en plus de celle qu’il avait cherchée. C’était étrange, il lui semblait que Tawana était plus bavard que ce qu’il ne voulait bien faire croire. Il avait la sensation de mener la conversation, c’était lui qui posait les questions, et le mâle qui répondait. Il ne les avait donc pas tué. Ce qui au fond rassura Saqqarah. Il était non violent, enfin moralement il pouvait l’être, mais physiquement il rejetait obstinément le combat. C’était sa bête noire. Tant pis, il serait sans doute considéré comme couard, à moins que son désir de parlementé face de lui un loup sage, qui sait ?

Il se releva, s’étirant et secouant son pelage, l’élégance dans la peau, il vint s’asseoir à nouveau devant Tawana. Il n’avait peut être plus de question sur la boue. Mais une question lui taraudait l’esprit. Il n’avait seulement pas encore trouvé comment la formuler exactement. Ce qui au fond l’agaçait légèrement. Reaper lui avait plusieurs fois dit de bien choisir ses mots, et il y travaillait. Il choisissait son vocabulaire et évitait toujours de répondre sous l’impulsion. Finalement il se mit à se gratter nerveusement derrière l’oreille car les mots ne lui venaient pas. Quand soudain, il figea sa patte en suspension, fixa Tawana, et la reposa lentement sur le sol avant de pointer les oreilles vers lui.

« Si un loup te demander de blesser un inconnu, pour le punir d’un crime qu’il a prétendument commis, tu obéirais ou tu regarderais ton supérieur faire ? »

Demanda-t-il en fixant Tawana. Est-ce qu’il ferait parti de ceux qui torturent, ou de ceux qui regardent ? Ah moins qu’il soit comme lui, qu’il tenterait de résonner, ou qu’il s’empresserait de vouloir aider le loup ensuite, ou même de le libérer…

Saqqarah l’écouta, il savait que la question ne plairait pas. Il n’avait rien du stupide, plutôt le contraire. Il vit le mâle le dévisager, comme s’il avait parlé d’un tabou. S’en était peut être un d’ailleurs. Du moins c’est ce qui s’en rapprochait le plus. Il attendit la réponse avec une certaine impatience. Non pas parce que lui aimait ce genre de chose. Mais parce qu’il voulait savoir s’il était vraiment trop étrange, ou si quelqu’un d’autre pourrait avoir le même genre d’avis. Il écouta alors attentivement le mâle avant de se lever, secouant son pelage.

Il avait l’habitude d’être couché ou assit, principalement la tête dans des ouvrages. Plus l’ouvrage était imposant, plus cela était fascinant pour Saqqarah. En face de lui, Tawana lui paraissait être un énorme grimoire. Quelque chose qu’il se mettait à vouloir découvrir couche par couche. Ligne par ligne, paragraphe par paragraphe. Il remua doucement sa queue, avant de hocher la tête.

« Ravi de voir que je ne suis pas le seul à considérer que je n’ai aucun droit de vie ou de mort sur autrui »

Il hocha la tête comme un salut, avant de lui souhaiter une bonne journée. Il se retourna, et s’éloigna d’un pas calme et tranquille. Il avait désormais d’autres questions en tête pour Tawana, mais d’abord il fallait qu’il trouve des plantes, rentre, et aide un peu.