Chaque jour est un don. ♣ Sheina

Horus ; 4 ans
F A E I

Les prunelles vert d'eau du mâle se perdaient dans la contemplation du liquide jaune. Le reflet lumineux de la fontaine divine faisait ressortir les paillettes dorés parsemant les iris du loup. Lui qui croyait n'avoir rien reçu des gènes de son père en dehors de la crête couleur neige. Un fin sourire naquit sur ses babines alors qu'un souvenir heureux de ses parents lui vint en tête. Le deuil n'était pas chose aisé, mais chaque jour il était plus facile de repousser le chagrin pour ne garder en tête que les beaux moments. Horus observa ensuite les murs du temple, simple et austère, puis les effigies. L'Anaconda n'était pas dieu à exposer sa grandeur inutilement dans de riches icônes ou décor, il jouait à la fois humblement mais sans dissimuler sa vraie force avec ses disciples. Horus s'était toujours senti lié à cette divinité comme ses ancêtres avaient pu l'être, il lui avait fallu par contre du temps avant de comprendre qui il était réellement au fond de lui, et ce qu'il désirait ardemment, pour être prêt à porter avec fierté sa foi et son affiliation au Dieu flavescent. Il pria un moment, remerciant Kiro de faire de chaque jour une belle journée. Ou du moins, de l'aider à le voir comme tel, avant de sortir du temple.
A la base il était venu trouver la Prêtresse. Il supposa que depuis qu'elle était mère, elle avait potentiellement moins de temps pour elle et préférait peut-être rester en lieu plus sécurisant pour des louveteaux, au Castel. Il prit donc le chemin inverse à pas tranquille, profitant des rayons tièdes du soleil sur son dos et sa tête. Observant, pensif, les changements opérés ces derniers mois sur la flore locale.

La chauve-souris bailla.

Suspendue au plafond, la chauve-souris profitait d’un sommeil réparateur, chose possible principalement en journée, bien que les enfants demandaient une surveillance particulière. Du moins, de son perchoir pouvait-elle les surveiller quand ils n’étaient pas aux côtés d’Anette - enfin c’était ce qu’ils prétextaient -. Une odeur familière vint chatouiller la truffe pointue de l’Etelkrus qui atterrit sur le sol avant de s’élancer dehors pour rattraper Horus.

« — Horus ! Cela faisait fort longtemps ! »

La queue pointue de Sheina remua de joie à l’idée de recroiser ce loup qu’elle avait connu louveteau. Toutefois, bien que sa vie se passait à l’écart du Grand Castel, la prêtresse avait appris la mort de Korra et Geb. Perdre ses parents étaient choses tragiques, mais Horus avait pu en profiter plus longtemps que Sheina n’en avait eu l’occasion à l’égard des siens.

« — J’ai appris pour tes parents, tu tiens le coup ? »

Un sourire doux étirait ses babines, ses paupières à moitié closes bien que la lumière du soleil l’empêchait de voir.

Horus ; 4 ans
F A E I

Il se retourna en attendant son nom. Finalement la Prêtresse était bien à son poste, cachée dans un coin de son temple. Sûrement pour être au calme, cela dit, le Moere était un lieu plutôt de nature paisible. Il sourit à l'approche de la femelle chauve-souris, qui montrait elle aussi des signes de contentement. Au moins, puisqu'elle le rattrapait, c'est qu'il ne la dérangeait pas dans un moment de prière ou d'intimité avec ses enfants. Le jeune mâle beige aurait détesté se retrouver au milieu d'une réunion familiale et briser un instant de complicité. Les instants de tendresse avec sa mère lui manquait déjà terriblement, bien qu'il soit adulte depuis de très nombreuses lunes. C'est pourquoi il s'était toujours senti inférieur et faible par rapport aux autres, et surtout par rapport à son père, Geb. Horus était un loup sympathique, jovial, chaleureux et tactile. Il avait toujours eu du mal à respecter la distance, la froideur et la timidité des autres.

« Prêtresse ! Merci de votre présence. »

Répondit-il en un signe du museau avec un profond respect pour la porte-parole de son Dieu Serpent. La question le déstabilisa un peu. Encore. Il avait à peine commencé son deuil, après la dernière leçon de Boite à Clou, quelques jours plus tôt. Le chagrin serrait son coeur et parfois une boule douloureuse venait coincer dans sa gorge. Il devait alors expirer lentement et penser aux bons souvenirs, ou aux personnes chers qui lui restaient encore. Ses deux sœurs, son frère aîné, son mentor et quelques rares amis éparses. Il se remémora Eva, attristée par la mort d'Hanna qu'elle connaissait pourtant peu. Chacun vivait la disparition d'un être différemment et avec plus ou moins d'intensité. Il était important de prendre en compte les ressentis de chacun. Il découvrait seulement les siens, et parfois, c'était dur à gérer. Le sourire de Sheina l'encouragea pourtant et il inspira doucement. Il ne comptait pas mentir.

« Ça peut aller. Ce n'est pas facile tout le temps, et je pense beaucoup à Sokaris, que Kiro a envoyé loin. J'espère qu'lele nous reviendra vite. »

Le disciple du Croquemort pencha la tête sur le côté, les oreilles en avant. Son regard vert d'eau retrouva des étincelles de joie alors qu'il changea de sujet.

« Félicitations, vous avez une adorable famille. »

Et de nombreux enfants qui courent partout au Castel. Voir autant de vie au campement Etelkru le ravissait. C'était comme si, malgré le malheur de la perte, l'équilibre était gardé grâce à cette nouvelle génération qui apportait rire et joies à la meute.

Les babines s’étirèrent en un sourire en entendant Horus la désigner par l’appellation « prêtresse », c’était si formel. Pourquoi pensaient-ils tous qu’elle les corrigerait si ils se contentaient de l’appeler tout bonnement Sheina ? Bien que la louve était aveugle de jour, elle pu sentir que sa question avait causé un froid. Hum… La peine était encore bien présente…

« — N’ai crainte pour ta soeur, Kiro veille toujours sur ses disciples. »

L’Anaconda avait beau prendre beaucoup de choses pour un jeu, lorsqu’il s’agissait de ses disciples, Kiro était on peu plus sérieux. Comme il l’avait été lorsque les Raeders l’avaient kidnappé, aidant Anette et Pepper à venir la récupérer. Pepper. Un frisson bref parcouru l’échine de la louve en pensant à l’alpha bleue, cela faisait un moment qu’elles ne s’étaient retrouvés face à face, depuis que Siam avait de nouveau pénétrer sur leurs terres. La prêtresse avait beaucoup de mal à supporter cette louve aux intentions beaucoup trop violentes à son goût.

La mauve fut tirée de ses pensées à l’évocation de ses enfants. Sa fierté.

« — Merci ! Adorable n’est pas le terme que j’emploierais, plutôt énergique… »

Beaucoup trop énergique même… Sans même parler du caractère de chacun…

« — Félicitation à toi, pour ta couleur. Au fond, je m’en suis toujours un peu douté… »

Depuis sa visite enfant…

Horus ; 4 ans
F A E I

Le mâle beige sourit, acquiesçant à la remarque de la Prêtresse. Il était vrai que les divinités Etelkrus étaient proches de leurs disciples et qu'ils veillaient sur eux sans faillir. Si l'Anaconda avait envoyé sa soeur au secours d'une autre meute, il l'avait forcément fait sans cesser de la protéger. Horus espérait juste la revoir bientôt. Sokaris lui manquait beaucoup, autant que chaque membre disparu de sa grande famille, bien que pour elle, il sache qu'elle était en bonne santé quelque part sur le continent. Sheina répondit avec tout l'enthousiasme d'une jeune mère à l'évocation de ses rejetons et l'élève du Croquemort ne pu que sourire à cet élan de tendresse.

« L'énergie est gage de santé. »

Ajouta t-il dans un sourire de connivence. Après tout, que pouvait-on demander de mieux que des louveteaux bien en forme et actifs pour la meute ? Cela devait ravir autant les parents que les meneuses. Peut-être moins les nourrices ? Le coeur d'Horus se serra en pensant à sa mère si douce et si aimante. Elle aurait adoré s'occuper des jeunes loups et louves aventureux de cette saison. Les oreilles du beige se relevèrent et il remercia la Prêtresse de Kiro.

« Merci. Il m'aura fallu le temps de me trouver... »

Il marqua une pause et jeta un œil curieux en direction de l'arbre de l'Anaconda.

« Ce que je n'ai pas trouvé encore, c'est le don que Kiro m'a offert... Cela fait plusieurs lunes et je n'ai toujours aucun soupçon sur ce dont je suis capable... »

Horus haussa les épaules, un peu dépité. Pas que cela lui soit vital, mais encore une fois, il se sentait en décalage avec ses pairs Etelkrus.

La prêtresse se contenta de sourire à la remarque du nouveau disciple. Pour sûr, de santé, ses enfants n’en manquaient pas et avaient beaucoup d’énergie à revendre. Leurs futurs mentors auraient bien du travail avec eux. Les oreilles pointues de la louve remuèrent doucement, un sourire aux babines.

« — Le temps est parfois gage de sagesse, Horus. »

Parfois.

Pas toujours.

Sheina pencha la tête sur le côté, en entendant les doutes du beige quant-à son pouvoir. Certains dons des dieux pouvaient se montrer… capricieux. Peut-être que celui d’Horus ne s’activaient que lorsque plusieurs conditions étaient réunies, comme la pleine lune ou l’arrivée d’une saison ? La disciple de Kiro n’avait guère eu de difficulté avec le sien, son pouvoir changeant du tout au tout, faisant d’elle une louve hybride, aussi il lui était difficile de savoir comment aider le loup car nulle difficulté n’avait croisé son chemin.

« — N’as-tu rien ressenti de particulier ? »

Horus ; 4 ans
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Le temps était gage de beaucoup de chose. Le mâle beige répondit à l’hybride d'un hochement de tête. Ses yeux se plissèrent, amusés. La louve lui avait toujours semblé à des années lumières de la dogme Etelkru. Oh il n'aurait jamais réfuter son appartenance ou sa loyauté à la meute, jamais, mais elle était aussi éloignée de la majorité des membres de la meute que son corps différents d'un loup lambda comme lui. Elle était patience, douceur, humilité, compassion... Là où la plupart des disciples de rouge et d'orange étaient prompts à la réaction, lestes à la réplique, fiers de leur puissance et sûrs de leur victoire écrasante. Il était étonnant de l'avoir vu se lier avec la meneuse, fille de son mentor. Comme le soleil et la lune, les deux louves s'opposaient autant qu'elles se complétaient. Le brave apprenti Croquemort rêvait d'une relation aussi forte. Sheina lui rappelait tant sa mère, tendre et joviale. Un élan de nostalgie le pris et Horus sourit pour lui-même, heureux d'avoir la chance de posséder de telles images de feu la nourrice aux cheveux d'argent. C'était d'elle qu'il tenait ses prunelles vert d'eau, d'elle qu'il tenait son pelage et son caractère apaisant. Bien loin du guerrier dont rêvait Geb, m'enfin, il savait que le vieux conseiller avait été heureux qu'il trouve, finalement, son propre chemin.

« Certains cauchemar aussi. »

Cela lui échappa. Pourtant il ne pouvait nier que c'était là-bas, dans ce monde rouge au goût de cendre et de mort qu'il avait trouvé son courage. C'était là-bas qu'il avait découvert celui qu'il était réellement. Le protecteur en temps de crise, le soutien en temps calme. Rôle de pilier qu'il officierait auprès des vivants qui devaient dire au revoir à leurs proches disparus, toujours trop tôt, dans l'héritage de Clou. C'était là sa place, pour aider son prochain à toute instant. Et savoir cela était son seul besoin. Que Kiro soit remercié, trouver sa vocation à son âge était une chance, selon Horus.

« Non... »

Réflexion. Étonnement. Surprise. Ses prunelles claires agrippèrent un éclat de jaune lumineux, dans l'eau boueuse. Il aurait juré pourtant, que quelques instants plus tôt, rien n'apparaissait dans le marais ? Etait-une réponse à la vague de gratitude qu'il venait d'envoyer à l'Anaconda ? Ou une simple coïncidence ? Et quelle coïncidence, n'est-il pas ?

« A qui sont ces lunettes ? »

Celles aux verres arrondies là, toutes flavescentes, a peine cachées dans la vase...

La prêtresse conserva le silence, face aux réponses d’Horus. Qu’aurait-elle pu ajouter de plus ? Se contentait d’être une oreille attentive était déjà quelque chose de suffisant à ses yeux. Sheina comprenait la perte qu’occasionnait la mort d’un membre de sa famille, ayant perdu ses parents incroyablement jeunes. Mais elle était passée outre de cela, s’évertuant de grandir un peu plus chaque jour, pour être à la hauteur des attentes de ses enfants, mais plus encore, de celles qu’elle aurait eu si ses parents étaient demeurés en vie.

« — À aucun des miens en tout cas, mes enfants n’ont pas ce type d’accessoires et je ne connais aucun disciple de Kiro qui en porte. »

Les loups à lunettes étaient bien rares dans les environs, surtout chez les Etelkrus. Aussi, lorsque Sheina en croisait un, elle avait tendance à mémoriser son visage et son odeur afin de s’en rappeler. Sait-on jamais, dans ce type particulier de circonstances…

« — Probablement quelqu’un qui les a égaré… »

Même si, mis à part Bamboo personne avec des lunettes ne lui venait à l’esprits… C’était étrange, peut-être une simple trouvaille remontée à la surface par un crocodile ? Les marais renfermaient des trésors insoupçonnés de tous, que seul les plus téméraires se risquaient à chercher.