Alone in the cHardons | LIBRE

Cette journée était épuisante, malgré sa récente blessure Anianka avait commencé très tôt à arracher les chardons de cette île. Tâche longue et déplaisante car son épaisse fourrure ondulée se prenait souvent dans ces saletés de ronces et malgré sa délicatesse elle se piquait la peau et les mâchoires à plusieurs reprises. Elle avait croisé Elely qui s'entraînait et d'autres disciples dans la journée mais plus personne depuis quelques heures et le silence autrefois apaisant était aujourd'hui lourd de peine. Ses enfants étaient devenus grands et réfléchissaient d'eux même, parfois pas comme elle l'aurait souhaité.. La prêtresse de Moiro était sûrement trop sévère avec eux, mais elle espérait que cet apprentissage les aideraient à rester fort et à survivre aux épreuves les plus difficiles.

Elle s'arrêta pour lever le museau un instant, savourant la brise fraîche revenue d'au delà le dôme. Il était temps pour elle de se diriger vers les terres solitaires et de chasser, son estomac serré n'allait plus tenir très longtemps. Tandis qu'elle marchait calmement et esquivait avec agilité chaque nid de ronces, elle dressa les oreilles en entendant un bruit familier qui lui électrisa le cœur. Figée comme un renard en chasse, elle n'eut qu'une pensée en cet instant : Akira...
Un hésitation, un doute.. Mais il en fallut peu à la prêtresse pour s'élancer à la poursuite de ce bruit, comme s'il s'agissait d'un souvenir, d'un fantôme qui l'appelait.. Le cœur agité, elle enchaîna des bonds souples et vifs comme un félin et s'arrêta finalement devant un nid de chardons plus gros que les autres, d'où ressortaient d'étranges couinements. A la fois intriguée et anxieuse, elle dégagea avec précaution les tiges entassées grossièrement une à une jusqu'à découvrir une petite boule de poils enroulée sur elle même, recouverte d'épines et de chardons. Une pointe de déception habilla son regard alors qu'elle la fixait là, de sa hauteur, presque méprisante.

Elle chercha autour d'elle d'un geste circulaire du regard si quelqu'un était encore dans le coin, mais c'est sans surprise qu'elle n'aperçut personne. Alors elle baissa de nouveau ses prunelles d'ambre sur la petite chose, puis après une hésitation elle l'attrapa entre ses crocs et l'emmena jusqu'à un terrain plus propre et moins hostile qu'elle avait dégagé dans l'après midi.

Elle la déposa là, près d'un vieille arbre qu'elle avait l’habitude de côtoyer et dont les racines étaient recouvertes par un nid douillet de mousses. Elle s'assit près d'elle et d'un geste de la patte, elle lui retira les épines de son pelage avec minutie.

Ta mère t'a abandonnée, petite. Ne pleure pas.. Elle ne mérite pas ta tristesse.

Sa voix était grave, presque trop sévère. Anianka n'avait pas prévu cela mais peut-être qu'il s'agissait d'un cadeau des dieux, alors elle devait l'accepter. Elle ne remplacerait jamais Akira, non, car jamais personne ne pourrait la remplacer. Elle n'avait pas son sang, et pourtant.. Alors que son regard croisa le sien, encore innocent et angélique, elle fut convaincu qu'elle devait lui laisser au moins une chance.

Anianka & Elely

D'un geste de la patte, elle remonta le menton du lardon et retira l'épine qui se trouvait sur sa langue, faire des grimaces ainsi n'était pas très joli.
Alors que ses iris brûlantes observaient d'un air apathique l'enfant, elle la tourna et entama une toilette à celle ci afin de nettoyer son pelage. Il ne semblait y avoir aucun amour dans les yeux de la prêtresse et pourtant, elle s'occupait d'elle comme si il s'agissait de son bébé. Un bébé qui allait devoir survivre si elle veut plus tard être dans ses bonnes grâces, et elle n'allait pas se montrer toute tendre..
Sera-t-elle à la hauteur ? Elle n'aurait probablement pas le choix. Une chose est sûre, Anianka ne ferait pas la même erreur qu'avec ses enfants, celle ci, elle l'éduquerait au berceau et sans prendre de pincettes.

Une petite silhouette aussi féline que celle d'Anianka apparut au loin et grandit à chacun de ses pas en direction de la prêtresse.

C'est qui elle ? Interrogea Elely, devenue une gigantesque silhouette debout face à l'enfant.

Anianka releva un instant son regard sur sa fille, silencieuse. Puis elle interrompit la toilette de la gamine pour lui répondre.

C'est une enfant abandonnée que je viens de trouver sur l'Île.

Elely baissa sa truffe près de la petite boule de poils et la renifla doucement.

Tu vas t'en occuper ?

Une pointe de mépris siffla dans sa voix et trahit sa jalousie. Anianka riva son regard froid sur l'enfant, comme hésitante.

Comme si on avait besoin de ça.. Bredouilla la jeune louve en s'asseyant, la moue mécontente.

C'est parce que nous avons besoin de ça justement, que je vais m'en occuper.

Et elle se remit au travail, recouvrant le corps de l'enfant de sa langue rappeuse.

Anianka & Elely

Elely haussa les épaules, ne comprenant pas forcement pourquoi ils avaient besoin d'un mioche en plus.. Elle jeta un regard de travers à la petite lorsqu'elle tendit les pattes vers elle, même si elle était mignonne elle ne supportait pas que sa mère s'en occupe. Jalousie quand tu nous tiens..
Anianka resta indifférente, continuant la toilette de l'enfant. Puis lorsqu'elle termina, elle se leva et s'ébroua. Elle avait bien besoin de se toiletter elle aussi..

Je vais chasser, occupe toi d'elle en mon absence je ne serais pas longue.

Elely riva ses prunelles dans celles de sa mère et hocha la tête sans réelle conviction, elle n'avait pas le choix de toute façon..
Elle observa sa mère s'éloigner puis détourna le regard sur le lardon. D'un geste de la patte elle la souleva pour la mettre devant sa truffe et elle la dévisagea sans la moindre pitié.

T'es moche, je vais t'appeler mocheté.

Un mensonge pour l'embêter, et parce qu'elle ne l'aimait pas. Puis elle se mit à sourire avec surprise en voyant son air innocent, un sourire qu'elle ravala bien vite. Elle la redéposa au sol et vint s'allonger un peu plus loin, lui jetant de brefs regards du coin de l'oeil.

Elely

Le regard ailleurs, elle était pensive. Elle jetait quelques regards pour surveiller la mocheté qui tentait de s'approcher d'elle sans lui prêter trop d'attention. Elle vit la fine silhouette d'Isrâ s'approcher d'elles au loin et lea suivit du regard.

Salut Isrâ, tu vas bien ? Questionna-t-elle avec enthousiasme, soudainement plus chaleureuse et souriante que les minutes précédentes.

Elle tourna ses prunelles bleutées sur la petite et la repoussa d'un mouvement de la patte, réduisant ses efforts à 0.

N-non pas du tout ! Qu'est-ce que tu racontes c'est pas à moi. Répondit-elle nerveusement d'un air dégoûté.

C'est maman qui l'a trouvé et elle veut la garder, elle dit qu'on en a besoin.

Elely soupira par la bouche, désespérée. Puis son expression vira à l'inquiétude, ses sourcils se fronçant sur son minois d'adolescente.

Ton odorat n'a pas l'air de s'arranger..

(Je laisse cette tâche à Isrâ haha ou sinon ce sera Anianka qui le fera à son retour dans une ou plusieurs réponses après
PS ; Je change de couleur d'écriture pour éviter de vous faire mal aux yeux, si ça ne convient pas dites moi)

Elely

Je vais bientôt quérir le glowstick rose, je pète la forme ! Répondit-elle avec un grand sourire.

Elle vit l'agacement assombrir les traits d'Isrâ et son sourire devint plus amère, ses babines se refermant sur ses dents. Elle aussi était énervée par cette décision et partageait la jalousie qu'iel dévoila sans aucun scrupule. L'idée d'être remplacée ne lui était pas venue à l'esprit et son expression devint plus contrariée encore, elle jeta elle aussi un regard noir sur l'enfant qui s'était assise. Elle ne plaça cependant aucun mot sur la douleur qui animait son cœur en cet instant et se contenta de blâmer la petite chose aux allures innocentes.

Si il y a bien quelqu'un qui sait comment résoudre ce problème c'est bien toi, tu es lea plus intelligent-e de cette fratrie. J'espère que c'est passager.

Elle releva ses prunelles pour les plonger dans celles identiques à mère avec plus de douceur.

Non je l'appelle mocheté moi, ça lui va bien je trouve.

Et c'est comme ça qu'elle l’appellera toujours.

Ses yeux azurins roulèrent vers l'enfant avec dédain alors qu'un sourire plus sadique se décrivit sur ses babines.

Elle n'arrive même pas à notre cheville, on a rien à craindre.

Anianka & Elely

La future disciple rose sourit timidement lorsqu'iel plonge ses prunelles semblables à celles de mère dans les siennes et la complimente. Elle n'avait pas l'habitude d'être complimentée, il n'y avait que leurs frères et père qui le faisaient et ses joues se teintèrent doucement de rouge alors qu'elle baissa un peu plus le museau pour laisser sa mèche cacher sa faiblesse. Car s'en était une.. D'être sensible aux paroles des autres. Mère ne serait pas très fière si elle voyait ça, elle devait s’entraîner plus ardemment pour pouvoir le cacher.

Elle glissa son regard sur l'enfant qui s'endormait dans son coin, condamnée à rester seule sans la chaleur d'une fourrure maternelle. Pendant un court instant elle eut de la compassion en la voyant ainsi, elle n'aurait pas supporté que mère soit aussi distante — encore plus qu'elle l'est d'ordinaire — avec elle de la sorte. Mais peut-être que si elle l'avait été, Elely ne serait pas aussi attachante et émotionnelle. Elle leva des prunelles étonnées sur Isrâ lorsqu'iel parla avec une froideur impitoyable qu'elle ne lui connaissait pas. Iel ressemblait plus à mère qu'Elely et elle eut un petit pique de jalousie dans sa poitrine soudainement qu'elle ravala bien vite. Elle repensa à Akira et puis haussa les épaules, un peu peinée en repensant à cette tragédie.

Nous pourrions simplement l'éloigner un peu de l'île et elle se perdrait..

C'était probablement trop gentil et venant d'une future assassine il y avait de quoi avoir des doutes sur ses intentions. Elle soupira et lorsqu'elle aperçut la silhouette gracile de mère s'approcher d'eux au loin elle se redressa soudainement et prit un air plus sévère.

Anianka marcha sans se presser, dans sa gueule pendaient deux corps de faisans fraîchement tués. Son corps frôla celui d'Isrâ sur son passage comme pour lui adresser une caresse maternelle, elle jeta un bref regard sur la petite qui dormait puis elle se retourna et déposa les volatiles au sol.

Bonjour Isrâ, si j'avais su que tu serais là pour le dîner j'en aurais apporté un troisième.

Elle passa sa langue sur ses crocs pour en dégager les plumes, puis d'un coup de patte elle fit glisser les deux cadavres près de ses enfants. Elle dégagea quelques branches près du buisson à côté d'elle et en sortit un reste de lapin qu'elle posa entre ses pattes en se couchant. Ce n'était pas grand chose mais elle retournerait chasser plus tard, ses enfants étaient plus importants. Tout en grignotant son maigre repas, elle posa son regard sur le nouveau glowstick d'Isrâ et se mit à sourire fièrement.

Je vois que tu as su dompter le Raptor, mes félicitations.

Elle aurait sûrement préféré qu'iel s'oriente vers la déesse familiale mais aussi surprenant que ça puisse être, elle semblait satisfaite de ce choix. Avait-elle quelque chose en tête ?