Epée contre Stylet ☾ Gloriel

Du fond de sa tanière, l'adulte en devenir observait de ses yeux ambrés le détail de son arme. Disposée entre ses antérieurs, iel avait longtemps lu à son sujet. Ses origines, sa création, l'usage que l'on pouvait bien en faire. Une mort, relatée dans un récit, et qui trouvait comme arme du crime ce que Père lui avait offert.

Son stylet.

Il s'agissait d'une longue et fine lame de toute beauté, d'argent faite. Père avait bien su le choisir. L'arme était digne de sa personne, d'une finesse et d'une discrétion inégalable. Cachée dans les boucliers de ses pattes, elle était oubliée de tous.
Même d'iel.
Iel ne savait toujours comment la manipuler, et se contentait souvent de l'y laisser. Les récits ne suffisaient pas, pour savoir en faire maîtrise. Iel avait bien tenté, pourtant ! Mais son essai s'était soldé par une plaie à un coussinet.
Depuis iel n'avait plus jamais réessayé.
Elle lui faisait office de bombe au poivre, prête à être sortie si on en était venu à se montrer hostile à son égard, tant la force naturelle de son corps ne pouvait être bien dissuasive. Iel était de fragile apparence, si maigre sous le poil épais... Le stylet aurait repoussé l'ennemi.
Iel l'espérait, du moins.

Mais tout se devait d'évoluer.
Iel devait progresser.

C'est plein de vaillance que iel s'engouffra dans le gouffre où ne planait plus aucun faucon. L'odorat toujours absent depuis ses un ans, faisant qu'iel ne savait même pas si iel le récupérerait un jour, c'est par la vision et l'ouïe qu'iel chercha Père.
Vieux loup, là-bas situé.
Père inspirait sagesse et respect, c'est queue basse qu'iel s'en approcha. Isrâ ne pouvant venir à lui avec son effronterie habituelle, car iel tenait en grande admiration ce loup qui était son géniteur.
Et même si iel ne le montrait que trop peu, iel lui portait bien d'amour et ne cessait de penser à lui, à la façon dont un jour iel marcherait sur ses pas.
Même si Méridor le faisait déjà si bien.

« Père, vous allez bien ? »

Iel se met assis, ramenant l'épaisse queue qui est sienne autour de ses antérieurs. Puis d'un geste adroit, iel sortit de sa manchette le stylet, le posant devant lui.

« ...Je n'ai de cesse de regarder votre présent, Père. J'aimerais aujourd'hui apprendre à en faire usage. M'y aiderez-vous ? »

Le ton pédant n'est plus. Iel portait juste sérieux et dévotion dans sa voix, et ses yeux de chercher le bleu de Gloriel.

Iel voyait bien les yeux fatigués de son père, le gris sur ses babines. Mais pour iel, il avait toujours été comme ça. Avec cet air respectable, la sagesse qui se lisait sur son visage au même titre que les années et les épreuves endurés.
Il revêtait allure du mâle parfait, à ses yeux. Iel trouvait beau, son père, et iel était empli d'une certaine fierté de ce savoir enfant de ce loup, de cette même manière qu'iel ressentait cette même chose pour Mère.

« Moi de même, je vous remercie. »

Un peu embrun de frustration, peut-être, de paraître d'autant plus fragile aux côtés de Père. Avec ses épaules larges, sa forte carrure... Iel était maigre, fragile, avec seul son poil pour lui donner un peu forme. Pathétique, à ses côtés.
Mais voilà que Père sourit, et Isrâ oublia cette pensée. Parce qu'aujourd'hui, il s'occuperait de iel, rien que d'iel. Un moment privilégié, entre iel et lui.

A la question, iel fit toutefois la moue. Pas méchamment, non. Ce n'était que pour mieux accorder son expression à ses paroles, celles qui suivirent. Iel devait mettre Père au courant, après tout. Devant lui, iel ne mentirait pas, et l'enfant de Gloriel partagea donc cette mauvaise expérience en même temps qu'iel délivrait ce qu'iel savait de son arme, cadeau précieux.

« Je sais qu'elle se plante loin dans la terre, lorsqu'on veut viser une patte, et qu'elle aurait pu la traverser tout aussi aisément. Elle transperce plus qu'elle ne tranche. Pas comme votre épée Père.
C'est une arme de précision. »

Un souffle par le nez.

« Quant à la manière de s'en servir, je n'en ai cependant une moindre idée. La seule fois où j'y ai eu recours, pour me défendre d'un gougeât personnage, n'a été soldée que par quelques poils coupées et un trou dans l'herbe. »

Ainsi il saurait tout, des déboires de son enfant. Isrâ occultait volontairement quelques détails : Père n'avait besoin de tout savoir, après tout.

Le poil de sa nuque se gonfle un peu, lorsqu'un sourie né sur les babines de Père. Isrâ aurait pu s'en sentir vexé, iel l'était d'ailleurs un peu. Diantre, était-ce tout ce que cela lui faisait, que d'apprendre qu'on s'en était pris à iel de la pire des façons possibles ? En l'humiliant ?
Chance que cela soit Père. Ses narines s’écartent, iel gonfle un peu ses poumons et expirent par elles, dans un souffle qui ne reflète qu'à même son indignation et sa frustration.

N'en faisant pas tout un foin, allons. Ce n'était point très grave, iel s'en remettrait.
Au lieu de ça iel écouta Père, les oreilles en avant, le museau relevé et les yeux plissés. Il lui montre ses cicatrices qui barrent ses postérieurs et inquiète un peu Isrâ. Mmh. Iel espérait ne pas subir tant de souffrance, son corps était bien plus fragile, et iel n'aspirait à porter les stigmates d'un combat qui n'en était même pas un sur son corps.
Son air est soudain mitigé, dubitatif. Iel semble hésiter.

Lâcheté ne l'emportera pourtant point.
Pas cette fois-ci.

Un hochement vigoureux vint plutôt en réponse.

« Moui, je comprends. »

Puis sa queue se redresse, haute, quand il lui parle de sa fierté à son égard. Voilà que soudain se ravive l'éclat dans ses yeux ambres, l'assurance renait en iel.
Isrâ satisferait son père, iel gagnerait aujourd'hui son honneur.
Puis soudain, voilà qu'il prend un os, lui en donne un en retour. D'abord, ils se passeraient de l'arme. De celle qui tranche, pour préférer celle qui frappe mais ne puis faire couler le sang.

« Préparez-vous, Père. Il est temps de me montrer digne de votre héritage. »

Un mouvement fluide, qui soulève ses poils. Iel a l'air de danser, iel se tient sur le bout des pattes et s'élancent. Dans sa gueule, l'os.
Iel passe sur le côté, rapide et souple. L'agilité de mère habite ses mouvements, sa grâce aussi.
Et soudain, de tenter un cou, se retournant vers la jugulaire, pour appuyer le bout de l'os dessus.

Essayer, du moins.

[Isrâ tente une attaque sur Gloriel - PC FOR;0]

Et alors qu'iel pensait irréprochable sa stratégie, de sentir soudain une crampe se saisir de son postérieur gauche, le faisant geindre et lâcher pitoyablement son os, qu'iel s'empressa de ramasser avant que Père ne se moque.
Il y avait de quoi, au vu de la force et de l'endurance exceptionnelles de son enfant...

Ah, diantre ! Qu'iel pouvait bien se sentir honteux, de subir ainsi une crampe et de ne porter une moindre attaque sur père ! Heureusement, celui conservait ce même calme et cette même prestance sienne, ne se moquant pas à vive voix de la prestation médiocre de son enfant. Ce n'est aujourd'hui qu'iel allait gagner la fierté de père, ah...
Enfin, Isrâ était enclin à la persévérance, lorsque celle-ci lui permettait d'atteindre une chose qu'iel désirait vraiment. Tel que posséder davantage de force.
Si ça n'en avait valu la peine, iel aurait déjà stoppé ici l'exercice, dans sa lâcheté de plus en plus assumée.

Et alors que lea jeune cherchait nouvelle ouverture... Son père, enfin, quitta son immobilité. Il fit quelques mouvements de côté, et iel n'eut le temps d'esquiver que déjà iel prenait le choc dans la cuisse.

« Aïe ! »

Couinement surpris. Iel avait la peau sensible, iel marquait vite, ah, et Père l'avait frappé ! Iel afficha quelques secondes une mine outrée, les oreilles en arrière, les yeux plissés dans un air de fouine et la bouche close.
Mais bon, puisque son père avait l'air inquiet pour iel... Passons. Isrâ se redressa, ignorant la douleur qui lui lançait dans la cuisse. Ah, la même que sa crampe ! Décidément.
Iel écouta les conseils, les analysa.
Mmh.

« Très bien, Père. Je vais davantage veiller sur mes quatre pattes qu'uniquement celles en mouvement. »

Léger regain d'assurance, alors qu'iel reprenait bien son os en gueule.
Petits pas chassés... Courbe d'écrite autour de son adversaire...
Et iel attaque, visant l'épaule.

Isrâ avait réussi.
Père fut touché et recula d'un pas, emmenant avec lui un vent de réussite qui souffla sur lea jeune. La queue redressée haute, serrant un peu plus l'os dans sa gueule, les yeux d'ambres luisaient d'une satisfaction immense, devant la prouesse qu'iel venait d'accomplir.
Finalement, iel avait bien fait, de persévérer. De ne pas se limiter à cette douleur à la cuisse qui irradiait son membre, de ne pas cesser pour si peu l'offensive.
Iel se trouvait maintenant de la ressource.

Et en oubliait que la vieillesse de Gloriel lui conférait un avantage certain. Il n'était plus aussi fringant, mais iel ne le remarquait pas. Père était âgé mais lui semblait beau et immortel.
La chute serait rude, pour Isrâ.

Son poil se hérisse un peu, face aux compliments. Sa précision était une qualité qu'iel aimait cultiver. Car Isrâ ne pourrait se reposer sur sa force pure, iel le savait très bien : seul son stylet lui serait d'une aide certaine, tant qu'on ne parvenait à le désarmer.
Comme le disait Père... Importants auraient été les dégâts, si d'arme il avait eu celle réelle.

« Je vous remercie, Père, je ne fais que satisfaire à vos conseils. »

Une partie de sa réussite lui était due d'office.
Une partie de ses hématomes à venir aussi.
Car Gloriel chargea alors. Et quand ses yeux restèrent fixés sur l'os, c'est de son corps entier qu'il le percuta. Et la corpulence maigre de se voir projeter et rouler dans la poussière, celle qui ne parvenait plus à accrocher son poil et en tomba dans une pluie grise et éparse, alors que crépitait le vert de son glowistck, fiché à même sa queue dans l’œil qui en ornait l'extrémité.

Iel hoche la tête, les crocs serrés.
Doux Mido, qu'iel à mal.

Ayant lâcha son os dans le choc, celui qui est désormais trop proche de son mentor pour qu'iel puisse ainsi le récupèrer, iel invente autre stratégie.

« Comme je ne dois oublier le fait de pouvoir être désarmé.e. »

Les bonds sont souples. Et si iel usait de son intelligence ? Et si iel se faisait, soudain, stratège ?
Iel veut trouver un nerf de la patte arrière, qui ferait alors ployer Père.
Essayer, du moins...

Et sa stratégie opère. Sa gueule se referme sur le postérieur de son père, il lui suffit d'une seule pression pour le voir se contracter et déstabiliser Père. Lorsqu'iel relâche la peau, il n'y a pas une trace de sang sur ses crocs ni le poil grisonnant du vieux loup désormais au sol.
Iel craint un instant d'avoir trop fait, cette même inquiétude que partage Père.

Mais il n'en est rien, car il n'eut besoin d'iel pour se relever.

« Merci, Père. Je n'aurais jamais votre force, aussi m'octroie-je compensation par l'ingéniosité. »

Et iel se dit que c'est dans cette banche, qu'iel devrait persévérer. Que sa force ne dépendrait que de ça, de sa façon d'utiliser son cerveau et de vénérer Mido plutôt que d'Aka. Isrâ n'aurait jamais à entacher ses crocs, si iel apprenait à manier aussi bien le stylet que les poisons et les artifices.
Lea jeune se baigne un instant dans son orgeuil.

Juste avant que le Père ne recharge, et que ses yeux s'écarquillent.

On sentait se dégager de cette attaque une force terrible, qu'iel se refusait à encaisser. Parce qu'iel en serait incapable, parce que si iel était alors touché...iel s'écroulerait et s'en serait finit.
Alors dans la surprise et la peur qui d'un coup lea saisit, iel ramassa ses pattes sous iel et les détendit brusquement, se propulsant d'un bond dans les airs.

Pour que Père passe en dessous...

[Isrâ esquive l'attaque de Gloriel - PC AGI : 2]

Et qu'une contre attaque soit alors donnée.

Isrâ se retourna tel un chat dans les airs, avant de se relaisser tomber, frappant le dos de père en profitant de l'énergie octroyée par sa chute avant de retomber sur le sol.
Queue haute et souple, iel fait face à son Père, les yeux brillants tant de malice que d'intelligence.

Parce qu'iel aimait ce moment passé avec lui, cet instant à eux deux qui lui apportant tant expérience que souvenir avec ce Père qu'iel respectait et aimait, sans jamais trop lui dire mais en le pansant pourtant si fort.

C'est une victoire prise sur Père. Isrâ s'attendait-iel à cela ? Si iel avait l'orgueil de Mère, iel devait bien admettre que non. Et iel ne pouvait qu'écouter les paroles de Père en se montrant que plus d'attention. Iel sent gonfler son poil et abaisse la tête, dans une fierté qui masque pour une fois la lâcheté sienne.
Peut-être le deviendrait-iel moins, si iel persévérait ainsi avec peur. Iel ne porterait plus l'appréhension de la douleur, la crainte de perdre.

Puis il y a un sourire, sur les vieilles babines grisonnantes de Gloriel. Il s'approche du stylet resté au sol, couvert de poussière mais qui saurait retrouvé tout éclat au contact d'Isrâ, par son sien pouvoir que de se préserver de toute saleté. Il est d'ailleurs remarquable, de voir à quel poil rien n'a salit son pourtant sombre pelage, alors qu'iel avait chuté à plusieurs reprises.
Impeccable, iel restait, en toute situation.
Les yeux sur le brillant de l'arme, iel reste attentif à Père, baisse la tête pour montrer que tout est compris.

Une petite pause, qu'iel passe à observer le vieux mâle, géniteur tant adoré que respecté.
Iel sourit à son tour, car les compliments fusent et que son besoin de reconnaissance parentale est aujourd'hui comblé. Enfin, Isrâ répondit, quand Gloriel eut finit de lui parler, faisant glisser du bout d'une patte l'os jusqu'à sa toute proximité, pour montrer qu'iel ne l'oublierait point ici.

« Je vous remercie, Père, pour cet entrainement prodigué. Je compte appliquer vos conseils, tout en faisait honneur à Mido.
Ce moment à vos côtés fut des plus appréciés, il me tarde de vous revoir. »

Et père, alors, de faire luire son glowstick bleu, canine tranchante qui n'a à supporter le poids des âges. Une lance écarlate apparait, tombe dans la gueule du loup. Elle luit de rouge, et iel plisse un peu plus ses yeux en amande alors qu'un sourire effronté relève ses pommettes.
Iel saisit l'os.

« Vous me donnez raison de m'entrainer entre notre revoyure, par la promesse de cet usage. »

Iel ferait des efforts, iel s'entrainerait et se documenterait davantage encore.

« Reposez-vous bien, Père. Je viendrais vous apporter de quoi soulager vos bleus et vos articulations, et de quoi mangez ensemble si vous le permettez. »

Iel penserait même à en prendre pour Méridor, lui si souvent avec père. D'un petit mouvement de la tête Isrâ récupéra l'os, et reparti trouver sa tanière, prendre de quoi soulager les coups de Père.
Ce fut un bon entrainement.
Iel saisissait l'excitation d'un combat, désormais.