Innocence disparue. [Défi RP]

Ah l’origine, elle jouait seulement, surveillant aussi la tripoter de petites boules de poils sauvageonnes que Raison, Judas, et Octavia avaient offerts  à la meute en donnant naissances à de véritables petits anges. Hayndriel les aimait tous comme on aimait des petits frères ou des petites sœurs. Elle trouvait ces petits absolument charmant. Ils étaient des petites créatures dont elle arrivait à s’occuper, et malgré sa cécité, elle n’était ni critiquée, ni encombrante. La jeune louve avait laissé la ribambelle d’enfants à la surveillance de Judas, elle devait à l’origine trouvait un espace de jeu à l’extérieur pour quand les petits monstres seraient un peu plus grands. Histoire qu’ils n’envahissent pas les loups de leurs bêtises dans le Dédale.

Mais ce soir, le vent était peut être un peu plus farceur qu’à l’accoutumé.  Celui qui siffle et n’a pas de frontière n’avait jamais été bien méchant avec Hayndriel. Il la taquinait un peu parfois, se jouant même de temps à autre de sa peur. Mais il était tendre et taquin, comme un grand frère oublié. Parfois, elle pensait à Axel, sans jamais être capable de savoir de qui il s’agissait vraiment. La meute des Nakhus étaient si calmes, si tranquilles et paisibles, que la jeune femelle n’avait plus eus de crises d’angoisses depuis des mois. Elle n’avait pas peur en vivant avec eux, et cela la rendait particulièrement heureuse. Son innocence de jeune louve restant à jamais en elle. Elle sentit son chapeau quitter sa tête et dressa les oreilles, pivotant au son de l’objet qui se dépose sur le sol, elle trottina pour le récupérer, mais le vent continuait de l’éloigner de sa recherche.

La jeune femelle ne faisait pour ainsi dire plus du tout attention à l’endroit où elle se trouvait, ni où elle allait. Et elle ne se doutait pas non plus que ses objets devenus Fluors a cause d’une malédiction risquaient d’attirer l’attention de toutes bêtes potentiellement dangereuses. Elle s’arrêta pour reprendre son souffle. Soufflant sauvagement avant d’étirer lentement ses pattes. Elle ignorait combien de temps elle avait couru, mais ici l’odeur était très différentes de celle des Terre Nakhus. Et le vent était plus agressif, il y avait quelque chose de désagréable et de malsain qui se dégageait dans l’air. La jeune louve reprit doucement son couvre chef, le replaçant sur sa tête, se demandant où elle était arrivée. Elle leva la truffe.

« Brise ? »

Appela-t-elle doucement en percevant le silence pesant. Autre fois elle aurait adoré ce silence paisible qu’elle recherchait parfois entre les murs de la Bibliothèque, mais cette fois, l’absence totale de bruit, la disparition du vent, et les odeurs lourdes qui agressaient sa truffe ne la rassurait pas le moins du monde. Quelque chose clochait. Elle déglutit lentement, s’avançant à travers le territoire mort des Lazulis, ne se doutant pas qu’elle était revenue sur ce territoire où elle avait rencontré Judas. Ce lieux qu’elle n’aimait pas du tout, qui sentait la mort et la souffrance.

Elle entendit soudain un craquement de branche, se retournant vivement, elle se figea, le souffle court, statique. La jeune femelle sentait ses pattes trembler de toutes parts. La peur la prenant rapidement aux tripes. Elle huma l’air vaseux et désagréable, flairant une odeur de loup, elle mit les oreilles à l’horizontal. Reculant doucement avant de glisser dans la vase du bourbier. Sa chute fut plus bruyante encore à cause de son hurlement de stupeur avant qu’elle n’en ressorte en secouant vivement les ailes et la tête. De la boue collant à sa chevelure et ses plumes. La jeune louve chercha à s’éloigner de là. Mais elle avait les pattes dans la terre pâteuse qui collait et la ralentissait alors qu’un grognement s’approchait d’elle. Un grognement sourd et froid, une odeur de loup blessé.

Les grognements semblaient de plus en plus proches, mais à ses oreilles ils semblaient surtout l’entourer, se répandant dans l’air ambiant. Elle recula, le vent revenant, craquant dans les branches d’arbres morts. Lui hurlant de fuir. Elle entendit bientôt les paroles hachées d’une voix rauque lui demandant de la nourrir. La nourrir ?! Elle dressa les oreilles, elle ne savait plus où donner de la tête, par où partir… Comment fuir ! Elle ne comprenait pas les hurlements du vent avec ces paroles là que déblatérer un loup, ou une louve, elle n’en savait rien. Elle voulu fuir, mais les pattes dans la boue, elle en était incapable, et l’animal squelettique se jeta sur elle.

Non sans la blesser, elle se retrouva avec un poids sur le dos. Un poids qui lui tailler des plumes à grands coups de griffes. La faisant hurler alors qu’elle cherchait à s’en défaire. Frappant la louve avec son autre aile, et cherchant à l’écraser sur le sol. Mais la femelle semblait bien décidée à rester sur son dos. A vouloir la bouffer vivante. Quand la femelle noire parvint enfin à s’en libérer, la louve lui arracha de la peau au niveau de l’omoplate et du visage. Cherchant à lui bouffer la truffe. Hayndriel recula. Le cœur battant, la douleur lancinante se répandant dans totalité de son corps. Son sang pulsant à ses tempes. Elle marcha sur un squelette avant de bondir hors de là, battant de son aile encore présente avant de s’effondre sur la terre meuble. Se relevant en vitesse en entendant la louve folle chercher à sortir de la vase pour venir l’attaquer de nouveau.

L’ailée noire restant planter là, sourde à tout ce qui se trouvait autour d’elle. Son monde se focalisant sur la femelle affamée. Elle ne comptait pas se laisser dévorer vivante, elle devait rentrer pour sa famille, pour son père, pour ses frères et sœurs, pour Lestat même s’il ne l’aimait pas… Mais elle ne pouvait pas laisser cette pauvre créature ici. Tout semblait l’avoir abandonné, les vivants, les dieux, sa propre conscience… Elle se débattait comme une démone dans la vase qui collait à sa peau. En étant sous son corps, Hayndriel avait sentit l’absence de poils, les blessures, les boursoufflures de la peau, les côtes de l’animal. Tout, elle devait avoir une apparence rachitique et qui lui ferait sans doute énormément de peine si elle la voyait. Hayndriel prit une grande inspiration, recula, et souffla longuement.

« Pardonne moi Yurai… »

Elle redescendit dans la fausse, laissant la femelle lui blesser le visage. Elle parvint lui mettre la patte sur la truffe, à la plier sous son poids et la lui écrasait la truffe et la gueule dans la terre meuble. La laissant mourir par étouffement sous elle. Hayndriel sentit rapidement des larmes lui monter aux yeux alors qu’elle percevait la vie quitter la femelle. Elle ne voulait pas la tuer, elle aurait aimé l’aider, mais la louve n’aurait sans doute jamais pu tenir une chasse correcte. Elle ne pouvait sans doute pas être soignée, ni physiquement, ni mentalement. Et si elle ne la tuait pas, la louve noire avait conscience que l’abandonnée des dieux l’aurait suivit pour l’achever. Peut être que cette fois elle l’aurait eut, ou qu’elle s’en serait prise à sa famille, ce qui aux yeux d’Hayndriel était impensable. Elle ne laissera jamais aucun danger venir blesser les siens.

Reculant lentement, le cœur lourd et les larmes dévalant ses joues, elle se dressa lentement sur ses pattes arrières et poussa un long hurlement. Un hurlement de plainte, de peine, de détresse, et de douleur. Elle voulait accompagnée la louve dans son dernier voyage, espérant que sa nouvelle vie dans l’haut delà lui soit moins douloureuse… Elle ne pouvait pas enterrer le cadavre, elle devait renter si elle y parvenait. Son aile pendait mollement de son corps. Elle se demandait même comment elle tenait encore. Elle ne la sentait plus du tout cette pauvre aile droite. Hayndriel sortie du bourbier non sans mal, le pelage hérissé et les crocs dévoilés. Elle s’en voulait terriblement d’avoir tué la louve.

L’adrénaline ne voulait pas retomber, elle était secouée par la peur, alors que son corps souffrait d’une douleur qu’elle n’avait jamais connue au part avant. Son dos frissonnant de temps à autre. Elle avait conscience de laisser des traces de sang derrière elle. Mais elle devait avancer, forcer sur ses pattes douloureuses. Sur ce corps blessé qu’elle devait absolument ramener chez les Nakhus pour survivre. Survivre… C’était devenu le seul mot qui lui traversait la tête depuis que la femelle lui avait sauté sur le dos pour la tuer. Elle désirait seulement, survivre, rentrer et se blottir dans les pattes de Raison pour y mourir… Elle espérait ne pas mourir maintenant, mais sa chair à l’air libre, cette aile pendante et mollasse contre laquelle ses pattes avant et ses pattes arrière se heurtait. Il allait sans doute falloir lui amputer.

Elle devait apprendre à se battre, à se défendre… A ne pas se laisser faire. Un frisson couru le long de son échine. Si elle avait été plus alerte, moins insouciante, plus forte, sans doute n’en serait-elle pas là. Elle avait le goût de la mort dans la bouche, et le poids d’un corps mort sur les épaules. Elle s’arrêta quand ses muscles la faisaient trop souffrir, se couchant en boule dans la pelouse fraiche et odorante. Elle ne sera jamais lavée de son péchée, sera toujours sale, hideuse, noire comme son pelage, comme la nuit qui la veille, et le paysage qu’elle voit depuis sa naissance. Hayndriel… Idylle. Ça ne lui allait tellement pas, ça ne lui allait plus du tout. Elle se racla la gorge en relevant la tête, amassant un masse de sang qu’elle cracha avant de reposer souffler fortement, battant de la queue.

« Allée grosse handicapée ! Va emmerder ton monde un peu plus longtemps ! »

Se motiva-t-elle, elle qui avait depuis toujours l’impression d’être un poids pour autrui. Elle ne voulait plus l’être. Elle avait comprit… Elle comprenait pourquoi son père ne voulait pas qu’elle aille trop loin. Pourquoi elle devait faire attention. Elle apprendrait, à se battre, à se défendre, avec qui elle ne savait pas encore, mais elle apprendrait pour son propre bien, et pour le bien des autres. Pour pouvoir protéger sa fratrie, se protéger elle-même. Elle sentit enfin l’odeur des Nakhus, malgré son pas lent et hésitant, la faiblesse la gagnée, mais elle ne comptait pas abandonner. Elle devait être forte, oublier sa bêtise, sa stupide innocence qui ne vaux rien… Devenir une autre, plus forte, plus dure, mais toujours douce et tendre avec les siens !