Jouvence ♖ Leikn

Lui qui se plaint de courbature.

Non mais franchement, on ne pouvait pas dire que ses efforts à lui avaient été conséquents… Quoique pour un louveteau c’était peut-être beaucoup, Leikn ne se rendait pas vraiment compte des effets, se contentant de toucher les p’tits oints de graisses du bout d’une griffe.

« — Ça te permettra de muscler ce corps de bébé bien en chair. »

Parce que t’étais un peu flagada mon Bélier là.

Bientôt il l’étoufferait dans son sommeil si il venait à rouler sur sa tête. Leikn releva sa tête dans un air pompeux, frimant peu être un peu trop.

« — N’insultes pas mon intelligence, Fausse Licorne, tu t’es mis tout seul dans l’eau ! »

Bon, même si Leikn en avait eu l’idée la première, c’était lui qui s’était débattu jusqu’à faire son plongeon dans la marre. Bah ouais, chacun sa part de responsabilité mon cher ! Pendant que le gamin se secoue pour retirer la poussière, la Licorne lui cale une patte sous le nez. Y’avait des détails à régler par contre, Teddy il avait beau être le disciple de la beauté, il n’en était pas moins absolument d é g u e l a s s e après son passage forcé dans la flotte et la poussière. Oupsi.

« — Par contre, ne comptes pas rentrer dans la tanière dans un état pareil, mon cher Bélier. Si je suis condamnée à m’occuper du louveteau que tu es devenu jusqu’à la fin de mes jours, vas-y avoir des règles. »

Des règles.

Comme si y’en avait eu un jour.

Mais c’était drôle de le taquiner le Bélier, Leikn s’autorisant même une mine sérieuse, refoulant son envie de rire, parce qu’elle semblait infatigable et que le brun lui était déjà couché.

L’argument était nul.

« — Faux ! Nugget n’était pas comme ça, ni moi d’ailleurs. »

Bon Méluciole c’était autre chose, un cas particulier. M’enfin tous les bébés n’avaient pas de petits bourrelets aussi mignons que ceux de Teddy, Leikn y avait échappé déjà affamée durant son enfant canine. Les guillis dans ses bourrelets, pour sûr, elle n’avait pas connu ça. Un sourire en coin la Licorne inclina l’avant de son corps, histoire que le brun ne souffre qu’à moitié du complexe d’infériorité.

« — T’es un sale gosse Mister Bélier, depuis le début. »

Et il resterait encore un moment, jusqu’à la fin, parce qu’il était ainsi. Ça au moins, c’était dans le contrat qui régissait de votre couple, c’était prévu voir même connu, aucune surprise sur ce point à l’inverse de l’apparence de louveteau que devait se balader le Bélier.

Oula.

Oulala.

Lui donnait-il l’autorisation de poser ses règles ? Inconcevable ! La queue de Leikn balaya le sol, alors que ça y est, Teddy lui donnait les pleins pouvoirs. Merde, tu t’étais engagé dans quoi Mister Bélier, tu viendrais pas te plaindre après ça, parce qu’une fois donné, ce genre de permission ne se retire pas.

« — Vu ton état, t’auras un mélange de plantes spéciales tous les jours, une sieste imposée pour que tu ne sois ps grognon, interdiction de trop t’éloigner de la tanière, l’obligation de brosser tes quenottes après chaque repas… un bisous tous les soirs avant de t’endormir à ta Licorne préféré aussi. »

Bon clairement, elle se foutait de ta tronche là Teddy. D’ailleurs ça se voyait au grand sourire qui étirait ses babines.

Que le soir, quand y’aurait pas de paires d’yeux indiscrètes qui viendraient penser que Leikn a une nette préférence pour les jeunes loups sortis du berceau, alors que techniquement dans ce couple c’était supposée être la plus jeune… Cela promettait d’être compliqué à vivre pendant un moment, heureusement qu’ils étaient dans un trou perdu et que personne ne venait jusqu’ici, du moins en théorie parce qu’en pratique… M’enfin, fallait plus prendre cela sur le ton de l’amusement plutôt que d’imaginer le pire.

« — Tu t’entraîneras tout seul, mon lapin, avec ton ours en peluche. »

Ils en trouveraient bien hein pour l’occuper, ainsi que de petits jeux de construction en bois, histoire qu’il passe le temps. La remarque amusa Leikn, voilà que les conneries du brun étaient contagieuses.

C’est qu’il pensait déjà à la boustifaille le petiot. Daleux jusqu’au bout, Leikn leva les yeux au ciel. Sa qualité de poils, non mais qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre de nos jours… Surtout que vu l’état de son pelage, il allait en falloir de l’entretien, parce que bon… La Licorne fronça légèrement les sourcils en se redressant.

« — Y’a beaucoup trop de prédateurs… Sois sans crainte va, je te trouverais de quoi manger. » La Licorne lui pinça ses p’tites joues. « Et de quoi faire tes petites quenottes. »

Un p’tit morceau de bois ferait l’affaire, c’est que c’est durâce les p’tits crocs de bébés, fallait travailler tout ça.

La solitaire observa Mister Bélier, se demandant si môsieur aurait des exigences — mais surtout que sa joueuse lance son dé hasard qu’on s’amuse un peu —.

Whouah.

Voilà qu’il commençait à se reposer sur une araignée, c’est qu’il avait de l’espoir le p’tit. Cela voulait dire faire venir Méluciole ici, à cette pensée la queue de la Licorne balaya le sol. En revanche, cela voulait dire que Teddy allait s’exposer devant sa fille de la sorte… La scène promettait d’être l é g e n d a i r e, Leikn aurait donné cher pour pouvoir enregistrer la scène, de sorte à pouvoir lui ressortir ça sous le nez aussi souvent que possible.

« — Si tu préfères écoutes les dires de ton araignée au plafond ne viens pas te plaindre après… »

Non parce qu’elle voyait déjà venir de loin se plaindre.

Mais tu te mettais dans la merde tout seul mon p’tit Teddy, t’assumais l’ensemble de tes actes parce que la Licorne elle te regarderait avec amusement en mangeant son repas qu’elle considérait comme sain.

Oh.

Mais qu’entendait Leikn ? Le Brun aurait-il des problèmes d’estomac ? Voilà qu’en plus, c’était elle qui prenait dans l’histoire, comme si y’avait pas déjà assez à encaisser dans une journée.

« — Ah bah de suite, MA faute. »

La gueule de la louve fut à quelques centimètres du visage du louveteau, affichant une expression moqueuse.

« — Le p’tit bout de chou il a l’estomac sensible, va falloir qu’il se contente de potage un moment… »

Si il espère vouloir faire passer ses maux d’estomac.

Voilà qu’il poursuit donc ses histoires d’araignées, rah, mais ne s’arrêterait-il donc jamais ?

« — Ta p’tite araignée te fera aussi de gros gros câlins. »

Oh mais, monsieur Teddy avait des petites exigences biens particulières, en plus de l’accuser de ses maux, voilà qu’il passait commande. La Licorne dévoile ses canines, plutôt amusée d’entendre une telle demande. Avec ses airs de sale gosse décidément, un vrai p’tit prince…

« — Dis donc, tu connais l’antre non ? Ou ta mémoire aurait-elle aussi été affectée par des problèmes de rajeunissement ? »

Mais voilà que maintenant il la mettait en garde ! La Licorne se recula, l’air faussement indigné, une patte sur son poitrail jouant une scène dramatique, prenant la parole d’un ton outré.

« — Quel prince charmant ma foi ! Un vrai romantique dans l’âme, que ta déesse soit bénie de ne pas assister à cette décadence. »

Plaisanterie passée.

Leikn se pencha sur le louveteau, l’air toujours aussi amusée.

« — Allez viens par là, c’est l’heure pour les petits de faire une sieste. »

Ses crocs se refermèrent sur le cou du gamin qu’elle saisit avec douceur - bien qu’il pèse son poids le morceau ! - et se redressa sa queue remuant gaiement. Sûrement protesterait-il encore - encore oui -, mais dans son infusion, rien ne l’empêchait d’ajoutait un peu de tilleul pour que le garnement se repose un peu. La vie de louveteau semblait siiiiiiii éprouvante.

Saloperie que tu étais Leikn, à t’amuser de la situation.

Voilà que toutes les excuses étaient bonnes à prendre ! Décidément, infatigable sa connerie, même sous forme de mouflet.

« — Avec une taille pareille, on est en mesure de faufiler partout mon cher. »

Absolument partout.

Surtout avec son pouvoir, comme si il n’était pas en mesure de tout s’approprier ! Leikn déposa le loup brun dans l’antre, plutôt amusé de voir se débattre de la sorte et de râler. Rahala, quel sale gosse ! La queue de la louve remua doucement, alors que Teddy allait bouder contre le mur, faisant mine d’être offensé. Ou peut-être l’était-il vraiment ? Ce n’était pas comme ça qu’il se trouverait une nounou pour le garder les mercredi après-midi… D’ailleurs si la dite nounou possédait des cheveux roux et une attitude de dictatrice, Leikn ne la laisserait pas passer le palier de l’antre ni même s’en approcher.

« — Arrêtes un peu de faire le sale gosse, sinon t’auras pas de miel dans ton infusion. »

Oulà, attention, quelle menace…

M’enfin en attendant qu’il cesse de bouder, Leikn s’allongea à l’entrée de la tanière, fermant ses paupières alors que les rayons du soleil vinrent réchauffer son pelage. Que Mister Bélier boude si cela lui disait, en attendant qu’il cesse ses enfantillages, la louve profitait de la chaleur des Plaines Savanes.