Atsuko - Anita

Atsuko s'étant remise et le nouvel oeuf étant entre leurs pattes, il était tant de repartir vers de nouvelles aventures !
Tombant du ciel comme une étoile filante, une nouvelle baie file droit vers elles. C'est amusant, de voir tant de ces objets traverser l'espace et l'atmosphère pour les rejoindre, comme si quelque part une âme bienveillante veillait sur l'accomplissement de leur mission. Anita se penche et la gobe tout rond - elle a un goût sucré et délicieux qui lui emplit la bouche et remue tout son corps d'un délicieux frisson ! Elle ne se souvient pas d'avoir déjà goûté une fraise dans le monde réel, mais elle espère de tout coeur que le goût est le même. Elle irait demander à Tawana de lui trouver des fraises lorsque ce rêve s'arrêterait et qu'elle allait se réveiller dans sa tanière contre les corps chauds de ses frères et soeur. Oh, qu'elle avait hâte ! Ce pourrait être le prétexte d'une nouvelle chasse avec Alexandrine - trouver les plus belles fraises des terres Etelkrus et en faire une belle salade.
Pas le temps de se perdre dans des plans du futur pour autant : les deux jeunes louves doivent progresser, toujours en tant que poule et lapine, et trouver d'autres oeufs encore. Que c'est grisant, que c'est excitant ! Sa belle fourrure blanche en frissonne d'impatience. Ce jeu est étrange mais il lui plaît, c'est comme être dans un ailleurs interdit, un monde dans lequel elle pouvait accomplir tellement de choses.

Alors elles repartent de plus belle sans regarder en ailleurs, seulement de l'avant. Et au loin se dessine la forme d'un nid - Anita se souvient et est méfiante ; elle observe les cieux pour s'assurer qu'aucun rapace de les guette, mais rien à l'horizon. Pas l'ombre d'une aile ou d'une serre.
Elle s'approche sur ses petites pattes duveteuses qui ne font pas de bruit, et elle se cache d'un coup quand elle voit que c'est une autre poule qui est lovée dans le nid - contre un bel oeuf bien jaune et bien luisant.
Il leur faut cet oeuf ! Mais il faut réussir à le prendre sans que la poule ne les attaque, car elle est bien plus grosse et imposante qu'elles deux... Anita se tourne vers son amie transformée en poule vert-bleu. Comment faire ? A petits sauts elle la rejoint discrètement pour lui faire part d'une idée qui peut-être leur permettra de s'en tirer.

— Je vais essayer d'attirer son attention, et pendant ce temps tu pourras rejoindre le nid, d'accord ?

Son nez de lapin remue une fois ou deux, ses moustaches frémissent, ses grands yeux mauves sont fixés dans le regard orange de sa comparse. Elles peuvent y arriver !
Alors Anita fait volte-face sans faire attention à son allure désormais - le temps n'est plus à la discrétion. Elle bondit vivement et fait face à la poule, qu'elle tente d'imiter en criant des " côt-côt " à tout va, et la poule semble furieuse car elle se lève alors et agite ses ailes en roucoulant d'un air mauvais. Puis elle se jette à la poursuite du petit lapin : la voie est libre pour Atsuko.

Ton visage encore douloureux est vite oublié, laissant place au chaleureux sentiment de fierté qui t’enfle la poitrine. Un autre œuf de capturé ! Ce jeu mystérieux allait si vite, tu ne savais plus si cela ne faisait que quelques minutes ou quelques heures, et même si tu essayais très fort, tu ne te rappelais plus du tout comment vous étiez arrivée dans ce pays peuplé d’animaux et d’items de Pâques. Peut t’importais au fond, c’était bien amusant malgré les dangers que vous aviez dû affronter. Même dans la vraie vie tu n’avais pas eu l’occasion de ressentir autant d’adrénaline dans le même laps de temps. Qu’ils s’amènent, les crocodiles et les rapaces ! Toi et Anita vous étiez le meilleur duo, et le Renard n’était pas là pour te murmurer des sornettes. Tu te sentais libre, petite louve, plus libre que jamais dans ton corps de poule au plumage sombre. Loin des contraintes des meutes, des chagrins de jeunesse, du deuil et de la perte. Tu arrivais même à sentir le vent dans tes plumes, le soleil imaginaire vous dorant la peau. Une partie de toi souhaitait y rester pour toujours. Et puis, elle était bien gentille, cette Anita. Peut-être irais-tu la voir à ton réveil, te faire une nouvelle amie, toi qui en as si peu.

C’est d’ailleurs celle-ci qui repère un nouvel œuf au loin. Il est moins farfelu que les autres, sa coquille pâle ressemblant à celles que papa t’avais montré à dérober au Dents de Roc. Cette idée te fit d’ailleurs saliver, tu commençais à avoir faim, et le souvenir du jaune riche entre tes crocs te donnait bien envie. Mais il y avait bien un problème qui s’interposait entre vous et votre trésor : il reposait dans un nid, semblable à celui qui appartenait au feu méchant aigle, mais en plus petit. S’il était dans un nid, il devait être gardé. En vous approchant, vos craintes furent confirmées : une poule le gardait près d’elle, bien au chaud. Heureusement, ta coéquipière avait déjà un plan en tête, et c’est avec joie que tu l’observas aller attirer l’attention de la volaille. Le champ était libre : c’était ta chance. Tu couru aussi vite que tu le pouvais, te dandinant à toute vitesse jusqu’au nid, et atterris directement sur l’œuf. La poule arrêta sa course folle contre le lapin et te regarda d’un œil mauvais. Ben quoi ? Si elle pouvait couver, toi aussi. Les yeux fermés par obstination, tu attendis sagement qu’elle vienne t’inspecter, et elle dût penser qu’elle s’était trompée de nid, parce qu’elle repartit en caquetant un peu plus loin. Dress like the job you want, not the job you have ;)

Dès qu’elle eût le dos tourné, encore confuse dans sa petite cervelle d’oiseau, tu dérobas l’œuf et le sécurisa son ton aile avant de prendre tes pattes à ton cou. Bien cachée derrière un buisson, tu fis signe à Anita de te rejoindre, où vous admirèrent ensemble le fruit de vos efforts, avant de vous remettre en chasse.

Anita s'arrête quand la poule cesse de la poursuivre - elle n'a plus qu'à tourner la tête et admirer le spectacle d'Atsuko qui s'impose, de la poule qui hésite et se remet en question, puis bat finalement en retraite. Génial ! Elles étaient vraiment des reines en ce monde. La poule bleue n'a plus qu'à récupérer l'oeuf et à la rejoindre - toutes deux se cachent dans un buisson loin des yeux méchants de la poule, puis s'apprêtent à repartir dans leur quête.
Nez en l'air pour humer les environs, la petite lapine bondit vers l'extérieur et se met à suivre un sentier qui serpente dans l'herbe jaune. Il n'y a pas beaucoup de chemin jusqu'au prochain oeuf que déjà elle aperçoit : tout bleu et délicatement posé dans une touffe d'herbe couleur paille !
Même pas besoin de se presser, elles le ramasseraient en passant.

Pour une fois, toi et ta comparse purent souffler un peu. La poule au nid maîtrisée, hors de tout danger et toute péripéties, vous pouviez simplement trottiner ensemble, profitant un peu du paysage et des choses étranges qu’il avait à offrir. Anita trouve un sentier sinueux et tu la suis sans poser de questions : après tout, après tout ce que vous aviez bravé ensembles, tu lui donnais toute ta confiance. Peut-être avait-elle humé un autre œuf ? En effet, quelques pas plus loin, vous voyez un autre œuf bleu, simplement posé dans son lit d’herbes, comme attendant que vous passiez le ramasser. Aussitôt dit aussitôt fait, tu le glissas sous ton aile alors que vous passiez à côté. Tu souris à ta comparse.

« Tu sais, je suis bien contente que tu chasses tous ces œufs avec moi »

Battant une ou deux fois des ailes, tu te remis à chercher pour le prochain.

Atsuko déplie encore une fois ses jolies ailes aux beaux reflets d'eau et de verdure et récupère le nouvel oeuf. Puis elle tourne sa tête de volatile vers elle, et bien qu'Anita était plutôt certaine qu'un bec de poule n'offrait pas l'élasticité nécessaire à une quelconque forme de muscle ou de membrane pour s'étendre et créer un sourire, elle avait quand même ressenti la mimique offerte à son égard. Alors Anita y répond autant que possible à son tour, de sa bouche de lapin pas tout à fait étirable non plus, mais le sourire est présent néanmoins ! Elle hoche doucement la tête à ses paroles et agite sa petite queue, elle qui avait l'habitude d'en avoir une si longue. Elle ressentait la même chose que sa comparse - cette sensation d'accomplissement de bonheur à passer un tel moment ensemble, aussi étrange et imprévu soit-il. Bien-sûr, il aurait été encore mieux qu'ils soient encore plus nombreux. Elle s'imagina un instant avec toute sa fratrie et ses amis, et ainsi auraient-ils constitué une gigantesque troupe prête à s'amuser et à faire des merveilles dans le monde de Pâques ! Axie, Narcy, Floyd, Dez, Elvazio...
Mais Atsuko est déjà une excellente compagnie, et elle se rend compte que si seulement elle se souvenait de tout cela au réveil, elle aimerait bien passer un temps réel à ses côtés. Peut-être pourraient-ils chasser des oeufs dans le vrai monde, ceux perchés tout en haut des sapins et les autres cachés dans les broussailles ?

— Moi aussi, Atsuko ! C'est quand même marrant, de faire un rêve à deux. Ca t'es déjà arrivé, toi ? Moi jamais, je crois.

Elle réfléchit un instant à tous ces rêves passés avec d'autres loups et précise sa pensée.

— Enfin, pas comme ça, en tout cas. Pas aussi long avec toi qui me répond en étant... toi.

Elle haussa les épaules, un sourire désinvolte sur les joues. Atsuko comprendrait bien ce qu'elle voulait dire !
Les deux Etelkrus continuent leur route -le sentier semble monter une côté maintenant, et elles doivent faire un peu plus d'effort pour maintenir le rythme. Elles sont toujours poussées de l'avant sans avoir à se poser de question pour réfléchir à un itinéraire : elles savent qu'elles trouveront toujours quelque chose à l'issue de leur route.
Et cette intuition pressante se confirme juste un peu plus loin, au sommet de la butte. Plus loin, il y a le même nid, le même oeuf - mais une poule différente, celle-là encore bien décidée à garder son oeuf. Mais Anita tourne un visage malicieux vers Atsuko - cela serait encore un jeu d'enfant pour elles.

— On fait comme la dernière fois ?

Elle lui adresse un clin d'oeil et ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre - d'une détente des pattes arrières Anita s'élance et passe à toute vitesse devant la poule avec un hululement provocateur, et d'un savant coup de pied elle envoie une gerbe de poussière dans le bec de la volaille.
Celle-ci est bien évidemment furieuse ; elle gonfle ses plumes rousses et roucoule d'un air grave, puis lève son gros corps rond pour la poursuivre. Mais elle n'aurait aucune chance contre Anita, rapide dans les marais comme dans les rêves !

La lapine t’offre à son tour un sourire de fortune. C’est marrant, quand on y pense, comme toutes deux ne pouviez vraiment faire de vrai sourire comme dans le vrai monde, mais vous le saviez, comme si c’était aussi naturel que ça pouvait l’être. Tu ne souriait pas autant, dans le vrai monde, à vrai dire. Tu n’avais pas tellement de raisons de le faire, après tout, les gens ne te souriaient que rarement. Parfois un sourire coincé aux commissures des lèvres de la part des adultes, adressé comme une excuse. Tu ne te rappelles pas pourquoi ici, et c’est tant mieux, parce que si tu te mettais à penser à la disparition de ta mère, tu te serais probablement mise dans un coin à pleurer en attendant que tout ce rêve se termine. Heureusement que ce monde t’empêchait miraculeusement de t’en rappeler.

La lapine-louve était contente d’être avec toi elle aussi. Ça te rendait heureuse. Le temps aurait été si long, si vous ne vous entendiez pas ! Tu t’imagines un autre duo inventé où la chamaille aurait pris naissance, s’arrachant les œufs des pattes et mourant en argumentant sous les dents chocolatées d’un reptile. Tu espères d’ailleurs que vous ne pouviez pas réellement mourir, ici. Ça serait peu commode.

« Non… d’habitude je rêve avec le Renard, mais pas avec d’autres loups »

Tu hausses tes épaules de poule, comme pour chasser le sujet avec ton geste. Tu crois que tout le monde a son propre Renard, ça n t’effleures pas l’esprit que tu étais peut-être la seule.
Votre itinéraire aléatoire vous mène vers un terrain plus en angle, que tu monteras en sautillant pour maintenir le rythme, vous menant à son sommet tout droit vers un autre nid, semblable en tout points au précédent gardé par la poule mauvaise. Une autre, rousse cette fois, couve une fois de plus son précieux, vous mettant au défi tout comme celle d’avant. Tu te demandes si ces poules rêvent aussi, leur quête se constituant de garder les œufs contre les intrus, ou si elles sont que le pur fruit de votre imagination collective. Tu secoues la tête, tu es encore trop jeune pour répondre à ces questions à la Inception. Anita propose d’adopter la même stratégie : pourquoi pas ! Ça a bien fonctionné la première fois, ça n’aurait aucune raison de ne pas fonctionner une deuxième. Sans qu’elle ne te laisse le temps de répondre tu la vois filer à toutes pattes, son corps svelte de lapin élancé en pleine course provocatrice vers l’oiseau. Ça ne te dérange pas : l’adrénaline inonde déjà ton petit cœur de poulet et tu t’élances à sa suite, divergeant là où Anita pris une droite, vers la gauche. L’œuf que tu y trouvas était pareil au précédent, d’un blanc-jaune peu extraordinaire sans rien de particulièrement joli. Ordinaire, quoi. Tu t’avoues être un peu déçue, les autres œufs de votre collection étant plus excentriques, mais qui sait, peut-être que les prochains compenseraient pour cette trouvaille répétée.

Tout se passe encore comme prévu : elle file au plus vite, court, court, court de toute la puissance offerte par ses pattes aux étranges proportions, jusqu'à attirer la poule loin de son nid. Elle fait des pirouettes, des virages, des sauts dans les airs : la volaille est courroucée mais elle ne peut rien faire face à tant de vigueur, elle n'a pas le choix que de battre en retraite, complètement épuisée. Anita lui tire la langue - elle se sent à peine fatiguée, elle ! Elle pourrait courir ainsi des heures durant, surtout dans ce monde fantastique. Elle s'imagine qu'il y a tellement de choses à découvrir et espère pouvoir y rester un peu plus de temps. Elle revient à petits bonds vers Atsuko qui avait accompli leur mission - encore un objectif rondement mené ! Tu inspectes la coquille : beige et lisse, comme l'autre. Là encore, tu hausses les épaules. Ca n'a pas l'air d'importer aux voix qui chuchotaient dans leurs têtes, que les œufs soient semblables ou tout simples : tant qu'elles arrivaient à s'en emparer, elles remplissaient leur mission.
Les deux amies reprennent la route en écoutant ce drôle d'instinct un peu spécial. Le chemin est assez simple et banal, serpentant dans les hautes herbes, alors elle a tout le loisir de repenser à ce que lui a dit Atsuko. Elle a parlé d'un renard dans ses rêves - ça a lair très intéressant ! Etait-ce aussi un don qu'elle avait dans le monde réel, de parler aux autres animaux ? Elle pouvait faire des sons que les autres ne savaient pas produire, après tout. Certains d'entre eux naissaient avec des talents particuliers, c'était ainsi.
Une autre pensée lui vient. Elle hésite un peu à la poser, car elle sait très bien de qui Atsuko est la fille - Kalashnikov le prêtre rouge, et la "Grosse Bamboo", la guerrière qui était tombée des montagnes ce jour où Désastre était revenu au camp, avec Mint mais sans la louve verte.
Mais la question la taraude trop, depuis que ce louveteau à moitié crocodile en a parlé à sa soeur. Et Anita est trop franche pour retenir trop longtemps les paroles qu'elle aimerait exprimer.

— Dis, Atsuko... Certains jeunes Etelkrus disent que leurs parents ne les aiment pas, parce qu'ils sont issus du tournois, et pas de l'amour.

Elle marque une petite pause, puis la regarde droit dans les yeux.

— C'est pas vrai, n'est-ce pas ? Ils vous aiment quand même. Personne les a forcés.

Un sourire plus discret apparait sur ses lèvres - il mêle encouragement et réconfort. Elle ne s'imagine même pas perdre l'une de ses mères. Ce serait bien trop horrible...
Alors elle effleure doucement les plumes de la belle poule de son flanc tout blanc et touffu.

Au loin elle voit des éclairs s'élever du sol et ses oreilles se dressent, curieuses. Elle jette un regard à Atsuko et se presse un peu dans la direction des perturbations électriques.
C'est un oeuf violet, qui crépite violemment - tes yeux s'agrandissent, émerveillés par l'aspect tout à fait fantastique de cet oeuf-ci, mais tu regardes ta partenaire d'un air un peu désemparé. Il semble vouloir vous foudroyer, comment s'en approcher ?

Votre chemin vous menait aux quatre coins de ce paysage de rêve, changeant même parfois de biomes, traversant plus de climats qu’il vous serait possible de faire dans la vie réelle. Vous marchiez depuis longtemps, pourtant, vous n’étiez pas fatiguées. Tu regardais Anita se dérober aux pincements de becs de la poule aux plumes de feu avec ce qui semblait être une source inépuisable d’énergie, bondissant et courant et esquivant avec la même agilité dont elle était douée normalement. Tu te souviens avoir déjà observé, du haut de tes nombreuses cachettes perchées au Castel, ceux que papa appelait les Maillons, parfois très fatigués par leur longue vie ou leurs glorieux combats du passé. Ils aimeraient sûrement pouvoir être ici, eux aussi. Pouvoir bondir et courir à nouveau, sans ne jamais plus être fatigués. Mais leurs visages pleins de plis seraient sûrement une tâche au paysage féérique, et tu chassas cette idée de ton esprit par peur que ça se réalise. On n’est jamais trop prudent lorsque l’on rêve; les pensées sont puissantes.

Alors que vous suiviez un petit chemin de terre qui serpentait dans les herbes hautes, ta comparse, qui te semblait pensive depuis un petit moment, lâcha ce qui lui tournait dans les pensées. Toi qui t’attendais à un autre plan farfelu pour dérober des œufs, tu fus surprise d’entendre il s’agissait réellement de quel sujet. La lapine s’arrête, tu fais de même, plantant tes yeux orangés dans les siens comme tu planterais tes crocs de louve dans une proie. Mais à ce moment, Anita n’est pas l’une de tes victimes, l’une des proies de tes mauvais tours, de tes idées bizarres. Elle est ton égal, fille comme tu est fille d’une union spéciale. Une amie.

« Je sais que mon père m’aime. Les gens croient qu’il n’est que méchant et cruel, mais ce n’est pas vrai »

Tu pris une pause. Tu avais entendu les murmures d’autres louveteaux dans ton dos; la fille du grand méchant loup, la fille du prêtre qui accroche des solitaires aux croix et les transforme en monstres pour manger les petits enfants qui ne se couchent pas.

« Mais je crois pas qu’il aime ma mère. Elle n’arrête pas de faire des bêtises. Encore plus que moi et Mint et Sushi »

Elle en avait fait une grosse bêtise ta mère, récemment, mais tu n’arrivais plus à te souvenir quoi.
Avant qu’Anita aie la chance de renchérir sur la grosse Bamboo, vous furent interrompues par des petits claquements électriques qui semblait monter d’un peu plus loin, entre les herbes. C’était un œuf bleu foncé cette fois, couvert d’électricité. La prudence était de mise.

Tu t’en approchas lentement, mais avant que tu ne puisses réfléchir à un plan, un pigeon vola droit vers vous et par conséquent vers l’œuf, s’électrocutant immédiatement. Son corps retomba sur le sol, fumant comme un plat au four, et tu remarquas que l’œuf n’était désormais plus qu’un œuf bleu ordinaire. Alors que tu te penchas pour le ramasser et le glisser dans tes plumes, le pigeon se redressa et s’envola au loin, comme si te rien n’étais.

C'est un oiseau qui répond à leurs interrogations - elles n'ont même pas besoin de se creuser la tête, car il a pris le choc à votre place, et une fois les éclairs partis, l'oeuf violet n'est plus très menaçant. Atsuko se charge une fois encore de le récupérer et les deux rêveuses peuvent repartir et reprendre leur discussion. Elle repense aux paroles de la poule et songe qu'elle n'a jamais jamais pensé grand-chose sur Kalashnikov - et certainement pas qu'il est cruel ou méchant.

— Je le savais ! Pas besoin d'amour entre les parents pour aimer un enfant !

Ce n'est pas son cas, mais ça la rend heureuse néanmoins - ainsi, les enfants Etel n'étaient certainement pas délaissés. Elle aussi pensa un instant à Bamboo - puis passa à autre chose.
Par contre, ce qui les attendait au détour du chemin n'était pas un oeuf, mais quelque chose de plus embêtant pour leur progression. Un lapin en chocolat posait un oeil mauvais sur eux, posté sur un rocher lointain, mais elle savait que celui-là il ne faudrait pas sauvagement l'attaquer.
Elle fait signe à Atsuko de s'éloigner : son instinct lui souffle d'agir normalement, car ce chocolapin les suspecte de ne pas faire partie de cet univers. Qui sait si alors il ne mettrait pas fin au rêve...
Alors bondissant de ci de là sans parler à la poule, Anita prend un air un peu bête et broute de l'herbe durant quelques minutes, levant parfois un nez rose et remuant, bougeant une oreille, puis l'autre. Le manège dure ainsi quelques temps, puis elle voit la silhouette de la sentinelle en chocolat s'éloigner vers l'horizon.

Bien, elles peuvent reprendre leurs activités !

Elles tombent sur une pomme à peine plus loin ! Et Anita est prise d'une irrésistible envie de la croquer !
[Tentative de vol sur Kerguelen et Crystal]

Oh, une étoile scintillante ! Elle la touche du bout du nez.