Ortie
Wesh. Elle bondit hors d’atteinte avec un petit cri de surprise, lorsque l’objet rond se révéla être tout autre que ce qu’elle espérait. Ce n’était pas un œuf, c’était un nid de bestioles ! Elle courut immédiatement derrière son camarade Lapin en cocotant de panique. Il courrait vite, mais elle aussi, et bientôt ils furent sortis d’atteinte, et ils se jetèrent dans une tanière pour éviter les bestioles. Cela marcha formidablement bien, et après un instant les bruits vibrants des frelons s’estompèrent. Elle soupira de soulagement, puis lâcha un petit cri de poule agacé.
« Côôôôt ! Mais c’est toi qui à pété !? »
Elle se retourna, et soudain, elle réalisa que non. L’odeur venait du fond de la tanière. D’un œuf qui paraissait lâcher cette infecte odeur autour d’eux. Toutefois, elle voulait quand même l’attraper, cet œuf. Alors elle fit un pas vers ce truc mais BEURK, impossible d’approcher plus que ça, l’odeur était infecte, elle allait vomir toute sa bouffe. Mais est-ce que c’était possible de vomir un lapin lorsqu’on était une poule ? Ca vexerait peut être son pote là, de la voir régurgiter mamie. Elle jeta un coup d’œil au compère lapin de ses grands morts qu’elle avait dans le ventre.
« J’vais essayer d’chopper cet œuf. »
Elle hésitait. Elle le voulait, cet œuf, mais comment l’attraper exactement ? Il sentait si mauvais que le pote lapin allait revoir tout son arbre généalogique dans les deux minutes si elle s’en approchait trop. Elle réfléchit. Une poule, ca ne pouvait pas se boucher le nez, elle n’avait pas de pattes. Elle n’allait pas non plus demander au pote lapin de l’aider, elle allait chopper cet œuf pour ELLE. Elle se retourna donc, cocotant curieusement, en cherchant une solution. Quelque chose pour lui boucher le nez. Quelque chose qui ne tomberait pas. Elle laissa son regarder dévier. Flemme d’aller dehors pour vérifier si les frelons en voulaient encore après sa peau, donc elle allait utiliser quelque chose d’ici. Qu’est ce qu’il y avait ici ? De la terre, plein de terre ! Elle avisa une partie qui semblait particulièrement humide et s’en frotta sur le bec. C’était bien par là qu’elles sentaient, les poules ? Là, c’était parfait, elle sentait la terre, mais les autres odeurs étaient subjuguées. Elle fit quelques pas vers l’œuf et le roula avec son bec, tout doucement. Mince il était coincé dans la terre. Elle poussa un peu plus puis inquiète, elle utilise ses ailes pour doucement déloger son précieux œuf. Il était froid, mais un peu visqueux, et elle pouvait deviner que de là originait l'odeur. Il était à elle maintenant. Elle fit le tour, ravie en le regardant comme si c’était son enfant. Un enfant qui pue, certes, mais il était à elle. Elle releva la tête pour regarder son camarade. Il l’avait laissé prendre l’œuf, mais lui, qui était-il ? Il lui avait parlé, il lui avait même conseillé la fuite.
« Merci, pour tout à l’heure. T’es qui ? » demanda-elle, avec une grâce et une délicatesse incroyable. T’façon elle avait pas le temps pour ce lapin, elle voulait un autre œuf elle, alors pendant qu’elle parlait, son œuf doucement posé entre ses pattes, elle épiait les environs, à la recherche de son prochain enfant.
Œufs de ses morts. J’vais vous chopper.
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