Raconte moi une histoire parmi les étoiles l P.V. Khan

C'est une excellente idée, Alexandrine ; le sang les attire, et l'odeur caractéristique de Tawana tout autant. Les lycaons sont prostrés sous leur caillasse, terrifiés. Et quand bien même le vent s’adoucit, qu'ils ne bougent pas. Cela vous laisse du temps pour agir. Fuir ou bien... autre chose. A vous de décider.

Vous aviez le choix. Vous avez choisit de contre attaquer. Vainement. Le bois que tu utilises pour soulever les rochers craque sous leurs poids, te laissant démunie Alex. Et les lycaons, eux, ont perçus la menace de ta stratégie. Ils t'encerclent désormais, et avant même que tu ne réagisses, te charge.

S'envoler serait une bonne idée, tu ne crois pas ? Tu es, pour l'instant, leur cible.

[Effet Punktober : "Loup-garou". Les soirs de pleine lune, le personnage gagne +1 PC Force.
Ici joué comme Anette n'ayant pas de transformation, mais plus agressive et instable émotionnellement.]

Elle s'isolait, ces soirs là.

Quand la lune était ronde, pleine comme un ventre portant la vie, Anette se sentait porteuse elle d'un malaise étrange. Il grattait dans ses muscles, fourmillait sous sa peau. Comme une mer de tempête, sa conscience était un bateau qui tanguait, submergée par l'envie de hurler, insulter, partir, ou mordre. Des vagues qui s'écrasaient contre son corps dans des soubresauts inopinés, qui l'obligeaient à agir. Alors, à choisir, elle prenait l'option de s'en aller. De plus en plus elle avait commencé à aller voir Sheina, plutôt que son amante salée... Mais cet état ne passait pas, chez sa compagne. Alors elle avait renoué comme par le passé, avec la réelle mer. Elle partait sur la plage échouer son navire et casser sa coque sur les parois. Elle revenait les griffes élimées, mais l'esprit enfin stabilisé.

Ce soir, était un tel soir.

Sur le chemin vers la plage, elle était traquée par la ronde responsable de son mal-être, qui éclairait la Rougelande d'une teinte maladive. L'été n'accorderait pas son chatoiement au lieu avant une année encore, alors tout semblait si pâle, augmenté par le bleu du miroir astral. Le voile lancé sur elle par cette ambiance cependant, se retrouva déchiré.
Déchiqueté.

La voix de sa fille.
Avec une flopée d'insulte qu'elle n'aurait pas approuvé en temps normal. Mais seul l'urgence et la détresse percèrent à travers la marée comme des harpons. Elles en appelèrent au primaire, au cœur, à l'âme. À l'instinct rageur qui engouffrait sa conscience dans son eau. Ses pas se tournèrent automatiquement, et elle troqua sa marche pour un bond. Qui lui-même se poursuivit en une course. Effrénée. Elle galopait, galopait, galopait... Une course sans fin pour elle, la respiration doublée, quadruplée... non. Démultipliée. Sa truffe s'en contorsionnait, comme ses côtes.

Quand Anette parvint à la scène après trop de temps à son goût, son état ne lui permit d'analyser que très peu. Elle se contenta de quelques informations : Tawana à terre, sa fille en l'air, et des prédateurs multiples qui tournaient autour d'eux.
Danger.
Défendre.
Détruire.

"Alex-" marmona-t-elle, dans sa folie.

Elle se jeta devant sa fille, balançant sa salive sans grâce aux lycaons avec un son des enfers, plus proche d'un rugissement que d'un hurlement ou d'un réel grondement. Elle n'était plus tout à fait elle-même. Si son corps n'était pas boursouflé, déformé, ses muscles eux semblaient malgré tout plus dessinés. Ses dents promettaient un tranchant plus acéré dans leur lueur, et ses yeux brillaient d'une flamme rougeâtre qu'on ne leur connaissait pas.

Elle devenait l'agresseur.
Et n'hésita pas à agrésser.

[Attaque - Force : 3]
[14 + 3 de spé force : -17 PVs]

Plus de bleu sale et délavé projeté par la lune, plus de marron et doré du pelage visé. Il n'y aurait sous ses crocs plus que le rouge. Le rouge de son dieu, le rouge de la vie, le rouge de la vengeance contre l'ennemi. Elle le répandrait sur elle, les rochers, l'herbe et le ciel dans des gerbes funestes. Les chairs et les os se mélangeraient sous ses griffes et perdraient leur importance dans cette offrande qu'elle ferait à la mort. Peut-être ramasserait-elle les carcasses pour qu'Aka en festoie. Mais tant qu'elle serait dans son assaut, à faire fléchir ses pattes pour atteindre toujours plus cruellement encore, elle ne réfléchirait pas.

Sa fille importait avant tout le reste.

Ta tentative d'intimidation ne fonctionne pas Alex. Tu es si petite. Si faible. Ils t'attrapent les pattes, les ailes, la nuque. Tirent. Arrachent le poil. Rigolent. Cherchent le sang.
Et puis, le grognement bestial les fait sursauter. Et avant même qu'ils ne comprennent, une patte s'abat sur eux, les déchiquetant de ses griffes. La plupart prennent peur en voyant le premier coup, et fuient. Certains, trop lents, fondent sous les crocs. Et en seulement quelques instants, à peine de quoi te rendre compte de la situation Alex, tu es sauvée.

En tout cas, des Lycaons.

[Effet Punktober : "Loup-garou". Les soirs de pleine lune, le personnage gagne +1 PC Force.
Ici joué comme Anette n'ayant pas de transformation, mais plus agressive et instable émotionnellement.]

Cette attaque lui parut s'étirer et à la fois ne durer qu'un battement de paupière.
Elle avait à peine eu le goût du sang glorieux dans la gorge, et n'avait même pas pu annihiler tous les ennemis. L'adrénaline que lui donnait normalement le combat était comme absorbé dans un trou noir qui ressemblait au ciel. Sa respiration sifflante était le seul bruit qu'elle arrivait à percevoir. Elle haletait et tournait encore la tête pour voir pas où ils étaient partis, les muscles crispés. Prête à aller les poursuivre si elle voyait la moindre trace de leur silhouette.

Maman.
Elle se rappela soudain à la raison pour laquelle elle avait combattu quand la voix brisée d'Alexandrine s'éleva. Le choc de sa venue contre elle la secoua, mais ébranla aussi son état frénétique. La chaire de sa chaire dégoulinait de larmes, un vision qui lui fit tordre la mâchoire. Déjà cent scénarios dans son esprit de comment les occire et les envoyer dans l'au-delà. Peut-être quand elle en aurait abattu cent, se stopperait-elle. Quand ses propres pattes seraient en sang, à ce moment là peut-être aurait-elle enfin étanché la soif qui hurlait dans son être... ?
Détruire...
Venger.

Un éclat de conscience l'ébranla : elle n'arriverait pas à la consoler. Elle sentait son esprit engloutit par la violence. C'est pour cela qu'elle partait, ces soirs là. Elle cligna avec peine des yeux, déglutit comme si sa vie en dépendait et planta ses griffes dans cette idée qui luttait pour rester à la surface. Elle inspira comme un noyé remonté de l'eau et serra brièvement sa fille dans sa patte pour un réconfort sommaire.

"Alex..." Elle encaissa une vague, un frisson. "Rentre. Va chercher un panseur."


Réussite, ING : 2.
Savoir si elle arrive à ne pas agresser Alex'.

Elle ferma les yeux, se contracta de tout son corps. Venger. Tout devenait plus fort dans son esprit, elle arrivait de moins en moins à écarter l'eau qui remontait. Elle se rejeta en arrière et leva une patte pour s'écarter de sa fille. Mais le mouvement se fit trop violent. Elle termina à quelques mètres d'elle, et venait de l'envoyer littéralement rouler.

Elle posa ses yeux noirs, teintés de rouge, sur Alex.
Ça allait sans doutes la blesser, physiquement et psychologiquement.
Puis la voix qui hurlait toujours dans sa tête : Venger !

"Non... pardon- non-"

VENGER.
DÉTRUIRE !

Un buisson s'agita, par le vent ou un ennemi, personne ne saurait le dire. Cependant, il deviendrait son prétexte, sa raison de s'en aller. Vers où ? Le sable ne suffirait plus, pas ce soir. Elle avait le goût métallique sur la langue, et un ours dans les neurones. Au petit matin, elle trouverait sans doutes une meute de lycaons décimée entre ses griffes.

Déjà alors galopa-t-elle vers un autre endroit.
Pour se libérer, pour la préserver.

Au moins l'avait-elle sauvée.

Il dormait, lorsque la petite louve était rentrée au camp en quémandant un panseur.
Noé avait alors pris les informations essentielles, celle qui lui permettrait de localiser rapidement le blessé et avoir une idée de son était. Il s'agissait de l'un de ses collègues, Tawana. Apparemment, le loup et l'enfant s'étaient retrouvés encerclés par une meute de lycaons affamés et le panseur avait fini par s'évanouir, suite à ses blessures. La gamine, elle, était rentrée seule, ne pouvant faire autrement.
Le problème ? Le blessé était on ne peut plus vulnérable, sans personne pour le protéger.

Alors il courait, Noé, aussi vite que ses pattes fines le lui permettaient, accompagné de quelques loups qui pourraient l'aider à ramener Tawana au Castel. Il avait emmené avec lui, dans une sacoche, de quoi effectuer les soins de base : Des plantes qui devraient calmer un peu la douleur, au moins le temps du trajet qui promettait d'être difficile, des bandages et d'autres petites choses...

Enfin, il le voyait, son patient ! Là, étendu dans la Rougelande, toujours inconscient. Noé serra les dents et avala en courant les derniers mètres qui les séparaient. Il laissa tomber sa sacoche à côté de lui et commença à l'ausculter, minutieusement. Le diagnostic posé, Noé fit en sorte de maintenir les os brisés à l'aide d'un bandage et pansa les plaies les plus superficielles.
Lorsque son collègue revint à lui, il lui rendit une petite boulette de plantes médicinales.

- Tiens, avale ça. Ça devrait calmer un peu la douleur. T'inquiètes pas, c'est fini, tu es hors de danger.