Shoo shoo ! l P.V. Epervière

Tarko esquisse un bref sourire et bredouille un « merci », après s’être fait emporté par un flot de compliments. Il n’a rien fait de spécial, s’étant contenté de marcher. C’était pas bien difficile.

Asclepia, qui déborde d’énergie et d’idées, lui propose de réutiliser les os. Mais Tarko s’imagine mal vivre sous une hutte en os, plus habitué au confort d’un terrier. Il hausse les épaules, septique.

— Ch’ais pas trop. ‘Toute façon, on aura l’temps d’y réfléchir. On fait deux autres tas avant ?

Il fallait canaliser l’engouement de l’hybride pour ne pas qu’il se lance dans plusieurs projets. Pas que Tarko ne voulait pas se lancer dans la construction de huttes en os, mais plus pour ne pas s’emporter dans trop de projets à la fois et, au final, mal faire les choses.
D’autant plus qu’il ne savait pas QUI aurait envie de venir vivre ici. Même après le nettoyage des ossements, le lieu reste lugubre.

En un battement d’aile, Asclepia prend son envol. Tarko, lui n’a plus qu’à attendre son signal pour se mettre en marche. Et justement, voilà le signal qu’il attendait. En avant !
Le solitaire se positionne au centre de l’ombre portée sur le sol. Par la magie du jeu de lumière, lui qui rêve de liberté, se trouve soudain doté d’une grande paire d’aile noire éphémère. Mais, trop concentré sur sa tache, il ne le remarque pas, et cette projection se tord à mesure qu’ils tournent et changent leur position par rapport au soleil.

Le temps s’écoule lentement dans le gouffre. Cela fait de longues minutes que le binôme s'affaire.

{ 2PC END pour voir si Tarko parvient à suivre Asclepia. }:

La brise rafraîchit l’atmosphère, c’est agréable. Jusqu’à présent, tout se passe pour le mieux pour les deux loups. Tarko n’imaginais pas que cela puisse être aussi simple. Il ne sent pas la fatigue et ne souffre pas du soleil qui trône haut dans le ciel. Il jette un coup d’œil à sa co-pilote. Elle plane doucement au dessus de lui et ne semble pas rencontrer de difficulté. Que ça dure !
Derrière le mâle, les os s'accumulent les uns après les autres.

Ils sont proche de la fin. Plus qu’un seul tas, un seul petit tas de rien du tout et ils vont pouvoir passer à l’étape suivante.
Tandis qu’Asclepia le dégage de son chargement, il jette un coup d’œil sur le résultat de leur travail, voilà qui est bien plus accueillant ! Le Gouffre ne ressemble plus à un immense charnier et l’on se laisserai même tenté par une sieste dans l’une des nombreuses grottes.

Une fois de plus ils recommencent leur manège.
Prendre de la hauteur.
Attendre le signal.
Marcher.
Marcher encore. Et encore.

Tout cela commence à devenir répétitif nan ?

{ 2PC END pour voir si Tarko parvient à suivre Asclepia. }

Pressé d’en finir, le mâle accélère un tantinet le pas. Et après de bien longues minutes sous un soleil qui se durcit, voilà que la quantité d’os est suffisante pour former leur ultime tas.
Tarko hèle l’hybride et s’arrête. Ça commence à lui tirer dans les pattes.

— C’est terminé !

Il se laisse tomber sur le sol comme une larve.

— Qu’est-ce que tu me fais pas faire franchement … Dit-il en riant.

Une pause. Oh ! Oui ! Une pose. Les yeux du mâle brillent à l’idée de pouvoir enfin se reposer. Il se redresse et approuve d’un mouvement de tête l’idée de sa camarade. Une fois leur outil de travail à nouveau vide et opérationnel, Tarko tire sur les lianes du saule pour les dénouer et s’extirper du harnais. Il prend bien soin de ne pas abîmer, ou pire, casser leur outil de travail. Sait-on jamais si Asclepia trouve un autre larbin qui soit assez gentil - ou bête - pour accepter de continuer cette tache. Le solitaire, lui a assez donné de sa personne et ça ne sera pas demain la veille qu’il passera, à nouveau, la tête dans ce harnais.

À la remarque de l’hybride il rit de plus belle. En effet, la voilà encore à en faire des tonnes. Mais cette façon de faire et d’être si théâtrale rend le loup-paon unique en son genre. Pour la première fois, il décide d’entrer dans son jeu.

— Mais c’est rien voyons ! Lance-t-il en balançant sa patte sur le côté, les yeux clos, l’air faussement modeste. On se serre les coudes entre solitaire c’est bien normal !

Un large sourire amusé et heureux étire ses babines.

— Tu as super bien bossé toi aussi, ton idée du harnais et sa conception nous a facilité la vie et ton travail de guide était parfait !

Il lui donne un petit coup d’épaule amical.

— Je sais où on peut s’installer à l’ombre et au frais, suis moi !

Sur ces mots il lui jette un clin d’œil et se met en marche, direction la forêt. Cet endroit où pousse le saule au pied du cours d’eau sera idéal pour se reposer et se désaltérer.

Autour du cours d’eau, les arbres forment un plafond végétal qui filtrent la lumière. Cet après-midi de printemps est plus chaud que les précédents. Les fruits encore immatures ont remplacés les fleurs. Les jours s’allongent. Les giboulées de Mars laisseront bientôt place aux orages d’été. La saison estivale est proche.

Après avoir rejoint en vitesse la fraîcheur du sous-bois, les deux loups, côtes à côtes, avancent d’un pas léger. Cachés dans l’ombre des cimes, les habitants s’interrogent en silence sur la raison du retour du binôme en ce lieu. Ce qu’ils sont bruyant en plus ! Tarko, suivit d’Asclepia, arrive à l’aire de repos. Le mâle présente fièrement sa découverte à l’hybride qui semble aux anges. L’endroit est aussitôt adopté.

Intrigué par ce que lui montre Asclepia dans l’eau, le solitaire s’approche. Il n’est pas bon pêcheur, pourvu que ça ne soit pas un poisson à attraper. Sans se douter de la suite, il avance sur la berge se tient en équilibre sur des pierres lisses. Il plisse les yeux pour voir ce qui se cache sous la surface qui ondule.

— J’vois ri … AH !

Tarko n’a pas le temps de finir sa phrase qu’un éclair fond sur lui et l’entraîne dans le lit de la rivière dans un grand « PLOUF ! ». L’instant suivant il sort la tête de l’eau pour reprendre sa respiration. Bien qu’il fasse chaud, la rivière, elle, n’est qu’à quelques petits degrés seulement au dessus de zéro. De quoi faire frissonné le mâle qui fait des yeux ronds. Quand, la seconde suivante, Asclepia fait également surface, le petit loup lui jette un regard de défi.

— Ah ouais ?

Ni une, ni deux, il se tourne et, de la même façon qu’il creuserai le sol, il plonge ses pattes avants  dans l’eau pour la propulser sur le loup-paon. La bataille d’eau est déclarée.

Dans le bois, le bleu vient se mêler au vert. Des plumes iridescentes et brillantes, de la fourrure couleur pétrole et enfin, l’eau, limpide. Le camaïeu ainsi formé se meut au rythme des éclats de rires.
Un moment d’innocence suspendu dans le temps.

L’eau était pourtant si calme avant qu’ils n’arrivent.
L’assaut du solitaire est sans pitié, il ne laisse pas une seconde de répit à son adversaire. Il l’entend rire et se délecte de la voir ainsi submergée. Alors que le petit mâle semble avoir l’avantage face à une Asclepia en position défensive, cachée derrière un large éventail de plume, la situation vire de bord. L’hybride, qui ne compte pas se laissé faire, abandonne son bouclier pour l’attaque. La vague déferle sur Tarko et l’engloutie.

Alors qu’ils s’aspergent allégrement, le soleil filtre au travers des gouttelettes d’eau propulsée en l’air. Créant un tout petit arc-en-ciel éphémère qui s’estompe au moment où la bataille prend fin. Tous deux, sont trempes jusqu’à l’os (jusqu’à l’os ! Ahah ! ahah … :meurs: ) mais il ne sentent plus la morsure du froid, leur corps maintenant habitué à la température de l’eau, leurs muscles chauffés par leur échauffourée.
Fatigué de s’être tant dépensé aujourd’hui, Tarko ne tarde pas à abandonné, à son tour, la bataille d’eau.

Asclepia s’avoue vaincue et cela fait sourire le solitaire qui est, on ne va pas se le cacher, assez fier de sa réussite. Il lance sa tête en arrière en un mouvement que l’on sent maîtrisé pour redonner à sa crête, tombée en avant sous le poids de l’eau, un semblant de hauteur et de panache. Puis, il grimpe sur une large pierre légèrement arrondie au milieu du point d’eau et s’y allonge. Il expose son dos aux doux rayons du soleil de l’après-midi.  Tarko laisse échapper un soupire de satisfaction. Ici on est bien.

— Bien sûr ! Lui dit-il, mi-amusé mi-intrigué que l’hybride lui pose la question. Après cette folle journée il ne voit pas pourquoi il refuserai seulement maintenant la présence de la demoiselle en détresse auto-proclamée.

Le mâle se pousse pour laissé de la place à sa camarade sur sa pierre de bronzage et l’invite à s’installer à son tour. À cet endroit, le soleil perce la canopée et forme un puits de lumière et de chaleur. L’endroit idéal pour sécher et se reposer. Il ferme les yeux un instant, savourant le moment.

— T'sais quoi Ascle' ; j't'ai jugé bien vite. Sa voix est calme et posée, empreinte d'une gentillesse qui lui est rare. Au début, j't'ai prise pour une mijaurée. Mais après avoir vu ton implication cet après-midi, j'dois dire qu'tu m'as impressionné.

Il s’arrête de parler une seconde, puis reprend.

— T'as un bon fond Ascle'.

Il sent son corps contre le sien. C’est agréable.
Le solitaire ne pense plus à rien. Savourant ce moment.

Quand sa journée a débuté, Tarko n’avait pas imaginé quelle soit aussi riche. Il ne regrette rien et est content d’avoir été utile. Sa rencontre avec Asclepia ajoute aussi à son bonheur. Pour rien au monde il n’échangerai sa place à ce moment précis.

Sous ce ravissant soleil, confortablement installé, bercé par le clapotis de l’eau, le sommeil s’empare de lui avec délicatesse. Il ne saisit pas les derniers mot chuchotés de sa camarade. Mais il n’a pas besoin de les entendre et de les comprendre pour sourire et s’endormir. Heureux.