I have something to tell you... l P.V. Red

Mais la peur et la frustration la taraudaient, et elle s'en voulait de plus en plus d'avoir laissé l'Autre s'enfuir avec le petit loup bleu pour la simple raison qu'elle était fatiguée et qu'ils étaient partis vite et loin. Potentiellement. Alors après avoir vaguement reposé sa carcasse, Eva s'était relevée, gémissant et maugréant à son corps peu coopératif, et avait repris la piste des deux loustics en soupirant, espérant ne pas faire d'erreur.

Il lui fallut un certain temps pour remarquer le petit loup bleu, allongé sur le sol et pleurant les larmes de son corps. Eh ! Malgré tout ce qu'elle en avait pensé, de ce loup, Eva ne pouvait évidemment pas rester de marbre devant ce spectacle saisissant qui lui retournait les tripes aussi sûrement qu'une pelleteuse. Elle soupira. C'était vraiment un gamin. Mais n'avait-elle pas énormément pleuré, elle aussi, quand elle l'avait appris ? Que Sobieski, seul, avait su sécher ses larmes comme à son habitude ?

Alors avec douceur et délicatesse elle vint s'allonger sur le flanc du jeune loup et le couvrit de son aile en se faisant support, carpette sur qui pleurer et décharger sa douleur. Parce qu'être seul en ces conditions n'était jamais agréable, parce que c'était aussi pour ça qu'elle était venue, qu'elle avait voulu le voir, le ménager. Le préparer.

Mais est-on prêt un jour pour ce genre de confessions ?

C'est le coeur gros qu'elle commença à lui murmurer des mots de réconfort, sans queue ni tête, sans réel besoin de lui dire quoi que ce soit mais simplement pour lui apporter la présence d'un pair (ô combien) compréhensif. Il n'y avait rien à faire, de toute façon - il fallait que ça sorte. Pour pouvoir avancer.