› Naïade › Femelle › 4 an› Readers
Tu avais secoué ton court pelage en quittant ta couche à l’intérieur du bateau. Désormais complètement accoutumée aux odeurs d’alcool et de sel, tu les aimais même profondément. Passant prêt de la couche de Skavelden, tu entendis une bouteille rouler après avoir heurté le froid du verre. Posant alors tes beaux yeux de reptile sur la bouteille de pinard, ton regard de louve inquiète se posa sur le petit corps de louveteau qui roupillait encore. Même si Skavelden avait déjà un an, a tes yeux il était un louveteau, et resterait toujours ton petit. C’était certes Keran et Mary qui l’avaient ramené, mais c’était toi qui t’en était occupé avec acharnement et dévouement. Tu portais un amour immense à ce petit être bleuté et blanc et tu savais très bien que cela te venais de ton instinct maternel. Tu l’avais toujours ignoré pourtant, mais désormais, à chaque période de chaleur il se faisait plus important que la fois précédente. Souriant au visage du jeune endormi tu te décidas à quitter le navire sous les rayons de l’aube qui peinturé le ciel encore sombre de quelques couleurs chaudes.
En tant que nouvelle médecin, tu te levais tôt chaque matin, et vérifiait scrupuleusement tes stocks de plantes. Il ne devait rien manquer. Et tu n’aimais pas partir alors que tout le monde n’était pas présent. En général tu partais de nuit, mais tu t’étais faite gronder par Kéran qui te trouvait fatiguée et t’avais forcée à une longue nuit de repos. Il était gentil, bien qu’un peu stupide. Tu avais accepté à contre cœur, et maintenant tu te sentais en retard dans ton travail ce qui ne te plaisait pas le moins du monde. T’engageant sur les plages, tu passas le bras de mer alors que l’eau était encore à son plus bas niveau, elle était fraiche et mordante, mais tu avais l’habitude. Tu aimais ce côté mordant de l’océan, mais aussi son côté indomptable et sauvage, presque effrayant. En arrivant sur le continent tu lançais un regard à la terre de ton cœur. Tu ne te sentais bien que sur la terre Reader. C’était devenu ta terre sainte et tu le savais.
Mais tu cheminais désormais à petite foulée en direction du désert que tu ne tarda pas à atteindre. Le soleil arrivé à son zénith, tu t’étais mise en quête des racines qui te permettrait de faire des décoctions médicales. Il fallait gratter, chercher au pied des quelques cactus qui t’avais déjà une ou deux fois piqué la truffe. Saleté ! Tu n’appréciais pas ça du tout, mais tu étais têtue, et tu ne repartirais pas les pattes vides. Les coussinets rougis et la peau irritée, tu avais déjà trouvé quelques grammes des racines que tu recherchais. Et le soleil commençait à brûler dans ton dos, te donnant des sueurs et t’essoufflant un peu plus. Ça serait dommage de t’évanouir à cause de la chaleur. Il fallait repartir, chercher de l’ombre, et retourner à tes recherches quand le soleil aurait commencé à descendre avec les températures. Il ne fallait cependant pas te faire piéger par la nuit jeune Reader, tu risquerais de finir complètement gelé. Car plus il fait chaud, plus la nuit est glaçante.
Tu avais fini par repartir au pas, la gueule ouverte , la truffe légèrement incliné, avant de t’arrêter devant une souche d’arbre mort. Te couchant sous son ombre. Tu remerciais intérieurement le cadavre de l’arbre qui te permettait de te reposer un peu. Fermant les paupières, tu sentais le soleil te réchauffer malgré l’ombre om tu t’étais installée. Alors que tu soufflais enfin, prenant ta pause, tu te remis à penser à tes parents. Cela faisant tellement longtemps que tu n’avais pas songé à eux. Pourtant ton goût pour la lecture n’étais pas partie, encore présent, tu notais régulièrement des choses dans des carnets qui commençait désormais à s’empiler au pied de ta couche. Il fallait que tu les tris ou les ranger. Ou les remette au propre. Ton père n’aurait pas apprécier que tu éparpilles tes idées sur plusieurs ouvrages, ce n’étais pas organisé, ni ne permettait de réflexion claire, ce n’était pas du tout ce qu’il t’avait apprit.
En plus tu t’étais mise à voler des cartes là où tu en trouvais, c’était mal. Les connaissances appartenaient à tout le monde. Le savoir devait être universel. Mais tu aimais tellement faire étalage de tes connaissances, ce n’étais pas vraiment ta faute. Et puis tu ne regrettais pas, tu étais heureuse comme ça. Même si tu risquais d’avoir déçu tes chers parents sur certains points. Tu étais contente d’avoir pu devenir toi, celle que tu avais voulu être, que tu avais choisi d’être.
Grâce à ta rencontre avec ton cher ami Creek, tu étais devenue lentement une autre louve. Iolite avait participée à cela, même si elle n’en avait sans doute pas conscience. Tu chérissais la vie que Thalion avait défendue pour toi… Et tu chérissais le souvenir de ton oncle même si tu t’étais détournée des Etelkrus et étais devenue leur ennemie. Tu n’aimais de toute façon pas leur principe, avais du mal avec leur comportement, et ne croyait pas en leurs dieux. Tu n’étais pas faite pour marcher sur les traces de certains Reptiliens. Et puis tu avais ta vie désormais, et revenir en arrière était impossible.
Même si c’était un incontestable râleur, tu étais toujours heureuse de voir ton frère le matin quand tu te levais. Tu étais bien chez les Readers. Même si Kéran les avait mis en danger. Kéran… Il était tellement de choses à tes yeux. En sa présence tu te sentais particulièrement joyeuse, mais aussi taquine, et tu aimais beaucoup l’emmerder. Il le méritait aussi. Mais tu avais dédié ta vie à la meute de ce loup. A l’océan, et c’est lui qui t’en apprenais les principes. Mais il n’en restait pas moins qu’il te tapais souvent sur les nerfs. Il était peut être un peu trop irréfléchi et brute pour toi. Et puis il n’arrivait pas à faire battre ton cœur à toute vitesse. Même si il était tendre et doux…
«
Mais… Mais qu’est ce que je pense là !!! »
Sifflas-tu en pensant au canidé ! Mais tu ne te cherches pas un mâle voyons ! Quoi que… Tu aimerais bien avoir quelqu’un de particulier dans ta vie. Quelqu’un que tu aimes, et qui t’aime en retour pour ce que tu es vraiment… Et tu aimerais des enfant aussi… Cet instinct maternel qui te dévore les os et le corps. Tu ne veux pas mourir sans avoir eut de petits, tu veux léché des bouilles, rassurer des petits monstres, et leur apprendre ce que tu sais…
En soupirant, posant ta truffe entre tes pattes, l’image d’Abysse te vint à l’esprit. Tu te mis à rougir alors que ton cœur s’emballait. Tu n’avais jamais fais attention à l’apparence d’Abysse. Mais ça n’avait jamais compté pour toi. Ce que tu aimais chez lui étais son originalité, sa bienveillance, son côté protecteur aussi, et calme… Il était plus calme que Kéran et également plus malin. A voilà que penser à ce loup des mers te fais chavirer. Mais voyons Naïade ! Ton cœur serait-il épris du loup ? Tu te relevais en secouant la tête. Non non non. Quoi que… Des petits avec lui… Ils seraient sans doute trop craquants. Tu te raclais la gorge en chassant cette pensée. Pas sûre qu’il veuille de toi de toute façon, tu n’es peut être pas du tout son type. Et puis peut être que c’est juste une amitié et que tu penses à lui de cette manière parce que tu es en chaleur.
T’éloignant de ton coin d’ombre, tu repartie chercher des racines. Trouvant celles qui te manquaient avant que la nuit ne tombe. Tu t’étais dépêchée de repartir avant de plonger dans l’eau et de rejoindre ta demeure. Secouant ton pelage et ta chevelure, tu dévisageas le loup poisson qui ressortais de la mer juste à quelques mètres de toi. Rougissant tu te pressais de repartir, espérant qu’il ne t’ai pas senti à cause du sel et de la distance. Tu étais rentrée à ta tanière de guérisseuse avant de ranger tes racines, remettant une mèche de tes cheveux en arrière. Tu songeais qu’il fallait que tu passes plus de temps avec le loup des mers, afin de mettre au clair ce que tu ressens.