› Pierre › Individu › 0 an› Nakhus
Lorsque tu avais cessé de lécher lentement une pierre tout à fait banale ton regard c’était déposé sur un insecte ailé. Ses grandes ailes de couleurs orangées avaient immédiatement attiré ton regard… C’était d’une telle beauté. Soit, ce n’était pas un caillou et ça ne brillait pas, mais c’était tout de même délicat, et rudement agréable à l’œil. Alors que ta queue ondulait sur le sol, tu lançais un regard au petit vertébré avant de te lever et de t’approcher, mais à ta présence il s’envola et s’éloigna pour se poser sur une fleur. Pencha la tête, tes oreilles s’agitèrent, lançant un regard au Dédale, tu roulais des yeux, ce qui s’y cachait n’avait rien d’intéressant, c’était déjà connu, et cela faisait parti de ton quotidien. Par contre, cette petite chose t’était étrangère. Alors avec un vaste sourire aux babines, tu t’élançais derrière le papillon qui s’éloignait à chaque fois que tu t’avançais.
Il avait sans doute peur de toi, mais ça c’est parce que vous n’aviez pas fait connaissance. C’est ce que tu te disais en voyant la créature te fuir comme si tu avais une maladie contagieuse ou que tu allais la manger. Ce n’était pourtant pas une proie, elle ne serait même pas capable de caler un petit creux. Galopant, trottant et sautant derrière ton nouvel ami, tu avais laissé l’après midi défilé en te fixant sur un seul objectif, comprendre ton nouveau camarade. Mais il disparu de ton champ de vision et cela te fit râler, quel goujat !
Alors que tu pestais contre l’insecte, tu sentis un vent frais caresser ta peau et jouer entre tes plumes. Agitant les oreilles, tu constatas alors soudain que tu étais loin, très loin de ta maison. Tu ne connaissais pas ce vaste champ. Tu n’y avais jamais mit les pattes. Tes oreilles se couchèrent lentement alors que ton regard d’enfant dévisageait la vaste étendue hostile à ton existence. Hostile ? Pourquoi serait-elle hostile ? Pourquoi le monde serait-il forcément dangereux ? Après tout tu es l’une des espèces qui se place au dessus de la chaîne alimentaire. Qui oserait attaquer un louveteau ? Un autre loup ? Probablement s’il était assez con pour se mettre une meute à dos.
Bien que tu cherchais seule à te rassurer, tu ne pu empêcher un frisson de courir le long de ton échine. Pourquoi tes pattes se mettaient-elles à trembler alors que ton esprit cherchait une solution tout en gardant son calme ? Serait-ce là une peur que tu réfrènes ? Tu fixais le ciel à l’horizon dont les teintes se mêlaient les unes aux autres dans un balai élégant. La danse des couleurs face à l’arrivée de la nuit était une chose splendide, dont le spectacle ne te laissait pas indifférente. Tu aimais les belles choses après tout. Malgré ton résonnement calme, tes pattes vibraient à rythme régulier, ton cœur battant la chamade et tes oreilles pointées. Aux aguets, tu avais les muscles tendus, prête à te défendre contre un ennemi invisible qui n’est même pas là.
La nuit n’est pas un ennemi, tu le sais pourtant, tu la transporte dans tes ailes qui laissent ce halo d’ombre et d’étoiles quand tu les agites. Soufflant longuement, tu fermais les yeux, rentrer à la maison, il le fallait. Comment aurais procédé ton papa Raison ? Fermant les yeux, tu levais la truffe vers le ciel, te souvenais de la voix bienveillante et protectrice de ton père. Il t’aurait rassuré, il te mettait toujours à l’aise de toute façon, ne voulant pas que tu t’inquiètes d’une quelconque façon. Le souvenir de sa voix calma doucement ton cœur qui battait la chamade un peu plus tôt. Maintenant que tu sentais le calme revenir en toi, tu te rappelais des mots de Raison, qui te disais de faire attention à toi, que tu pouvais aller où tu le désirais, tant que tu lui revenais vivante.
Remuant doucement ta queue, tes oreilles s’agitèrent, le vent te portait les odeurs de la meute, de Maman Judas. Elle aurait sans doute gronder dans tes petites oreilles, te disant de ne pas faire de bêtises. Que ce n’est pas digne de toi, et que tu seras punie. Maman Judas est gentille, mais s’inquiète vite. Elle vous aime beaucoup, tu le sens dans tes veines. Sinon, elle ne prendrait pas temps de temps à s’occuper de vous… Maman Judas, tu aimes dormir dans ses pattes, et l’embêter un peu. Mais ce n’est pas elle qui aurait trouvé un moyen pragmatique de rentrer…
Et Hayndriel alors… elle qui vit perpétuellement dans le noir, comment faisait-elle pour ne jamais avoir peur ? Fermant les yeux, tu pris de grandes bouffées d’aires. Faisant comme elle quand elle vous comptait. Tu perçu alors ta propre effluve, et tu te mis a avancer en cette direction. L’idiote de Crystal aurait bien trouver une solution aussi… Sans doute voler ? Oui mais tu ne savais pas encore, quoi que. Tu rouvris les yeux, te souvenant des mouvements que ta sœur ainée un peu cruche t’avait enseignée et te mit à battre furieusement des ailes. Te décollant du sol, une fois, deux fois, après une dizaine de tentative tu parvins à arriver au dessus des arbres et à voir la place qui servait au Dédale ! Un sourire immense fit rayonner ton visage, mais oups, tu avais oublié de battre des ailes. Tu les rouvris d’un coup a quelques centimètres du sol. Le choc fut moins violent, mais te fis gémir quand même.
Mais tu savais comment rentrer, il fallait que tu te rassures comme papa Raison le faisait. Te moquer de ta propre situation, et rester détendue pour mieux analysé comme Maman Judas faisait pour dédramatiser tout en étant sérieuse. Puis il fallait que tu sentes les odeurs et les tris dans le noir de tes paupières comme Hayndriel le faisait en permanence pour se diriger. Et il fallait s’arrêter, et voir au dessus des arbres parfois pour savoir où tu en étais.
Cela marchait bien comme technique. Et tu parvins à retrouver la place du Dédale alors que le soleil était presque couché. Maman Judas était entrain de rappeler tes frères et sœur à la maison. Un petit sourire au bord de la truffe, tu fis quelques bonds joyeux en leur direction. Tu étais si contente d’avoir retrouvée la maison que tout le monde te paraissais fantastique, et que tu avais envie de faire des calins à tout tes frères et sœur ! Tu ne voulais plus te perdre ! Tu ne voulais plus être trop loin d’eux et ne pas savoir comment rentrer. Tu n’aimais pas avoir peur mais tu étais fière de toi, car tu étais rentrée en gardant la tête froide, sans pleurer ni hurler, tu étais revenu auprès de ta famille, et tu te sentais plus forte qu’avant !