L'échange équivalent - Isrâ

Parfois, il lui arrivait de quitter les terres Etelkrus.
Par simple curiosité lorsque quelque chose savait saisir son attention ou alors, lorsque la proie qu'elle pourchassait se montrait habile et tenace au point de passer les frontières Etelkrus. Aujourd'hui, c'était cette dernière option, que rencontrait Holly.
Il avait fallu que ce malheureux chevreuil croise sa route et qu'elle soit décidée à ne pas le lâcher. Alors elle le coursait, rapide, déterminée, rongeant peu à peu la distance qui séparait. Elle se fichait bien, de l'endroit où il l'emmènerait.

D'un bond, elle fondit sur sa proie et ses crocs s'enfoncèrent profondément dans sa nuque. Le frêle animal s'agita, tentant de s'échapper, vainement, son corps se retrouvant rapidement pris de spasme avant de s'immobiliser. Holly se lécha les babines.
Du travail bien fait, plutôt vite expédié.

Satisfaite, elle jeta sa prie sur ses épaules. C'était lourd, un peu, mais elle était assez forte pour le ramener au Castel... Quitte à s'arrêter de temps en temps. Elle allait rentrer, n'ayant plus rien à faire en ces lieux, mais c'était sans compter sur une odeur particulière qui parvint à ses narines. Cela sentait les plantes. Y avait-il un panseur ayant élu domicile dans ses contrées ? Curieuse, Holly suivit la piste, jusqu'à tomber sur iel.

L'échange équivalent

▬ ft. Holly

Printemps 2020.
2ans et demi.

Isrâ en était venu à la conclusion que c'est un ulcère, qui devait l'avoir prit. Que ces douleurs qui s'intensifiaient et ne passaient pas malgré toutes les plantes qu'iel ingurgitait, lea faisant piquer du nez à toute heure, avait une cause plus grave qu'une simple maladie.
Les membres repliés contre iel et en souffrance, iel avait longtemps fixé la voute de son antre, tanière semi-cachée sur l'île au rose, derrière le rideau de lierre qui en cachait l'entrée.

Peut-être était-ce dû aux poisons.
A ceux qu'iel confectionnait, en cette même tanière où iel passait ses nuits en solitaire. Ses yeux fiévreux passent sur les étagères, où se trouvent toutes ses plantes, toutes ses fioles. Iel sait, que ça n'était jamais anodin. Et de rester ainsi dans cet antre, manquant d'aération... Ce n'était pas une bonne idée.
Si iel s'était joué•e des risques, jusqu'à présent, iel devait se rendre à l'évidence.
La douleur devenait insupportable.
Iel allait de plus en plus mal.

Pourtant, iel se refusait à abandonner ses essais et ses recherche. Ce n'est quelque chose qu'aurait apprécié Mido.
Iel ne devait le décevoir.
Sa queue bouge faiblement, fait onduler la verte lumière qui inonde l’œil dessiné au bout.

L'effort est fait de se lever, fébrile sur ses quatre pattes, laissant son ventre s'inonder de brûlures.

Ien ne pouvait plus continuer, à faire tout ça ici. Pour ce qui toucher à l'esprit...Pour qu'il ne vienne l'idée à autrui de lui voler le fruits de ses recherches, tant tous savant que c'est ici qu'iel vivait... Iel devait bouger. Quitter en partie l'île aux Roses, s'éloigner de Mère pour se rapprocher de dieu Mido.
Dans une fine sacoche de cuir, iel glisse son carnet de note, un stylo et quelques plantes, avec l'espoir qu'à force de tant en consommer lui passerait l'affliction.

C'est avec fragilité et détresse sur ses pattes qu'Isrâ atteignit la vasque de la Lune. Le vert luit un peu plus fort, ses yeux d'ambres brillent. Les dents serrées, iel gonfle ses poumons de l'air de cet endroit.
C'est bon, de se retrouver ici.
Iel trouverait bien endroit, pour déplacer tout ce qu'il n'était point d'inspirer en son sommeil. Iel pourrait même prendre officine plus grande, se permettant quelques libertés.
Iel se devait bien ça.

D'un pas léger, le dos vouté par le mal et la queue portée haute pour ne pas paraître plus fragile qu'iel ne l'était en la cachant entre ses pattes, Isrâ s'avança au travers de l'endroit.
Iel fut cependant forcé de surprendre l'eau à sa bouche, quand en face de lui.. Il vint une louve, d'orange porteuse.
L'instinct lui fit reculer d'un pas. Iel ne serait pas en mesure de lutter, contre une brute d'Etelkrus. Iel était trop fatiguée.
Surtout...
Iel n'aurait su dire à quand remontait son dernier repas, ni si iel serait véritablement capable d'avaler quelque chose. Sous ses longs poils saillaient pourtant les os de ses hanches, ses pattes pouvaient sentir ses côtes et sa colonne.
Diantre, si iel ne trouvait pas de quoi se substanter, iel allait tomber inconscient•e...

Plus que la louve c'est le chevreuil que scrute le jaune de ses yeux.

Isrâ s'asseoit devant elle, comme si iel ne la redoutait pas. Son museau se lève, iel parle sans détour.

« Ma chère, vous tombez à pic : j''en viens à penser que mon dieu a répondu à ma prière. Auriez-vous l'amabilité de nourrir, d'une négligeable part de votre splendide chevreuil, l'affamé•e que je suis ?»

C'est culotté et iel le sait. Mais son estomac se tort, et lui rappelle que malgré la peine qu'il lui cause, il n'oublie pas les repas qu'il n'a point reçu.
Sa faim devenait besoin.

Iel comptait sur la sympathie de cette louve, au moins tentait-iel.

C'était une toute petite bestiole, rachitique, à l'odeur de rose et au glowstick vert.
Et, plus que sur elle, ça gardait les yeux rivés sur le chevreuil qu'elle gardait sur son dos, après un bref mouvement de recul. Il devait avoir si faim. Il ou elle, d'ailleurs ? Ou aucun des deux ? Elle ne parvenait à déterminer le genre de ce drôle de congénère, sa fragrance florale n'aidant sûrement pas.
La petite bestiole serait donc iel, dans le doute.
Iel lui parlait, lui quémandant un morceau de sa proie.
Comment était-elle censée refuser ?

Elle bougea un peu les épaules pour en laisser tomber sa proie et recula, adressant un signe de tête au canidé rouge.

- Il ne serait pas très éthique de te laisser mourir de faim. Prend ce que tu veux.

Elle était sûrement un peu bonne poire, à laisser son gibier à quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas...
Mais iel était si misérable ! Holly doutait même de sa capacité à chasser. Que lui arriverait-iel, si personne ne l'aidait ? Iel mourrait de faim, peut-être. Elle ne pouvait laisser l'un de ses congénères dans une situations aussi délicate. Par ce qu'elle savait qu'ils n'étaient pas si différents d'eux, ces loups vivants en terre désolée, ces ex lazulis portant les couleurs de Dieux qui n'étaient pas les leurs.
Par ce qu'iel lui faisait un peu penser à Méridor, perdu et amaigri.

- Les conditions de vie, voir même de survie, ont l'air terrible sur ces terres. Pourquoi y restes-tu ? Désires-tu tout reconstruire, toi aussi ?

La question lui avait brûlé les babines, avant de sortir.

- Je ne me suis même pas présentée. Je suis Holly.

L'échange équivalent

▬ ft. Holly

Printemps 2020.
2ans et demi.

Elle le regarde et iel la sonde.
De ses yeux bleus qui peut-être juge ça si faible. Iel respire le pathétisme, frêle sur ses pattes, si maigre sous le poil. Lui est là pour lui donner consistance, sinon sans doute n'aurait-iel même pas eu besoin d'oser la demande.
Mais elle est bonne poire, madame.
Par-dessus son épaule elle fait basculer sa proie et un sourire aussi chancelant que gentil effleure ses babines.

« Vous avez bon cœur, que Dairo vous préserve.»

Je ne suis que ravissement, que d'être tombé sur tel âme !
Comme si Isrâ en avait quelque chose à faire. Iel veut juste manger avant que la faim ne lea fasse succomber avant les douleurs. Alors iel se lève et s'approche de la proie, en arrache un lambeau.
C'est fou, comme le goût du sang frais l’écœure, et que le tint devient livide.
Avaler l’écœure, mais iel en a besoin.
Iel picore comme un moineau, quelques morceaux sur la cuisse. Si peu, pour ne pas dire rien, est avalé dans l'estomac dont un spasme bloque toute autre ingestion.
Lea disciple de vert orné serre les dents, finalement s’assoit comme si de rien n'était.

Iel joue à l'animal précieux, pour cacher la souffrance qui lea fait si peu consommer.
Et elle, elle se fait un peu bavarde, peut-être curieuse.

Iel l'a vouvoyée, mais elle lea tutoie.
Un souffle, comme un léger soupir qui tremble en s'échappant de ses narines.

« J'y reste parce que miennes sont ses terres, et qu'ailleurs n'auraient su me faire sentir à ma place. Auriez-vous facilement quitté Castel et Rougelande, ma dame ?
Je ne puis aussi partir si je souhaite rester fidèle, à Ô Mido que je ne saurais décevoir.

De reconstruction... Je le fais à ma manière, apportant le savoir et l'ésotérisme possible. Qui avez-vous rencontré, pour en avoir ainsi connaissance ?

Et si de vie, il y a je sais, meilleure dehors... La mienne est tangente et je ne souhaite partir avec le regret de ne pas être chez moi, comprenez-le. »

Cette réponse la satisfait-elle ? D'un mouvement délicat, fermant lentement ses paupières sur ses yeux d'ambres, iel repousse une mèche de rouge, que l'anémie n'aurait sû rendre moins éclatante, quand l'autre patte se presse contre l'estomac douloureux.
Finalement, elle aurait bien à rapporté, pour chez elle.

« Enchantée, Holly. Je suis, pour ma part, Isrâ. »

Enfant des grands déchus de cette terre, que sont Conseiller Griffon Gloriel et Prêtresse de Moiro Anianka.
Mais iel ne peut se permettre d'ajouter telle précision.
Sa gueule retourne près de la proie, déchire du bout des dents un peu de chaire. La nausée lea secoue et iel retourne s'asseoir-là.

Reprendriez-vous une lampé d'apitoiement, avec votre charité ?

Oui, enfin, il ne fallait pas en faire des caisses non plus. Ce n'était qu'un morceau de chevreuil, elle doutait fort qu'un si petit loup vienne à bout de la carcasse entière. Elle lea laissa se restaurer tranquillement, évitant de lea regarder pour ne pas lea mettre mal à l'aise... Mais ne put s'empêcher quelques petits coups d’œil quand iel fut pris d'un hoquet écœuré.
Ça n'allait vraiment pas fort. Mais elle ne dit rien à ce sujet, préférant faire celle qui ne voyait rien. Ce ne serait pas très poli.

A ses paroles, elle eut un mince sourire. Iel n'était pas stupide, et, dans ses paroles, elle trouvait du bon sens. Un-e digne disciple de Mido. Du moins, d'après ce qu'iel lui laissait voir là. A côté de cela, ses paroles, sa façon de parler l'amusait. "Ma dame", "Ô Mido" étaient des formulations un poil pompeuses... Soit, qui était-elle pour se moquer, finalement. Iel parlait bien comme iel voulait.
Mais c'était drôle, un peu, quand même.

- C'est une bonne comparaison. Je comprend ce point de vue.

Allez, c'est bien, ravale un peu ta condescendance Holly. Iel vient de te moucher, un peu, et iel n'a pas tort.

- J'ai pu faire la rencontre de Méridor qui m'a narré les événements du dôme. C'est ainsi que j'ai pu avoir connaissance de ce projet de reconstruction. Je ne pensais pas que l’ésotérisme pourrait avoir un impact aussi important sur ce genre de projet. Puis je me permettre de te demander quelles sont tes pistes à ce sujet, pour le moment ?

Ça l'intriguait, beaucoup. Peut-être qu'elle pourrait glaner quelques informations intéressantes qui seraient utiles aux Etelkrus.

- Enchantée, de même, Isrâ.

L'échange équivalent

▬ ft. Holly

Printemps 2020.
2ans et demi.

Diantre, Isrâ, si tu savais comme elle raille mentalement ta façon de converser ! Une bonne chose, que ne soit surpris son sourire, du moins assimilé à cela.
Elle comprit son point de vue, ce qui lea fit hocher la tête. Fort bien, une bonne chose que de s'accorder. Isrâ n'avait le temps de débattre, grand bien lui fasse qu'elle ne conteste ses mots. D'autres ne s'étaient point gêné pour partir, mais ils étaient tous aussi nombreux à ainsi errer sur les terres désolées.
Sauf si on lui promettait dévotion, iel n'aurait pu se résoudre à s'en aller.

Le nom qu'elle évoque en guise d'informateur n'est point inconnu. Son frère. Ses yeux étincelles, à son évocation. Tiens donc, ainsi allait-il cherché allié là où Mère jamais ne les aurait envoyé ? Parce qu'iel n'a rien à cacher, sa réponse est sans détour.
Il était important, de poser quelques bases. D'entretenir un semblant de relation cordiale et polie, pour ensuite obtenir bondieuserie.

« Ainsi avez-vous coudoyer le précurseur de cette reconstruction, qui nous catalysa tous d'un appel. Mon doux frère.

Quant à votre question, Holly... Moi disciple du Raptor ai pour principe de dispenser mon savoir acquis tant par les études que par l'observation, de ce fait je ne puis que vous offrir ces pistes.
Nous sommes dans un monde où le hasard a drôle de place, où il se passe des choses étranges et inexplicables. Il faut considérer cette part de magie et l'accepter, est sot celui qui pense qu'elle ne peut exister.

Je suis parti quérir les savoirs de peuples lointains, invoquant la pluie par des rites quand le soleil rend aride leurs terres. Ou bien encore, ceux capables d'appeler à eux des hérissons qui sèment de leurs piquants qui n'en sont point une végétation nouvelle, dans leur extraordinaire faculté.

On peut sourire, de ces idées, je vous l'accorde !
Mais ne vous est-il jamais arrivé chose si étonnante que vous n'auriez su en parler sans passer pour burlesque ? »

Ses yeux pétillent.
Ces idées pouvaient paraître saugrenue, mais sous la maladie iel gagna l'assurance de la véracité de ses dires. Iel ne démordrait pas de l'efficacité de ses rites.
Il fallait être innovant, pour qu'un jour renaissance ces terres. Et quand tous s'appliquaient à des tâches concrètes, iel cherchait le joyau qui viendrait les supplanter.

Isrâ redresse un peu la tête, sa queue caresse la terre sous iel.

Mon
Doux
Frère.
Holly du se faire violence, vraiment, pour le pas pouffer. Fort heureusement pour elle et pour l'ego d'Isrâ, il n'en fut rien et elle resta sérieuse. En apparence, du moins. Ah, elle l'imaginait si bien, Isrâ, caressant le dos de Méridor en le complimentant sur le soyeux de son poil. Bon, évidemment, elle se doutait bien qu'iel ne parlait pas de cette douceur là, mais bien celle de son caractère... Mais quand même !
Plus sérieusement, il y avait quelque chose d'étrange, dans les paroles d'Isrâ, surtout lorsqu'elle les mettait en lien avec ce qu'avait pu lui dire Méridor. Il se sentait seul, sans amis. Avait rapidement évoqué ses parents mais... Sa fratrie ? Ne pouvait-il pas compter sur eux ? Étaient-ils seuls, Isrâ et lui ?
N'était ce qu'une façade, qu'on lui montrait là ? De belles paroles pour cacher une vérité bien moins jolie ?
Enfin, les histoires de famille ne la concernaient pas.

Pour ce qui était de ses explications, elle l'écouta, attentive. Et pour une fois, aucune pensée amusée ne vint s’immiscer dans esprit.
Elle hocha la tête.

- Plus rien ne m'étonne, honnêtement. Il se passe effectivement des choses étranges, parfois. Avec l'une de mes amies, nous subissons actuellement un mauvais concours de circonstances. Le même jour et suite à une journée ensemble, au même endroit, nous accumulons les accidents. Pannes de réveil, chutes, échecs. L'on pourrait attribuer cela à la malchance mais je n'y crois pas. C'est trop gros. Je pense que nous sommes maudites. Maintenant, il me faut trouver comment conjurer le mauvais sort.

Discuter avec iel était plus intéressant que ce qu'elle avait pensé, de prime abord.
Au fond, elle avait l'espoir de l'entendre dire quelque chose à propos de cette malédiction qui, il fallait bien l'avouer, commençait à devenir réellement pesante sur ses épaules ainsi que sur celles d'Alexandrine. Pour le reste... Si ce qu'iel disait était réellement possible, ce ne pouvait qu'être intéressant.

- As-tu eu l'occasion d'expérimenter certains de ces rites, Isrâ ?

L'échange équivalent

▬ ft. Holly

Printemps 2020.
2ans et demi.

Parlez parlez, jeune louve, offrez moi sympathie et condescendance.
Discutons encore un peu, vous semblez âme si charitable qu'il me vient l'envie de faire votre usage.
L'ésotérisme et les théories au bord du complotisme plaisent à la femelle, la voilà qui lui devient plus attentive encore. Il est fierté que de se voir si écouté, quel public génial avait-iel aujourd'hui.
Elle lea croit, iel doit ainsi continuer.

Voilà même qu'elle lui offre quelques précieux renseignements. Une malédiction qui plane sur elle et une jeune amie, successions de maladresses qu'on ne pouvait imputer à son seul caractère. Isrâ souffle par le nez, plisse ses yeux en deux fentes intéressées.

« Peut-être l’œuvre d'un esprit malin. J'ai moi-même été sous le joug d'une malédiction par le passé. Je perdis l'odorat du jour au lendemain, sans moindre signe avant-coureur d'une quelconque maladie... pour le retrouver un an plus tard, de façon tout aussi subite. Je ne trouva l'origine de mon mal dans les livres, ne pouvant que l'affubler à ce qui ne peut être compris par la simplicité de notre connaissance sur ce monde.
Diantre, ça ne m'aida point à devenir capable de chasser...

Pour votre infortune, si je puis m'avancer, avez-vous pensez à l'élaboration d'un porte-bonheur ? »

Cet esprit malin se nommant Casino et malchance de joueuse, certes. Iel se savait aussi actuellement incapable de soigner, mais ne se hâta de le lui avouer. C'est un secret qu'iel emporterait, si iel trépassait avant par le mal qui lea rongeait. Sinon, ô esperait-iel que dans un an cette même incapacité disparaîtrait ! Là était peut-être la raison de l'inefficacité des plantes ingurgités, bien que c'est face aux plaies qu'iel perçu tout l'ampleur de son incompétence.
Comme si le sang lui provoquait telle répugnance qu'iel se retrouvait incapable d'y faire face.
Un bref soupir affligé s'échappa d'entre ses canines si blanches.
Peut-être devait-iel aussi y songer, à une amulette capable de lea préserver de ces malédictions...

Elle se questionne sur les rites, Isrâ haussa les épaules, penchant sa tête sur le côté.

« Point encore, l'affliction m'attrapant à peine les recherches achevées. Je cherche à m'installer ailleurs que l'île aux roses, désormais, pour œuvrer plus sereinement à même le terrain.
C'est une tâche que j'exécutais jusqu'à vous voir venir à moi, et que je ne saurais repoussé davantage.

Le temps est chose précieuse, dans ce monde placé sous le signe de la productivité. Ainsi ne saurais-je rester davantage avec vous, vous Etelkrus occupé et moi pressé par la nécessité. »

Ainsi se lève-t-iel, corps fragile qui danse sur lui-même, voutant son dos et laissant tomber sa queue.

Iel était fascinant•e, Isrâ.
Elle l'écoutait toujours, attentive. Rien que pour ces mots qu'iel prononçait, elle se trouvait gagnante. Un peu de temps partagé avec un•e inconnu•e, un tout petit morceau de proie contre des informations qui lui seraient précieuses. Et en même temps, elle se demandait comment elle n'avait pas pu songer, plus tôt et toute seule, à confectionner un porte bonheur.
Son visage se fendit d'un sourire satisfait.

- Je te remercie pour ces informations, Isrâ. C'est effectivement une piste à laquelle je n'avais pas encore songé.

Dès qu'elle rentrerait, elle s’attellerait à la confection de porte-bonheurs. Avec ou sans Alexandrine, dépendamment de l'enthousiasme de celle ci.
Elle se questionnait désormais sur l'étendue du savoir de Isrâ... Peut-être pourraient-ils trouver arrangement. Elle ne pouvait décemment l'aider gratuitement, sur le long terme et ne savait pas si ce•tte congénère attendait réellement cela de sa part mais... Mais si elle pouvait lui tirer quelques informations, insoupçonnées, à ramener aux Etelkrus...
Là, ça pouvait être intéressant.
Son regard s'illumina.

- Ton savoir semble important. J'espère que nous aurons l'occasion de nous recroiser. Je pense, sans prétention, avoir des connaissances à t'apporter en échange des tiennes. Dont certaines qui pourraient te permettre de vivre bien plus confortablement.

Elle restait évasive mais espérait piquer, ne serait-ce qu'un peu, son interêt.
Elle pourrait lui parler des pièges, pour qu'iel puisse s'alimenter sans efforts. Mais pas à quel prix : C'était un secret d'Etelkrus, un secret qui promettait une belle surprise à quiconque oserait poser ses pattes étrangères sur leurs terres.
Quelque chose qu'elle lui transmettrait, pourtant, si iel avait dans ses idées de quoi l'aider à renforcer davantage les défenses Etelkrus. Iel n'était pas non plus obligé•e de connaître tous les détails.
Elle découpa la cuisse du chevreuil puis, désinvolte, chargea le reste de la carcasse sur son dos.

- Pour les informations. A bientôt, Isrâ.

L'échange équivalent

▬ ft. Holly

Printemps 2020.
2ans et demi.

Cet échange fut une perte de temps, Isrâ ne parvint à obtenir ce qu'iel souhaitait initialement.
Bien plus que la charité d'un repas, iel aurait souhaité quelques services, rendu par ses bons soins. Dans sa faiblesse sienne, iel craignait de ne point parvenir à exécuter ses projets, et iel se refusait de s'abaisser auprès de sa famille.
Soit.
Iel n'aurait plus qu'à se trouver un peu de force, là, cachée entre deux côtes, pour mener à bien ce qu'iel n'avait entrepris qu'en pensée, pour le moment.
En solitaire, ce n'était finalement pas plus mal...

Une nouvelle demeure, iel se devait dépêcher de trouver maintenant, là où créer son atelier et cesser l'empoisonnement, s'il n'était déjà trop tard.

Et malgré le regard lumineux, malgré la captation qu'iel avait pu lire sur son délicieux minois... Elle ne souhaita qu'une rencontre future, pour échanger quelques informations.
Comme si d'ici là, elle lea pensait encore en vie.
Lea disciple du Raptor baissa le museau, les yeux clos et un fin sourire étendu d'un côté de son visage.

« Si mon état ne s'améliore, je doute en être apte. Vous trouverez autre âme tout aussi ingénieuse que la mienne, si vous souhaitez des informations complémentaires à celles que vous possédez, je ne m'en fais pas pour vous. »

Quand iel trouverait autre âme charitable.
C'est ici que s'achevait leur échange, pense-t-iel, dans ce qui le laissait sur une insatisfaction globale. Soit, on ne pouvait être gagnant•e à chaque fois, iel trouverait bien autre loup pour lea servir.
Au moins iel n'avait perdu trop de temps avec elle, sous peine que la frustration ne s'en revienne. Iel ne pouvait sacrifier toute une après-midi de façon aussi inutile que ce moment (quoi qu'il lui permit de se nourrir de quelques bouchées) sous peine de devoir coucher à la belle étoile faute d'énergie pour revenir sur l'île aux roses.
Et puis, iel baignait dans cette incertitude, que de savoir si demain encore iel serait en vie, ou si la douleur l'aurait emporté dans la nuit.

« Au revoir, oui.»

Ça sonne comme un adieu.
Alors qu'iel saisit la cuisse du chevreuil presque trop lourde pour iel, incapable de la rejeter sur son dos tenu vouté, sachant les douleurs que tel geste lui causerait... Iel s'en va, reprenant sa quête sans se soucier du repas de ce soir et des autres jours.
Toujours ça de gagné.

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